Dragon of Ash & Stars

Dragon of Ash & Stars : The Autobiography of a Night Dragon est un roman de fantasy écrit à la première personne. Elle narre la vie d’un dragon dans un monde de Fantasy divisé entre en deux royaumes ennemis (séparé par une mer et dont l’un maitrise l’art de domestiqué les dragons).
Stormfall, un des noms de du dragon-narrateur, est né dragon sauvage, noir comme la nuit il a pour lui sa couleur rare et son intelligence. Capturé et « domestiqué », il sera tour à tour dragon pécheur,  garde mouton, animal de traite, gladiateur, criminel, pour finalement se retrouver en position de sauver un Empire.
De son histoire, il y a une évolution de la perte de l’innocence à la violence des hommes et des dragons. L’histoire de Stormfall est un voyage qui peut à tous moment se terminer dans la haine et la violence.
Dragon of Ash & Stars est un roman que j’ai pris plaisir à lire et dont la structure se prête bien à l’audio.

Et si le diable le permet

Et si le diable le permet, sous-titré Une étrange aventure de Sachem Blight et Oxiline, est le dernier roman de Cédric Ferrand et le premier tome de ce qui pourrait devenir une série (dont le lien sera les protagonistes pas l’histoire en elle même).
La proposition de départ est alléchante : se déroulant dans le Montréal des années trente, Et si le diable le permet suit les aventures de Sachem Blight, un détective baroudeur anglophone spécialisé dans la recherche de personnes disparues (souvent parties en quête d’exotisme et dont les riches parents veulent le retour). Le tout saupoudré d’horreur cthulienne et de pulp qui le fait bien.
Engagé pour retrouvé le fils d’un riche promoteur, dont la construction phare, un pont, est sur le point d’être inauguré, Sachem devra composé avec sa jeune demi-sœur franchement sortie d’une école religieuse (et au tempérament bien trempé) et d’une situation où les complots et intrigues règnent.
Et si le diable le permet est un roman bien écrit; le lecteur retrouve la gouaille de Cédric Ferrand qui présente une ville dont on sent qu’elle n’est pas de carton-pâte. Il souffre néanmoins d’un gros défaut, à mon goût, qui en font un roman un cran en dessous de ses deux autres romans : le rythme.
En effet, premier tome d’une éventuelle futur série, le roman passe beaucoup de temps en présentant ses personnages et en les baladant dans Montréal. Si la balade est plaisante, elle présente plusieurs longueurs et détours. Finalement quand l’intrigue fantastique prend, enfin, de l’ampleur, le traitement de cette dernière est cette fois trop rapide.
Au final Et si le diable le permet est un roman bien écrit mais qui souffre d’un problème d’équilibre, entre présentation et aventure, entre enquête et fantastique, entre exposition et résolution. Personnellement j’espère que le tome suivant sera mieux équilibré car pouvant se passer de la présentation des protagonistes principaux.

Un étranger en Olondre

Premier roman de Sofia Samatar, Un étranger en Olondre se présente comme le journal de voyage de Jevick de Tyom, le fils d’un marchand de poivre originaire d’une région du monde qui ne connait pas l’écriture.
Ayant eu un précepteur étranger, Jevick est une des rares personnes de sa nation qui sait parler, mais aussi et surtout lire et écrire la langue de Olondre, l’Empire au delà de la mer qui est connus pour être un phare de culture et de civilisation.
S’embarquant, à la mort de son père, pour Olondre, Jevick se retrouve hanté par un ange, le fantôme d’une femme morte, de sa nation, qui souhaite qu’il écrive sa histoire. Pris dans des enjeux qui le dépasse, Jevick va faire un voyage à la fois spirituel et physique qui vont l’amener à mieux comprendre la culture d’Olondre et à mieux se comprendre.
 Un étranger en Olondre est un roman à la saveur bien particulière. Présenté sous la forme d’un journal de voyage, et donc écrit à la première personne, c’est un roman qui prend son temps pour faire avancer son intrigue. Cette dernière progresse par à coup, entre digressions, anecdotes et réflexions sur Olondre.
Dans un monde de « low fantasy », Sofia Samatar développe des thèmes universels : la place de l’écrit et des livres, l’impact de la religion et des croyances, l’altérité, l’intégration…
Un étranger en Olondre est un livre fort qui m’a séduit à la fois par son écriture riches et complexes, mais aussi par son rythme lent et, parfois, tortueux qui conjugue récit et construction d’un monde singulier et unique.

Chasse Royale II

Seconde partie (sur trois maintenant) du second tome (vous suivez ?) de la série Rois du Monde de Jean-Philippe Jaworski, Chasse Royale, deuxième branche, est la suite directe de la première branche. Difficile d’ailleurs d’en faire parler comme roman en lui même, car en fait ce n’est que la seconde partie d’un roman divisé en trois tomes pour des raisons éditoriales.

Il n’empêche le découpage fait qu’il me faut en parler comme d’un roman faisant partie d’un tout plus large.  Au niveau littéraire Chasse Royale II est un vrai plaisir de lecture, bien écrit, fluide, aux vocabulaires riches mais toujours accessible.

La narration est faite en balancier; alors que le lecteur suit l’histoire narrée par Bellovèse, plusieurs éléments du récit font office de déclencheur qui ramène Bellovèse à des souvenirs plus anciens qui éclaire le lecteur sur les années entre Chasse Royale et Même pas mort. 

L’histoire racontée suit Bellovèse, alors que La Celtique voit débuter une guerre civile, qui, après son coup d’éclat, est fait prisonnier et amené dans la place forte de la Reine déchue afin d’y être jugé. Sans dévoilé d’avantage l’intrigue, je peux dire que ce tome est clairement placé sous le signe des femmes. Aussi bien les aspects domestiques que le pouvoir qu’elles détiennent sont traitées par Jaworski.

Chasse Royale, deuxième branche est une excellente seconde partie qui, après la fureur des combats et la partie masculine de la société celte, propose une vision politique et de pouvoir féminine. Je peux dire que clairement cette seconde partie est supérieur à la première. J’attend maintenant avec impatience la troisième partie du roman….

Tout au milieu du monde

Étrange OVNI littéraire que Tout au milieu du monde; roman écrit à quatre mains par Julien Bétan et Mathieu Rivero, et richement illustré par Melchior Ascaride, dont les illustrations et la mise en page sont une partie importante du récit.
Tout au milieu du monde est le récit d’une quête se déroulant dans un milieu pré-historique. Dans un village côtier, la prospérité est assuré par une relique : la dent d’un géant. Mais voila la relique est malade et le shaman du village part avec son apprenti et une chasseresse en direction du « cimetière » où a été trouvé la dent afin de ramener une nouvelle relique.
Débute alors un voyage initiatique où le texte laisse place peu à peu à l’image et au graphisme afin de construire un voyage au limite de l’humain et de l’univers…
Tout au milieu du monde est un objet bien conçu et fort sympathique qui mérite qu’on y attarde son regard.

Tender

Tender est un recueil des nombreuses nouvelles écrites par l’autrice Sofia Samatar. Composé de nouvelles parus ailleurs, de quelques inédits et d’une novella inédite.

Les vingts textes réunis dans Tender ont tous en commun une écriture de qualité et « littéraire ». Ils partagent également le fait que le ou la narratrice parle toujours à la première personne. Ils ont en plus en commun les thématiques chères à l’autrice : l’exile, l’identité (souvent multiples ou en question), les religions, les mythes, le language…

Difficile de parler des différents textes car, si d’un point de vu thématique le lecteur sent clairement les thèmes de prédilection de l’autrice, au niveau du contenu les différentes nouvelles sont très différentes. Certaines sont fantastiques, de fantasy, voir de sciences-fictions. Plusieurs font même partie de plusieurs genres et seraient ce que je qualifierais de New Weird.

Mais au final Tender est d’une lecture très intéressantes avec des nouvelles qui vont de bonnes à excellentes (la novella « Fallow » par exemple, qui suit une communauté religieuse exilée sur une lointaine planète, est un petit bijoux dont je ne peux qu’espérer une sortie en français prochainement, oui Le Bélial je parle de vous).

Une lecture donc hautement recommandée (et une nouvelle au ton post-apo devrait trouver son chemin sur Coliopod en 2018….).

La servante écarlate

Avec la sortie de la série TV adaptée du roman de Margaret Atwood La servante écarlate et les évènements politiques actuelles qui font que les thématiques du roman sont en plein dans l’actualité, j’ai eu envie de lire ce classique des littératures dystopiques.
J’ai donc jeté mon dévolu sur la version audio spéciale sortie il y a peu. Elle contient le texte original, une fin étendue et quelques mots de Atwood sur son roman et la situation du monde aujourd’hui.
Ecrit à la base comme la transcription d’un ensemble de cassette retrouvée dans une maison, et poursuivi par une conférence par un historien analysant le document (l’édition spéciale ajoutant une séance de questions/réponses à la conférence), le texte se prête assez bien à l’adaptation audio, qui plus est des extraits musicaux débutes chaque cassette (le texte venant effacer la musique après quelque temps).
La servante écarlate est le témoignage d’une jeune femme dans une Amérique divisées et en guerre dont une partie est devenue une République religieuse. Outre le fait que la science, les comportements libéraux et « déviants » et les croyances et pratiques religieuses « autres » ne sont plus acceptés, le statut des femmes a passablement régressé. Les pollutions, nucléaires et chimiques, ont rendu une partie importante de la population stérile, les femmes montrant des aptitudes à procréer font partie d’une caste de servantes qui sont prêtées à l’élite dans le but d’engendre des enfants.
Le récit montre le quotidien d’une telle servante, en revenant également sur la manière dont la démocratie américaine a disparue et les droits des femmes ont été perdus. La vie quotidienne des femmes y ait évoquées, les privations, les faux privilèges et la résistance également.
La servante écarlate, bien qu’ayant été écrit dans les années 80, est un roman d’une violence inouïe et qui n’a que très peu vieillit. Il a le double mérite de montrer que qu’aucuns droits acquis ne l’aient à jamais et que l’histoire est un grand balancier qui oscillent entre des périodes de plus grandes égalités et des périodes de barbaries. Une lecture, à mon sens indispensable.

Within the Sanctuary of Wings

Dernier tome des mémoires de Lady Trent de Marie Brennan, Within the Sanctuary of Wings clot la série avec la grande découverte de Lady Trent qui modifia la connaissance des dragons et du très ancien Empire draconique.
Toujours écris à la première personne, ce dernier tome se déroule dans l’équivalent imaginaire de l’Himalaya à la recherche du cadavre d’un dragon inconnu découvert dans les glaces. Rapidement séparé de son groupe de rechercher, Isabela Trent passera du temps dans une vallée reculée où elle fera une découverte majeure.
Toujours aussi bien écrit, Within the Sanctuary of Wings termine la série de manière satisfaisante sur des révélations et découvertes qui répondent aux principales interrogations soulevé par la série. Peut-être parfois un peu prévisible, je l’ai trouvé un peu en dessous du reste des romans de la série. Il n’en reste pas moins que c’est une lecture indispensable pour celui qui aime dragons, ère victorienne et aventures.

Wolf Moon

Faisant suite à New Moon, Wolf Moon est le second tome de la série Luna de Ian McDonald. Se déroulant dans un futur proche sur la lune, habitée, vivant sous un régime de contrats où tout est négociable (il ne s’agit pas d’un pays mais d’un conglomérat d’entreprises, et produisant des ressources vitales pour la Terre, la série suit à la fois le destin de la lune et des grandes familles (et des corporations qu’elles contrôlent) qui la dirige. Luna se nourrit de multiples inspirations allant des telenovelas (Dalas sur la lune) en passant par Dune et Le Parrain.
Wolf Moon se déroule dans la continuité du premier tome dont les événements ont modifié l’équilibre du pouvoir sur notre satellite. Difficile de parler de se second tome sans dévoiler l’intrigue et les rebondissements du premier. Je resterai donc évasif. Contrairement au premier tome qui se centre sur le destin d’une famille, le second tome suit d’avantage des individus, déjà croisés dans le premier volume, qui font face aux conséquences des événements de New Moon. Quelques nouvelles têtes sont également introduites dans l’histoire et une partie du roman se déroule sur Terre.
Globalement, Wolf Moon est un cran en dessous de New Moon; comme souvent le sont les tomes du milieux. Les événements continuent d’évoluer sur la lune et les personnages suivis vont en vivre les conséquences et les dangers. Le roman reste néanmoins passionnant et très bien écrit. La société lunaire, son fonctionnement et sa mentalité est rendu avec une précision et une justesse qui la rend réelle.
Au final un très bon roman de transition qui annonce un troisième tome que je suis impatient de lire.

Célestopol

Célestopol est le nouveau recueil d’Emmanuel Chastellière, l’auteur de le village. Il s’agit d’un recueil de quinze nouvelles brossant un portrait de l’histoire de la ville lunaire de Célestopol.
Cité protégée par un dôme, Célestopol est une ville nommément sous le contrôle de la Russie, mais en réalité quasiment indépendante sous la férule du Duc Nikolaï. A la fois histoire steampunk (on va sur la Lune en canon, le selenium lunaire permet d’alimenter des inventions les plus folles, des automates parcourent les rues de la ville), fantastique (un ours qui parle, des esprits) et uchronie (situé au début du XXe siècle, l’histoire du monde est fort différente de la notre).
Le sommaire du recueil peut-être trouvé sur le site de l’auteur, suffit de dire que le lecteur y trouvera des histoires d’aventures, des automates sur le point de se rebeller ou de s’éveiller à la liberté, de citoyens pris dans les machinations du Duc de la ville, de criminelles ou de révolutionnaires…
Les différentes nouvelles sont de bonne facture et agencées dans l’ordre chronologique ce qui donne un panorama de la ville sous le règne du Duc Nikolaï.
Célestopol est une réussite qui propose une ambiance à la croisée de plusieurs genres : steampunk, uchronie, fantastique, aventure…. Personnellement j’en redemande.