Canisse

Canisse est le premier roman de S&F d’un auteur chevronné de littérature historique.

Canisse est le nom d’une planète peu connue se trouvant juste au-delà de l’espace civilisé et policé par l’Unité. C’est sur cette planète océan dont les eau s’acidifie selon les phases de ces nombreuses lunes que vit un poisson mesurant plusieurs dizaines de kilomètres. Lorsque Xhan, juste mis à la retraite du corps des gardes-pêches de l’Unité, apprend l’existence de cette créature il se rend sur Canisse afin de voir la bête de ses propres yeux. Pour il parvenir il devra affronter les eaux acides de la planète, des pécheurs-braconniers et les indigènes locaux. Pour au final en apprendre plus sur lui même qu’il ne l’aurait souhaité.

Canisse est pour moi le prototype du roman de gare : ni bon, ni mauvais, vite lu et vite oublié. Après une mise ne place lente dans un monde improbable (le principal souci de l’Unité semble être des pécheurs-braconniers qui vident les océans des mondes juste découvert avant que l’Unité ne puisse les policés), le roman se perd en péripéties prétextes à quelques rencontres ternes pour finalement se finir abruptement (en queue de poisson si je puis dire) par une révélation qui annihile presque tous ce qui a été vécu avant. Si le roman n’avait été si rapide à lire j’aurais eu le sentiment d’avoir perdu mon temps.

Corpus Delicti

Corpus Delicti est un roman d’anticipation d’une auteure allemande. Tombé dessus un peu par hasard, j’ai pris grand plaisir à lire cette dystopie médicale proche, dans son ambiance, du Meilleur des mondes.

Nous sommes en 2057, grâce à la Méthode les maladies sont quasiment un mauvais souvenir. Les citoyens doivent faire leur gymnastique quotidienne, doivent envoyer leurs analyses médicales journalières, doivent maintenir leur appartement sain, etc. Tous cela dans le but louable de maintenir l’ensemble de la population en bonne santé le plus longtemps possible. Pour les contrevenants, il y a les tribunaux, la justice et la police.

Mia est une citoyenne comme les autres, biologiste brillante, en bonne santé, rien ne semblait la prédestiner à devenir une épine dans le pied de la Méthode que cette dernière devra arraché. Pourtant son défunt frère, condamné à la mort suspendu pour viol et meurtre s’est suicidé en prison. Depuis Mia parle à une fiancé imaginaire et sombre dans la dépression. Au point que la justice doit lui rappeler ses obligations sanitaires. Prise dans un engrenage, elle va terminer par incarner la liberté de pensé et une menace pour la méthode qui ferra tout pour l’écraser.

Un roman agréable qui propose une dystopie glaçante sur nos obsession du contrôle et la santé. Corpus Delicti, je l’ai dit plus haut, me fait fortement pensé au Meilleur des mondes de Huxley, l’optimise en moins et le cynisme en plus. Santé ! Citoyen !

L’O10ssée

La collection Folio SF, qui a pris la suite de la défunte collection Présence du Futur, fête en octobre prochain ces dix ans. Pour marquer le coup, les éditions Gallimard offre, depuis la mi-septembre et pour deux Folio SF acheté, un recueil de nouvelle intitulé L’o10sée Folios SF en 10 nouvelles. Il aurait pu ajouter et 6 regards car six écrivains de littérature général parlent en quelques pages d’une œuvre de SF qui les ont marqués.

Folio SF a bien fait les choses, les dix nouvelles, dont six inédites en France (et pour les auteurs français inédites tous cours) sont de très bonne facture. Mary Gentle propose une uchronie futuriste où les chevaliers du Temple existent encore et dominent l’échiquier militaire mondiale; Jaworski une histoire norse à la poursuite du barde Taliesin; Dick donne une réécriture du mythe de Noë; Maïa Mazaurette une nouvelle sur le starsystem, la jeunesse éternelle et les vampires; Christopher Priest une nouvelle sur la mort et l’amour; Thomas Day présente la vie d’un homme hanté par les tigres; Robert Silveberg décrit un présent où des extraterrestres s’emparent sans crier gare des corps humains; Ray Bradbury parle de littérature et de voyage dans le temps; Stéphane Beauverger de politique, de manipulation et du futur; enfin Robert Charles Wilson propose un futur au delà de la fin de l’univers.

A part peut-être pour la nouvelle de Bradbury que j’ai trouvé quelconque, les autres nouvelles du recueil sont au minimum bonnes. A titre personnelle j’ai adoré celle de Jaworski, de Dick, de Day (pour moi la meilleure du recueil) et de Wilson. Je ne peux donc que vous conseiller de faire un tour chez votre libraire (amis Suisses et Belges il faut visiblement prendre son mal en patience), l’achat de deux Folio SF (le catalogue est vaste cela ne devrait pas être bien dur de trouver votre bonheur) et à vous ce petit bijou.

Pour le sommaire complet, il y a Noosfere !

Le Serpent d’angoisse

Le Serpent d’angoisse est ce que les Anglo-Saxons appelle une novella (c’est-à-dire un court roman). Écrite en 1987 elle narre la fin des USA et se déroule dans le passé de la série des Futurs Mystères de Paris. La fin des USA se double d’un combat de la psychosphère, le « plan » de l’esprit récemment découvert et utilisé par des télépathes à des fins commerciales et où l’inconscient collectif prend forme.

Le Serpent d’angoisse est fortement marquée par l’époque qui a vu son écriture : les années quatre-vingt. On y retrouve la peur d’un conflit nucléaire, la fin des mouvements hippie, les drogues psychotiques, la discrimination raciale, les ghettos, etc. Agréable à lire et bien écrit, elle intéressera avant tous les curieux et les fans des Futurs Mystères de Paris qui auront plaisir à voir la psychosphère dans son état « d’avant ». Les autres pourront sans doute passé leur chemin.

Le Roi d’ébène

Le Roi d’ébène est le premier roman de Fantasy de Christine Cardot. Les inspirations principales de ce roman sont d’ordre africaine. L’histoire se déroule dans un royaume toujours prompte a s’agrandir et suit l’histoire d’une sentinelle. Ce corps d’élite réuni des hommes et des femmes qui sont capable d’avoir des pressentiments et visions sur les dangers menaçant le royaume.
Kaïrale est une sentinelle particulièrement douée, forte tête et proche du terrain, nommée Regard Clair, elle est maintenant une des plus proche conseillère du roi. Plongée dans un nid d’intrigue, un voyage avec le premier Regard Claire, lui ferra affronter son passé et préparer son futur
Ce premier roman est fort agréable à lire et d’un imaginaire rafraichissant. L’auteure puise ses inspirations de l’Afrique et développe un système de capacités extra humaines qui me fait penser aux pages de Dune. Le Roi d’ébène n’atteint néanmoins pas la qualité de ce dernier. Et si sa lecture m’a beaucoup plus, je regrette une histoire parfois trop foisonnante et dont tous les tenants et aboutissants ne sont pas révélés dans une fin en forme de queux de poisson.

May le Monde

Second ouvrage que j’ai reçu en partenariat avec Blog-O-Book, May le Monde est le plus récent roman d’une figure importante de la SF française : Michel Jeury. De son propre aveux, dans la préface, c’est aussi sa dernière incursion dans la SF. Il se trouve que, incidemment, c’est le premier ouvrage que je lis de lui.

Ce roman, se déroulant dans un univers parallèle proche du notre mais où les gens changent régulièrement, conte l’histoire de May. Cette jeune fille d’une dizaine d’année atteint d’une étrange maladie semble détenir des pouvoirs sur les différents mondes parallèles. Le roman se déroule d’ailleurs dans plusieurs d’entre eux avec des noms, des lieux et des personnages qui les traversent. Mondes parallèles ou créations de May, la question restent d’ailleurs ouvertes.

Je vais le dire franchement ce roman me laisse une sensation bizarre. Parfois vous lisez un livre, voyez un filme écoutez une musique et vous avez le sentiment de tomber sur quelque chose de hors norme mais après l’avoir lu/vu/écouté vous êtes bien en peine de savoir si cela vous a plus ou pas. La dernière fois que cela m’était arrivé c’était avec le film Valhalla Rising. Et bien cela m’est arrivé à nouveau avec May le Monde.

Jeury y développe un ensemble de mondes parallèles qui se répondent. Il créé même un langage proche du notre mais différent. Le lecteur le comprend, les mots lui semblent familiers mais pourtant c’est un langage qui n’existe pas. C’est brillant, mais franchement c’est aussi déroutant. Je n’aime pas l’admettre mais je crois que je n’ai pas très bien compris le roman. J’ai été entrainé par le texte, par les mots mais je n’ai pas toujours tout compris. C’est déroutant et arrivé à la fin de ma lecture je ne sais pas si ce roman est génial, si c’est moi qui suis trop stupide pour le comprendre ou si en fait il n’y rien à comprendre et si ce roman n’est au final que de la poudre jetée aux yeux du lecteur.

Si ceux qui me lisent ici l’ont lu et compris je veux bien un résumé en commentaire, moi pendant ce temps là je reste pensif.

Chien du Heaume

Chien du Heaume est un premier roman de Fantasy né de la plume de Justine Niogret. Il a été couronné de quelques prix ce qui a attiré mon attention.

Le roman conte l’histoire de Chien du Heaume, une mercenaire dans un moyen âge fantasmé qui recherche son nom. Elle a en effet quitté jeune son village d’origine avec son père maintenant mort et ne connait pas sa véritable identité. Sa quête la mène au castel de Broe et au près du chevalier Sanglier. C’est autours de ce lieu et de ce personnage qui sa quête et sa vie vont tourner.

Le roman à le bon goût d’être court. Violent, direct, à l’écriture néanmoins travaillée, Chien du Heaume se lit d’une traite et c’est un peu sonné qu’on réalise que le roman a touché à sa fin. Pourvu de quelques petits défauts (une histoire qui tourne parfois un peu au tours du pot, par exemple), il n’en reste pas moins un excellent roman que j’ai pris grand plaisir à lire.

Les enfants de Svetambre

J’ai reçu Les enfants de Svetambre dans le cadre d’un partenariat avec le site Blog-O-Book. C’est donc avec une certaine curiosité que je me suis plongé dans ce recueil de nouvelles de Luci Chenu.

Et ma fois je suis un peu emprunté car j’aimerai beaucoup encensé ce recueil reçu à titre gracieux contre une critique sur mon blog. Malheureusement, je dois dire que je n’ai pas accroché au recueil. Objectivement ces différentes nouvelles fantastiques et de science-fiction tournant autour des thématiques de la femme, de l’identité, de l’enfance et de la naissance ne sont pas inintéressantes. Mais, à quelques exceptions près, souvent d’ailleurs des textes en collaboration, je n’ai pas été séduit par les différentes nouvelles.

Pourquoi ? Je me le demande. La présentation est plutôt intéressante : chaque nouvelle s’ouvre ainsi par un petit texte de présentation de l’auteure. Mais globalement le recueil me donne l’impression de ne pas avoir été réfléchi. J’ai le sentiment que l’auteure y a entassé toute sa production de nouvelle sans qu’un vrai tri éditorial aie été fait. Le très bon côtoie ainsi le moyen et le médiocre. Je n’ai pas non plus aimé la poste-face en forme d’hommages à l’auteure qui fleurent bon l’auto congratulation gratuite (même si l’auteure n’était visiblement pas au courant de l’ajout de cette poste-face).

Un recueil donc où à côté de quelques perles (Haine, Rupture et commencement; Le village-aux-chats; Ulates; Trois Sabres; entre autres) se trouve entassé le mauvais et le moins bon. Un fan de Lucie Chenu y trouvera par contre sans doute son compte.

Autoportrait de l’auteur en coureur de fond

Premier livre de Haruki Murakami que je lis et je choisi un essai un peu atypique : Autoportrait de l’auteur en coureur de fond. Il s’agit d’un ouvrage autobiographique de réflexions sur la course à pied.

Il faut savoir qu’Haruki Murakami cours un Marathon à l’année depuis ses trente ans et sa décision de laisser tomber son club de jazz pour se consacrer à l’écriture. Ses réflexions sur la course à pied sont donc celle d’un passionné.

Autoportrait de l’auteur en coureur de fond montre avec intelligence et humour comme la course à pied structure presque autant que l’écriture la vie de l’auteur. C’est aussi un pied de nez, probablement bien involontaire, à ceux qui pense que le sport n’est pas compatible avec le travail intellectuel.

Difficile néanmoins de résumer ce livre. Structurer en réflexions datées et écrites en l’espace d’une année, l’essaie forme à la fois un journal d’un coureur et les réflexions d’un auteur sur les choix de vie, l’écriture, la littérature et, dans une moindre mesure, le monde.

Déroutant mais fort intéressant, je ne peux qu’en conseiller la lecture.

Ceux qui sauront

Ceux qui sauront est un roman « young adult » de Perre Bordage. Il propose une uchronie dans laquelle la révolution française a été un échec qui c’est soldé par la restauration de la monarchie. Depuis le savoir, et donc l’instruction, et la technologie sont réservées uniquement à l’élite du royaume.

Le roman se déroule en 2008 et suit, alternativement d’un chapitre à l’autre, deux adolescents. L’un est un coup noir, un membre du peuple qui suit des cours clandestins et tente du survivre dans une France où le travail se fait rare (on délocalise dans les colonies) et la vie dur; l’autre est la fille du ministre des finances, instruite et protégée des durs réalités, elle doit, à son grand désarrois, prochainement faire un bon mariage pour augmenter le statut familial.

Ces deux ados vont vivre un événement traumatique qui va les réunir, puis les séparer, mais qui va surtout changer leur manière de voir le monde. Ils n’auront alors de cesse de vouloir le changer tout en survivant.

Si la trame général est ultra classique : deux ados, deux mondes : une histoire d’amour (voir mon précédent billet), l’histoire reste fort agréable à lire et propose une vision humaniste, comme souvent avec Bordage, d’un monde totalitaire où le savoir et la technologie sont confisquées par une élite. A ma grande surprise le roman est très sombre et la fin n’a rien d’un « happy end. » Les talents de Bordage font, de plus, merveille pour proposer un roman très intéressant et agréable à lire.