Authority

Second volume de la trilogie du Rempart Sud, Authority est un roman superbement écrit et maitrisé qui donne quelques réponses aux questions posées par le premier tome et qui ouvre tout un nouvel ensemble de questions et de mystères.
 
Alors que Annihilation se déroulait dans la zone X elle-même, Authority se déroule peu de temps après au siège du Rempart Sud (l’organisation chargé de surveiller et d’étudier la zone X). Contrôle, comme il se fait appeler, est envoyé par Central (l’administration en charge du Rempart Sud) afin d’en prendre la direction par intérim. L’ancienne directrice étant en effet manquante et de nombreux disfonctionnement ayant été constaté dans l’organisation.
 
Le lecteur découvre avec lui le fonctionnement de l’organisation et ses membres les plus anciens. Si certaines questions sur la zone X et sur les expéditions qui y ont été envoyées trouvent des réponses ici, d’autres questions et mystères apparaissent : Contrôle est-il vraiment en charge ? Quelle est l’origine de la zone X ? A-t-elle un but ? Qui sont vraiment les membres revenus des deux dernières expéditions ? etc.
 
L’ambiance d’Authority est angoissante et Vandermeer arrive à faire monter la tension de manière très efficace durant une grande partie de son roman avant de proposer un final dévastateur qui ouvre un nouveau champ de questionnement qui me donne envie de lire, avec angoisse, le dernier tome.

Annihilation

Premier tome de la trilogie du Rempart Sud, Annihilation est un roman appartenant au courant du « New Weird » qui pose beaucoup de questions et n’apportent que peu de réponses (ce qui a toujours tendance à m’agacer prodigieusement), il n’en reste pas moins qu’il extrêmement bien écrit et intéressant à lire.
La zone X est une région côtière abandonnée depuis plus de quarante ans et qui est en quarantaine car il s’y passe des phénomènes étranges. Une agence gouvernementale, le rempart sud, y envoie de temps à autres des expéditions, Annihilation suit la douzième au travers du journal de la Biologiste de la mission (dont le nom est la fonction). Situé au delà d’une mystérieuse frontière et sans que soit expliqué comment rejoindre la zone X, l’expédition doit, avec de l’équipement peu moderne, continué d’explorer la région, caractérisée notamment par la présence d’un phare sur la côté.
Trouvant un tunnel non répertorié sur les cartes s’enfonçant en colimaçon dans le sol et dont les parois sont recouvert d’un texte écrit grâce à des organismes vivant, l’expédition, sous les ordres de la Psychologue, décide d’en savoir plus. Le journal décrit alors la disparition progressive des membres de l’expédition et les étranges éléments qui se déroule de la zone X : le tunnel et son écriture, la créature qui crie la nuit dans les marais, la manière dont on se rend dans la zone X, les changements chez la Biologiste (dont le mari faisait partie de l’expédition précédente et est revenu, sans que personne ne sache comment, changé), le secret du phare, etc.
Annihilation est un roman étrange qui pose beaucoup de questions sans apporter aucune réponse. La Biologiste fait face à l’étrange tous le long de son exploration avant de devenir, peut-être, étrangère à elle même. Très bien écrit et maitrisé, je suis curieux de lire les suivants même si je crains beaucoup que ma quête de réponse, comme celle des expéditions ne soit vaine.

Ready Player One

Cela fait plusieurs années que je voulais lire ce romand ce Ernest Cline se déroulant en 2044 alors la planète vit une crise économique globale. Une partie importante de la population passe son temps dans OASIS, un univers de réalité virtuel extrêmement riche et qui peut être accéder avec des dispositifs d’immersions en réalité virtuel poussé.
 
Alors que le roman débute, James Halliday, richissime homme d’affaire et créateur d’OASIS vient de mourir et une vidéo posthume est publiée qui lègue sa fortune et le contrôle d’OASIS à celui qui réussira à trouver trois clefs cachées dans OASIS et passer, avec, les trois portes / instances. Pour lancer la quête, Halliday laisse un journal dans lequel il détail les différents films et jeux qu’il a aimé et une énigme à résoudre.
 
De nombreuses personnes se lancent à la recherche de la première clef dans l’espoir de devenir richissime, provoquant au passage un regain d’intérêt pour la culture des années 80 et 90. Mais après plusieurs années sans que la quête ne progresse, l’intérêt du public diminue et seul une minorité poursuit encore la quête; une minorité et une corporation dont une division entière, pilotée par Nolan Sorrento, est chargée de mener la quête de Hlliday dans le but de prendre le contrôle d’OASIS.
 
Le roman suit Wade Owen Watts/Parzival, un jeune homme de 17 ans appartenant à une famille pauvre, la norme aux États-Unis, qui recherche également la première clef. Lorsque, contre tout attente, il la trouve, il se retrouve plongé, avec d’autres jeunes gens, au seins d’une quête plus dangereuse qu’il n’y parait.
 
Ready Player One est un roman très intéressant et bien mené aux multiples rebondissement. A part une ou deux scènes qui m’ont semblé un peu tirée par les cheveux, c’est une lecture agréable. A noter qu’il existe une courte fan fiction écrit par Andy Weir (l’autre du livre Le martien) sur Nola Sorrento qui change complétement la vision du personnage. Cette nouvelle (que je trouve brillante), à lire après le roman, est devenue canon depuis qu’elle a été incluse dans la dernière édition américaine d’icelle.

Une heure-lumière

Nouvelle collection du Bélial, une heure-lumière propose des novellas (romans courts), en traduction ou original. La première « fournée » est composé de quatre novellas, trois traductions et une production original, des très bonne qualité.

 
Le Choix de Paul J. McAuley se déroule dans un futur post-apocalyptique où les dérèglements climatiques ont poussés une partie importante de la population dans la précarité. Damian et Lucas sont deux ados vivants au cœur du Norfolk. Lorsqu’un « dragon », un gigantesque nettoyeur des mers de conception extraterrestre, s’échoue sur une île, les deux ados décident d’aller le voir, lorsque l’un d’entre eux revient avec un morceaux de technologie alien débute pour eux des évènements dangereux qui vont modifier leur futurs.
 
Très bien écrit, la novella est presque trop court et laisse une envie d’en savoir plus sur ce futur.
 
Cookie Monster de Vernor Vinge suit l’entrée de Dixie Mae au service client de LotsaTech, la grande entreprise de technologie. Mais un étrange message sur son passé la lance sur la piste d’une vérité sur la compagnie très dérangeante. Réalité virtuel et monde de l’entreprise donne une novella d’une rare puissance.
 
Le Nexus du Docteur Erdmann de Nancy Kress narre l’émergence d’une super conscience humaine depuis le point de vu d’un home pour personnages âgées, et principalement celui du Dr. Erdmann un physicien à la retraite. Une novella objectivement très bien construite mais dont l’écriture m’a laissé un peu froid (comme les autres textes de Kress que j’ai eu l’occasion de lire).
 
Au moment de commencer la lecture de Dragon de Thomas Day je craignais un peu le traitement du thème : un tueur en série qui élimine des pédophiles et des proxénètes en Thaïlande. Le court roman, dont les chapitres numérotés en ordre chronologique sont présentés dans le désordre, est superbement bien maitrisé et oscille entre le point de vu du lieutenant Tannhäuser Ruedpokanon enquêtant sur un tueur en série et Dragon le tueur. Plongeant dans l’enfer de la prostitution pédophile,  Dragon est un mélange de thriller et de fantastique, une vraie réussite qui évite l’écueil du glauque.

Joker Wild

Troisième tome de la série Wild Cards (un univers partagé de super-héros dans un monde où un virus extraterrestre à donné des pouvoirs à une partie de la population : les Aces, et déformé les plus malchanceux : les Jokers).
 
Si les deux premiers tomes sont des recueils de nouvelles, avec une trame qui se suit dans le second, Joker Wild est un roman écrit à plusieurs mains (sept auteurs pour sept personnages) qui voit sept personnages se croiser et se re-croiser autours de plusieurs intrigues individuels et de deux intrigues « collectives ». Le tout le jour, le 15 septembre 1985, où la ville de New York fête son carnaval et « célèbre » ses Jokers.
 
Une des deux intrigues est constituée par la traque d’un carnet ayant été volé à un parrain de la pègre, comme tous bon McGuffin le lecteur en saura beaucoup sur sa traque, et son parcours hiératique dans New York, mais au final il n’en apprendra que peu sur son contenu. La seconde intrigue est une prolongation du tome 2 (Aces High) avec le principal méchant qui met en branle sa vengeance envers les Aces qui ont arrêté son plan machiavélique.
 
Joker Wild est un très bon roman avec de nombreux tours et détours mais qui reste très lisible et passionnant à lire. Il n’est sans doute pas, par contre, une bonne porte d’entrée pour qui n’aurait pas lu les deux précédents.

Sacra I

Recueil de nouvelles (4), novelettes (2) et novellas (2), Sacra (volume premier mais se suffisant parfaitement en lui même) présente plusieurs textes de Léa Silhol, dont la plupart inédits.
Chercher à résumer chaque texte serait gâcher le plaisir de la lecture, que le lecteur sache qu’il trouvera en ses pages des portions de l’histoire d’Isenne (une version de Venise fantastique où un pacte avec d’anciennes Puissances permet aux artisans de la ville de produire le verre le plus pure), de nombreux texte sur l’art et ceux qui la font, des textes entre notre monde, aujourd’hui et hier, et ailleurs, et pour ceux qui aiment naviguer la Toile quelques fils à suivre.
Les textes sont tous très bien écrits et, quoiqu’en dise l’auteur, je trouve que Silhol est souvent à son plus haut niveau avec des textes « courts ». Le premier volume du recueil Sacra est à ce titre, un sans faute. L’auteure laisse voir une vision de l’art, et de l’écriture en particulier, sans consentions et comme impératif s’imposant à l’artiste,  dont je ne serais pas surpris qu’il soit sa vision propre (en regardant l’année d’écriture du premier texte du recueil, une histoire d’écrivaine, d’odeurs, de rituels et d’art, je ne peux d’ailleurs que spéculer sur ce qui a présider à l’écriture de cette novelette).
En bref, Sacra est un véritable petit bijoux et j’attend le second volume avec curiosité et fébrilité.

Edit : le lecteur curieux pour se rendre sur facebook afin d’avoir « l’envers du décors » de la première  nouvelle du volume et réaliser à quel point les intentions de l’auteure et les projections du lecteur se rencontrent, parfois, et s’éloigne, très souvent…

Arkwright

La Fondation Arkwright a reçu, à la mort de l’écrivain de science-fiction Nathan Arkwrigh, un des Grands de la littérature de genre du XXe siècle, sa fortune dans le but de construire le premier vaisseau de colonisation a être envoyé en direction d’une autre étoile.
C’est l’histoire de la Fondation, au travers de la vie de plusieurs génération de membre de la famille Arkwrigh, que Arkwright présente. Le roman débute à la mort du célèbre auteurs et voit sa petite-fille, journaliste qui ne l’a que peu connus, découvrir des pans de sa vie personnelle qui ont mené à la création de la Fondation. C’est ensuite la longue course à la colonisation qui est mise en lumière, avec les moments clefs de la mise en orbite et construction du vaisseau (propulsé grâce à un canon à micro-onde placé au point de Lagrange, dirigé par une IA et dont les passagers sont des ovules et du sperme qui seront modifiés génétiquement afin de pouvoir peupler une nouvelle planète), de la longue attente durant le voyage et de la colonisation de la planète proprement dite.
Arkwright est un roman bien écrit et compacte (pour le thème) qui se focalise sur des individus vivant l’Histoire de la colonisation d’un nouveau monde. C’est au travers de leurs yeux que le lecteur découvre le paris fous d’un écrivain de science-fiction d’envoyer l’humanité sur le chemin des étoiles. C’est également, dans sa première partie, une plongée dans le monde de la science-fiction américaine et de son fandome.
Arkwright est un roman à dimension humaine que j’ai pris grand plaisir à lire même si j’ai trouvé la fin un peu plus faible que le reste du roman.

Source des Tempêtes

Ré-édition d’un roman de Fantasy, paru initialement en 2012 et introuvable depuis, Source des Tempêtes (paru initialement sous le titre La Somme des Rêves) est le premier tome d’une série.
Dans un univers médiéval, les personnes dotées de magie, le Drac, servent une des divinités de la Loi ou du Chaos, après être passé par Bois d’Ombre, le lieux où elles résident. Il y eu un temps des mages bleus servant de l’Équilibre mais une terrible purge les a exterminé il y a une vingtaine d’années. Seul un a pu survivre, privé de sa magie et ayant renié l’Équilibre. Mais il n’a pas fais cela sans arrière pensée, en effet une prophétie, l’Énigme, annone la venue d’un enfant d’un mage bleu qui sera « la Somme de tous les Rêves » et dont le destin changera les choses.
Cerdric a été conçu en espérant être celui-ci, mais il est réfractaire, la magie, sauf la plus puissante, ne l’atteint pas. Élevé dans le secret de ses origines, mais de par sa mère seigneur d’un petit royaume montagneux, et sans amours, Cerdric apprend un jour qui est son père et que celui-ci est encore vivant. Se lançant sur les routes, seul et en pleine hivers afin de connaitre son père il y découvrira un frère dont la puissance est sans égale.
Débute alors une histoire complexe et une relation fait de beaucoup d’amours et d’un peu de jalousie, qui doit voir Ceredawn, car tel est son nom, accomplir son destin en rentrant au séminaire qui forme les futurs prêtres et les prépares à affronter Bois d’Ombre.
Source des Tempêtes propose une fantasy classique (une prophétie, une quête, l’entrée dans l’âge adulte et le poids du destin, la magie) se déroulant dans un univers relativement classique également (avec quelques petits twists bienvenue) mais servi par une belle écriture et une histoire intéressante et complexe. J’y ai pris beaucoup de plaisir et j’attends avec intérêt le tome suivant.

The Book of Phoenix

Se déroulant dans le passé de Who Fears Death, et expliquant la manière dont notre civilisation c’est écroulée, The Book of Phoenix se passe dans notre futur proche, où le surnaturel se mélange avec la science.
 
Une grande corporation réalise, sur sept sites répartit dans des grandes villes américaines, des expériences génétiques sur des êtres humains, des clones et des entités extraterrestres (peu nombreuses). Phoenix, sur le site numéro 7 à New York, est l’une de ces expériences. Organisme génétiquement accéléré, à deux ans elle semble en avoir 40 et à la maturité, si ce n’est l’expérience, qui va avec. N’ayant connus que le monde de la tour 7, la mort d’un ami, une autre expérience, provoque chez elle une transformation qui va la lâcher sur le monde.
 
Ne pouvant plus vraiment mourir, tel l’animal mythique dont elle porte le nom, Phoenix débute un cheminement qui la mènera des États-Unis en Afrique, puis à nouveau aux États-Unis où elle incarnera le visage de la libération pour les expériences enfermé dans les sites de recherche.
 
Nnedi Okorafor propose ici un roman à la frontière entre fantastique et science-fiction qui voit son héroïne chercher un sens à sa vie et se heurter à la froideur de ses créateurs avant de diriger sa rage vers la libération des siens, puis vers la vengeance.
 
The Book of Phoenix est un roman que j’ai pris grand plaisir à lire, bien que la fin pèche un peu par son « grobilissime ».

Infinités

Recueil de nouvelles de l’auteur indienne (Inde), mais vivant aux États-Unis, Vandana Singh, The Woman Who Thought She Was a Planet and Other Stories, où dans son titre français (à paraitre en mai chez Lune d’Encre) Infinités, présente un ensemble de nouvelles se déroulant en Inde et centrée sur une personne confronté à un élément fantastique ou science-fictionel.

Les nouvelles du recueil sont bien écrites mais j’avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans les histoires proposées durant la première moitié du recueil. La faute sans doute à des textes de bonnes factures mais proposant des intrigues que j’ai trouvé un peu plate.

Le lecteur curieux trouvera dans ses textes à la fois des morceaux de vie d’Indiens ordinaires et des éléments fantastiques : une femme qui se prend pour une planète et qui est colonisé pas des habitants, un professeur de mathématique obsédé par l’infini, un clochard de Dehli qui voient ses habitants du passé et du futur, etc.

De tous les textes du recueil, trois m’ont particulièrement marqués et plus :

  • « Conservation Laws » qui se déroule dans le futur, sur la Lune et narre l’expérience d’un astronaute qui est entré en contact avec une autre réalité lors ‘une mission sur mars.
  • « Three Tales from Sky River: Myths for a Starfaring Age  » qui propose trois légendes. Si la première est de notre terre, les deux suivantes sont d’autres planètes et frappe par leur étrange similitude.
  • « The Tetrahedron » : la vie banale d’une jeune étudiante de Dehli qui se retrouve fasciné par l’apparition d’un tétraèdre en plein centre de la ville, tétraèdre impénétrable et insondable.