Petites Morts

Présentant plusieurs histoires, dont certaines déjà parues auparavant, du Don Juan à la mémoire défaillante nommé Jaël de Kherdan (dont les histoires ont déjà été contée dans les romans Mémoire vagabonde et La voie du cygne) officiant dans le même monde que celui du roman Le royaume blessé.
Petites morts propose cinq nouvelles, liée par des interludes. Les trois premières sont des histoires de cœurs et de sexes qui voient, dans la première, Jaël venir en aide à deux jeunes filles oppressées par les carcans familiaux, dans la seconde Jaël assiste à une mystérieuse fête pleine de débauche et de mystère, et dans la troisième il est victime d’un naufrage qui éparpillera encore un peu sa mémoire fragmentaire.
Les deux dernières nouvelles brouillent les pistes car elles nous font passer du monde de Jaël au « monde réel » dans lequel tous cela n’est que drogue virtuel et MMORPG immersif. L’histoire devient alors autre et s’attarde sur un homme, pris dans les filets d’un complot trop grand pour lui, à la recherche de sa mémoire perdue. Les vies de Jaël trouvent ainsi des échos dans le réel.
Petites morts est bien écrit et j’ai pris plaisir à sa lecture. Les thèmes de la mémoire, de la magie et du mystère planent tous le long des récits. Mais je ressort troublé de ma lecture; j’ai en effet l’impression de ne pas avoir saisi toutes les clefs pour bien le comprendre. J’ai l’impression frustrante de ne pas les avoir vues; à moins qu’elles n’existent tous simplement pas. Cleer m’avait déjà laissé cette impression là, Kloetzer auréole peut-être trop ses histoires de mystère et de sens caché (en tous cas pour moi) à mon goût…

Nuit Tatouée

Nuit tatouée, premier tome de la série la peau des rêves, est un roman pour ados/jeunes adultes de Charlotte Bousquet, auteur dont c’est le premier roman que je lis.
Situé dans un futur indistinct mais après qu’une catastrophe ait détruit notre civilisation et permis l’apparition de mutants et d’hommes-animaux (les chimères), Nuit tatouée raconte l’histoire de Cléo. Cléo est une adolescente de 17 ans vivant avec son clan dans les ruines de ce qui était autrefois Paris. Adoptée, elle gère au quotidien les dangers de Paris (chimères, cannibales, et ceux-d’en-dessous de dangereuses créatures vivants dans les sous-sols), sa relation d’amitié un peu compliquée avec sa soeur cadette (la fille naturelle de son père adoptif dont Cléo est la préférée) et son histoire de cœur quasi contrainte avec un autre ado de la tribu. Mais voila Cléo fait de plus en plus de cauchemars, remet en cause la nécessité d’éliminer à vue les chimères et, lorsqu’elle rencontre une chimère ayant exactement le même tatouage qu’elle, décide de découvrir la vérité sur son passé.
Cette histoire est en fait une « histoire dans l’histoire ». En effet, elle racontée par une conteuse gitanes tatouées (les tatouages apparaissent spontanément lorsqu’une histoire qu’on lui raconte est digne de mémoire) retenue prisonnière dans un camp de chimères.
Charlotte Bousquet utilise de nombreuses références littéraires (dont les milles et une nuits semble être la base de construction de son (ses) récit(s)) : Cléo lit ainsi de nombreuses pièces « d’avant » dont elle utilise des citations pour comprendre sa propre histoire (Cyrano, Othelo par exemple).
Nuit tatouée, bien que destiné a un public bien plus jeune que moi, est un roman qui se lit facilement mais qui a une profondeur (d’écriture et d’intertextualité) bien plus riche que ce que sa trame général laisserait penser. L’histoire n’étant pas finie, je suis curieux de lire le second tome.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde

Apocalyptic SF

The Mammoth Book of Apocalyptic SF est, comme son titre l’indique clairement, un recueil de nouvelles apocalyptiques classées en trois catégories : la nature de la catastrophe, au delà d’Armageddon et la fin de toutes choses (la plus courte).
Au menu de cette anthologies de nombreuses fin du monde, beaucoup très « classiques » d’autres plus étranges et imaginatives. Comme souvent dans ce genre d’anthologie il y a du bon et du très très moyen. Étant un peu dans une phase « peu envie de lire », je me demande si cet état n’a pas influé sur ma perception du recueil que j’ai trouvé dans l’ensemble vraiment moyen (voir par moment chiant). Ou peut-être est-ce du à mes difficultés grandissantes de lire des anthologies thématiques, ou simplement à la qualité du recueil, je ne parlerai donc que des nouvelles qui pour moi sortent du lot.
« When Sydadmins Ruled the Earth » de Cory Doctorow me au prise des administrateurs systèmes enfermés dans une ferme de serveur sécurisé alors qu’un agent aérien élimine l’humanité. S’en suit un huit clos assez intéressant et drôle où le reste de l’humanité tente de se reconstruire en suivant des règles… disons d’administrateurs systèmes….
« The rain at the end of the world » de Dale Bailey est une histoire classique de fin du monde au travers d’une pluie torrentiel. L’histoire en soit n’a rien d’extraordinaire mais j’ai trouvé son traitement juste et efficace.
« Sleepover » de Alastair Reynolds propose une apocalypse assez étrange à base d’IA, de niveau supérieur d’énergie et de réalité et de guerre cachée. Le tout sous forme d’une humanité majoritairement en sommeil artificiel afin de sauvegarder les capacités de calcule de notre bout de réalité…
« The Books » de Kage Baker lance des enfants, vivant au sein d’une troupe de cirque itinérante après la fin de notre civilisation, dans une bibliothèque abandonnée; sympathique.
« Pallbearer » de Robert Reed raconte la vie d’un paria dans une communauté ultra-religieuse après que la majeur partie de l’humanité ait été victime d’un vaccin mal conçu. Une histoire bien menée sur le thème de l’intégrisme religieux, du communautarisme et du terrorisme biologique.
« The Man who walked home » de James Tiptree Jr. présente l’histoire du monde après qu’une expérience de voyage dans le temps ait mal fonctionné. Elle montre notamment le devenir du voyageur temporel et de l’épicentre de la catastrophe au cours des siècles.
« And the deep blue sea » d’Elizabeth Bear s’attache aux roues d’une coursière en moto dans un monde ravagé. Si l’histoire se déroule dans un désert du Névada ravagé, il s’agit surtout d’une variation sur la rencontre du diable à un carrefour.
« World without end » de F. Gwynplaine MacIntyre est le journal de la seule humaine immortel (suite à une expérience de nanotechnologie) qui traverse le temps sur une terre vite dépeuplée.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde version 2012.

WWZ

World War Z an oral history of the zombie war est une collection d’entretiens avec des survivants, anonyme ou connus, ayant survécu à la guerre contre les zombies que se déclarera dans quelques années. L’ouvrage est une sorte d’appendice à un rapport officiel réalisé par l’auteur sur le sujet.
Organisé de manière chronologique, les témoignages permettent de connaitre, en creux, le déroulement de cette guerre qui a bien faillit mettre l’humanité et la civilisation à genoux. Les différents témoignages sont intéressants car ils mettent en évidence les stratégies des gouvernements pour lutter/résister contre l’épidémie, mais également la manière dont les citoyens ordinaires ont réagis à la menace. C’est donc un panorama des réactions humaines qui est ainsi dévoilé.
J’ai « lu » ce livre au travers d’un roman audio. Le côté passionnant c’est que plusieurs acteurs font les différents voix des témoins. Cela procure une sensation d’immersion très bonne. Le défaut, réalisé qu’une fois l’écoute commencée, c’est que l’unique version audio disponible est une version abrégée…. Je n’ai donc pas pris connaissance de l’intégralité du livre écrit. Même si cela ne se sentait pas à l’écoute, je suis quand même déçu de ne pas avoir eu « l’expérience » dans son intégralité.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde version 2012.

Wild Card 1

Paru dans les années 80, et re-publié dans une version augmentée en 2010, Wild Card 1 est un recueil de nouvelles, dirigé par George R.R. Martin, qui a posé les bases d’un univers de super-héros ayant connu des suites sous-formes de romans/nouvelles, de comics et de jeux de rôle.
L’univers de Wild Card est le notre, sauf qu’en 1945, alors que la seconde guerre mondiale vient de se terminer, un virus d’origine extraterrestre est libéré, par ce que nous appellerions aujourd’hui des terroristes, au dessus de New York. Ce virus, rapidement baptisé « Wild Card » est très résistent et ses effets sont multiples : bénins chez la plupart des gens, une petite fraction de la population se retrouve horriblement déformée des suites du virus (les Jokers) et une partie encore plus faible se trouve doté de super-pouvoirs (les As). Le monde se retrouve ainsi modifié, mas pas trop, par l’apparition de « super-humains ».
Le premier volume de la série propose des nouvelles retraçant l’arrivée du virus sur Terre, les premiers sur-humains et l’histoire des États-Unis jusqu’au début des années 80. L’histoire du monde est peu modifié par l’arrivée du virus, seul change les enjeux de nombreux événements historiques : guerre froide, chasse au sorcières aux États-Unis (qui touche les communistes mais également les As), les années 60-70 avec les mouvements citoyens pour les droits des Jokers, puis la starification des As. La présence sur Terre d’un extraterrestre (à apparence humaine) télépathe, le Dr. Tachyon, est certes un événement également important mais qui ne modifie pas plus la donne.
L’ensemble des nouvelles s’intéressent à des individus touchés par le virus (dans la majorité des cas des As) et les personnages principaux de plusieurs nouvelles ré-apparaissent comme personnages secondaires dans les nouvelles suivantes. Le recueil m’a bien plus et l’univers créé évite, ce que je craignais, la surenchère héroïque en proposant des histoires où les protagonistes ne sont pas « en collants » en permanence et occupés à lutter contre des menaces globales. Le narrateur (car j’ai « lu » Wild Card 1 en livra audio) est très agréable à écouté et donne un relief agréable aux histoires.
Bref ! J’ai beaucoup aimé et je vais sans aucun doute lire/écouter prochainement le tome 2.

La morsure de la passion

Il y a des moments dans la vie où, à des heures tardives et à moitié, pour ne pas dire totalement, bourré, on fait entre amis des paris stupides que l’on met ensuite un point d’honneur à assumer. Les raisons qui m’ont poussé à lire La morsure de la passion, un roman de la collection nocturne d’harlequin disponible en téléchargement gratuit, sont moins dégradantes : ne pas laisser Gromovar être le seul mâle dans un challenge féminin douteux !

C’est donc armé de courage, et d’une assez grande appréhension, que je me suis attaqué à ce roman fleurant bon la « Bit-Litt ». J’ai donc suivi les aventures d’un vampire qui, ayant survécu à une attaque par une sorcière (du type dont une simple goutte de sang tue un vampire aussi surement que le soleil), se rend chez elle pour se venger et, victime d’une potion d’amour, devient son amant. Gagnant au passage, grâce à la « magie du sang et du sexe » de nombreux pouvoir. On va, outre un vampire et une sorcière, passé dans le roman pèle-mèl d’autres vampires, des garous et le diable (ce dernier n’étant pas étranger aux mésaventures du vampire et de la sorcière.

Le monde décrit par le roman fleure bon le Monde des Ténèbres et, à défaut d’être original, se tient. La lecture du roman est rapide et bien que n’étant pas d’une grande qualité littéraire, il est bien écrit et agréable à lire. L’histoire contient son lot de scène de sexe, mais elles ne sont jamais crues ou « hors-normes » (comme chez Anita Blake par exemple). La narration se centre avant tous sur les discussions et états d’âme du vampire et de la sorcière; c’est même le coeur de l’intrigue et du roman.

Ma lecture terminée, je me dois d’être honnête. S’il pourrait être de bon ton de se moquer des romans à l’eau de rose, je préfère me rappeler que les littératures de genre (dont la science fiction « sens large » fait partie) ont toujours eu à subir les critiques de la Littérature. Et, donc, à cette aune ci, La morsure de la passion est meilleur que ce que je m’attendais à lire ?le coup de filtre d’amour et des plans du diable m’ont même fait rire). J’ai lu nombre de romans de Fantasy, par exemple, reposant également sur des clichés vus cent fois et à l’intrigue téléphonée; et parfois nettement moins bien écrit/traduit !

2084: An Oral History of the Great Warming

Lorsqu’un docteur en géochimie du MIT spécialiste du réchauffement climatique, James Powell, décide d’écrire un roman présentant les conséquences de nos actions sur le climat, et de là donc sur nous même, cela donne 2084: An Oral History of the Great Warming.
Le roman, disponible uniquement en format électronique sur Kindle, se présente sous la forme d’un recueil d’entretiens, conduits en 2084, au près de personnalités clefs sur l’ensemble de la planète. Il s’agit pour le journaliste réalisant ces entretiens de comprendre à la fois comment l’homme a pu détruire son climat, mais également de quelles manières cela a affecté l’humanité.
C’est ainsi, par petite touche, une histoire du monde du 21e siècle qui se dessine : le déclin, puis la disparition de l’ONU, les guerres climatiques (pour l’eau mais également pour les terres arables) entre Israël et ses voisins, les États-Unis et le Canada, l’Inde et le Pakistan (nucléaire celle-ci), la montée des océans, la disparition de la forêt amazonienne et de la banquise, la montée du fascisme dans le monde (et aux États-Unis), etc.
Le portait du monde en 2084 que Powell dresse est sombre : l’humanité n’a pas su faire face au défis du réchauffement climatique et celui-ci a été beaucoup plus prononcé que « prévu ». Quelque part c’est ce qui, au premier abord, m’a le plus dérangé dans le texte : le sentiment que l’humanité se montre dans son jour le plus sombre, mais, dans un second temps et après réflexion, je me demande si Powell n’a malheureusement pas raison. L’humanité semble incapable de prendre la mesure du risque du changement climatique. Les pires scénarios prévus par les scientifiques sont sans doute ceux qui se réaliseront.  L’humanité ne disparaitra pas mais la vie sera sans doute plus dur. Je n’arrive néanmoins pas à être aussi pessimiste que Powell et j’ai fois qu’une partie de ses prédictions ne se réaliseront pas (mais ne suis-je pas aveugle ?).
Dans tous les cas un roman salutaire que tous devrait lire.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde.

From A Whisper To A Scream

Second livre, chronologiquement parlant, se déroulant dans la ville de Newford (mais premier où le nom de la ville apparait), From A Whisper To A Scream est l’un des quelques livres de la série a être plus sombre.
Il suit la trajectoire de plusieurs personnages (un policier d’origine indienne, un photographe de presse, une « fugueuse », un mafiosi irlandais) confronté à un esprit d’un pédophile tueur revenant d’outre tombe pour venger sa mort et retrouver sa fille qu’il abusait. Le récit est sombre, mais avec de nombreuses lueurs d’espoirs. Il est bien écrit et reprend des thèmes chère à De Lint : le mélange des cultures (ici vaudou et shamanisme indien se croisent), la vengeance, l’identité, l’entraide… La ville de Newford se dévoile peu à peu, et apparaisse deux « quartiers » emblématiques de la ville : la réserve indienne et le quartier pauvre/abandonné des « Tombs ».
Pas un grand roman, From A Whisper To A Scream est néanmoins agréable à lire et prenant.

Reading and writing along the borderlands

Reading and writing along the borderlans est un recueil de textes de l’écrivain américain Michael Chabon. Il s’agit d’une dizaine de textes pouvant se classer en deux catégories : des analyses de textes précis et des réflexions sur l’écriture. Les différents essais de Chabon traitent tous, à des degrés divers, de la littérature de « genre ». Dans ce sens, ils sont intéressants car ils posent un regard réfléchi sur une littérature souvent décriées dans les milieux académiques et intellectuels. L’écriture de Chabon est de plus agréable à lire et ses réflexions bien argumentées et réfléchies.
Sans rentrer dans le détail de chaque texte, on trouve dans ce recueil des réflexions sur l’écriture, sur la littérature de genre, des réflexions sur le fait d’être juif et écrivain, des analyses de comics, de Sherlock Holmes, du roman La Route, du roman American Flags, etc.
A titre personnel, deux textes m’ont plus marqué :
  • « Trickster in a suit of lights » : une réflexion sur la littérature dite de « genre » et sur son importance. Chabon propose une démonstration magistrale qui montre que nombres d’œuvres ne sont pas classable dans la littérature blanche ou de genre, mais se situe à la frontière entre elles.
  • « Fan fictions: on Sherlock Holmes » : est une analyse intéressante des aventures du célèbre détective qui devient, dans sa conclusion, un plaidoyer pour les « fan-fiction ».
Un recueil au final très intéressant, même si le fait de ne pas avoir lu plusieurs des oeuvres analysées a nuit un peu à ma lecture.

The Dreaming Place

J’ai, depuis quelques années, l’envie de lire l’intégralité des ouvrages de Charles de Lint se déroulant dans la ville imaginaire de Newford. La liste présente sur son site Internet indique que The Dreaming Place est le première ouvrage, chronologiquement parlant, à se dérouler dans la ville. J’ai donc décider de commencer par ici.
Bien que « Newford » ne soit jamais mentionné, certains lieux et personnages se situe clairement dans la ville. L’histoire est somme toute assez simple et m’a donné un fort sentiment de déjà vu; le roman étant écrit avant le reste de la série, il contient en germe les différents éléments qui reviennent régulièrement dans le cycle : monde des esprits, manitous, personnages « dans les marges » initiées, etc.
L’histoire est écrite pour des ados (YA en anglais), Nina et Ash (dont le point de vu de chacune occupe un chapitre sur deux) sont deux cousines de 16 ans nées de mères jumelles. Ash vis chez Nina car sa mère est morte il y a déjà trois ans. Alors que Nina est une ado un peu nerd, ayant de bonnes notes en classe et respectueuse de ses parents, Ash est la rebelle toujours en colère. Mais voila, un beau jours un esprit de l’hiver, attiré par Ash, veut prendre Nina. Nina, dans notre monde, et Ash, dans le monde spirituel, auront fort à faire pour se sauver l’une l’autre.
Le roman est vite lu, mais me fait plus penser à un sympathique brouillon d’histoire plus complexe à venir.