El Asedio

Dernier livre en date de l’écrivain espagnol Pérez-Reverte, El Asedio est un gros roman se déroulant dans la Cadix des année 1811-1812.

C’est dans, et autours, de la ville assiégée par l’armée napoléonienne, et alors que se discute et s’écrit la nouvelle constitution, que Pérez-Reverte déploie un roman chorale qui suit les pas de plusieurs personnages qui se croisent et se côtoient. Il y a ainsi le capitaine français en charge du bombardement de la ville, la patronne d’une maison commerciale, un homme du peuple, un corsaire espagnol, un taxidermiste qui espionne pour la France et un commissaire de police sur les traces d’un tueur en série.

L’intrigue principal du roman tourne autours d’un tueur en série qui élimine de façon particulièrement horrible des jeunes femmes en laissant les corps à proximité d’un impact d’obus. Mais, même si le roman prend parfois des atours de roman noir, El Asedio est avant tous un roman historique qui dépeint le siège d’une ville.

Excellent roman, un lecteur impatient trouvera sans doute que l’intrigue principal traine en longueur et tourne parfois un peu en rond. Il pourra également penser qu’il y a un petit côté surnaturelle de trop aux motifs du meurtrier. Mais malgré ces quelques faiblesses, ce roman est pour moi l’un des meilleurs de l’écrivain espagnol.

La tabla de Flandes

Troisième roman écrit par Arturo Pérez-Reverte, en 1990, La Tabla de Flandes était l’un des derniers romans de cet excellent auteur espagnol que je n’avais pas encore lu. Il s’agit d’une histoire d’enquête. Julia une jeune restauratrice de tableau espagnole s’occupe de restaurer « La partie d’échec » du célèbre peintre flamand du XVe siècle Peter Van Huys. En travaillant sur le tableau elle découvre une inscription en latin demandant « Qui a tué le chevalier ? » Afin de répondre à cette question, Julia se lance dans des recherches historiques et s’intéresse à la partie d’échec représentée sur le tableau. Alors qu’elle pense détenir la solution, un meurtre violent et un mystérieux message complique la situation. Julia se retrouve en danger et doit continuer la partie débutée il y a près de 500 ans.

De bonne facture, La Tabla de Flandes est un roman policier et historique bien ficelé. Il ne s’agit par contre, et de loin, du roman le plus abouti d’Arturo Pérez-Reverte. J’ai trouvé qu’il contenait de nombreuses longueurs qui nuisent un peu au plaisir de la lecture. A conseiller au aficionado, du genre ou de l’auteur, les curieux qui veulent découvrir Pérez-Reverte devrait plutôt se tourner vers ses romans plus récent, donc l’excellent Reine du Sud.

Ojos azules

Ojos azules est une nouvelle de Pérez-Reverte qui vient de faire l’objet d’une publication sous la forme d’un petit livre illustré (fort joliment d’ailleurs). La nouvelle narre la « noche triste » du 30 juin 1520 lorsque Cortés et ses hommes doivent fuir, de nuit, sous la pluie et poursuivi, la ville de Tenochtitlán. Prenant comme focale un conquistador aux yeux bleus, Pérez-Reverte livre une nouvelle admirablement maitrisée qui, en grand aficionado de l’auteur et des Amériques, m’a conquis.

Le seul bémol que je puisse faire à ma critique est de nature pratique. Le prix de l’ouvrage est bien élevé pour une seule nouvelle. Sa qualité, de mon point de vue, vaut la dépense mais certain trouveront sans doute le rapport qualité/prix comme n’en valant pas la chandelle. Tant pis pour eux !

El pintor de batallas

Étrange roman que el pintor de batallas, écrit par un ancien reporter de guerre, Pérez-Reverte, il narre l’histoire de Faulques un ancien photographe de guerre. Ce dernier a abandonné son métier, et c’est réfugié dans une vielle tour où il peint une fresque représentant la guerre sous toutes ces formes.

Un beau jour un ancien soldat qu’il a photographié durant la guerre de Yougoslavie se présente à lui, et lui annonce qu’il vient pour le connaitre d’avantage et le tuer pour se venger des conséquences de la photo. Début ainsi une discussion entre les deux hommes, entrecoupée de la montée des souvenirs de Faulques. Elle permet au lecteur de découvrir les nombreuses fêlures de la vie de Faulques, dont nottement la mort de son grand amour : Olvido (dont le nom est chargé d’un symbolisme évident).

El pintor de batallas touche à un des grand mystère de l’être humain : sa cruauté. Le roman entrecroise les réflexions sur la guerre, la nature humaine, la culpabilité, la photographie, la peinture et la perception du réel. C’est un roman fort, profond qui est peut-être bien, d’une certaine manière, le plus aboutit de Pérez-Reverte. Pourtant l’ai-je aimé ? Difficile à dire, ce n’est pas mon préféré de cette auteur; il se dégage de ce roman une pesanteur, une profondeur et une violence retenue peut-être trop importante pour que je puisse vraiment dire que je l’ai aimé. Il reste néanmoins une lecture forte qui marque son lecteur.