Ancillary Sword & Mercy

Respectivement second et troisième tome (en fait première et seconde partie d’un gros roman) de la série d’Ann Leckie (après le très moyen Ancillary Justice) Ancillary Sword et Ancillary Mercy ont été de très bonnes surprises. Les deux livres, la première et la seconde moitié d’une même histoire, sont non seulement très agréable à lire (mention particulière pour la lectrice des livres audios VO qui donne une excellente prestation) mais également intéressant.
 
Breq, l’unique ancillaire survivant d’un vaisseau de guerre détruit, a partiellement obtenu vengeance sur  le Seigneur du Radch (un empire qui contrôle de nombreux systèmes) en rendant visible le fait que les différentes facettes de son être (le Seigneur à de nombreux clones qui sont des copies de lui même et qui forme un tous) sont en désaccord, déclenchant ainsi une guerre civile. Nommée capitaine d’un vaisseau, adoptée dans la famille du souverain, Breq est chargée de supervisé et maintenir le calme sur un système.
 
Ancillary Sword propose ses premiers pas dans ce rôle et présente un système où les castes dirigeantes stigmatise et exploite une partie de la population, une station dont une partie a été abimée à la construction, n’a jamais été réparé et échappe au contrôle de l’IA de la station. L’arrivée de Breq, et son sens de la justice, va secouer l’édifice sociale du système. Si on ajoute à cette situation, la mort accidentel d’un émissaire des Presger (une race extraterrestre dont les humais savent peu de chose si ce n’est qu’elle leur est technologiquement largement supérieur) et les rumeurs de la guerre civile qui commence à déchirer le Radch, l’ancien vaisseau aura fort à faire.
 
Ancillary Mercy fait suite directe à Ancillary Sword et voit les événements se précipiter :  l’arrivée d’un nouvel émissaire des Presger, un vaisseau de l’époque avant l’avènement du Seigneur du Radch et l’arrivée de la guerre civil dans le système vont avoir un impact non prévu sur l’ensemble du Radch.
 
Les deux romans en proposant des intrigues somme toute très « régionales » donnent une direction plus claire à l’histoire. Les divers retournements et la conclusion, logique, mais surprise de la trilogie ouvre également des perspectives intéressantes. Pour moi il est claire que ces deux romans sont supérieurs au premier. Mes seules réserves seraient éventuellement l’accumulation de personnages « particuliers » et la sous-exploitation de plusieurs d’entre eux et la capacité démesuré du personnage principal à faire changer les choses. Il n’en reste pas moins que Sword et Mercy proposent clairement une fin de cycle supérieur à son premier tome.

Port d’âme

Situé dans le monde d’Évanégyre, mais se déroulant après les âges sombres, alors que les technologies magiques sont d’anciennes légendes et que l’Empire qui domina l’ensemble du monde n’est plus depuis longtemps, Port d’âme suit Rhuys ap Kaledán un jeune noble qui, après que sa maison ait été ruinée, a du servir durant huit ans dans la marine.
 
Enfin libre de sa servitude, il se retrouve dans la cité franche d’Aniagrad (une cité contrôlée par les Administrateurs, tournée vers le commerce et qui fonctionne avant tous par contrat) où il peut récupéré un peu d’argent sauvé par son père et se voit proposer, par un ami de son père, de rejoindre un cartel qui veut réinventer la technologie qui permet l’utilisation de la drascat pour faire de la magie.
 
Rhuys se retrouve rapidement pris dans un écheveaux complexe entre ses associés dans le cartel qui semblent lui cacher des choses, un administrateur retors qui l’oblige a espionner le cartel, le responsable de la chute de sa famille qui lui cherche des noises, et une vendeuse d’âme (une personne qui vend ses souvenirs et les émotions qui lui sont associées) dont il est tombé amoureux.
 
Port d’âme est un roman bien écrit et plaisant à lire. Les différentes intrigues du roman se croisent et se recroisent pour former une histoire palpitante. Ceux qui ont lu les autres écrits dans l’univers d’Évanégyre pourront trouvé plusieurs clin d’œil à d’autres histoires de l’auteur, mais sans que cela ne gêne nullement la lecture pour qui découvrirait cet univers par ce roman. Je n’ai que trois regrets : les deux premiers sur le roman lui même dont la fin est, je trouve, un peu vite expédié et montre des mystères (les administrateurs) qui ne sont que suggérés et pas révélés, le troisième est un pinaillage de fan qui aurait bien aimé en apprendre d’avantage sur l’Empire, détruit depuis longtemps à l’époque de Port d’âme.

Luna New Moon

Dernier roman de Ian McDonald (et premier tome d’une série de deux, ou trois ?), Luna New Moon se déroule dans une centaine d’années alors que la Lune est habitée par un million et demi d’humains et qu’elle fournit en énergie (grâce l’hélium-3 contenu dans son sous-sol) et en minerais la Terre.
 
Sur la Lune l’oxygène, l’eau, la bande passante et le carbone (pour imprimer des objets) sont les quatre paramètres de bases qui sont nécessaire à la vie. Si la majorité de la population doit travailler dur pour survivre dans cette environnement hostile, cinq grandes familles, les dragons, organisées en Corporations, se partagent les richesses de notre satellite.
 
Luna New Moon suit le destin de la famille Corta, originaire du Brésil, dont la matriarche mourante, Adriana Corta a battit un empire financier basée sur l’exploitation de l’hélium-3 et qui est en conflit, plus ou moins violent, à la famille Mackenzie, d’origine australienne, qui contrôle l’exploitation minière de la Lune.
 
Le roman propose ainsi une histoire dynastique suivant la matriarche du clan Corta, ses enfants, nés sur la Lune de mère porteuse, et ses petits-enfants. Les relations au seins de la famille et avec les quatre autres dragons sont dignes de la série Dallas ou d’une telenovela brésilienne : lutte de pouvoirs entre frères et sœurs, relation avec l’ennemis de toujours la famille Mackenzie, relation avec les autres familles, avec la Lune. La loi sur la Lune est violente, tout est basé sur des contrats qui peuvent se renégocier ou se briser, les jugements par combats, parfois à mort, sont autorisés et le vendetta entre familles sont des choses qui arrivent.
 
Dans ce contexte, le roman suit les points de vue de différents membres de la famille et d’une nord-américaine récemment arrivé sur la Lune qui va se retrouver à travailler de manière proche avec la famille Corta. Le roman se lance par la tentative d’assassinat contre l’ainé de la famille et, à partir de là, montre l’évolution de la famille jusqu’à une fin qui me fait attendre le tome suivant avec impatience.

Utopiales 2015

Chaque année, une anthologie de nouvelles est publiée à l’occasion des Utopiales. L’anthologie de l’édition de cette année est un très bon cru. Toutes les nouvelles sont de très bonne qualité et j’ai pris grand plaisir à la lire.
Sans toutes les détailler le lecteur trouvera dans ce recueil :
  • le premier chapitre du prochain romain d’Alain Damasio : un texte bien écrit qui suit trois jeunes gens (deux hommes, une femme) qui tiennent un bar dans une ville où les tensions entre communautés sont fortes. Une invention volée à l’hôpital permet de revivre des mémoires d’autres personnes. Un texte fort qui a le grand défaut d’être le premier chapitre d’un livre à venir. Je vais le lire c’est claire, mais j’ai horreur de me retrouver devant un texte non complet…
  • des nouvelles dans des œuvres déjà écrites (Jean-Laurent Del Socorro avec un texte dans l’univers de Royaume de Vent et de Colère, Stéphane Przybylski avec un texte qui semble se dérouler dans sa tétralogie Le château des millions d’années, un texte un peu moins bon que le reste),
  • des textes sur l’enfances (Laurent Queyssi et Daryl Gregory),
  • sur la perception de la réalité (le thème des Utopiales 2015),
Des treize textes qui forment cette anthologie, le Przybylski et le Silverberg m’ont paru un cran en dessous, les autres sont un vrai bonheur à lire (à par la frustration du Damasio de ne pas être un texte complet).
 
Le sommaire :
  • « Réalités » – Préface de Sylvie Lainé et Roland Lehoucq
  • « Les yeux en face des trous » – Alain Damasio (INÉDIT)
  • « Immersion » – Aliette de Bodard (traduction de Bastien Duval et Antoine Mottier)
  • « Welcome Home » – Jérôme Noirez (INÉDIT)
  • « Un demi bien tiré » – Philippe Curval
  • « Dieu, un, zéro » – Joël Champetier
  • « Les aventures de Rocket Boy ne s’arrêtent jamais » – Daryl Gregory (traduction de Claire Kreutzberger)
  • « Le vert est éternel » – Jean-Laurent Del Socorro (INÉDIT)
  • « Coyote Creek » – Charlotte Bousquet (INÉDIT)
  • « Intelligence extra-terrestre » – Stéphane Przybylski (INÉDIT)
  • « Pont-des-Sables » – Laurent Queyssi (INÉDIT)
  • « Versus » – Fabien Clavel (INÉDIT)
  • « Smithers et les fantômes du Thar » – Robert Silverberg (traduction d’Éric Holstein – INÉDIT)
  • « Visage » – Mike Carey (traduction de Sylvie Denis – INÉDIT)

Contes de la Tisseuse

Épuisé depuis plusieurs années (comme l’ensemble des publications de Léà Silhol), le premier recueil de nouvelles de Silhol vient d’être ré-édité à l’identique (afin d’être « publié » et ainsi de ne pas pouvoir être saisi par ReLIRE).

Cet ré-édition existe en version souple ou en version « hardcover« , cette dernière étant augmentée d’une série de courts textes, écrit à la base pour la radio, intitulé « Voix de fée ». 
Les Contes de la Tisseuse sont un ensemble de nouvelles ré-interprétant des créatures des légendes et des contes sous leurs visages sombres, la plupart du temps. Le lecteur croisera donc, en autre, au fil des quatre saisons et du temps, une gorgone, un tisserand et une parque, un lhiannan shee, un ronin fuyant une créature de l’hiver, des anges déchus (ou pas), etc.

Les Contes de la Tisseuse est un superbe recueil, très bien écrit, qui se lit avec plaisir. Les petites nouvelles de Voix de Fées présente, à la première personne, une Mary Morgan, un Brownie, un Changeling, un Djinn et Obéron. Elles forment un ajout sympathique qui s’insère à merveille dans la thématique du recueil. 
Bref, si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire Les Contes de la Tisseuse, profiter de sa ré-édition pour combler ce manque.

L’origine des Victoires

Présenté dans une version « révisée et augmentée », L’origine des Victoires d’Ugo Bellagamba est un très bon roman constitué de nouvelles qui forment un tout narrant l’histoire de la lutte des Victoires, des femmes, toujours des femmes, contre l’Orvet, une conscience extraterrestre qui se nourrit de la haine, du désordre et de la souffrance et qui, depuis des temps immémoriaux, se nourrit, et influence, l’humanité.
L’origine des Victoires est une suite de nouvelle présentant à chaque fois une Victoire luttant contre l’Orvet et ses agents (il peut influencer/prendre le contrôle des hommes) . Chaque nouvelle se déroule à une époque différente et montre comment s’organise le combat et à quel point les victoires sont peu nombreuses. L’origine de la lutte et sa fin font également l’objet d’une nouvelle/chapitre.
Difficile d’en dire plus sans déflorer les différentes intrigues, mais L’origine des Victoires est un roman parfaitement maitrisé et bien écrit qui est un vrai régal à lire.

Possession Point

Fan de Léa Silhol, c’est avec plaisir que j’ai appris, il y a déjà quelque temps, son retour à la publication après près d’une décennie de disette.

Après avoir republié l’excellent Contes de la Tisseuse, Possession Point est un roman inédit rattaché au cycle de Frontière. Comme souvent chez Silhol le roman est un fil d’une trame plus grande, mais il fait aussi office de porte d’entrée car il peut se lire de manière individuel (je soupçonne même Possession Point d’être beaucoup plus percutant pour quelqu’un n’ayant pas lu le recueil Musique de Frontière).
Possession Point se déroule à notre époque : des enfants naissent qui sont différents, la population réagit mal et des centres sont créés afin d’isoler ces enfants. Tel de vilains petits canards, ils deviennent des cygnes  à l’adolescence doté d’un magnétisme surnaturel et de pouvoirs magiques. Au vu de leur ressemblance avec les Fays des légendes, ils viennent à porter ce nom. Marginaux, traquées, ils survivent dans les marges de la société et tentent d’aider les leurs.
Le roman, écrit à la première personne, retrace l’histoire d’Anis. Lancé sur les routes des États-Unis à la recherche de la mythique cité de Frontière (où les Fays sont, dit-on, libres et chez eux), elle retrace pour le lecteur les événements qui l’on lancé sur la route. Elle la fille « reg » (humaine) d’un magnat de l’armement, tombée amoureuse d’un Fay. Le roman retrace sont histoire d’amour, les difficultés des Fays et, en toile de fond, la saga de ceux qui seront connus comme les Premiers, les héros de la lutte pour la liberté et la recherche de Frontière.
Possession Point est un bon roman de Fantasy Urbaine, lorgnant plus du côté de Charles De Lint que de la trop souvent insipide Bit-Lit; il est de surcroit superbement bien écrit. Les lecteurs de Silhol auront également le plaisir de retrouver quelques indices déposés au détours des pages qui relie le roman au reste de la trame et à la nouvelle « Vado Mori » dont tous le roman est une extension.
Le roman, imprimé à la demande, peut-être commandé dans n’importe quelle bonne librairie ou se trouver sur Amazon (ne pas se fier au statu, étant imprimer à la demande, Amazon le commandera immédiatement au prés du diffuseur/imprimeur) ou directement sur le site de l’imprimeur.

The Flex & The Flux

 Deux premiers tomes de la série « Mancer », The Flex et The Flux sont deux romans se déroulant à New York « de nos jours ».

Certains individus développent une obsession si forte qu’ils arrivent à altérer la réalité : une personne obsédée par le feu peut le contrôle, quelqu’un obsédé par les jeux vidéos peut leur donner une réalité, etc. Ces individus, connus sous le nom de « Mancer », sont craints par tous le monde, à la fois par leu puissance mais également parce que l’Europe a été détruite à la fin de la seconde guerre mondial lorsque des « mancers » se sont affrontés et ont créer des trous dans la réalité elle-même. L’armée a une unité spécial qui les traque et leurs lave le cerveau afin de les mettre à son service. Si les « mancers » sont un danger pour la réalité, le fait que la réalité réagisse mal à leur manipulation et provoque un retour de manivelle (le flex) qui détruit ce à quoi ils tiennent le plus les rends dangereux pour leurs proches également.
Paul Tsabo est un ancien policier, divorcé avec une petite fille, il travaille pour une compagnie d’assurance. Il est également une petite célébrité pour avoir tuer une « mancer ». Acte qui le ronge, surtout depuis que son obsession pour la paperasse à fait de lui un « mancer » capable de manipuler les registres et les administrations. Lorsque sa fille passe à deux doigts de mourir bruler car une « mancer » fabrique et vend de la drogue qui donne des pouvoirs mais rend les backslach dangereux également, Paul se décide à la traquer. Durant son enquête il rencontrera et se liera d’amitié avec une « videomancer ».
 
Le second tome (The Flux) se déroule quelques années après et implique la découverte d’autres « mancers » à New York et la lute de Paul contre un ordre établis qui le menace et menace sa fille.
 
The Flex et The Flux sont deux romans d’urban fantasy fort sympathique que j’ai pris plaisir à lire.

Feuillets de cuivre

Dernier roman de Fabien Clavel, paru chez Actusf (enfin à paraitre le 5 novembre prochain), Feuillets de cuivre narre les enquête de l’inspecteur Ragon de la police parisienne à la fin du XIXe début du XXe siècle dans un Paris un peu uchronique et un peu steampunk-fantastique (l’éther est une substance bien réel et le spiritisme et la magie semble fonctionner).
L’inspecteur Ragon aussi intelligent et lettré que obèse est l’équivalent d’un Sherlock Holmes utilisant sa culture littéraire afin de résoudre des enquêtes. Le roman est en fait un ensemble de feuillets, organisé chronologiquement, décrivant les enquêtes de l’inspecteur Ragon.
La première moitié du roman peut ainsi se lire comme un ensemble de nouvelles. La seconde moitié, construit sur le même modèle, introduit un Moriarty qui tout en défiant l’inspecteur Ragon (construisant ses crimes sur des énigmes littéraire) éclaire ses enquêtes et son passé d’une autre manière.
 
Tour à tour steampunk, fantastique, clin d’œil littéraire, Feuillets de cuivre est un roman admirablement bien écrit, agréable à lire et passionnant. Je ne peux que souhaiter que Clavel écrive et publie d’autres enquête de l’inspecteur Ragon.

Les 81 frères

Roman d’Urban Fantasy, Les 81 frères de Romain D’Huissier est construit sur une structure classique :
  • un détective de l’occulte : Johnny Kwan exorciste (fat-si) de son état
  • une cité : Hong-Kong avec sa police qui laisse les « spécialistes » gérer les affaires occultes, ses créatures magiques acclimatées ou fraichement débarquées, et ses triades.
  • une enquête : un milliardaire qui s’y connait un peu en occulte et à qui on a volé des manuscrits anciens
  • un élément personnel : le mentor de Kwan est mort lors d’une altercation sans lien apparent avec l’occulte
  • une complication : une triade qui veut faire évader un démon puissant de sa prison mystique.
Mon résumé est peut-être un peu froid, mais les éléments sont habillement présentés, l’écriture agréable et le cocktail a un petit côté exotique fort sympathique. Les 81 frères est un très bon roman d’urban fantasy, agrémenté de plus d’une nouvelle déjà parue par le passé. Le roman est de plus le premier tome d’une trilogie, clairement je vais lire les deux ouvrages suivants.