Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens
The Game
Autoportrait de l’auteur en coureur de fond
Il faut savoir qu’Haruki Murakami cours un Marathon à l’année depuis ses trente ans et sa décision de laisser tomber son club de jazz pour se consacrer à l’écriture. Ses réflexions sur la course à pied sont donc celle d’un passionné.
Autoportrait de l’auteur en coureur de fond montre avec intelligence et humour comme la course à pied structure presque autant que l’écriture la vie de l’auteur. C’est aussi un pied de nez, probablement bien involontaire, à ceux qui pense que le sport n’est pas compatible avec le travail intellectuel.
Difficile néanmoins de résumer ce livre. Structurer en réflexions datées et écrites en l’espace d’une année, l’essaie forme à la fois un journal d’un coureur et les réflexions d’un auteur sur les choix de vie, l’écriture, la littérature et, dans une moindre mesure, le monde.
Déroutant mais fort intéressant, je ne peux qu’en conseiller la lecture.
Voix du futur
Ces interviews parlent bien sur de l’œuvre de chaque auteurs mais également de leur histoire personnelle, des auteurs, événements et personnes qui les ont influencés et de leurs projets. Elles sont complètes et sacrément bien menées.
Si j’ai pris plaisir à la lecture de ces interviews deux choses me chagrinent un peu. La première, qui n’est que de mon fait, c’est que j’ai réalisé que plus qu’un fan de SF, je suis un fan de Fantasy au sens large, et que, finalement, à part les auteurs américains de l’âge d’or et quelques exceptions, je n’ai pas lu tant de SF que cela. De coup, la majorité des auteurs interviewés ici n’ont pas fait partie de mes lectures. La seconde est que, à deux exceptions (Ayerdhal et Bordage), les interviews ont entre cinq et dix ans. Ce qui fait qu’une partie de leur contenu est malheureusement un peu datée.
Il n’en reste pas moins que si un second volume devait sortir je serais sans aucun doute intéressé à le lire.
Chagrin d’école
Second ouvrage de Pennac que je lis, après Comme un roman, Chagrin d’école m’a beaucoup plus. Il s’agit d’une réflexion à base autobiographique sur les cancres, l’enseignement, les enseignants et l’école.
Beaucoup de choses dans ce texte qui se lit avec plaisir, peut-être un peu trop d’ailleurs. S’il doit avoir un défaut c’est sans doute celui de l’éparpillement et des digressions; défaut qui fait également son charme. Le message de Pennac ? Difficile de tout résumé, mais sans doute qu’être cancre est une souffrance et pas une fatalité, qu’être enseignant est compliqué et merveilleux, que personne n’est parfait, que tous ont une chance (encore faut-il leur la donner), que rien ‘est perdu ni jamais acquis, que la pensée magique est à l’œuvre dans nos sociétés, etc.
Un ouvrage foisonnant, une lecture agréable, une réflexion rafraichissante, un parler franc : un merveilleux livre en somme !
You are not a gadget
You are not a gadget est un essai polémique de la part d’un des pionner de l’informatique, père de la réalité virtuel : Jaron Lanier. Lanier propose une réflexion critique sur l’utilisation d’Internet aujourd’hui, sur les théories des informaticiens de premier plan sur l’évolution du réseau et, plus globalement, sur ce que l’informatique nous fait à nous humain.
Lanier critique fortement les propos de nombreux spécialistes sur l’émergence d’une conscience sur le net, sur la validité de l’intelligence collective (hive mind), sur la Singularité. Pour ce faire il se base sur des exemples et des réflexions philosophiques sur la manière dont les structures de l »outil informatique génèrent et formatent des structures, réductrices, chez l’être humain.
L’essai de Lanier est complexe et, je trouve, peu facile d’accès. A titre personnel, si je l’ai trouvé intéressant, j’ai parfois l’impression que Lanier se perd dans des critiques qui, bien que fondées, minimisent la capacité humaine à s’adapter de manière positive aux changements. Sa vision pessimiste de la « génération Internet » me semble, par exemple exagérée. Une lecture intéressante donc, mais difficile et souvent très pessimiste.
PS : Je m’interroge également sur le lien entre un prophète aux dreads dans le comics/film The Surrogates et Jaron Lanier, tant il semble se ressembler.
Les nombreux mondes de Jane Austen
Second livre de la collection des bibliothèques rouges, après celui sur Harry Potter, que je lis, Les nombreux mondes de Jane Austen confirme mon impression mitigée sur cette collection.
En effet, le principe de cette dernière est de proposer une biographie de personnages frictionnels comme si ceux-ci avaient réellement existé. Les ouvrages étant souvent agrémenter de quelques textes d’analyses, de bibliographies et/ou de nouvelles hommages et fort joliment illustrés. Si l’idée me semble excellente, elle souffre, dans Harry Potter du moins, d’un traitement brouillon qui mélange divers œuvres littéraires proches, et dans celui sur Austen d’un mélange réalité/fiction déroutant.
La plus grande partie des nombreux mondes de Jane Austen est consacrée à une biographie de la vie d’Austen et des ses personnages. Le tout partant de l’idée que la réalité et la fiction appartiennent au même monde. La biographie, du reste bien écrite, en devient ainsi illisble pour celui qui ne connait pas bien, ce qui est mon cas, l’œuvre de la célèbre écrivaine.
Je trouve cela dommage car la chronologie détaillée qui suit prend soin de distinguer la réalité des différentes œuvres de fiction et se révèle, elle, fort intéressante. Une bibliographie complète d’ailleurs la partie original de ce livre.
Une nouvelle traduite de John Kessel, Orgueil et Prométhée, se déroulant après le célèbre roman dont son nom est dérivé, fort sympathique permet de voir la rencontre haute en couleur des Bennet et du Dr Frankenstein.
Au final une déception bien grande pour un ouvrage, et une collection, qui semblaient si alléchants,
Freakonomics
Freakonomics est un ouvrage d’économie un peu particulier. En effet, il applique les principes de l’économie (notamment les traitements statistiques) a des questions du quotidien ou un peu inhabituelles.
Ainsi ce livre, écrit avec une grande dose d’humour et de vulgarisation par un économiste et un journaliste, propose-t-il des réponses et des réflexions à des questions comme :
– Qui triche et pourquoi ?
– Est-ce qu’un agent immobilier fait vraiment le maximum pour vendre votre bien ?
– Pourquoi les dealers vivent-ils encore chez leur maman ?
– Pourquoi la criminalité a-t-elle baissé aux USA dans les années nonante ?
– Qu’est qu’un parent idéal ?
– Quelle est l’influence d’un prénom sur le destin d’un individu ?
Toute ces questions sont des prétextes pour discuter de recherches réels utilisant à la fois les outils statistiques et l’idée que toute action humaine à une motivation. Ainsi la baisse de la criminalité est-elle en partie du à la légalisation de l’avortement, les sumotoris trichent régulièrement et votre prénom donne très certainement des indications sur votre groupe social d’origine.
Les réflexions proposées par Freakonomics sont intéressantes, bien que parfois très américo-américaines, et j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre qui pourfend la sagesse populaire et les experts.
Steampunk
Steampunk, sous-titré l’esthétique rétro-futur, est un essai proposant un historique et une analyse de ce genre caractérisé par un dix-neuvième siècle où le progrès a été plus rapide que dans notre histoire et où les machines à vapeur et les ordinateurs à pistons sont choses courantes.
L’ouvrage, richement illustré, présente un historique du Steampunk depuis les œuvres précurseurs jusqu’à celles parus en 2010. Il discute aussi bien des œuvres littéraires, comme des jeux de rôle (GN, sur tables ou d’ordinateur), des films et séries, des illustrations, des bandes dessinées ou de la musique. Comme beaucoup de tentative de circoncision d’un genre, Steampunk s’intéresse également aux genres proches et à l’extension du Steampunk au début du vingtième siècle et aux siècles précédant le XIXe. Il discute également des œuvres de rétro-futur; pas totalement du Steampunk mais proche car touchant des moments de l’histoire ou le futur est arrivé plus tôt.
Si, historique du genre oblige, l’ouvrage se concentre avant tous sur les œuvres anglo-saxonnes, mais propose également des chapitres concernant les mangas et animes japonais, ainsi que les œuvres francophones.
Steampunk est un livre intéressant que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire et qui m’a appris de nombreuses choses sur le Steampunk. Ceci étant dit, j’aimerai néanmoins conclure par trois critiques : une grave, un ennuyeuse et une accessoire. La grave tout d’abord, j’ai détecté quelques imprécisions dans les dates, la plus grave étant, dans la partie historique, un jeu de rôle présentant comme parus dans les années quatre-vingt, alors qu’il est en réalité paru au milieu des années deux milles. Le problème est que si il y a une erreur de ce genre, quelles autres erreurs de même magnitudes que je n’ai pu voir sont présentes ?
L’ennuyeuse ensuite, de nombreux œuvres sont présentées dans le texte, mais le livre manque d’une bibliographie des œuvres importantes du genre qui permettrait au lecteur curieux de pouvoir poursuivre son exploration du genre. Finalement, et c’est accessoire, je regrette un peu le fait que si l’auteur parle de l’espace anglo-saxon, du Japon et de la France, rien n’est dit des autres langues, et si c’est parfaitement compréhensible cela donne sans doute une image tronquée de l’importance du Steampunk dans la littérature.