A Single Revolution de Shani Silver

Shani Silver, l’autrice de A Single Revolution, est célibataire depuis de nombreuses années et elle a passé une grande partie de sa vie à « attendre l’amour », mettant au passage sa vie comme en parenthèses dans l’attente de rencontre La Personne avant de vraiment vivre. Et puis un jour elle a dit stop.

C’est de ce que cette réalisation a fait à sa vie dont ce livre parle. Constatant que la société donne comme mission au femme de trouver l’Amour et leur rappel constamment que c’est le but à atteindre, Silver montre que la vie ne se résume pas à cela. Et que une fois libérer de cette injonction, la femme célibataire peut en fait avoir une vie riche et épanouissante; ce qui, au demeurant, n’est absolument pas incompatible avec le fait de trouver l’amour.

A Single Revolution est un livre très intéressant à lire (même pour moi qui suis un homme) dans le sens qu’il montre bien que la société (patriarcale) fait peser sur les célibataires une injonction forte à ne plus l’être. Et que celle (ou celui, même si les injonctions faites aux hommes sont différentes) qui reste célibataire trop longtemps est en fait « cassée » et pas normal.

La réalité peut-être en fait tout autre et il est possible de vivre une vie riche et épanouissante sans être en couple et surtout sans attendre d’être en couple.

Maternités rebelles de Judith Duportail

Judith Duportail continue, avec Maternités rebelles, à réfléchir sur les injonctions faites aux femmes en utilisant ses propres expériences de vie comme fils conducteur de sa réflexion.

Ici, c’est de maternité qu’il s’agit, et pas de n’importe quelle maternité mais de maternité sola. L’autrice ayant en effet décidé, faut d’avoir trouvé un partenaire de vie (situation assez courante en effet avec les différents aléas de la vie) d’avoir recoure à la PMA afin de devenir mère.

L’essaie revient à la fois sur son expérience, et les difficultés et doutes que l’accompagne, mais propose aussi une réflexion, journalistique, sourcée, sur ce que la société attend des femmes, de la maternité et des enfants. Ce faisant elle présente des exemples très concrets de conséquences sur la vie des femmes (attitudes des médecins, par exemple).

Maternités rebelles m’a certes moins parlé que ses ouvrages précédents mais est très interessant à lire à la fois sur sa réflexion sur les attentes sociales sur la maternité que sur les possibilités réels de choisir un autre chemin. 

Pourquoi le Patriarcat ? de Carol Gilligan & Naomi Snider

Quand deux psychologues se posent la question de savoir pourquoi le patriarcat existe encore et surtout de quelles manières ils s’imposent psychologiquement aux individus, cela donne Pourquoi le Patriarcat ?

L’ouvrage est très intéressant, bien que je l’ai trouvé parfois un peu complexe pour moi qui ne suis pas habitué aux ouvrages de psychologie. Je me suis lancé dans sa lecture après avoir écouter le très intéressant interview de Carol Gilligan dans le podcast Les couilles sur la table.

La thèse centrale de l’ouvrage c’est que le patriarcat s’impose aux hommes et aux femmes de manière légèrement différentes mais avec comme résultat le sacrifice de l’amour et de la capacité à nouer des relations véritables.

Pour les hommes, durant l’enfance, la patriarcat les coupes de leurs capacités à ressentir de l’empathie et certaines émotions. Cela se caractérise par l’érection d’une barrière entre eux et les autres car un homme ne doit pas montrer de faiblesses et établir de connexion véritable.

Pour les femmes, durant l’adolescence, le patriarcat leur impose de taire leur propre voix et les poussant à développer une logique empathique où le bien être des autres est plus important que leurs propre désirs et personnalités.

Pourquoi le Patriarcat ? est une lecture très intéressante qui permet de rendre visible ce que tout à chacun perdons dans le système patriarcale. C’est aussi un plaidoyer pour travailler sur cette perte afin de retrouver un peu de notre humanité et développer à nouveau nos capacités à établir des relations plus vraise, profondes et sincères.

Tu devrais voir quelqu’un de Maud Le Rest

Au départ il y a un constat, à la fois personnel et confirmé par les statistiques française disponible sur la santé mental : les hommes ont beaucoup moins recours à la psychothérapie que les femmes.

A partir de là Maud Le Rest propose, avec Tu devrais voir quelqu’un, une réflexion en trois temps sur les raisons et les effets de cet état de fais. L’essai s’ouvre sur une réflexion sur ce qu’est la psychologie, ce que les hommes en savent et les effets que cette vision a sur les hommes et sur les femmes qu’ils cotoient.

La réflexion se poursuit sur une tentative d’explication du désamour des hommes pour la santé mentale. Elle prend la forme d’un constat : la masculinité valorisée par la société pousse les hommes à ne pas se connecter à leurs émotions, à valoriser des amitiés masculines basées sur la compétition et qui ne forment un espace où parler de sentiments. Ce « rôle » de care revient du coup aux femmes dont la socialisation les pousses à « prendre soin des autres » avec des conséquences sur leurs santés mentales à elles aussi.

Finalement, Le Rest met en avant plusieurs éléments socialisateurs qui exacerbent le problème : les normes de couple (et notamment le rôle de l’argent), le mythe de l’homme parfait et l’influence de la pop culutre.

Tu devrais voir quelqu’un est un essai très intéressant dont j’ai apprécié la lecture. La question de savoir si j’aurai été réceptif à ses arguments il y a quelques mois / années en arrière se pose, comme de savoir si ceux qui auraient besoin de le lire, les hommes, le liront.

Dating Fatigue de Judith Duportail

Faisant en quelque sorte suit à L’amour sous algorithme, Dating Fatigue de Judith Duportail est à mi-chemin entre une enquête journalistique et un récit autobiographique (ce qui selon moi fait sa force).

Ici, l’autrice prend comme point de départ son burn-out émotionnel né de la découverte du mode de fonctionnement des plateformes de dating mais aussi du comportement des hommes en général qui, il faut le reconnaitre, ont des comportements qui n’incitent pas les femmes à la confiance.

Se développe alors une réflexion sur la manière dont il serait possible de se respecter, de se lancer dans des histoires hétérosexuelles, le tout en naviguant la complexité et les paradoxes de l’amour et du désir.

Dating Fatigue est une lecture très intéressante qui m’apporte de la réflexion sur ma propre situation (malgré le fait que je sois un homme et non une femme, que je teste des app de rencontrer que depuis très très peu de temps). La lecture de l’ouvrage me laisse néanmoins un peu déprimer car aucunes vraies pistes ne semblent s’ouvrir à la fin de la lecture. Si ce n’est, pour l’homme que je suis, de tenter de se comporter de manière décente (ce qui est quand même un comble tant cela devrait être le point de départ de la réflexion et non son point d’arrivée.

L’amour sous algorithme de Judith Duportail

Mélangeant enquête journalistique et récit autobiographique, Judith Duportail s’interroge sur une des applications de rencontre les plus connue et utilisée : Tinder.

Dans L’amour sous algorithme, la manière dont fonctionne Tinder est interrogée : entre marketing de la drague, notes secrètes et algorithmes qui reproduisent, à dessin, certaines attentes patriarcales sur les relations (différence d’âge entre homme et femme, de revenu, de statut); c’est un portait assez sombre qui est brossé ici.

En y ajoutant les effets psychologiques que l’application produit sur ses utilisateurs, analysé ici non pas en consultant des spécialistes mais sur le vécu et ressenti de l’autrice qui narre dans le détail les rencontres, les hauts et les bas de son expérience sur Tinder, le tableau est, je trouve, déprimant.

Dans un article, prolongeant cet ouvrage, l’autrice révèle que le taux de match est de plus très différents entre les hommes et les femmes (de l’ordre de 50% pour elles et 2% pour eux). Cet état de fait amène a un vécu radicalement différent : pour elle le sentiment de plaire suivit d’une avalanche de messages qui soit se ressemblent tous (il n’existe pas mille manière d’effectuer un « premier » contact), soit sont agressifs / graveleux / etc. Alors que pour les hommes, c’est la frustration de ne presque pas pouvoir connecter et la pression pour passer à une version payante.

La lecture de L’amour sous algorithme est une lecture très intéressante mais hautement déprimante. A titre personnel, pour tester depuis peu l’application, je dois dire que je partage le constat que l’autrice fait dans son livre.

Les Couilles sur la Table de Victoire Tuaillon

Ouvrage tiré du podcast éponyme qui s’intéresse à la masculinité contemporaine, et dont tous les épisodes que j’ai écoutés pour le moment sont super intéressants, Les couilles sur la table discute et brosse un portrait de la masculinité contemporaine d’un point de vu féministe.

L’ouvrage se structure en plusieurs parties qui discutent d’un aspect, propose des éléments théoriques, avec références, et des extraits et réflexions tirés des épisodes du podcast qui discutent ces aspects. L’ouvrage se termine par quelques pistes pour, individuellement, faire changer les choses sans pour autant occulter les difficultés et paradoxes qui apparaissent assez rapidement une fois que l’envie de changement s’impose.

Le livre aborde ainsi la construction de la masculinité (du point de vu toujours des sociétés occidentales), les avantages et privilèges inerrant à être un homme, l’exploitation des femmes, mais aussi des hommes, par les hommes, la question de la violence et des pistes pour changer.

J’ai trouvé l’ouvrage très intéressant et un complément écrit bien venu au podcast. Une très bonne lecture.

Les Hommes Hétéros le Sont-Ils Vraiment ? de Léane Alestra

Avertissement : j’ai pas mal hésité avant de chroniquer ce livre. Donc, histoire d’être claire, je parle ici en mon nom (et pas « pour tous les hommes » ou truc du genre), et je suis un homme blanc, cisgenre, hétéro et célibataire après plus de vingt dans une relation hétéro et monogame).

Derrière ce titre peut-être un peu provocateur, ce cache un ouvrage super intéressant et dont la question du titre, Les Hommes Hétéros le Sont-Ils Vraiment ?, se révèle extrêmement pertinent.

En effet, Léane Alestra pose un constat : beaucoup d’hommes qui disent « aimer les femmes », cherchent avant tous à passer du temps entre hommes et leurs compagnes / conquêtes [sic] féminines sont avant tous des moyens de se faire mousser avec leurs potes. De plus, dans de nombreux groupes d’hommes, il y a un paradoxe entre « les amis en premier/avant tout » et « mais surtout nous ne sommes pas homo ».

Fort de ce constat, Alestra décortique la construction de la masculinité dans les sociétés occidentales en démontrant que les normes sociales de la virilités sont avant tous validées par les autres mâles et poussent les hommes qui s’y conforment à valoriser l’amitié masculine mais la sexualité hétérosexuelle « performatives » (c’est-à-dire coucher avec des femmes pour montrer sa virilité, ses talents de « chasseurs », etc. mais au final pas vraiment pour s’intéresser à la personnalité et à l’individualité des femmes en elle-même.).

La grande majorité des hommes se retrouvent donc devant le paradoxe de désirer être entre hommes mais de devoir désirer sexuellement les femmes.

Les Hommes Hétéros le Sont-Ils Vraiment ? est, je trouve, super intéressant et très convaincant dans sa démonstration. A titre personnel, cela met le doigt sur un ressenti que j’ai depuis très longtemps : je ne m’identifie pas du tous avec le model masculin « typique ». Et lire le livre m’a permis de comprendre le pourquoi de cette sensation.

Bref, Les Hommes Hétéros le Sont-Ils Vraiment ? est un livre que je trouve très important. Mais, je ne suis pas certain que ceux dont il parle seraient près à le lire et à accepter le miroir qui leur est tendu.

Désirer la violence de Chloé Thibaud

Désirer la violence, ce que la pop culture nous apprend à aimer de Chloé Thibaud est un essai qui analyse les œuvres de pop culture (cinéma et séries principalement) en se posant la question de ce qu’elles présentent comme désirable et normal. L’essai est centré sur les femmes et donc sur les comportements et situations qui le concernent (que cela soit des attentes sur leurs comportements ou sur le comportement des hommes à leur égare).

L’idée sous-jacente est que même si les individus ont, bien entendu, leurs libres arbitres, la pop culture définit quand même des attentes et des possibilités qui vont rendre des choses désirables ou envisageables.

Les différents chapitres de Désirer la violence discutent chacun d’un aspect des imaginaires créés : la question des attentes sexuels (baisers volés, actes sexuels forcés, consentement, etc.), les relations homme-femme (bad boy, attentes dans une relation, manipulation, masculinité toxique, etc.), les violences conjugales, les violences sexuelles, les féminicides, la vengeance et la violence.

Désirer la violence, ce que la pop culture nous apprend à aimer est un essai super intéressant, bien écrit et agréable à lire. Il poste, je trouve, d’excellentes questions et proposent des pistes de réflexions pour réfléchir sur la culture que nous consommons et ce qu’elles ouvrent ou ferment de possibles.

Phallers de Chloé Delaume

Court roman de lecture facile et rapide, Phallers se déroule dans une France du futur très proche dans laquelle des femmes se retrouvent avec le pouvoir de faire exploser les pénis.

Le roman suit le parcourt de Violette, une ado de dix-sept qui se retrouve un beau jour avec ce pouvoir et rejoint un groupe de femmes l’ayant aussi et qui décide d’utiliser ce pouvoir pour envoyer un avertissement aux abuseurs et violeurs.

Phallers déroule alors une histoire rocambolesques faite d’anecdotes, assez sordides mais réelles, sur la culture du viol et la masculinité toxique, et de situation d’explosions de pénis assez cathartiques avec un groupe d’hommes « qui sont des vraies hommes » en guise d’antagonistes.