Freakonomics

Freakonomics est un ouvrage d’économie un peu particulier. En effet, il applique les principes de l’économie (notamment les traitements statistiques) a des questions du quotidien ou un peu inhabituelles.

Ainsi ce livre, écrit avec une grande dose d’humour et de vulgarisation par un économiste et un journaliste, propose-t-il des réponses et des réflexions à des questions comme :

– Qui triche et pourquoi ?
– Est-ce qu’un agent immobilier fait vraiment le maximum pour vendre votre bien ?
– Pourquoi les dealers vivent-ils encore chez leur maman ?
– Pourquoi la criminalité a-t-elle baissé aux USA dans les années nonante ?
– Qu’est qu’un parent idéal ?
– Quelle est l’influence d’un prénom sur le destin d’un individu ?

Toute ces questions sont des prétextes pour discuter de recherches réels utilisant à la fois les outils statistiques et l’idée que toute action humaine à une motivation. Ainsi la baisse de la criminalité est-elle en partie du à la légalisation de l’avortement, les sumotoris trichent régulièrement et votre prénom donne très certainement des indications sur votre groupe social d’origine.

Les réflexions proposées par Freakonomics sont intéressantes, bien que parfois très américo-américaines, et j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre qui pourfend la sagesse populaire et les experts.

Steampunk

Steampunk, sous-titré l’esthétique rétro-futur, est un essai proposant un historique et une analyse de ce genre caractérisé par un dix-neuvième siècle où le progrès a été plus rapide que dans notre histoire et où les machines à vapeur et les ordinateurs à pistons sont choses courantes.

L’ouvrage, richement illustré, présente un historique du Steampunk depuis les œuvres précurseurs jusqu’à celles parus en 2010. Il discute aussi bien des œuvres littéraires, comme des jeux de rôle (GN, sur tables ou d’ordinateur), des films et séries, des illustrations, des bandes dessinées ou de la musique. Comme beaucoup de tentative de circoncision d’un genre, Steampunk s’intéresse également aux genres proches et à l’extension du Steampunk au début du vingtième siècle et aux siècles précédant le XIXe. Il discute également des œuvres de rétro-futur; pas totalement du Steampunk mais proche car touchant des moments de l’histoire ou le futur est arrivé plus tôt.

Si, historique du genre oblige, l’ouvrage se concentre avant tous sur les œuvres anglo-saxonnes, mais propose également des chapitres concernant les mangas et animes japonais, ainsi que les œuvres francophones.

Steampunk est un livre intéressant que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire et qui m’a appris de nombreuses choses sur le Steampunk. Ceci étant dit, j’aimerai néanmoins conclure par trois critiques : une grave, un ennuyeuse et une accessoire. La grave tout d’abord, j’ai détecté quelques imprécisions dans les dates, la plus grave étant, dans la partie historique, un jeu de rôle présentant comme parus dans les années quatre-vingt, alors qu’il est en réalité paru au milieu des années deux milles. Le problème est que si il y a une erreur de ce genre, quelles autres erreurs de même magnitudes que je n’ai pu voir sont présentes ?

L’ennuyeuse ensuite, de nombreux œuvres sont présentées dans le texte, mais le livre manque d’une bibliographie des œuvres importantes du genre qui permettrait au lecteur curieux de pouvoir poursuivre son exploration du genre. Finalement, et c’est accessoire, je regrette un peu le fait que si l’auteur parle de l’espace anglo-saxon, du Japon et de la France, rien n’est dit des autres langues, et si c’est parfaitement compréhensible cela donne sans doute une image tronquée de l’importance du Steampunk dans la littérature.

Grown up digital

Grown up digital est un essai sur la génération Internet (les personnes nées entre 1980 et aujourd’hui et dont je fais, sur la frange inférieure, partie). Don Tapscott brosse le portrait de cette génération qui arrive aujourd’hui peu à peu sur le marché du travail et « au affaire » et sur la manière dont Internet à changé la vision du monde et la manière de penser même.

Il débute son ouvrage par le portrait de cette génération caractérisée par huit grands traits : liberté, « customization », « scrutinity », intégrité, collaboration, détente (« entertainment »), vitesse et innovation. Il montre comment Internet a changer leur manière de penser et d’agir, mais aussi la structure même de leur cerveau.

Il discute ensuite de la manière dont ma génération se comporte en tant qu’apprenant, travailleur, consommateur, membre d’une famille et citoyen. Les huit grands traits de ma génération ayant bien sur des implications concrètes sur notre manière de nous comporter dans ces différentes sphères.

Au final la lecture de Grown up digital me laisse un sentiment mitigé. A la fois guide pour la génération des baby boomers dans ses relations avec ma génération et ouvrage de synthèse sur le monde d’aujourd’hui et de demain, la manière dont ma génération est décrite ne me convainc qu’à moitié. J’ai par contre du mal à situer où se trouve mon malaise sur un ouvrage au demeurant fort intéressant, bien que parfois un peu redondant : défaut d’ouvrage de généralisation, génération globale sans aucuns mots sur les « oubliés » de la révolution digitale, idéalisation d’une génération ?

Une lecture au final intéressante mais qui idéalise peut-être un peu trop la génération digitale.

A short history of fantasy

A short history of fantasy est un court (moins de 300 pages) ouvrage présentant un historique de la Fantasy d’un point de vue anglo-saxon.

Les deux auteurs, après une introduction revenant sur les grandes controverses liés à l’étude de ce genre littéraire, brosse un ample panorama des œuvres et auteurs importants de la Fantasy compris au sens large (fantasy « classique » mais également littérature fantastique), ainsi que les grandes tendances du genre.

L’ouvrage est construit par ordre chronologique. Deux chapitres couvrent l’avant vingtième siècle et la première moitié de ce dernier, les autres couvrent chaque décennie suivante. Deux chapitres sont également consacrés aux auteurs ayant marqués l’histoire du genre (respectivement Tolkien & Lewis, et Pullman, Rowling et Pratchet). Il se termine par un glossaire et une bibliographie permettant au curieux d’élargir ses lectures.

La lecture de cette ouvrage est intéressante et instructive dans les limites imposés (Fantasy au sens large et du point de vue anglo-saxon uniquement). IL ne me reste plus qu’à trouver son pendant pour la science-fiction et je serais un lecteur comblé.

Génération WWW

J’ai obtenu cet essai de Ralph Hababou grâce au programme Masse Critique. Il avait déjà attiré mon regard sur les étales des libraires et j’ai donc profité du programme pour le recevoir et le lire.

Premières constatations, la lecture de ce livre est aisée et rapide (je l’ai lu en deux jours sans me pressé) et je ne suis visiblement pas le lecteur auquel ce livre s’adresse en priorité.

En effet, Génération WWW (Web, Woman, Weather) est une présentation, sous forme journalistique et en survol, de ce qui, pour Hababou, représente les grands enjeux et tendances du début du XXIe siècle. Hababou étant, d’après ce que j’ai pu comprendre de son livre, avant tout connus pour ses écrits destinés aux cadres sur la relation aux clients, son livre, ais-je trouvé, s’adresse avant tous à cette catégorie de personne.

Que dit Hababou ? En résumé que la montée en puissance des technologies de l’information, que l’intégration des femmes à l’entreprise et que la prise en compte des questions de développement durable sont les principaux défis et moteurs de ce début de siècle.

Si je partage son analyse, construite à partir d’exemples concrets et d’entretiens, je regrette que son livre, au demeurant bien construit, documenté et agréable à lire, ne fasse qu’enfoncer ce que je considère comme de nombreuses portes ouvertes et reste, sommes tout, très superficielle dans sa présentation. Je nuance quand même on analyse par le fait qu’étant de la génération W et professeur de géographie au secondaire, les trois grands sujets traités par Hababou font partie de ma vie depuis de nombreuses années. Cet ouvrage sera sans doute plus intéressant, pour un cadre des générations précédentes pour qui ses nouveaux thèmes sont… nouveaux.

Les nombreuses vies de Harry Potter

Les nombreuses vies de Harry Potter paru il y a peu chez Les Moutons Électriques est un essai fort joliment illustré sur Harry Potter et les autres étudiants en magie célèbre de la littérature. La particularité de cette collection, la bibliothèque rouge dont ce volume est le dix-septième paru, est de traiter de son sujet comme si les personnages de fiction et les mondes dans lesquels ils évoluent étaient vrais.

Ainsi, ce volume s’ouvre par une présentation de la société des sorciers et sorcières ainsi qu’une discussion sur la magie et les différentes écoles qui l’enseignent. Il se poursuit par une chronologie détaillée des grands évènements du monde magique. Quelques nouvelles sont ensuite proposée et, finalement, un essai sur l’étymologie des noms dans Harry Potter et un autre sur la figure de l’orphelin dans la littérature du merveilleux closent l’ouvrage.

Les nombreuses vies de Harry Potter est un ouvrage intéressant et bien fait à l’esthétique léchée, il souffre néanmoins, à mon sens, de deux gros défauts. Le premier est que si le parti pris de parler des personnages de fictions comme des êtres réels est intéressant, je reste plus sceptique sur celui de mélanger la « réalité » de plusieurs œuvres fictionelles. Ainsi Harry Potter nettoient d’autres mages et Hogwart d’autres écoles. Le résultat donne parfois le sentiment d’un gros mélange qui affaiblit la portée des analyses proposées et compliquent la lecture. Deuxièmement, le choix des œuvres abordées n’est pas, comme souvent dans ce genre d’ouvrage et pour des raisons évidentes, exhaustif. Ce qui pourrait ne pas être un défaut si la manière dont le choix s’est opéré était transparent; hors ce n’est pas le cas ici. J’ai, par exemple, été très surpris de ne pas lire de mention de Jonathan Strange & Mr Norell.

Mais que ces réserves ne vous empêches pas de vous plonger dans un ouvrage fort intéressant (et dont les deux derniers articles sont les plus passionnant).

21st Century Skills

21st Century Skills Learning for life in our times est un ouvrage américain d’une fondation de réflexion sur l’éducation. Il propose une réflexion sur les compétences à acquérir au vingt-et-unième siècle et sur la manière dont l’école et l’enseignement doit changer pour les inclure dans le cursus des élèves.

Ainsi, selon les auteurs, les compétences importantes de notre siècle sont la pensée critique, les compétences liées aux travail en groupe et au multiculturalisme, l’adaptabilité, l’apprentissage autonome, l’innovation, la créativité et les compétences liées aux nouvelles technologies (« Information, Media et ICT literacy »).

Pour développer ces compétences chez les élèves, l’école doit abandonner le mode d’enseignement magistral et développer le travail sur des projets. Les auteurs vont même plus loin en demandant à ce que l’organisation pratique de l’école change avec, par exemple, des salles de classe plus ouverte et plus favorable à l’échange entre élèves.

En tant qu’enseignant, je trouve cette ouvrage intéressant et je partage plusieurs de ses points de vue. Néanmoins, je regrette que, comme souvent dans ce genre de discussion, un certain nombre de point soient systématiquement peu abordés : que faire des élèves peu scolaires et/ou défavorisés socialement, comme gérer les résistances émergent des élèves eux même habitués aux formes traditionnelles d’enseignement, etc. De la même manière, j’ai une tendance naturelle, et peut-être parfois exagérée, à me méfier un peu des ouvrages qui, comme celui-ci, émanent de fondations ou de groupes de réflexions privés financés par des groupements économiques et privés dont l’idéologie n’est pas toujours clairement apparente.

N’espérez pas vous débarrasser des livres

N’espérez pas vous débarrasser des livres est une la retranscription d’une conversation entre le philosophe et romancier (entre autre) italien Umberto Eco et l’écrivain et dramaturge français Jean-Claude Carrière. Ces deux hommes de lettres, nés au début des années 30, mènent une longue conversation sur les différents aspects des livres (historiques, utilisations, bibliothèques, conservations, oublis, etc.).

Comme on peut s’y attendre avec deux hommes de lettres tel que Eco et Carrière la conversation qu’ils mènent est d’un niveau très élevé et utilise de nombreuses références livresques et historiques. Elle est émaillée, comme toutes conversations, de nombreuses digressions forts intéressantes.

Maintenant cette conversation a en partie les défauts de ses qualités : elle est élevée, spirituelle, bourrée de références et… tenue par deux intellectuelles qui ont presque 80 ans. De fait, je pense qu’une partie de leur interprétation de l’évolution technologique et de l’avenir du livre (notamment électronique) est en partie marquée par la génération à laquelle ils appartiennent. Ceci étant dit, cette ouvrage reste une lecture très intéressante qui rebutera sans doute les personnes qu’une trop grande démonstration de culture intellectuelle et général dérange.

La Chinafrique

Ce livre me faisait de l’œil depuis sa sortie en 2008; j’ai profité d’une préparation de cours afin de le lire enfin. Et le moins que l’on puisse dire c’est que j’en ai apprécié la lecture.

Les deux auteurs, journalistes, proposent une enquête sur les liens de plus en plus important en l’Afrique et la Chine. De l’Angola au Soudan, en passant par le Congo, l’Algérie ou le Sénégal, les auteurs sont partis à la rencontre des Chinois qui investissent en Afrique. Ils ont également discuté avec les Africains qui assistent mi-émerveillés mi-agacés à cette déferlante venue de l’est.

La Chinafrique montre comment la Chine investit massivement en Afrique afin de sécuriser son approvisionnement en matières-premières. Il montre également comment les gouvernements africains accueilles à bras ouvert ces investissements espoir de progrès qui sont offerts en échange de matières-premières et qui ne sont pas assortis de conditions liées à la démocratie ou aux droits de l’homme.

Mais dans le même temps, l’ouvrage, qui est avant tous une enquête de terrain, montre également les doutes des élites africaines, les problèmes concrets accompagnant cette vague chinoise (le fait que les Chinois ne se mélangent pas avec la population étant un des problèmes récurrents). Finalement, les auteurs se posent la question de savoir si les investissement chinois sont une chance pour l’Afrique où un risque très important.

Une lecture fichtrement intéressante et très actuelle.

©ontent

©ontent est un recueil d’une trentaine d’articles publiés ici et là par Cory Doctorow. L’auteur est un fervent défenseur de l’utilisation raisonnée d’Internet, et est également un avocat acharné de la révision des lois de la propriété intellectuelle afin de facilité l’échange de bien culturel via Internet.

Les différents textes proposés dans ©ontent tournent donc autour de ces différentes questions. Ainsi, une grande partie d’entre eux critiquent, décortiquent et contextualisent les questions des liens entre copyright et nouvelles technologies, et entre nouvelles technologies et culture . Mais au delà des ces questions, le recueil discute aussi de question comme la singularité, la censure, la lecture sur écran, et les évolutions technologiques de l’informatique et du Net.

Si, on peut discuter de certaines propositions de Doctorow, sa prose incisive et ses réflexions sont non-seulement agréable à lire mais propose une réflexion salutaire sur certaines évolutions de nos sociétés faces à ce qu’on appelle les nouveaux médias. De plus, si vous voulez vous faire une idée du contenu du recueil, butiner quelques articles ou tous simplement lire le recueil sans avoir à le payer : il se trouve en téléchargement légal sur le site de Doctorow.