Hier je vous donnerai de mes nouvelles
Proposant une quinzaine de nouvelles, dont quelques inédits, Hier je vous donnerai de mes nouvelles est le troisième recueil de nouvelles de Pierre Bordage. Le lecteur retrouvera ici les thèmes cher à Bordage : l’élévation de l’humanité, son futur, les changements dans les sociétés et les gens apportés apportées par les catastrophes (guerres, changements climatiques, etc.).
Dans l’ensemble les différents textes du recueil sont bien écrits et agréables à lire, ceci je trouve que Bordage est meilleurs sur des textes plus longs et dans l’ensemble les nouvelles présentées ici ne resteront pas dans ma mémoire.
A part quelques exceptions (il en faut toujours) :
- La nouvelle qui donne le titre à ce recueil « Hier je vous donnerai de mes nouvelles », une histoire de voyage dans le temps très classique dans sa trame, mais très efficace
- Deux nouvelles qui se répondent se déroulant dans notre futur alors que des hordes de réfugiés fuient l’Amérique du Nord en direction d’une forteresse Europe protégeant ses frontières de « l’invasion ». Deux textes très humains avec une petite touche de fantastique qui me donnent envie d’en lire d’avantage.
Résonances
Le Pacte
Le chant premier
La Fraternité du Panca V : Frère Elthor
La Fraternité du Panca IV : Soeur Onden
Que dire du quatrième, sur cinq, tome (après Frère Ewen, Sœur Ynolde et Frère Kalkin) de la Fraternité du Panca ? Pierre Bordage fait du Pierre Bordage :
C’est donc du Space opera bien écrit, avec du voyage (plus vite, toujours plus vite), du dépaysement et de l’exotisme (mais moins que dans les trois tomes précédents). La quatrième sœur embarque donc, aussi, pour un voyage à l’autre bout de la galaxie à la recherche du cinquième chainon afin de reconstituer la chaîne quinte capable de sauver l’humanité de l’extinction. Elle affronte en chemin des ennemis du Panca, voie sa résolution testée et finit par trouver le dernier maillon de la chaine. Parallèlement on suit l’odysée d’un jeune garçon propulsé dans des couloirs temporels et de deux mercenaires chargés de découvrir la localisation des chefs de la Fraternité (on finit d’ailleurs par en apprendre un peu plus sur ces derniers).
Les grands thèmes sont également toujours de la partie : dispersion de l’humanité, fois dans la vie/l’univers/le hasard/l’être humaine, liens entre les branches de l’humanité, menace globale, etc. Au final un roman sympathique, mais même si le plaisir de la lecture est là, mon intérêt commence à fléchir un peu. La même chose sur quatre (bientôt sur cinq ?) tomes,. même bien écrit et divertissant cela lasse au bout d’un moment. Je dois dire que j’aurais apprécier un changement dans le « copié / collé », l’arrivée d’une surprise. Mais là non. Je lirais le prochain, mais deux ou trois tomes auraient sans doute était suffisent pour raconter cette histoire.
Ceux qui rêvent
Suite de Ceux qui sauront, Ceux qui rêvent débute une année après la fin du précédent. Toujours situé de nos jours dans un monde où la Révolution française a été un échec, ce roman mène Jean et Clara, maintenant installé ensemble et donnant des cours clandestins, vers les royaumes du Nouveau-Monde.
En effet, Clara est enlevée et Jean doit se rendre en Nouvelle-France afin d’empêcher son mariage forcé avec un riche industriel. Pour ce faire, il devra traverser l’Atlantique dans un paquebot, rentrer illégalement des les royaumes anglophones du Nouveau-Monde, traversé ces derniers et se rendre en Nouvelle-France. Et de là, qui sait, tenter de rejoindre le royaume libre d’Arcanecout.
Parallèlement aux péripéties vécues par Jean et Clara, le roman s’attache aussi aux pas d’Élan Gris, un jeune Lakota, qui quitte sa réserve sur les pas d’une vision pour rejoindre également l’Arcanecout. Guidé par son esprit totem, il devra lui aussi faire face à une population hostile pour atteindre son rêve.
Dans la veine du premier roman, mais avec une fin un peu plus optimiste (quoique…), Ceux qui rêvent prolonge ce dernier de bien belle manière en permettant l’exploration d’une Amérique uchronique monarchiste. Un roman donc fort agréable où seul l’utilisation d’une pointe de surnaturelle gâche un peu le « réalisme » de l’uchronie.
Dernières nouvelles de la terre…
Ceux qui sauront

Le roman se déroule en 2008 et suit, alternativement d’un chapitre à l’autre, deux adolescents. L’un est un coup noir, un membre du peuple qui suit des cours clandestins et tente du survivre dans une France où le travail se fait rare (on délocalise dans les colonies) et la vie dur; l’autre est la fille du ministre des finances, instruite et protégée des durs réalités, elle doit, à son grand désarrois, prochainement faire un bon mariage pour augmenter le statut familial.
Ces deux ados vont vivre un événement traumatique qui va les réunir, puis les séparer, mais qui va surtout changer leur manière de voir le monde. Ils n’auront alors de cesse de vouloir le changer tout en survivant.
Si la trame général est ultra classique : deux ados, deux mondes : une histoire d’amour (voir mon précédent billet), l’histoire reste fort agréable à lire et propose une vision humaniste, comme souvent avec Bordage, d’un monde totalitaire où le savoir et la technologie sont confisquées par une élite. A ma grande surprise le roman est très sombre et la fin n’a rien d’un « happy end. » Les talents de Bordage font, de plus, merveille pour proposer un roman très intéressant et agréable à lire.