Ship Breaker

Troisième ouvrage de Paolo Bagigalupi, dont j’ai déjà critiqué le recueil de nouvelles Pump Six, Ship Breaker est un roman destiné avant tous à des ados et jeunes adultes.

Il conte donc une histoire relativement classique d’un ado travaillant dans le démantèlement de vieux navires. Un travail dangereux et très mal payé. Peu après avoir échappé à la mort, il découvre un bateau dernier cris échoué sur les rochers. Alors qu’il croit à son jour de chance, il doit y avoir des richesses à récupérer sur un si joli navire, il découvrir une survivante de son âge. Pour cette fille venu quasiment d’un autre monde, il va lutter pour qu’elle survive et sortir de sa condition.

Se déroulant en Floride/Louisiane, Ship Breaker n’est pas intéressant pour son histoire somme tout assez classique ni son écriture maitrisée, mais pour le monde qu’il dépeint : un futur où l’humanité a ravagé écologiquement la Terre, où notre époque est appelé « l’age de l’accélération », où les matières premières sont rares, où la grande majorité de l’humanité survit pendant que quelques uns ont de quoi vivre dans le grand luxe et la technologie, où des ouragans « tueurs de cité » sont choses courantes, où la génétique à créer de nouveaux esclave. Une anticipation intéressante basée sur notre mode de vie actuel. Elle a de plus le bon goût de ne pas être jetée au visage du lecteur, mais plutôt d’être présente en arrière fond, toujours mais subtilement.

Casus Belli 3e génération

Mon blog est avant tous un blog de lecture, mais roliste depuis déjà de nombreuses années, je ne peux passer sous silence la résurrection de Casus Belli. Ce mythique titre roliste francophone revient pour une troisième mouture mensuel dont le premier numéro est disponible depuis hier en kiosque.

Pour le sommaire détaillé, je vous suggère de faire un tour sur le GROG. Pour ma part, je souhaite ici le mettre un peu en lumière et propager la bonne parole.

Un mot néanmoins avant de me lancer dans une petite critique perso. Critiquer un magasine est un exercice périlleux tant il est vrai que chaque lecteur tend à se mettre dans les habits du rédacteur en chef et propose ce que le mag aurait/devrait être selon lui. Tout les goûts étant dans la nature, chaque lecteur a une vision différente du mag parfait. Et, étrangement, s’il ne vient pas à l’idée du roliste internaute de critiquer en détail Paris Match ou Sciences & Vie, lorsqu’il s’agit d’un magasin touchant à son hobby il devient prolixe.

Ceci dit, qu’ai-je penser de ce premier numéro. La maquette est dépouillée et sobre et tout à fait à mon goût. Les articles sont lisibles et bien présentés; si on s’attache aux détails, on se rend vite compte qu’il y a derrière la maquette un vrai travail de mise en page et de présentation.

Au niveau du contenu, j’ai été agréablement surpris par la qualité des aides de jeu et scénarios présentés. C’est parfois un peu court à mon goût mais c’est le format qui veut cela. Si les scénarios et aides de jeu spécifiques ne me seront pas d’une grande utilité ce n’est pas à cause de leurs qualités intrinsèques mais plutôt du fait que je ne joue pas / m’intéresse pas particulièrement aux jeux traités (Loup solitaire, AdC, Devâstra, D&D3.5, Metal Adventures). Les aides de jeu général ont par contre retenu toute mon attention.

Les critiques par contre m’ont laissé un drôle d’arrière gout. En effet, si elles décrivent bien le contenu des suppléments j’ai trouvé qu’elles manquaient de critiques justement. Je n’ai pas eu l’impression que les points forts et les points faibles des jeux critiqués étaient mis en évidence. Mais ce reproche peut être fait à de nombreuses critiques réalisées dans la presse en général.

Dans les petits détails, je trouve dommage le manque de news/critiques des jeux au niveau international (surtout anglais en fait), la séparation entre critiques et critiques en colonnes et l’absence de Mongol et Gotha (ah nostalgie quand tu nous tiens !). J’ai par contre beaucoup apprécier la présence des Crapougnhat de Guiserix et d’une Bellaminette (ah nostalgie quand tu nous tiens !), ainsi que l’orientation jeu de rôle et aides de jeu choisie.

Vivement le suivant en espérant que le magasine sera trouver son public et résistera dans un marché pas facile.

Voix du futur

Voix du futur est un recueil un peu particulier car il ne présente pas des fictions mais de longues interviews avec certains des auteurs marquants de la science-fiction française : Stefan Wul, Michel Jeury, J.-P. Andrevon, Serge Brussolo, Jacques Barbéri, Ayerdhal, Pierre Bordage et Marucie G. Dantes.

Ces interviews parlent bien sur de l’œuvre de chaque auteurs mais également de leur histoire personnelle, des auteurs, événements et personnes qui les ont influencés et de leurs projets. Elles sont complètes et sacrément bien menées.

Si j’ai pris plaisir à la lecture de ces interviews deux choses me chagrinent un peu. La première, qui n’est que de mon fait, c’est que j’ai réalisé que plus qu’un fan de SF, je suis un fan de Fantasy au sens large, et que, finalement, à part les auteurs américains de l’âge d’or et quelques exceptions, je n’ai pas lu tant de SF que cela. De coup, la majorité des auteurs interviewés ici n’ont pas fait partie de mes lectures. La seconde est que, à deux exceptions (Ayerdhal et Bordage), les interviews ont entre cinq et dix ans. Ce qui fait qu’une partie de leur contenu est malheureusement un peu datée.

Il n’en reste pas moins que si un second volume devait sortir je serais sans aucun doute intéressé à le lire.

Cygnis

La claque ! Presque rien à ajouter; je l’avoue j’ai surtout lu Cyngis car j’ai rencontré il y a peu son auteur (ami d’amis) et me suis dit qu’un premier roman de SF, recevant de bonnes critiques méritait bien que je m’y penche. Bien m’en a pris car Cyngis est un excellant roman.

Difficile d’en parler sans déflorer ses mystères qui se dévoilent à la fin du roman en l’éclairant d’une lumière nouvelle. Le monde : un monde post-apocalyptique où les survivants d’une humanité qui c’est autodétruite survit dans les étendus sauvages parmi les ruines de l’ancien monde sources de peurs, de richesses (les artefacts encore fonctionnels du temps d’avant) et de dangers (les robots encore fonctionnels du temps d’avant. Le pitch : Syn un trappeur qui « chasse » les robots pour récupérer du matériel à revendre va être pris bien malgré lui dans les filets d’une guerre entre la communauté de la ville de Méandre et les populations troglodytes. Tous cela pendant que son histoire familiale le rattrape et que l’amour le trouve.

Le tout est écrit dans un style très agréable à lire et au fort pouvoir d’évocation. Les thématiques abordées sont classiques mais fort bien mis en scène. Une lecture plus que conseillée donc qui me fait attendre avec impatience le prochain roman de Vincent Gessler.

Chagrin d’école

Second ouvrage de Pennac que je lis, après Comme un roman, Chagrin d’école m’a beaucoup plus. Il s’agit d’une réflexion à base autobiographique sur les cancres, l’enseignement, les enseignants et l’école.

Beaucoup de choses dans ce texte qui se lit avec plaisir, peut-être un peu trop d’ailleurs. S’il doit avoir un défaut c’est sans doute celui de l’éparpillement et des digressions; défaut qui fait également son charme. Le message de Pennac ? Difficile de tout résumé, mais sans doute qu’être cancre est une souffrance et pas une fatalité, qu’être enseignant est compliqué et merveilleux, que personne n’est parfait, que tous ont une chance (encore faut-il leur la donner), que rien ‘est perdu ni jamais acquis, que la pensée magique est à l’œuvre dans nos sociétés, etc.

Un ouvrage foisonnant, une lecture agréable, une réflexion rafraichissante, un parler franc : un merveilleux livre en somme !

You are not a gadget

You are not a gadget est un essai polémique de la part d’un des pionner de l’informatique, père de la réalité virtuel : Jaron Lanier. Lanier propose une réflexion critique sur l’utilisation d’Internet aujourd’hui, sur les théories des informaticiens de premier plan sur l’évolution du réseau et, plus globalement, sur ce que l’informatique nous fait à nous humain.

Lanier critique fortement les propos de nombreux spécialistes sur l’émergence d’une conscience sur le net, sur la validité de l’intelligence collective (hive mind), sur la Singularité. Pour ce faire il se base sur des exemples et des réflexions philosophiques sur la manière dont les structures de l »outil informatique génèrent et formatent des structures, réductrices, chez l’être humain.

L’essai de Lanier est complexe et, je trouve, peu facile d’accès. A titre personnel, si je l’ai trouvé intéressant, j’ai parfois l’impression que Lanier se perd dans des critiques qui, bien que fondées, minimisent la capacité humaine à s’adapter de manière positive aux changements. Sa vision pessimiste de la « génération Internet » me semble, par exemple exagérée. Une lecture intéressante donc, mais difficile et souvent très pessimiste.

PS : Je m’interroge également sur le lien entre un prophète aux dreads dans le comics/film The Surrogates et Jaron Lanier, tant il semble se ressembler.

The short second life of Bree Tanner

The short second life of Bree Tanner est un court récit (une novela en anglais) se déroulant dans l’univers de Twilight, durant le troisième roman pour être exacte. Et oui, j’ai poussé le masochisme jusqu’au point de lire l’intégralité de la saga et ses « produits dérivés. »

Et si l’histoire de Bree Tanner, jeune fille de quinze ans transformée en vampire par Victoria (la méchante vampire pas gentille et revancharde) pour servir de chaire à canon dans sa vendetta contre les Cullens est toute aussi mièvre, gentille et chaste que le reste de la saga, cette novela est somme toute bien sympathique. Sans fioritures et écrit d’une manière claire et directe, elle se lit vite et propose une sympathique plongée dans l’univers des jeunes vampires qui découvrent leur condition dans des circonstances presque normales.

Au final, ce n’est pas le texte qu’il faut avoir lu, mais un texte rapide et sympa qui eus aussi digeste que le premier tome de la saga (qui n’est pas si mal quoiqu’en dise les mauvaises langues).

La petite fille qui voulait devenir papillon !

Ouvrage reçu dans le cadre du programme Masse Critique, je me suis dit que lire et chroniquer un libre pour enfant serait chose facile. Et pourtant, La petite fille qui voulait devenir papillon ! m’a donné un peu de file à retordre.

En effet, si ma fille de 16 mois est encore un peu jeune pour vraiment apprécier un livre (même pour enfant) dans toute sa complexité, je m’étais naïvement dit que les illustrations l’attireraient. Hélas, si les jolies illustrations colorées de ci livre m’ont bien plus, elles ont laissé de marbre ma fille qui a à peine daigné y jeté un coup d’œil avant d’aller chercher un autre de ses livres pour ne plus jamais y revenir.

L’histoire l’aurait peut-être d’avantage scotchée si elle avait été plus âgée ? Je ne saurais le dire, mais moi elle ne m’a pas scotchée. Elle est pourtant jolie : l’histoire d’une petite fille qui veut devenir papillon et que l’amour d’un autre petit garçon fera « revenir » sur terre. Mais la raison qui se cache derrière ce rêve est bien sombre : la petite fille est orpheline de père et c’est pour aller le revoir au ciel qu’elle veut des ailes.

Peut-être qu’un enfant dans ce cas trouvera un certain réconfort dans cette histoire, moi personnellement je l’ai trouvé très triste et, pour tout dire, un peu macabre. Si un jour ma fille me parle d’un/une de ses amis/es qui n’a plus son papa, je ressortirais peut-être ce livre, mais dans l’intervalle je ne vais pas m’y attarder d’avantage.

Des nouvelles du Tibbar

Des nouvelles du Tibbar est un recueil de nouvelles fraichement paru chez les Moutons électriques. Les douze nouvelles du recueil ont comme point commun de se dérouler, à divers époque, au Tibbar (occidental pour être précis). Un monde étrange, sorte de mélange entre un royaume de féerie, un royaume de Fantasytm et un monde à l’histoire aussi riche et variée que le notre. Les différentes nouvelles se passe à différentes époques du Tibbar et il arrive souvent que la bassemagie ou la hautemagie fassent office de technologie. Les différentes histoires s’attachent d’avantage à narrer des anecdotes, des bouts de vie que l’histoire avec un grand H.
Ce recueil m’a beaucoup surpris. En effet, l’écriture poétique de Rey dépeint un univers dépaysant en abusant du nom farfelu que le lecteur ne peut comprendre. Si ce genre de chose a tendance à m’agacer chez la plupart des écrivains qui en usent et abusent, ici étrangement la sauce a bien pris pour moi. Rapidement j’ai pu me laisser porter par ces noms exotiques et par un trajet mouvementé de bus, les déboires d’esprits sylvains, le malheurs de gastronomes voulant manger du dragon, d’un sort de haute magie auto-répliquant (une maladie quoi !), etc.
Vous l’aurez compris, malgré ses bizarreries des nouvelles du Tibbar m’a conquis et arrivé à la fin de ma lecture, je n’ai qu’un mot : encore !

Magiciennes et Sorciers

Après Rois et Capitaines, le salon des Imaginales a accouché d’une nouvelle anthologie consacré à la magie.

Les nouvelles de ce récit se centre avant tous sur les magiciennes et peu de sorciers parcours ses pages. Dans l’ensemble le recueil est fort bien fait et passionnant à lire. Plusieurs auteurs (Laurent Gidon, Charlotte Bousquet, Rachel Tanner , et Jean-Philippe Jaworski) proposent des nouvelles se déroulant dans des univers qu’ils ont déjà explorés en roman. Si la nouvelle de Jean-Claude Dunyach m’a paru brouillonne et fade, et la nouvelle de Jaworski (à ma grande tristesse) verbeuse et peu facile d’accès pour qui ne connait pas bien ses écrits, le reste du recueil vaut vraiment le détour. Une mention particulière au texte de Pierre Bordage qui, pour une fois (l’homme donne rarement de grand texte lorsqu’il écrit des nouvelles) est excellent.

Le sommaire de ce recueil :

  • Cœur de serpent, Sire Cédric
  • Djeeb l’encharmeur, Laurent Gidon
  • Toiles déchirées, Charlotte Bousquet
  • Exaucée, Maïa Mazaurette
  • T’humilierai, Justine Niogret
  • L’Ultime illusion, Érik Wietzel
  • In caude venimum, Rachel Tanner
  • Margot, Julien d’Hem
  • Le crépuscule des maudites, Sylvie Miller & Philippe Ward
  • L’Autre, Pierre Bordage
  • Respectons les procédures, Jean-Claude Dunyach
  • Quelques grammes d’oubli sur la neige, Lionel Davoust
  • La troisième hypostase, Jean-Philippe Jaworski
  • Chamane, Fabien Clavel