Kalpa Imperial

Kalpa Imperial fait partie de ces rares livres que je relis régulièrement à quelques années d’écart. A chacune de mes relectures je suis toujours surpris de réaliser à quel point j’apprécie ce livre d’une auteure pourtant inconnus dans le monde francophones et dont seulement deux ouvrages ont été traduits en langues anglaise (celui-ci par Ursula K Leguin et Trafalgar) avec plus de 20 ans de délais.
Pour en revenir à Kalpa Imperial, il s’agit de onze récits, fortement inscrit dans un style proche de l’oralité, qui raconte des événements de la longue et vaste histoire de « l’empire le plus vaste qui n’ait jamais existé. »
Je suis toujours un peu emprunté quand il s’agit de parler des nouvelles de ce recueil. En effet, bien que ne formant pas une histoire cohérentes et pouvant se lire de manière individuelle, elles ont néanmoins une unité et font apparaître en les lisant ensemble, une unité dans la manière dont elles sont narrées et des thématiques abordées : oralité, le pouvoir (la manière d’y arriver, de s’y maintenir, de l’exacerber ou de le et de s’y perdre), une réflexion sur l’histoire et l’Histoire, sur l’importance des petits actes.

Si tous les textes du recueil sont de bonnes factures j’ai quand même une inclinaison particulière pour :
« Acerca de ciudades que crecen descontroladamente » qui raconte l’histoire d’une ville de sa fondation à la période durant laquelle son histoire est contée. Avec la prise et la perte (et la re-prise et la de-perte) d’importance de la cité durant le temps de son histoire.

« Y las calles vacías », une autre histoire de ville mais nouvelle cette fois ci, dont la construction fut ordonnée sur un coup de tête par un Empereur et qui resta vide suite aux sanglantes manigances du suivant…

« Así es el sur » un récit sur une des nombreuses révoltes du sud de l’Empire, une région jamais totalement pacifiée et aux mœurs bien différentes du Nord. Une nouvelle sur la différence, la peur de l’autre et une manière de vie différente (celle du Sud 😉 )

« El estanque » une nouvelle sur un médecin observateurs, la fin d »un Empereur et une jeune femme séditieuse. C’est une nouvelle où il ne se passe pas forcément beaucoup à de choses, mais qui dégage une puissance et un calme qui me marque à chaque fois.

J’aurais en fait, je m’en rend compte l’envie de citer chaque nouvelle individuellement, au final je vais me contenter de vous conseiller la lecture de ce recueil. En espagnol, sa langue d’écriture, si vous le pouvez ou en anglais, si vous le pouvez, autrement. Ami éditeur si tu traduit (bien) ce recueil je te promet de l’offrir à plein de monde.

Lu dans le cadre du challenge SFFF au féminin

http://ledragongalactique.blogspot.ch/2014/03/challenge-sfff-au-feminin.html?showComment=1394271167545#c7928591275848414423

Trafalgar

Recueil de nouvelles pouvant se lire individuellement mais formant, ensemble, un portrait plus vaste, Trafalgar est centré sur le personnage de Trafalgar Medrano. Cet argentin, membre de la bourgeoisie, vivant à Buenos Aires, appréciant le café noir sans sucre et régalant ses amis de ses nombreuses aventures est un marchand. Mais pas n’importe quel marchand, il commerce avec d’autres planètes.
Les différentes nouvelles se présentent comme des conversations entre Trafalgar et ses amis, dont Gorodischer se targe d’être. Dans ces échanges, Trafalgar narre différentes péripéties qui lui sont arrivés lors des ses voyages. Il s’agit pour la plupart d’aventures fleurant bon le space opera de l’âge d’or : une planète où les gens n’ont pas d’anxiétés ni d’imaginations, un monde dirigé par des femmes où Trafalgar profite d’une méprise, un monde d’obscurité où les habitants ont régressé, un monde où le temps fluctue, un monde où les morts marchent parmi les vivants, etc.
Si la science-fiction proposée ici est un peu surannée (l’ouvrage date de 1979 dans sa version espagnole), l’écriture est agréable et le contraste entre la normalité du Buenos Aires des années 70 et les aventures de Trafalgar est rafraichissant. Mon seul regret est de ne pas avoir pu me procurer Trafalgar dans sa version originale, c’est-à-dire espagnol, et d’avoir dû le lire en anglais.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Kalpa Imperial

Kalpa Imperial est un recueil de nouvelles de l’écrivaine argentine Angelica Gorodischer. Il exerce sur moi une fascination étrange depuis ma première lecture il y a de cela une petite décennie.
Je reviens en effet régulièrement à ces récits, comptés à la première personne par un narrateur peu avare de commentaires de digressions. Le ton résolument tourné vers l’oralité donne le sentiment d’écouter un conteur un soir autour du feu. Ce dernier narre différents épisodes de « l’Empire le Plus Vaste Qui N’ait Jamais Existé. » Il déroule l’histoire de villes, d’Empereur et d’Impératrice, du Sud, toujours rebelle, de petites histoires et de grandes Histoires. Tous cela dans un monde qui n’a pas vraiment de chronologie et où l’Empire à exister de tout temps et semble partit pour exister à jamais.
Ces nouvelles me fascinent par la langue et par les visions qu’elles déclenches. J’y reviens régulièrement afin de vérifier si, avec le temps, j’y retrouve le merveilleux de la première lecture; et je le retrouve à chaque fois. Je suis d’ailleurs à chaque fois un peu surpris, tant je me dis qu’il n’est pas possible qu’une telle pépite ne soient pas connue en français où mieux connus en anglais (langue dans laquelle le recueil a été traduit par Ursula K. Le Guin). Ainsi si vous qui me lisez l’avez lu, je serais très curieux de connaitre vos impressions.