Flamboyance de Mathieu Gaborit

Second tome du deuxième diptyque sur Abyme, Flamboyance, après La cité exsangue, débute là où le tome précédent c’est terminé.

La cité d’Abyme tel qu’elle a existé pendant longtemps, décadente, flamboyante, excentrique, est sur le point de disparaitre. Menacée par une prise de pouvoir interne et par des intérêts religieux externes, la ville subit de plein fouet un coup d’état sanglant et moralise. C’est dans ce contexte que le vieillissant Maspalio, ancien prince-voleur et conjurateur, court dans la cité pour tenter de donner une sépulture digne à son amour de jeunesse et comprendre ce qui se trame vraiment. En parallèle sa fille, dont il ignorait même l’existence, lute pour sa survie et celle de ses amis…

Avec ce final flamboyant Mathieu Gaborit détruit, pour mieux la reconstruire, la cité d’Abyme. Une fin fort intéressante pour un cycle débuté au siècle dernier.

La cité exsangue

En ce mois d’avril 2018 Mathieu Gaborit revient avec un nouveau texte se déroulant de l’Harmonde et sa cité de Abyme. C’est donc avec une curiosité très grande que j’ai attaqué La cité exsangue, premier tome d’une histoire plus longue, tant l’imaginaire de l’auteur est grand (et la qualité de l’écriture c’est bonifiée avec le temps).
Le lecteur retrouvera donc le farfadet Maspalio, ancien prince voleur et conjurateur de talent, qui revient a Abyme après dix ans d’un exil volontaire en Abysse, lieu où résident les démons. Il le fait à la supplique d’une lutine, ancienne amante et responsable d’un orphelinat…
Mais son retour à Abyme ne va pas se passer comme l’aurait souhaité le farfadet; en effet en dix ans la ville a bien changé. Mise aux pas par le palet d’acier, l’organe judiciaire de la cité, elle a perdu de sa démesure et décadence. Non seulement des symboles de la ville sont mis à mal (les gros ont été enfermés et le palais tente de les « réformer », il n’y a presque plus de démons dans les rues de la ville, etc.), mais en plus la petite corruption qui faisait rage dans les rangs des fonctionnaires de la cité a été éradiquée.
Et Maspalio va se heurter dès son arrivée dans la cité à ses changements de faisant rapidement de nombreux ennemis. Pourchassé, rattrapé par l’âge et sans équipement pour pouvoir l’aider il va se livre à une course contre la montre pour comprendre ce qui est arrivé à son amie et à sa chère cité….
Avec La cité exsangue Mathieu Gaborit livre un roman moins flamboyant que les précédents, plus adultes et plus sombre peut-être, mais à l’imagination toujours aussi inventive. Il se laisse lire avec grand plaisir et j’attend maintenant la suite avec impatience et curiosité.

Contes d’Écryme

Écryme est un monde de jeux de rôle et de roman créé par Mathieu Gaborit (qui a écrit les romans et le jeux de rôle) et Guillaume Vincent (pour la création de l’univers). Un monde d’îlots et de villes, de traverses (de gigantesques ponts d’aciers) qui les relient, et de l’écryme, une substance corrosive, mystérieuse qui recouvre tous. C’est un monde à l’esthétisme steampunk avec une pointes de fantastiques et de mystères qui fait penser à une version distordues de notre monde.
A l’occasion de la sortie de la nouvelle édition du jeu de rôle, Mnémos et le Matagot ont sortit, en début d’année, une anthologie de nouvelles en l’honneur d’Écryme : Contes d’Écryme.
A côté de Mathieu Gaborit, qui propose ici de nombreuses petites nouvelles, une brochette d’auteurs de qualité (Raphäel Albert, Charlotte Bousquiet, Alexandre Clavel, Fabien Clavel, Estelle Faye, Arnaud Gaugain, Raphaël Granier de Cassagnac, Nicolas Le Breton, Tristan l’Homme, Samuel Metzener, et Franck Plasse) proposent chacun une nouvelle dans le monde d’Écryme.
La plupart des nouvelles sont abordables pour celui qui ne connait pas l’univers, mais elles déploient tous leurs effets à celui qui a déjà pu, par les romans ou le jeu de rôle, arpenter les traverses de cette univers.
Dans tous les cas, Contes d’Écryme est une vrai réussite que j’ai pris grand plaisir à lire.

La Confrérie des bossus

Réunissant un ensemble de textes, retravaillés pour l’occasion, qui étaient parus dans les différents suppléments de jeu de rôle Agone, La Confrérie des bossus est un court roman sombre se déroulant dans l’Harmonde de Agone et Abyme. Publié sur un papier épais et une joli édition, le roman intéressera avant tous ceux qui ont déjà lu les autres ouvrages se déroulant dans cet univers crépusculaire.
Le roman raconte la tentative d’une poignée d’initiés de créer un sanctuaire regroupant les flammes (l’Âme incarnée) de plusieurs villes. Le projet, qui ne se déroulera pas comme prévu, permet aux lecteurs de retrouver Agone de Rocheronde, dont le destin après les romans est révélé, et Maspalio.
La Confrérie des bossus est un court roman qui m’a très agréablement surpris et que j’ai pris grand plaisir à lire.

D’une rive à l’autre

Recueillant toutes les nouvelles de Mathieu Gaborit parue à ce jour, D’une rive à l’autre propose au lecteur de se plonger dans les univers de ce romancier à l’imagination crépusculaire.
Aimant bien ce dernier, j’avais déjà lu la plupart des nouvelles. De manière générale, elles sont agréables à lire, mais leur niveau d’écriture de celles-ci s’améliorent dans les nouvelles les plus récentes. Le recueil est également, à mon avis, plutôt à réserver à ceux qui connaissent déjà les univers (et notamment ceux d’Agone et des Féals) de l’auteur. Le recueil est complété par une interview intéressante de l’auteur.
Au niveau du contenu, l’ouvrage propose des nouvelles variées. Sans rentrer dans le détail de chacune (le sommaire est disponible sur le site de l’éditeur), j’ai particulièrement apprécié :
« Naissances », une nouvelle dans l’univers des Féals, la plus récente et, d’après moi, la plus aboutie. Le lecteur suit la traque menée par une femme qui à tous perdu et qui lutte contre le néant qui menace de tout engloutir.
« Le Vitrail de jouvence », une autre nouvelle dans l’univers des Féals, qui réunit les thèmes cher à Gaborit de la magie et de l’artisanat autour des pouvoirs d’un vitrail particulièrement puissant.
« Mime » est une nouvelle se déroulant de nos jours et qui met en évidence, via le fantastique, la déshumanisation de nos sociétés. Une très bonne surprise.
Un recueil donc au final intéressant, mais qui je pense plaira avant tous au personne déjà famillière de l’imaginaire de l’auteur.

Chronique du Soupir

Cela fait déjà plusieurs années que Mathieu Gaborit n’avait rien publié de nouveau. Cet auteur a publié , entre autre,  plusieurs cycles de Fantasy qui proposait des mondes de type crépusculaire et qui développait un imaginaire poétique et légèrement baroque. La qualité de l’écriture n’était pas, par contre, l’intérêt principal des romans.
Chronique du Soupir reprend ainsi les principaux éléments des mondes de fantasy qu’affectionnent Gaborit, avec une écriture que je trouve plus aboutie : un monde avec  un twist particulier (ici une atmosphère dangereuse, les habitants de ce monde survivent grâce à une fée dans leur cœur qui, par relation symbiotique leur permet de vivre le long de « lignes » féeriques), une géographie magique (un monde basé sur les horizontales), des magies particulières et poétiques (ici des variations sur le souffle), des puissants qui se « jouent » des gens du peuples (ici les hautes fées garantes de la pérennité des lignes féeriques).
L’histoire de Chronique du Soupir se tisse autour de l’enlèvement par un nain d’une jeune fille proche d’une haute fée. La traque pour la retrouvé met en avant la famille du nain (et surtout sa mère, gérante d’une auberge, amante d’un elfe et ancienne garde du corps d’une haute fée), ainsi qu’un chasseur au service des hautes fées.
Le roman ne se concentre pas seulement sur la traque mais aussi sur le quotiden de la vie d’une auberge, proposant ainsi une présentation de ce monde très particulier.
J’ai beaucoup aimé ce roman, il propose une fantasy qui semble classique mais qui est emprunte de poésie et d’idées que je ne retrouve nul part ailleurs.