Where the Axe Is Buried de Ray Nayler

Quelque part dans le futur, la plupart des gouvernements occidentaux ont été remplacé par une IA qui permet une rationalisation de la gouvernance. A l’est de l’Europe, une Fédération autoritaire utilise la surveillance de masse pour contrôler sa population et un président qui est régulièrement remplacé par une version plus jeune de lui même (son esprit étant téléchargé dans un nouveau corps).

C’est le contexte de Where the Axe Is Buried de Ray Nayler, un roman qui suit plusieurs personnage pris dans les mailles de mouvements révolutionnaires qui cherchent à libérer la population; en Occident de la rationalisation permis par les intelligences artificielles, et en Orient d’un régime totalitaire.

De là un roman plurielle qui décrit plusieurs trajectoire de vie qui vont être instrumental pour mettre en place les changements révolutionnaires.

Where the Axe Is Buried est un roman bien écrit, captivant qui montre comment des citoyens peuvent être des rouages du changement tout en étant pris dans une réalité complexe. Comme cela semble être une marque de fabrique de Nayler, le roman se termine sans épilogue ni fin définie, mais ici de manière néanmoins satisfesante.

Une vie de saint de Christophe Siébert

Une vie de saint est à la fois l’histoire, inspirée, notamment, de Raspoutine, de Nikolaï et de la ville fictive de Mertvecgorod durant l’époque soviétique et de la fin du XXe sicèle.

Mertvecgorod est une cité et république post-soviétique dont Siébert écrit l’histoire dans de nombreux textes. C’est une ville corrompue et sale où il ne fait pas bon vivre.

Dans Une vie de saint, Siébert racontre la vie de Nikolaï tour à tour gourou, puissant de Mertvecgorod, révolutionnaire et terroriste. L’ouvrage est conséquent et regroupe plusieurs points de vu sur le personnage complexe de Nikolaï. Je trouve d’ailleurs difficile de résumer l’ouvrage tant il est dense.

Donc que dire ? Ici le lecteur trouvera, dans une écriture maitrisée, la vie d’un mystique, de l’ésotérisme avec l’origine occulte du pouvoir des dirigeants de la ville (dont l’ascension et la chute est ici présentée également). Mais le lecteur trouvera également du sang, de la torture, du sexes, des scènes crues et cruelles, Une vie de saint n’est pas un roman pour les âmes sensibles.

Arrivé au terme de ma lecture, ais-je aimé ce texte ? Probablement pas. Il est fascinant et bien écrit, mais long, très long; et surtout sombre, très très sombres, beaucoup trop sombre à mon goût. Les virées dans les noirs tréfonds de l’esprit humain et de ses vices peuvent être intéressante, ici je trouve la balade trop sombre, presque putassière, malgré les qualités d’écritures et de construction du récit. Je ne sais pas si je revisiterai Mertvecgorod tant la ville est sale et déprimante.

In Universes de Emeth North

Dans In Universes, Emeth North explore les vies de Raffi une physicienne qui travail à au nettoyage d’image de l’univers profond.

De sa vie de physicienne, le roman dérive rapidement sur ce qui se serait passé si Raffi avait socialisé, plus jeune, avec Britt, une artiste queer. De là, chaque chapitre propose une itération possible de la vie de Raffi dans des univers parallèles qui s’éloignent de plus en plus du notre (avec une apocalypse, de la science-fiction et même une dose de fantastique/fantasy).

Chaque chapitre est l’occasion de proposer un moment de vie et une réflexion sur nos choix et sur ce qu’il adviendrait si l’on osait aller contre les normes.

In Universes est un sympathique roman que j’ai pris plaisir à audio-lire.

The City in Glass de Nghi Vo

The City in Glass de Nghi Vo suit le démon Vitrine qui veille sur la cité de Azril, sa cité qu’elle aime et guide. Lorsque des anges descendent sur la ville et la réduisent en ruines fumantes, Azril maudit un des anges et débute une longue période de deuil.

Mais le temps efface les blessures et les hommes reviennent sur le site de Azril pour reconstruire, peu à peu, une nouvelle cité sur laquelle Vitrine, et l’ange maudit dont elle se rapproche, va pouvoir veiller.

The City in Glass expose l’histoire d’une cité et des ses habitants sous une forme fascinante. J’ai, je l’admet, pour ce genre d’histoire qui dépeigne le destin d’une cité ou d’un quartier sur une longue période de temps. Ce roman de Nghi Vo avait donc tous pour me plaire; et il m’a enchanté.

La Lance de Peretur de Nicola Griffith

Spear, La lance de Peretur dans sa traduction française, est un roman sur le mythe arthurien de Nicola Griffith.

Le roman met en scène une mystérieuse jeune femme, Peretur, élevée en ermite par sa mère qui semble détenir le graal, qui se lance à l’aventure dans le but de devenir chevalier et intégré les compagnon de Arthur à la cour de Caer Leon. Relecture de l’histoire de Perceval, le roman met en avant les mythes anciens plus tôt que les mythes chrétiens.

Convoquant la sorcière Nimue et plusieurs chevaliers des mythes arthuriens, le roman propose une quête du graal où il ne s’agit pas tant de retrouver le mythique objet mais de le mettre à l’abris de la convoitise des hommes. Avec des personnages féminins forts, une histoire d’amour et de l’aventure, Spear est un excellent roman.

Death of the Author de Nnedi Okorafor

Audio-lu en anglais, la traduction française disponible sous peu (mi-mars 2025), Death of the Author de Nnedi Okorafor est un excellent roman aux problématiques multiples : identité, art, création, handicap, choix de vie, etc.

Zelu est américo-nigérienne, suite à un accident, à l’âge de douze ans, elle est en chaise roulante, enseignante d’écriture elle cherche à publier son premier roman. Mais Zelu est aussi férocement indépendante et, souvent, le « vilain petit canard » de sa famille. Lorsqu’elle publie un roman de science-fiction, Rusted Robots, qui devient un bestseller, Zelu devient à la fois riche et célèbre. De là, le roman déroule la vie de Zelu faite de doutes mais aussi de réalisations personnelles. Et en parallèle, le lecteur découvre Rusted Robots dont l’histoire (l’humanité a disparue et les robots ont hérité de la Terre) fait écho à la vie de Zelu.

Death of the Author est un excellent roman; à mon avis, à ce jour, le meilleur publié par Okorafor. Il réserve des surprises jusqu’au dernières pages qui redéfinissent presque tous le roman.

Tell me Everything de Elizabeth Strout

Tell me Everything se situe dans une continuité de romans explorant la vie de plusieurs personnages qui « se retrouvent » dans ce nouveau roman de Elizabeth Strout. Je n’en ais lu qu’un seul auparavant (Oh William!) mais cela n’a absolument pas gêné ma lecteur.

Tell me Everything se déroule de nous jours dans une petit ville américaine, le roman voit se croiser plusieurs personnages, dont l’écrivaine Lucy Barton et l’avocat Bob Burgess qui vivent une amitié proche de l’amour (tout en étant les deux dans d’autres relations, dans ce roman les protagonistes ont des vies, leur âge étant dans la soixantaine). Le roman est à la fois une chronique de la vie quotidienne de plusieurs personnages entre doutes, douleurs, amitiés, coups durs de la vie; une chronique de la vie humaine ordinaire en somme, et une mini-enquête policière lorsque Bob Burgess accepte de prendre un cas pro bono pour défendre un habitant de la ville accusé du meurtre de sa mère.

Tell me Everything ne se distingue pas tant par son histoire haletante, que par le portrait profondément humain de ses différents protagonistes et de leurs vies intérieurs faites de doutes, de sublimes et de bassesses, façonnées par leurs histoires individuelles. C’est cette capacité à rendre l’humain dans sa complexité qui rendent les romans que j’ai lu de Strout fascinants.

City of Miracles de Robert Jackson Bennett

Dernier tome de la trilogie des Cités divines, La cité des miracles (City of Miracles en VO, langue de ma lecture), se déroule une quinzaine d’année après le tome précédent et a pour protagoniste principal Sigrud qui « reprend du service » après l’assassinat Shara, ancienne première ministre de Saypur et héroïne du premier tome de la série.

Dans un monde qui a connus une révolution industriel à marche forcé, Sigrud se retrouve rapidement confronté à des individus qui semble avoir des pouvoirs quasi divin; et ce alors que officiellement tous les dieux sont morts et officieusement seul un dieu a survécu. Débute alors une traque pour obtenir des réponses, venger la mort de Shara et sauver l’avenir du monde.

La cité des miracles conclut de bien belle manière la trilogie en posant la question du devenir des enfants des divinités. Bennet pose également des questions sur les rouages du monde, les fondements de la réalité et la capacité de la modifier; sujet qui seront également, d’une autre manière, au cœur de la trilogie suivant qu’il écrira en suite.

City of Blades de Robert Jackson Bennett

Second tome de la trilogie des Cités divines, après La Cité des marches, j’ai lu La Cité des lames en VO (City of Blades).

Se déroulant quelques années après le premier tome, le roman se centre sur la générale Turyin Mulaghesh qui est sorti de sa retraite pour une mission secrète dans la cité de Voortyashtan, capitale du royaume anciennement dirigé par le dieu de la guerre et de la mort. Là, elle doit enquêté sur la disparition étrange d’une espionne.

Sur place, elle trouve une situation explosive entre la garnison, dirigée par un général avec qui elle a servit dans sa jeunesse, des rebelles dans les montagnes et la compagnie qui tente de libérer l’entrée d’un fleuve qui permettra de changer les transports sur tous le continent.

Dans ce monde où les dieux ont été éliminé et où les anciens esclaves sont devenus dirigeants, le divin n’a pas totalement disparu et une apocalypse guerrière pourrait bien déferler sur le monde.

La Cité des lames est une digne suite à au premier roman (aussi bien si ce n’est mieux) qui propose quelque chose de légèrement différent.

De Grandes Dents de Lucile Novat

Dans De grandes dents, Lucile Novat propose une interprétation du célèbre contre du Petit chaperon rouge où le danger n’est pas le loup et l’extérieur mais la grand-mère et l’intérieur.

Novat propose ainsi d’interpréter le célèbre conte comme une mise en garde contre les risques de l’inceste. Elle convoque pour cela, avec une écriture très agréable à lire et punchy à la fois la psychanalyse, l’histoire et la littérature mais également les différentes affaires d’incestes qui ont été médiatisées.

Et force de constater que la démonstration, en plus d’être très intéressantes et agréable à lire, est ma fois très convaincante. En bonus, et sous la forme d’un « livre dont vous êtes le héros » très malin, l’autrice utilise Barbe Bleu pour réfléchir sur les relations de couple toxiques.

Bref, De grandes dents est une lecture intelligente, intéressante et percutante à mettre dans toutes les mains.