Mainstream

Mainstream est une enquête journalistique sur la culture de masse. Frédéric Martel a parcouru le globe durant cinq ans et réalisé plus de milles interviews pour écrire son ouvrage. Celui-ci se présente comme une synthèse de ces derniers et cherche à comprendre la géopolitique de la culture de masse aujourd’hui.
L’ouvrage est structuré en deux grandes parties. La première explore les différentes facettes de la production nord-américaine dominante dans la culture de masse. Les méthodes utilisées pour produire de l’entertainment, l’évolution de celles-ci durant le siècle écoulé, mais également les flux financiers et la puissance des lobbys du cinémas et de la musique sont tour à tour abordés et décortiqués.
La seconde partie va à la rencontre des outsiders. Les pays/régions qui ont soit une influence culturelles régionale, soit une envie de tailler des croupières à l’Amérique, soit encore qui ont su, jusqu’à maintenant du moins, résister à l’hégémonie américaine sont abordés. Les productions culturelles chinoises, japonaises, coréennes, indiennes, européennes, turques, arabes, latinos et africaines sont discutées. Cette partie aborde le cinéma, mais aussi la musique, la littérature, les mangas et l’information. C’est un vaste panorama de la production culturelles et informatives (le soft power) qui se déploie ici.
Martel conclut son ouvrage par une longue conclusion synthétisant les points importants de sa démonstration et ouvrant des perspectives d’avenirs et un questionnements sur le rôle d’Internet, de la dématérialisation et de la démographie dans le future de cette géographie culturelle globale.
Mainstream est un ouvrage très intéressant et complet qui offre une réflexion globale sur les productions culturelles d’aujourd’hui. Très instructifs !

Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens

Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens est un ouvrage de psychologie sociale à destination du grand public. Il présente, tout en s’appuyant sur les théories de la discipline, divers méthodes de manipulations couramment utilisées dans la vente ou dans les entreprises.
L’ouvrage est intéressant car il décortique les mécanismes qui nous font prendre des décisions. Il insiste particulièrement sur l’aspect libre de la manipulation. Les techniques proposées vont du traditionnel pied-dans-la-porte à des techniques moins intuitives consistant à mélanger plus techniques. Il se conclut par une discussion sur les divers professions utilisant ou pouvant utiliser ces techniques (vente, enseignement, etc.).
On apprend ainsi qu’une demande anodine en apparence peut servir à préparer une demande plus couteuses afin d’augmenter ses chances d’acceptations. Demander l’heure à quelqu’un avant de lui demander de l’argent est ainsi plus efficace que simplement demander de l’argent. Une décision prise a une inertie importante qui mène celui qui l’a prend à s’y tenir plus fermement, même si celle-ci est de faible importance.
Un ouvrage au final fort intéressant qui souffre peut-être de quelques répétions et d’un humour pas toujours drôle à mon goût.

The Game

Neil Strauss est un journaliste américain qui, un peu par hasard, c’est retrouvé à rejoindre, au départ pour des raisons journalistiques puis personnelles, le milieu des pickup artists. Ces « dragueurs professionnelles » qui a force de décortiquer les mécanismes sociaux des relations hommes-femmes se font fort de pouvoir tomber n’importe quelles filles.
The Game est le récit autobiographique de ce milieux. Neail Strauss, rebaptiser Style, rencontre tous les grands gourous de la dragues et en devient un lui même. C’est ce monde fait de routines, de tactiques pour devenir le mâle alpha d’un groupe, de phrases d’ouverture, de moyens de neutraliser un boyfriend, que Strauss nous fait découvrir de l’intérieur.
Son écriture est agréable et, malgré quelques longueurs, son livre est très intéressant. Il présente non seulement quelques ficelles de la drague, mais également une décente ahurissante dans un milieu où la manipulation, la mauvaise fois côtoient les instincts les plus bas. Si les méthodes des rois de la drague, aussi « forcées » qu’elles paraissent, semblent bien fonctionner, le lecteur réalise vite que tous ces tombeurs cachent de nombreuses failles qui les rends en grande partie inaptes à avoir des relations sociales normales.
J’ai beaucoup apprécié la lecture de The Game. Arrivé au final de ce livre, je reste néanmoins très partagé sur l’expérience de vie qui y ai décrit. En effet, d’un côté la possibilité de tomber presque n’importe quelles filles et un fantasme que, j’en suis persuadé, tout homme caresse dans un coin plus ou moins grand de son cerveau. Mais en même temps, les techniques de drague s’apparentent tellement à de la manipulation super subtile que cela en donne un peu le vertige.les maitriser semblent de plus impliquer un grand risque de distorsion de la relation aux femmes qui ne sont plus vraiment des individus mais des cibles facilement manipulable.
Je ne suis pas célibataire et très heureux de ne pas l’être, et au final cela vaut peut-être mieux. Je n’ai ainsi pas à me poser la question de savoir si je teste certaines ficelles ou non. L’ignorance est parfois bien douce…

Autoportrait de l’auteur en coureur de fond

Premier livre de Haruki Murakami que je lis et je choisi un essai un peu atypique : Autoportrait de l’auteur en coureur de fond. Il s’agit d’un ouvrage autobiographique de réflexions sur la course à pied.

Il faut savoir qu’Haruki Murakami cours un Marathon à l’année depuis ses trente ans et sa décision de laisser tomber son club de jazz pour se consacrer à l’écriture. Ses réflexions sur la course à pied sont donc celle d’un passionné.

Autoportrait de l’auteur en coureur de fond montre avec intelligence et humour comme la course à pied structure presque autant que l’écriture la vie de l’auteur. C’est aussi un pied de nez, probablement bien involontaire, à ceux qui pense que le sport n’est pas compatible avec le travail intellectuel.

Difficile néanmoins de résumer ce livre. Structurer en réflexions datées et écrites en l’espace d’une année, l’essaie forme à la fois un journal d’un coureur et les réflexions d’un auteur sur les choix de vie, l’écriture, la littérature et, dans une moindre mesure, le monde.

Déroutant mais fort intéressant, je ne peux qu’en conseiller la lecture.

Voix du futur

Voix du futur est un recueil un peu particulier car il ne présente pas des fictions mais de longues interviews avec certains des auteurs marquants de la science-fiction française : Stefan Wul, Michel Jeury, J.-P. Andrevon, Serge Brussolo, Jacques Barbéri, Ayerdhal, Pierre Bordage et Marucie G. Dantes.

Ces interviews parlent bien sur de l’œuvre de chaque auteurs mais également de leur histoire personnelle, des auteurs, événements et personnes qui les ont influencés et de leurs projets. Elles sont complètes et sacrément bien menées.

Si j’ai pris plaisir à la lecture de ces interviews deux choses me chagrinent un peu. La première, qui n’est que de mon fait, c’est que j’ai réalisé que plus qu’un fan de SF, je suis un fan de Fantasy au sens large, et que, finalement, à part les auteurs américains de l’âge d’or et quelques exceptions, je n’ai pas lu tant de SF que cela. De coup, la majorité des auteurs interviewés ici n’ont pas fait partie de mes lectures. La seconde est que, à deux exceptions (Ayerdhal et Bordage), les interviews ont entre cinq et dix ans. Ce qui fait qu’une partie de leur contenu est malheureusement un peu datée.

Il n’en reste pas moins que si un second volume devait sortir je serais sans aucun doute intéressé à le lire.

Chagrin d’école

Second ouvrage de Pennac que je lis, après Comme un roman, Chagrin d’école m’a beaucoup plus. Il s’agit d’une réflexion à base autobiographique sur les cancres, l’enseignement, les enseignants et l’école.

Beaucoup de choses dans ce texte qui se lit avec plaisir, peut-être un peu trop d’ailleurs. S’il doit avoir un défaut c’est sans doute celui de l’éparpillement et des digressions; défaut qui fait également son charme. Le message de Pennac ? Difficile de tout résumé, mais sans doute qu’être cancre est une souffrance et pas une fatalité, qu’être enseignant est compliqué et merveilleux, que personne n’est parfait, que tous ont une chance (encore faut-il leur la donner), que rien ‘est perdu ni jamais acquis, que la pensée magique est à l’œuvre dans nos sociétés, etc.

Un ouvrage foisonnant, une lecture agréable, une réflexion rafraichissante, un parler franc : un merveilleux livre en somme !

You are not a gadget

You are not a gadget est un essai polémique de la part d’un des pionner de l’informatique, père de la réalité virtuel : Jaron Lanier. Lanier propose une réflexion critique sur l’utilisation d’Internet aujourd’hui, sur les théories des informaticiens de premier plan sur l’évolution du réseau et, plus globalement, sur ce que l’informatique nous fait à nous humain.

Lanier critique fortement les propos de nombreux spécialistes sur l’émergence d’une conscience sur le net, sur la validité de l’intelligence collective (hive mind), sur la Singularité. Pour ce faire il se base sur des exemples et des réflexions philosophiques sur la manière dont les structures de l »outil informatique génèrent et formatent des structures, réductrices, chez l’être humain.

L’essai de Lanier est complexe et, je trouve, peu facile d’accès. A titre personnel, si je l’ai trouvé intéressant, j’ai parfois l’impression que Lanier se perd dans des critiques qui, bien que fondées, minimisent la capacité humaine à s’adapter de manière positive aux changements. Sa vision pessimiste de la « génération Internet » me semble, par exemple exagérée. Une lecture intéressante donc, mais difficile et souvent très pessimiste.

PS : Je m’interroge également sur le lien entre un prophète aux dreads dans le comics/film The Surrogates et Jaron Lanier, tant il semble se ressembler.

Les nombreux mondes de Jane Austen

Second livre de la collection des bibliothèques rouges, après celui sur Harry Potter, que je lis, Les nombreux mondes de Jane Austen confirme mon impression mitigée sur cette collection.

En effet, le principe de cette dernière est de proposer une biographie de personnages frictionnels comme si ceux-ci avaient réellement existé. Les ouvrages étant souvent agrémenter de quelques textes d’analyses, de bibliographies et/ou de nouvelles hommages et fort joliment illustrés. Si l’idée me semble excellente, elle souffre, dans Harry Potter du moins, d’un traitement brouillon qui mélange divers œuvres littéraires proches, et dans celui sur Austen d’un mélange réalité/fiction déroutant.

La plus grande partie des nombreux mondes de Jane Austen est consacrée à une biographie de la vie d’Austen et des ses personnages. Le tout partant de l’idée que la réalité et la fiction appartiennent au même monde. La biographie, du reste bien écrite, en devient ainsi illisble pour celui qui ne connait pas bien, ce qui est mon cas, l’œuvre de la célèbre écrivaine.

Je trouve cela dommage car la chronologie détaillée qui suit prend soin de distinguer la réalité des différentes œuvres de fiction et se révèle, elle, fort intéressante. Une bibliographie complète d’ailleurs la partie original de ce livre.

Une nouvelle traduite de John Kessel, Orgueil et Prométhée, se déroulant après le célèbre roman dont son nom est dérivé, fort sympathique permet de voir la rencontre haute en couleur des Bennet et du Dr Frankenstein.

Au final une déception bien grande pour un ouvrage, et une collection, qui semblaient si alléchants,

Freakonomics

Freakonomics est un ouvrage d’économie un peu particulier. En effet, il applique les principes de l’économie (notamment les traitements statistiques) a des questions du quotidien ou un peu inhabituelles.

Ainsi ce livre, écrit avec une grande dose d’humour et de vulgarisation par un économiste et un journaliste, propose-t-il des réponses et des réflexions à des questions comme :

– Qui triche et pourquoi ?
– Est-ce qu’un agent immobilier fait vraiment le maximum pour vendre votre bien ?
– Pourquoi les dealers vivent-ils encore chez leur maman ?
– Pourquoi la criminalité a-t-elle baissé aux USA dans les années nonante ?
– Qu’est qu’un parent idéal ?
– Quelle est l’influence d’un prénom sur le destin d’un individu ?

Toute ces questions sont des prétextes pour discuter de recherches réels utilisant à la fois les outils statistiques et l’idée que toute action humaine à une motivation. Ainsi la baisse de la criminalité est-elle en partie du à la légalisation de l’avortement, les sumotoris trichent régulièrement et votre prénom donne très certainement des indications sur votre groupe social d’origine.

Les réflexions proposées par Freakonomics sont intéressantes, bien que parfois très américo-américaines, et j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre qui pourfend la sagesse populaire et les experts.

Steampunk

Steampunk, sous-titré l’esthétique rétro-futur, est un essai proposant un historique et une analyse de ce genre caractérisé par un dix-neuvième siècle où le progrès a été plus rapide que dans notre histoire et où les machines à vapeur et les ordinateurs à pistons sont choses courantes.

L’ouvrage, richement illustré, présente un historique du Steampunk depuis les œuvres précurseurs jusqu’à celles parus en 2010. Il discute aussi bien des œuvres littéraires, comme des jeux de rôle (GN, sur tables ou d’ordinateur), des films et séries, des illustrations, des bandes dessinées ou de la musique. Comme beaucoup de tentative de circoncision d’un genre, Steampunk s’intéresse également aux genres proches et à l’extension du Steampunk au début du vingtième siècle et aux siècles précédant le XIXe. Il discute également des œuvres de rétro-futur; pas totalement du Steampunk mais proche car touchant des moments de l’histoire ou le futur est arrivé plus tôt.

Si, historique du genre oblige, l’ouvrage se concentre avant tous sur les œuvres anglo-saxonnes, mais propose également des chapitres concernant les mangas et animes japonais, ainsi que les œuvres francophones.

Steampunk est un livre intéressant que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire et qui m’a appris de nombreuses choses sur le Steampunk. Ceci étant dit, j’aimerai néanmoins conclure par trois critiques : une grave, un ennuyeuse et une accessoire. La grave tout d’abord, j’ai détecté quelques imprécisions dans les dates, la plus grave étant, dans la partie historique, un jeu de rôle présentant comme parus dans les années quatre-vingt, alors qu’il est en réalité paru au milieu des années deux milles. Le problème est que si il y a une erreur de ce genre, quelles autres erreurs de même magnitudes que je n’ai pu voir sont présentes ?

L’ennuyeuse ensuite, de nombreux œuvres sont présentées dans le texte, mais le livre manque d’une bibliographie des œuvres importantes du genre qui permettrait au lecteur curieux de pouvoir poursuivre son exploration du genre. Finalement, et c’est accessoire, je regrette un peu le fait que si l’auteur parle de l’espace anglo-saxon, du Japon et de la France, rien n’est dit des autres langues, et si c’est parfaitement compréhensible cela donne sans doute une image tronquée de l’importance du Steampunk dans la littérature.