Before, After, Alone de Emma Newman

Dans ce recueil de dix nouvelles, Emma Newman propose de courtes histoires se déroulant dans l’univers de sa série débutée avec Planetfall. Pour résumer : notre monde dans un futur proche (IA, assistants personnesl, mais aussi faillite des états nations remplacés par des méga-corporation) où un message extraterrestre reçu par une personne provoque le départ d’un groupe religieux vers une autre planète alors que les méga-corpo tente de dupliquer la technologie de voyage spatiale utilisée.

Les différentes nouvelles du recueil proposent des fenêtres sur l’univers des romans à différents moment de ces derniers. Certains textes n’ont pas de liens directs alors que d’autres se concentres sur une personnage ou un autre déjà apparus dans les romans. L’autrice prend soin d’indiquer si un spoiler mineur ou majeur se trouve dans le texte et une postface éclaire la place chronologique de chaque nouvelle dans l’ensemble.

Comme souvent avec Emma Newman les situations explorées font la part belle à la psychologie et au ressentit des protagonistes. Le recueil est complété par des réponses de l’autrices à des question de lecteur.

Before, After, Alone est un recueil qui m’a beaucoup plus et je suis ravi de retourner dans l’univers de Planetfall qui a encore beaucoup à offrir. Bien que les textes puissent s’apprécier sans avoir lu les romans, je pense qu’ils gagnent clairement en profondeur si on connait déjà l’univers dans lequel ils se déroulent.

Atlas Alone

Quatrième roman se déroulant dans le même univers (avec Planetfall, After Atlas et Before Mars), et pouvant se lire de manière indépendante (bien pour Atlas Alone, je recommande fortement la lecture de After Atlas avant), Atlas Alone se déroule six mois après les événements qui termines After Altas. Si vous ne voulez pas vous spoielez ce dernier, contentez vous de savoir qu’il est excellent, que vous devriez de ce pas lire les quatre romans, en gardant en tête que chacun à une ambiance différente, et arrêtez ici la lecture de cette chronique.

Après avoir quitté la terre à bord d’un vaisseau-arche et d’avoir assister aux conflits nucléaires provoquer par les commanditaires du vaisseau,  Carlos et son amie Dee s’adaptent avec difficulté à la vie dans un vaisseau. Suivant Dee, Atlas Alone débute par la vie quotidienne de cette dernière lors du long voyage sur les traces du Pathfinder. N’ayant pas de contacte avec les autres occupants du vaisseau en dehors du Cercle, un groupe de brillants individus qui ont été essentiel dans la construction du vaisseau, elle s’ennuie et lutte en même temps contre ses démons (la mort de ses parents et une vie de service forcé pour une grande corporation).

Lorsque, coup sur coup, on lui propose de travailler comme analyste pour la production de jeux en réalité virtuel, on l’invite sur un serveur de jeu où les capacités des avatars sont ceux du joueur, et on lui fait tester un nouveau jeu qui se termine par, chose normalement impossible, par la mort IRL d’un individu, Dee se retrouve au centre d’une intrigue qui la dépasse et pourrait changer le destin de la future colonie.

Difficile d’en dire plus sans dévoiler une intrigue passionante. Emme Newman sait comme personne développer des personnages aux névroses marquées auxquels le lecteur s’attache tout en produisant des intrigues prenantes. La série « Planetfall » devient, pour moi, au fil des publications une série majeure.

Before Mars

Il est rare de trouver une série de romans se déroulant dans le même univers, qui peuvent se lire dans n’importe quel ordre, qui s’éclairent l’un l’autre et qui, de moins points de vu,  sont d’une qualité croissante.
Ainsi Before Mars de Emma Newman, « après » Planetfall et After Atlas, situe son action sur Mars. Mais avant l’intrigue un mot sur l’état de notre monde :
Il y a 50 ans une scientifique de génie et leader religieux à quitté la Terre, avec un groupe de savants, dans un vaisseau, l’Atlas, afin de chercher Dieu. Elle a laissé une capsule de donnée qui doit être ouverte dans peu de temps. La Terre elle est aux mains de grande corporation qui ont remplacé / supplanté les États-nations. Les IA sont monnaies courantes et chaque individu est implanté avec une « chips » qui lui permet de se connecter au réseau et d’interagir avec des reconstructions en réalité virtuelle très réalistes.
Si l’Atlas a supposément quitté notre système solaire (beaucoup en doute), l’exploration spatiale a fait de nombreux progrès mais reste cantonnée à notre étoile. Mars est habitée de manière permanente mais seulement par un petit groupe de scientifique, et une IA, qui font de la recherche pour GaborCorp, la corporation qui a les droits exclusifs d’exploitation et de présence sur la planète rouge.
C’est dans ce contexte que Anna Kubrin arrive sur Mars. Géologue, mariée et mère d’un enfant, elle doit sa présence sur Mars principalement à ses talents de peintre, la mari du président de GaborCorp ayant convaincu son époux que des tableaux de Mars peints sur Mars pourraient se vendre très cher.
Mais voila à peine arrivé elle trouve un message de sa main la prévenant de se méfier de la neuropsychologue de la base, son alliance a été remplacé par une copie, elle embrasse naturellement le médecin de la base qu’elle vient de rencontrer…. Se pose alors pour Anna la question de savoir si elle souffre de psychose ou si quelque chose se trame dans la base martienne….
Si on ajoute que Anna a un passé chargé, son père est devenu paranoïa et a attaqué sa mère, son mariage bat de l’aile, elle peine à rentrer dans son rôle de mère et tous n’est pas rose chez les Gabor, vous obtenez un roman à la fois bien écrit, avec une héroïne à la psychologie complexe et aux mystères intriguant.
Pour ceux ayant déjà lu les deux autres romans, le plaisir de re-croiser certains personnages et de connaitre une partie des évènements à venir ne fait que renforcer le plaisir de la lecture.
Bref un must read !

After Atlas

Se déroulant dans la continuité de Planetfall, mais sur Terre et quarante ans après le départ du vaisseau Atlas, After Atlas suit le fils d’une des voyageuses ayant quitté la Terre.
Abandonné petit, avec son père, par sa mère, Carlos Moreno vit ses premières années livrés à lui même dans la maison familiale, il rentre, à la suite de son père, ensuite dans une secte « The Circle » qui prône le retour à une vie simple, sans technologie invasive (tel que les imprimantes qui permettent à tous à chacun d’imprimer nourriture, vêtements, outils, ou encore les puces implantés qui connectent les individus aux réseaux).
Quittant à l’adolescence la secte, dirigée par un autre abandonné d’Atlas, le charismatique Alexandro Casales, il devient un enquêteur hors-paire du ministère de la justice du Norope (l’entité formée par l’ex-Royaumes-Unis et la Scandinavie) dans un monde où la résolution d’un crime consiste principalement a exploité les nombreuses traces laissé par les individus sur les réseaux et les caméras publiques et privées.
Le monde de After Atlas est hautement technologique mais aussi sombre : les Etats-Nations ont soit disparu au profit de corporations ou fusionnés avec elles. Carlos n’est d’ailleurs pas un homme libre, mais un outil propriété de l’état qui a tous pouvoir sur lui et exploite ses compétences.
C’est dans ce contexte que Alexandro Casales est retrouvé mort dans un hôtel près de Londres. L’imbroglio juridique donne l’enquête à Carlos qui doit à la fois résoudre le meurtre et faire face aux rancœurs et démons de son passé. L’enquête, bien évidement, prendra une tournure inédit aux enjeux très importants.
Roman où la psychologie du personnage est très finement et richement rendu, After Atlas est une enquête passionnante, une plongée dans les méandres de ce qui forme l’humanité (dans un autre registre que Planetfall, mais également comme celui-ci) et un roman très riche. A titre personnel, il m’a plus d’avantage que Planetfall, mais c’est objectivement une question de goût plus que de qualité.
Arrivé à la fin de ma lecture, je me prend à espérer un troisième roman qui explorent les implications des fins des deux premiers.

L’avis de Gromovar.

Planetfall

Roman de science-fiction dont la sortie française est prévue est février prochain dans la collection J’ai LU, Planetfall raconte la vie dans une colonie humaine établie sur une autre planète.

Issue d’un petit groupe de colon ayant quitté la Terre à bord d’un vaisseau dont la technologie de voyage entre les étoiles (dont le lecteur ne saura rien) a été développé par eux-mêmes (et n’était donc pas accessible au reste de l’humanité), la colonie survit, plutôt bien, sur un autre monde depuis une vingtaine d’année.

Les colons ont quitté la Terre à la recherche de Dieu qui, selon eux, réside dans une « cité » mystérieuse, dangereuse et à la technologie organique se trouvant à coté de la colonie. C’est la vision d’une femme, Lee Suh-Mi, qui a conduit les colons a quitter la Terre. Pour les colons Lee Suh-Mi est enfermée dans la cité de Dieu depuis vingt ans et ils guettent son retour.

La réalité, que le lecteur découvre rapidement au travers de Renata Ghali, la narratrice du récit, scientifique brillante, amie de Lee Suh-Mi, responsable des imprimantes de la colonie (qui permettent d’imprimer tous ce que cette dernière à besoin : matériaux bruts, mais également objets et nourritures), et victime d’un syndrome de Diogène, caché au reste de la communauté, c’est que Lee Suh-Mi est morte lors de la première descente sur la planète et qu’elle et un autre membre de la colonie mentent aux colons depuis vingt ans.

C’est l’arrivée dans la colonie d’un descendant des victimes d’un accident lors de l’établissement de la colonie qui va chambouler l’ordre établi et modifier radicalement les rapports entre colons….

Roman avant tous centré sur l’aspect humain de la colonisation d’une autre planète, Planetfall prend tous son ampleur une fois la lecture terminée. Emma Newman propose ainsi un texte qui parle avant tous de l’humanité, de ses forces mais surtout de ses travers et défauts plutôt que la conquête de l’espace. Un beau roman qui est très intéressant.