Sorcerer to the Crown

Premier tome d’une nouvelle série de l’écrivaine malaise, mais vivant à Londre, Zen Cho. Sorcerer to the Crown suit la lutte de Zacharias Wythe, sorcier royale de la société des « Unnatural Philosophers », dans le Royaume Unis du XIXe siècle, pour sauvegarder sa place et changer les mentalités de ses paires.
 
Wythe est en effet dans une position délicate, nègre il a servi à son maitre et mentor, son défunt prédécesseur, à prouver que les noires pouvaient aussi apprendre la magie, il doit lutter pour conserver sa place que ses collègues lui dispute à cause de sa couleur de peau. Le fait que la quantité de magie du pays, qui provient de Fairie, est en constant déclin n’aide pas.
 
Devant faire faceà la calomnie et aux manigances des autres magiciens, la vie de Wythe se complique encore lorsqu’il prend sous son aile une jeune femme douée en magique, alors que tous le monde sait qu’une femme n’a pas la carrure pour faire un sorcier (enfin aux Royaume Unis, le reste du monde n’a pas la même vision), et possédant un trésor magique inestimable. Le tout alors que la politique colonial britannique provoque l’inimité de sorcières asiatiques qui viennent tester les nerfs des sorciers anglais.
 
Sorcerer to the Crown est un roman plaisant et divertissant qui, à défaut de renouveler le genre, se laisse lire.

Written in Fire

Troisième, et dernier tome, de la série de Marcus Sakey se déroulant dans notre monde mais où une partie de la population mondiale à développer des habilités surhumaines (capacité d’abstraction, de planification, d’analyse, etc.), Written in Fire voit la conclusion des événements mis en branle dans Brillance et A better World.
 
Alors que la Maison Blanche a été détruite et que la pays est au bord de l’implosion, l’ancien agente gouvernementale et brillant Nick Cooper est à la recherche d’un scientifique qui a mise au point un sérum capable de rendre n’importe qui brillant. Sa traque va le mener à se confronter une nouvelle fois au terroriste brillant Jon Smith qui, grâce à son génie de la planification et prévision, est sur le point de réaliser son grand plan.
 
Tous cela se déroule alors que le « New Canaan Holdfast » au Wyoming (une sorte d’Israël pour les brillants) est assiégé et menacé par une armée de bric et de broc constitué de survivalistes, patriotes et milices extrémistes et que des forces dans le gouvernement lui même veulent des mesures radicales.
 
Tiraillé entre les extrémistes de tous bord, Nick Cooper tente a tous prix de rester fidèle à ses convictions, de protéger ses enfants et de rester vivant.
 
Written in Fire conclut la trilogie de la même manière qu’elle a été commencée. Le roman est agréable à lire et divertissant, mais j’ai trouvé que la répétions de la même construction une troisième fois (de manière simpliste : Nick Cooper court derrière les méchants qui ont toujours un coup d’avance sur lui avant d’avoir une fulgurance qui lui permet d’avancer) était peut-être de trop. Le roman reste néanmoins divertissant et propose une fin en demi-teinte intéressante.

La Stratégie des as

Premier roman de l’auteur belge Damien Snyers, La Stratégie des as est un roman de Fantasy urbaine au accent steampunk. Se déroulant dans la cité de New-Krakov dans la Pologne du XIXe siècle, une cité où se côtoie elfes, trolls et humains (les plus nombreux), le roman suite un groupe de malandrins, un elfe,  une demi (elfe-humaine) et un troll qui se retrouvent engagé, et un peu forcé, pour voler une pierre précieuse dans une maison bourgeoise de la ville.
 
Le roman est écrit à la première personne, du point de vue de l’elfe, et décortique la manière dont les trois compères, vite rejoint par une quatrième voleuse engagée pour réaliser le même travail, se dépatouillent pour accomplir leur forfait : recherche d’informations, observation des lieux, élaboration de plans et mise en place du vol lui même, sans oublier les coups fourrés. Le tous alors que le vol, simple en apparence, cache un secret magique ancien….
 
Bien que pas exempt de défauts, la sous-utilisation des spécificités de son univers et les enjeux somme tout assez faibles étant pour moi les plus importantes, La Stratégie des as est un premier roman bien mené et agréable à lire qui m’a divertit.

Barsk

Barsk: The Elephants’ Graveyard est un roman de science-fiction/space-opera se déroulant dans un futur lointain. Une alliance de système formé par différentes espèces d’animaux intelligents contrôle une portion importante de l’espace, les seules espèces intelligentes d’ailleurs. Parmi les membres de l’alliance les animaux à fourrures sont majoritaires et déprécient clairement les animaux qui en sont dépourvu. C’est le cas des Fants, lointains descendants des éléphants terrestres, qui habitent sur une planète composés d’un archipel d’îles et dont le statut lui permet de rester à l’écart de l’Alliance.
 
C’est sur Barsk qu’est produit le Koph, une drogue qui permet aux parleurs de contacter la mémoire des morts et de converser avec eux. C’est d’ailleurs une Fant qui à la première mis découvert et codifié cela, elle était également doué de précognition et a laissé plusieurs prophétie dont une qui mentionne « le Silence » et un danger pour Barsk et les Fants.
 
Près de 800 ans après sa prophétie, des Fants qui se rendent sur l’île cimetière afin de mourir sont enlevé par une opération secrète de l’Alliance qui veut en apprendre d’avantage sur le Koph et sa fabrication. L’historien et Parleur Jorl, seul Fant ayant brièvement servis dans la Patrouille qui parcours l’espace pour l’Alliance, réalise que quelque chose d’anormal se passe. Alors qu’il prend la mer pour tenter de comprendre il se retrouvera au cœur d’une conspiration menaçant Barsk et organisée par un sénateur de l’Alliance. Personnage central pour la résolution du danger, Jorl est aussi le jouet d’un plan vieux de près de 800 ans et qui se met finalement en place.
 
Barsk: The Elephants’ Graveyard me fait penser à une version technologique et avec moins de réflexion des Fables de l’Humpur de Bordage. Si Gromovar a trouvé le roman « d’une mollesse stupéfiante » et ennuyeux, je ne serais pas aussi dur que lui. Barsk est un roman divertissant et sans grande prétention. Le lecteur friant d’une littérature de genre qui propose une réflexion de fond ferrait ainsi mieux de passer son chemin; celui qui cherche un space-opréa qui prend son temps et propose une histoire divertissante pourrait par contre y trouver son compte.

Lágrimas en la lluvia

Lágrimas en la lluvia (Des larmes sous la pluie dans sa traduction français) est un roman, se déroulant à Madrid en 2109, inspiré, et hommage, à Blade Runer.
L’humanité a évolué technologiquement au point de pouvoir effectuer des téléportations sur de longues distances (mais au risque de mutation génétique radical, voir mortel) et a pu ainsi rentrer en contact avec des extraterrestres, exploiter les ressources d’autres planètes, créer deux stations indépendantes dans l ‘espace (deux sociétés aux idéologies opposées et extrémistes) et développer des répliquant (les réps), des humains améliorés créés en laboratoire, né adulte et avec une espérance de vie d’une dizaine d’année.
Bruna Husky est une répliquante de combat vivant à Madrid et travaillant comme détective privée. Après qu’une autre répliquante, délirante, ait essayé de la tuer, Bruna est engagée par le mouvement pro-rép afin d’enquêter sur des répliquants ayant perdu l’esprit et s’étant lancer dans des meurtres gratuits. La source de cette folie semblant se trouver dans des mémoires illicites (que certains reps s’injectent afin d’avoir l’impression de vivre plusieurs vies). Débute alors pour Bruna une enquête compliquée qui la mènera jusqu’à devoir enquêter sur les suprématistes humains alors qu’un climat de terreur et de haine s’installe peu à peu sur la ville.
 
Roman hommage, Lágrimas en la lluvia est bien écrit mais où regrette sa longueur et le côté fourre-tout du monde imaginé par Rosa Montero qui mélange un peu trop de thématique à mon goût.

Slade House

Court roman se déroulant dans le même univers que The Bone Clocks, Slade House se présente sous la forme de cinq récits, écrit à la première personne, et espacés chacun de neuf ans (le premier en 1979 et le dernier en 2015) se déroulant au tours de la propriété de Slade House.
Cette maison de Londres à la particularité d’être habité par un frère et une sœur qui pour maintenir leur immortalité doivent sacrifier une victime chaque neuf ans. Les différents récits composant le roman narre le destin de chacune des victimes au moment de leur « prise de contact » avec Slade House.
Slade House est un roman bien écrit à mi chemin entre le fantastique et l’horreur (bien que ce dernier point soit surtout pour les personnages du roman et pas vraiment pour le lecteur). Il propose une histoire intéressante qui complète agréablement, et avec des enjeux moins grands, The Bone Clocks. L’écriture à la première personne permet de plus au livre audio (le format dans lequel j’ai lu le roman) d’être vraiment très immersif. Comme tous les romans de David Mitchel de nombreux clin d’œil sont fait à ces autres livres.
Bref Slade House est à conseillé à ceux qui veulent découvrir David Mitchel en douceur (le roman n’est pas gros, les enjeux relativement simple mais la richesse des personnages est propre à Mitchel) où à ceux qui ont apprécié The Bone Clocks et en veulent encore un peu plus.

Hamlet au paradis

Second volume de la trilogie du Subtile Changement, Hamlet au paradis (que j’ai écouté en VO) se déroule peu de temps après le premier tome. L’action se déroule toujours en 1949 dans un Royaume-Unis qui a fait la paix avec Hitler en 1940, écartant Churchil et sa clique du pouvoir. L’Europe est ainsi contrôlée en grande partie par l’Allemagne nazie qui est toujours en guerre avec la Russie de Staline, alors que les États-Unis ne sont jamais entré en guerre et vivent repliés sur eux-même.
C’est donc dans un Royaume-Unis où le fascisme monte peu à peu en puissant que l’inspecteur Carmichael se retrouve à enquêter sur la mort d’une actrice reconnue qui s’est fait exploser chez elle, avec un inconnu, alors qu’elle fabriquait une bombe. L’enquête de Carmichael occupe un chapitre sur deux alors que les autres suit Viola Lark, une jeune femme issue de l’aristocratie mais qui est devenu actrice de théâtre. Viola Lark a une famille un peu particulière, ayant plusieurs sœurs, l’une d’elle a épousé Himmler alors qu’une autre s’est tournée vers le communisme.
Alors qu’elle vient d’accepter le rôle de Hamlet dans une version « inversée » de la pièce, elle est contactée par sa sœur communiste qui va la forcer à rejoindre une conspiration. En effet, lors de la première de Hamlet, le premier ministre et Hitler, en visite diplomatique à Londre, doivent assister à la pièce; une occasion en or de les éliminer grâce à une bombe.
L’enquête de l’inspecteur Carmichael et le récit de Viola Lark, manipulée au début puis de plus en plus consentante, vont donc naturellement se rejoindre. 
 Hamlet au paradis est un excellent roman qui, au delà d’une intrigue passionnante, dépeint avec finesse une société où la montée du fascisme touche tous les citoyens. Jo Walton donne vie à des personnages qui ne sont ni tous noir, ni tous blanc ce qui renforce la puissance de son récit.
Clairement Hamlet au paradis réussit le tours de force d’être, à mon avis, encore supérieur au premier tome de la série.

Nous allons tous très bien, merci

A force de voir pas mal de blogueurs lire Nous allons tous très bien, merci de Daryl Gregory, j’ai décidé de m’y attaquer également, en version original (c’est-à-dire en anglais).
Bien m’en a pris car j’ai découvert un court roman assez glaçant où le fantastique est quelques choses à la fois de fascinant et de dangereux et où les héros sont surtout des survivants fortement traumatisés.
Nous allons tous très bien, merci débute comme un roman de mystère psychologie : La psychothérapeute Jan Sayer réunit plus survivants pour un groupe de parole. Chaque personne, dont le roman adopte le point de vue, en changeant régulièrement, fait donc la connaissance des autres membres du groupe : Harrison, le chasseur de monstres, qui a été le héro d’une série de romans supposément basés sur des faits réels., Stan, le vielle homme en chaise roulante seul survivant d’un groupe de jeunes victime d’une famille de cannibales, Barbara dont les os ont été sculptés par un malade mentale, Martin un jeune homme qui ne quitte jamais ses lunettes de réalités virtuelles qui lui montre la face obscure de notre réalité, et Greta la jeune femme entièrement scarifiée.
Ce qui commence comme un groupe de thérapie où le lecteur ne sait pas vraiment si les patients sont sains d’esprit ou perdus dans leurs délires, se transforme peu à peu, à mesure que les histoires de chacun se dévoilent, en une vision sombre de notre monde où les créatures de l’autre côté du voile ne sont jamais loins.
 Nous allons tous très bien, merci c’est un peu la cabane dans les bois : un roman qui utilise les codes du fantastiques/horreurs pour mener son lecteur. C’est aussi un roman qui pose la question de l’après. Chacun des personnages du groupe de soutient est le survivant d’une histoire fantastique, le roman cherche à savoir ce que ceux-ci deviennent une fois le mot « fin ». Changés, traumatisés ils sont à la fois des victimes qui ne savent plus vivre normalement et les seuls témoins de l’horreur qui rôde au porte de la rationalité.
Un roman puissant qui m’a pris au tripe et au cerveau.

Le dernier Vodianoï

Roman d’Urban Fantasy se déroulant dans l’URSS de Staline, Le dernier Vodianoï suit l’histoire de Ilya Krasnov.
Ce jeune homme, dont le frère a fuit afin d’éviter d’être capturé pour ses poèmes bourgeois, est membre d’une agence secrète : la Komspetssov. Armés de redoutable pistolets fabriqués par Tesla et les connaissances du prisonnier Raspoutine, ces armes sont à même d’éliminer les créatures magiques venus de l’ancien temps rétrogrades. Ilya Krasnov, et ses collègues, sont donc des liquidateurs chargés d’éliminer toutes traces des créatures des mythes et légendes russes.
Dans un climat où toutes phrases suspectes peut mener à l’arrestation et à la déportation, la lutte contre les créatures magiques est en train d’être gagnée par l’URSS : les cours féeriques sont toutes tombées à l’exceptions de celle du Diable (que l’on ne verra sommes toutes que peu dans ce roman) et de celle du roi Vodianoï protégée par sa localisation dans le monde des fées.
Ilya Krasnov va passer du statut de liquidateur compétent à celui d’homme traqué puis de traitre à l’URSS changeant par là même le destin des créatures des mythes et légendes russes….
 Le dernier Vodianoï est un très bon roman que j’ai pris grand plaisir à lire; grand fan d’Urban Fantasy je ne peux qu’approuver lorsqu’un roman de cette qualité arrive sur les étales, et quand de plus il prend un angle original ce n’en est que plus agréable.

Le cercle de Farthing

Roman policier se déroulant en 1949, Le cercle de Farthing suit l’enquête de l’inspecteur Carmichael qui cherche le meurtrier de Sir James Thirkie retrouvé dans son lit, poignardé, barbouillé de rouge à lèvre et avec une étoile juive sur le torse. Le meurtre ayant eu lieu dans la résidence de campagne dit de « Farthing » où sont réunis nobles et membres de la bonne société, proche du sommet de l’état, et ce peu de temps avant un vote important à la chambre des lords.
L’enquête de l’inspecteur Carmichael est entrecoupé d’extrait du journal de Lucy, la fille des maitres des lieux qui s’est mariée avec un banquier juif, au grand déplaisir de sa mère, qui se retrouve le suspect idéal, bien que l’inspecteur Carmichael ait des doutes.
Ce qu’il faut savoir c’est que Le cercle de Farthing est également une uchronie dont le point de divergence est le traité de paix signé, grâce au travail de James Thirkie, en 1941 entre le Royaume- Uni et l’Allemagne Nazi. Hitler est donc toujours au pouvoir en Allemagne, la guerre avec l’URSS est encore en cours et les Etats-Unis ne sont jamais entré en guerre.
Dans ce contexte, l’anti-sémitisme et l’anti-bolchévisme sont fort au Royaume-Uni également et la présence d’un juif que tous semble désigné comme le coupable vaut quasiment preuve de sa véritable culpabilité.
Le cercle de Farthing propose une enquête policière aux ramifications politiques importantes, dans une uchronie fascinante et à la fin amer. Le tout est servi par l’écriture de qualité de Jo Walton qui sait également placer l’humain au centre de ses romans.