Looking for Jake

Looking for Jake and other stories est un recueil de nouvelles de mon « auteur du moment » : China Miéville.

Le recueil propose des nouvelles fantastiques, souvent un peu angoissante et qui m’ont fait régulièrement pensé à Lovercraft par leur thématique. On y trouve également de nombreuses nouvelles où le contexte urbain est un personnage à lui tous seul; visiblement une marotte, et une bonne, de Miéville.

Sans rentrer dans le détail, on trouve dans ce recueil :
– la ville de Londres (plusieurs fois par différentes créatures) en guerre contre un envahisseur puissant,
– des rues sauvages qui apparaissent et disparaissent,
– une fenêtre donnant vers ailleurs,
– une maladie exotique,
– la fin tragique de Jack Half-a-Prayer à New Crobuzon,
– beaucoup de fantômes,
– des miroirs,
– de l’informatique et des multinationales.

Au final un recueil fort sympathique avec, comme souvent dans ce genre d’exercice, de très bonnes choses et d’autres un peu plus faible. Mais dans l’ensemble c’est un must-read.

Freakonomics

Freakonomics est un ouvrage d’économie un peu particulier. En effet, il applique les principes de l’économie (notamment les traitements statistiques) a des questions du quotidien ou un peu inhabituelles.

Ainsi ce livre, écrit avec une grande dose d’humour et de vulgarisation par un économiste et un journaliste, propose-t-il des réponses et des réflexions à des questions comme :

– Qui triche et pourquoi ?
– Est-ce qu’un agent immobilier fait vraiment le maximum pour vendre votre bien ?
– Pourquoi les dealers vivent-ils encore chez leur maman ?
– Pourquoi la criminalité a-t-elle baissé aux USA dans les années nonante ?
– Qu’est qu’un parent idéal ?
– Quelle est l’influence d’un prénom sur le destin d’un individu ?

Toute ces questions sont des prétextes pour discuter de recherches réels utilisant à la fois les outils statistiques et l’idée que toute action humaine à une motivation. Ainsi la baisse de la criminalité est-elle en partie du à la légalisation de l’avortement, les sumotoris trichent régulièrement et votre prénom donne très certainement des indications sur votre groupe social d’origine.

Les réflexions proposées par Freakonomics sont intéressantes, bien que parfois très américo-américaines, et j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre qui pourfend la sagesse populaire et les experts.

Steampunk

Steampunk, sous-titré l’esthétique rétro-futur, est un essai proposant un historique et une analyse de ce genre caractérisé par un dix-neuvième siècle où le progrès a été plus rapide que dans notre histoire et où les machines à vapeur et les ordinateurs à pistons sont choses courantes.

L’ouvrage, richement illustré, présente un historique du Steampunk depuis les œuvres précurseurs jusqu’à celles parus en 2010. Il discute aussi bien des œuvres littéraires, comme des jeux de rôle (GN, sur tables ou d’ordinateur), des films et séries, des illustrations, des bandes dessinées ou de la musique. Comme beaucoup de tentative de circoncision d’un genre, Steampunk s’intéresse également aux genres proches et à l’extension du Steampunk au début du vingtième siècle et aux siècles précédant le XIXe. Il discute également des œuvres de rétro-futur; pas totalement du Steampunk mais proche car touchant des moments de l’histoire ou le futur est arrivé plus tôt.

Si, historique du genre oblige, l’ouvrage se concentre avant tous sur les œuvres anglo-saxonnes, mais propose également des chapitres concernant les mangas et animes japonais, ainsi que les œuvres francophones.

Steampunk est un livre intéressant que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire et qui m’a appris de nombreuses choses sur le Steampunk. Ceci étant dit, j’aimerai néanmoins conclure par trois critiques : une grave, un ennuyeuse et une accessoire. La grave tout d’abord, j’ai détecté quelques imprécisions dans les dates, la plus grave étant, dans la partie historique, un jeu de rôle présentant comme parus dans les années quatre-vingt, alors qu’il est en réalité paru au milieu des années deux milles. Le problème est que si il y a une erreur de ce genre, quelles autres erreurs de même magnitudes que je n’ai pu voir sont présentes ?

L’ennuyeuse ensuite, de nombreux œuvres sont présentées dans le texte, mais le livre manque d’une bibliographie des œuvres importantes du genre qui permettrait au lecteur curieux de pouvoir poursuivre son exploration du genre. Finalement, et c’est accessoire, je regrette un peu le fait que si l’auteur parle de l’espace anglo-saxon, du Japon et de la France, rien n’est dit des autres langues, et si c’est parfaitement compréhensible cela donne sans doute une image tronquée de l’importance du Steampunk dans la littérature.

La Fraternité du Panca III : Frère Kalkin

Frère Kalkin, troisième tome, sur cinq, de la Fraternité du Panca de Bordage (après Frère Ewen et Sœur Ynolde) continue la quête des membres de la fraternité pour reconstituer la chaine quinte qui permettra de sauver l’humanité de l’extinction qui la menace.

Ce troisième opus reprend les ingrédients des opus précédant : les trajectoires de plusieurs personnages (ici Frère Kalkin, l’assassin qui le poursuit, un équipage de vaisseau, une paysanne et une journaliste enquêtant sur la fraternité) qui finissent pas se croiser, un voyage qui semble impossible à l’autre bout de la galaxie (mais la technologie de voyage spatiale s’améliore de tome en tome), des planètes exotiques, des êtres aux pouvoirs qui semblent supra-humains.

Ainsi, si le livre est fort agréablement écrit et haut en couleur, il n’y a rien de nouveau : Bordage fait du Bordage. Il le fait très bien, mais Frère Kalkin ne révolutionne pas le genre.

L’avis (très similaire au miens) de Gromovar.

Grown up digital

Grown up digital est un essai sur la génération Internet (les personnes nées entre 1980 et aujourd’hui et dont je fais, sur la frange inférieure, partie). Don Tapscott brosse le portrait de cette génération qui arrive aujourd’hui peu à peu sur le marché du travail et « au affaire » et sur la manière dont Internet à changé la vision du monde et la manière de penser même.

Il débute son ouvrage par le portrait de cette génération caractérisée par huit grands traits : liberté, « customization », « scrutinity », intégrité, collaboration, détente (« entertainment »), vitesse et innovation. Il montre comment Internet a changer leur manière de penser et d’agir, mais aussi la structure même de leur cerveau.

Il discute ensuite de la manière dont ma génération se comporte en tant qu’apprenant, travailleur, consommateur, membre d’une famille et citoyen. Les huit grands traits de ma génération ayant bien sur des implications concrètes sur notre manière de nous comporter dans ces différentes sphères.

Au final la lecture de Grown up digital me laisse un sentiment mitigé. A la fois guide pour la génération des baby boomers dans ses relations avec ma génération et ouvrage de synthèse sur le monde d’aujourd’hui et de demain, la manière dont ma génération est décrite ne me convainc qu’à moitié. J’ai par contre du mal à situer où se trouve mon malaise sur un ouvrage au demeurant fort intéressant, bien que parfois un peu redondant : défaut d’ouvrage de généralisation, génération globale sans aucuns mots sur les « oubliés » de la révolution digitale, idéalisation d’une génération ?

Une lecture au final intéressante mais qui idéalise peut-être un peu trop la génération digitale.

The City & the City

Second roman de China Miéville, mais le dernier paru, que je lis (après Perdido Street Station), et deuxième excellent roman. Contrairement à Perdido Street Station qui est un roman de fantasy, The City & the City est un roman noir.

Dans une cité imaginaire de l’Europe de l’Est, on suit, raconté à la première personne, l’enquête de l’inspecteur Borlú de la ville de Beszel sur l’assassinat d’une jeune étudiante en archéologie canadienne dont le corps a été retrouvé dans un parc de la ville. Une enquête qui pourrait sembler banale si le crime n’avait pas été commis à Ul Qoma. Le problème c’est que la ville d’Ul Qoma et de Beszel ne sont pas seulement deux villes rivales dont les relations politiques sont tendues mais également deux villes qui occupent le même espace physique. Les territoires des deux villes entremêlement dans l’espace et ses habitants ont l’habitude, et l’obligation, de ne pas voir l’autre ville et ses habitants.

Ce cadre étrange construit une double ville unique, deux cités fantastiques qui par leurs naturelles et absurdités me font penser à la « City » créée par Auster dans In the country of last things (Le voyage d’Anna Blume en français).

L’enquête de l’inspecteur Borlú prend une ampleur insoupçonnée lorsqu’il doit se rendre à Ul Qoma afin de résoudre l’enquête et comprendre ce qu’une légende locale, celle d’une troisième ville se trouvant entre les deux autres, « Breach » la mystérieuse et toute puissante police qui gère les brèches (toutes infractions qui nient la frontière psychologique entre les deux villes), des archéologues, des groupes nationalistes et des groupes unionistes (militant pour la réunification des deux cités en une) ont à voir dans le meurtre.

The City & the City est un roman formidable, d’une prouesse d’évocation impressionnante dans deux villes improbables. China Miéville est en train de rentrer par la grande porte parmi les auteurs qui m’ont marqué profondément. A vérifier avec ses autres romans, mais j’ai l’impression que c’est également un créateur d’univers, ou devrais-je dire de villes, de première ordre.

A short history of fantasy

A short history of fantasy est un court (moins de 300 pages) ouvrage présentant un historique de la Fantasy d’un point de vue anglo-saxon.

Les deux auteurs, après une introduction revenant sur les grandes controverses liés à l’étude de ce genre littéraire, brosse un ample panorama des œuvres et auteurs importants de la Fantasy compris au sens large (fantasy « classique » mais également littérature fantastique), ainsi que les grandes tendances du genre.

L’ouvrage est construit par ordre chronologique. Deux chapitres couvrent l’avant vingtième siècle et la première moitié de ce dernier, les autres couvrent chaque décennie suivante. Deux chapitres sont également consacrés aux auteurs ayant marqués l’histoire du genre (respectivement Tolkien & Lewis, et Pullman, Rowling et Pratchet). Il se termine par un glossaire et une bibliographie permettant au curieux d’élargir ses lectures.

La lecture de cette ouvrage est intéressante et instructive dans les limites imposés (Fantasy au sens large et du point de vue anglo-saxon uniquement). IL ne me reste plus qu’à trouver son pendant pour la science-fiction et je serais un lecteur comblé.

Red Seas under Red Skies

Cela faisait déjà quelque temps que le second tome des aventures de Locke Lamora, Red Seas under Red Skies (faisant suite à The Lies of Locke Lamora), trainait sur ma PAL. J’ai finalement trouvé le temps de le lire et si la montagne de travail en attente sur mon bureau n’en a que peu apprécié la lecture (elle n’a que peu diminué) , mon envie de Fantasy de qualité a été largement rassasiée.

Red Seas under Red Skies débute là où le tome précédent s’est arrêté. Locke et son ami Jean sont maintenant seul et ont fuit la cité de Camore. Après deux ans de travaux, ils sont prés de touché au but et voler le chef de la pègre d’une autre cité-état. Hélas pour eux, leurs véritables identités filtrent et ils se retrouvent, bien contre leur grès, au centre des intrigues politiques de la ville et à devoir prendre le large pour « jouer » aux pirates.

Comme le tome précédent, Red Seas under Red Skies met en scène une Fantasy bien écrite, haute en couleur et pleines de rebondissement sans tomber dans les poncifs du genre. Un vrai plaisir. Vivement la suite tant la fin de ce second tome m’a laissé avec une forte envie de connaitre la suite.

Perdido Street Station

Premier livre de China Miéville et gros choc. Je savais déjà que ce livre bénéficiait de critiques excellentes et qu’il avait reçu de nombreux prix, ce à quoi je ne m’attendais pas c’est qu’il soit si bon.

Perdido Street Station narre l’histoire d’Isaac, un scientifique humain aux théories radicales à qui un Garuda (des hommes ailés à tête de rapace) ayant perdu ses ailes demande de l’aider à pouvoir voler à nouveau. De là les recherches d’Isaac vont involontairement libéré sur la cité de New Crobuzon des prédateurs si dangereux que même le gouvernement se retrouve sans ressources pour y faire face.

Ce résumé ne rend pas justice à l’écriture agréable de Miéville, ni surtout au monde étonnant qu’il met en scène : la ville de New Crobuzon est une métropole du début du XXe siècle ou la magie (conçue comme sciences) côtoie des sciences plus traditionnelles. Dans ces rues se croisent des races non-humaines ayant peu à voir avec les canons de la fantasy traditionnelle. Cette Weird Fantasy (puisque c’est le nom du courant auquel Miéville « appartient) porte bien son nom. Cette fantasy doit autant au Steampunk, à la SF qu’au écrits horrifiques de Lovercraft. C’est tout simplement brillant.

Et en me relisant, je réalise que j’ai oublié de parler du vrai héros de ce récit : la ville de New Crobuzon. Cette dernière transparait à chaque page et ce sont ces nombreuses déscriptions qui font sans doute de Perdido Street Station un roman étonnant, brillant et vraiment à part.

Homo Vampiris

Pour continuer dans la mouvance « vampire », je me suis attaqué au dernier livre de Fabien Clavel : Homo Vampiris.

Sous ce titre explicite se cache un fort sympathique roman narrant, du point de vue des vampires, le destin d’un groupe de cinq vampires révolutionnaires se nommant l’ancolie. Ce groupe, séparé depuis un échec révolutionnaire à Moscou à la fin du XIXe siècle, va se retrouvé suite à l’assassinat d’une des chefs d’un groupe d’humain chassant les vampires et suite à la rencontre d’un des leurs avec Nina, une jeune vampire un peu perdue dans ce nouveau monde.

Le roman se déroule dans un futur proche et narre aussi bien une histoire vampirique qu’il dépeint un monde à l’agonie alors que la nature se détraque de tout côté. Les vampires dépeint ici sont inspirés à la fois par l’image d’Épinal des vampires romantiques et à la fois par les vampires plus modernes (de jeux de rôle où de Twilight).

Homo Vampiris est un roman prenant qui m’a bien plus, même si la fin m’a paru un peu abrupte et, en quelque sorte, ratée. Fabien Clavel, l’auteur, remonte ainsi dans mon estime de lecteur tant je n’avais peu apprécié les derniers romans que j’avais lu de lui (une série de romans de fantasy pastiches de très mauvais gout).