El Asedio

Dernier livre en date de l’écrivain espagnol Pérez-Reverte, El Asedio est un gros roman se déroulant dans la Cadix des année 1811-1812.

C’est dans, et autours, de la ville assiégée par l’armée napoléonienne, et alors que se discute et s’écrit la nouvelle constitution, que Pérez-Reverte déploie un roman chorale qui suit les pas de plusieurs personnages qui se croisent et se côtoient. Il y a ainsi le capitaine français en charge du bombardement de la ville, la patronne d’une maison commerciale, un homme du peuple, un corsaire espagnol, un taxidermiste qui espionne pour la France et un commissaire de police sur les traces d’un tueur en série.

L’intrigue principal du roman tourne autours d’un tueur en série qui élimine de façon particulièrement horrible des jeunes femmes en laissant les corps à proximité d’un impact d’obus. Mais, même si le roman prend parfois des atours de roman noir, El Asedio est avant tous un roman historique qui dépeint le siège d’une ville.

Excellent roman, un lecteur impatient trouvera sans doute que l’intrigue principal traine en longueur et tourne parfois un peu en rond. Il pourra également penser qu’il y a un petit côté surnaturelle de trop aux motifs du meurtrier. Mais malgré ces quelques faiblesses, ce roman est pour moi l’un des meilleurs de l’écrivain espagnol.

El Naranjo

El Naranjo, l’oranger, est un recueil de cinq nouvelles de Carlos Fuentes dans lesquelles un oranger fait à chaque fois une apparition plus ou moins furtive.

Les deux premières nouvelles (Las dos orillas et Los hijos del conquistador) proposent des visons intéressantes des premiers temps de la conquête des Amériques. La première par une narration de la plume de l’interprète de Cortez qui vire à l’utopie, la seconde par un dialogue entre deux fils du même Cortez.

La troisième nouvelle (La dos Numancias) narre la chute de Numance et plus généralement le récit de la conquête romaine (oui oui la Rome antique) de l’Espagne. Les deux dernières nouvelles se déroulent également aux Amériques (une à Acapulco dans les années nonante, l’autre est un récit de la main de Colomb); je ne serais en dire grand chose ne les ayant pas lues.

Première lecture de Carlos Fuentes et sentiment mitigé à la sortie. Je n’ai pas eu le courage de terminé le recueil, lors de ma tentative de lecture des deux dernières nouvelles le recueil m’est un peu tombé des mains. Je dois dire que l’écriture de Fuentes manque de fluidité à mon goût. Ceci étant dit j’ai quand même bien apprécié la lecture des trois premières nouvelles qui proposent un regard assez intéressant sur Cortez pour les deux premières et une continuation plaisante, bien qu’un peu verbeuse, de Salammbô . Une lecture pas mal mais qui ne me donne par envie de revenir à Fuentes dans l’immédiat.

Kalpa Imperial

Kalpa Imperial est un recueil de nouvelles de l’écrivaine argentine Angelica Gorodischer. Il exerce sur moi une fascination étrange depuis ma première lecture il y a de cela une petite décennie.
Je reviens en effet régulièrement à ces récits, comptés à la première personne par un narrateur peu avare de commentaires de digressions. Le ton résolument tourné vers l’oralité donne le sentiment d’écouter un conteur un soir autour du feu. Ce dernier narre différents épisodes de « l’Empire le Plus Vaste Qui N’ait Jamais Existé. » Il déroule l’histoire de villes, d’Empereur et d’Impératrice, du Sud, toujours rebelle, de petites histoires et de grandes Histoires. Tous cela dans un monde qui n’a pas vraiment de chronologie et où l’Empire à exister de tout temps et semble partit pour exister à jamais.
Ces nouvelles me fascinent par la langue et par les visions qu’elles déclenches. J’y reviens régulièrement afin de vérifier si, avec le temps, j’y retrouve le merveilleux de la première lecture; et je le retrouve à chaque fois. Je suis d’ailleurs à chaque fois un peu surpris, tant je me dis qu’il n’est pas possible qu’une telle pépite ne soient pas connue en français où mieux connus en anglais (langue dans laquelle le recueil a été traduit par Ursula K. Le Guin). Ainsi si vous qui me lisez l’avez lu, je serais très curieux de connaitre vos impressions.

Dimension Suisse

Dimension Suisse est un recueil de nouvelles de science-fiction et de fantastique dont les nouvelles ont comme point commun, outre le genre littéraire, d’avoir été écrite par des auteurs suisses romands. A part certaines nouvelles se déroulant en Suisse, cette particularité ne transparait, je trouve, pas spécialement des les différents textes, de bonnes factures, du recueil.

Bien que l’ensemble des textes soient sympathiques, certains m’ont plus marqués que d’autres :

Homéostasie de Laurence Suhner narre ainsi un boulot d’une médium dans un futur où la Terre se meurt.

L’Autre Moi de Lucas Moreno est une histoire de voyage dans le temps dans un monde post-singularité.

Divergence Daniel Alhadeff conte l’histoire d’amour, au début du XXe siècle, entre une médium et un habitant du monde des rêves.

Partir, c’est mourir un peu de Jean-François Thomas est une aventure militaire montrant les risque de la téléportation quantique.

Finalement, le poème en alexandrin de Tom Haas : J’ai croisé des vaisseaux est pour moi le meilleur texte de Dimension Suisse. En quelques lignes bien écrites, Tom Haas retrace les visions des vaisseaux spatiaux dans la science-fiction.

Un recueil bien sympathique, donc, avec une belle petite préface et une postface érudit sur l’histoire de la SF en Suisse romande.

PS :
Certaines nouvelles du recueil peuvent être écoutées sur Utopod :

  • Puni de Thibaut Kaeser (que je n’ai pas lue ni écoutée, depuis que je suis papa certains textes me sont devenus pénibles).
  • Au-dessus de Shibuya de Sébastien Cevey.

PPS :
Le sommaire de Dimension Suisse

Sébastien GOLLUT : Ceux qui marchent
André OUREDNIK : Cette ville qu’ils appellent Sanzu
Sébastien CEVEY : Au-dessus de Shibuya
Thibaut KAESER : Puni
Robin TECON : Les Miens
Laurence SUHNER : Homéostasie
Denis RODITI : Jay, le basset et le gitan
Lucas MORENO : L’Autre Moi
Daniel ALHADEFF : Divergence
François ROUILLER : Remugle en neurocratie
Jean-François THOMAS : Partir, c’est mourir un peu
Yves RENAUD : Parfois mon reflet
Tom HAAS : J’ai croisé des vaisseaux (poème)
Jean-François THOMAS: La science-fiction suisse : alarmes, alertes et dangers ou le charme concret de l’anti-utopie (postface)

Salammbô

Roman de Flaubert, dont étudiant en secondaire j’avais beaucouup aprécié la lecture de Madame Bovary, Salammbô est un roman historique narrant la guerre des mércenaires qui opposa Carthage à ses anciennes troupes suite à la défaite du la première guerre punique.

Bien qu’historique, le roman se permet quelques libertés avec l’histoire, le personnage de Salammbô, fille d’Hamilcar Barca, n’a, par exemple, aucune verité historique. La révolte des mercenaires est narrée du début à la fin du conflit et la narration change régulièrement de point de vue entre les principaux protagonistes carthaginois et mércenaires. L’écriture est déscriptive, « nerveuse » et directe et montre bien la violence de la guerre.

La figue de Salammbô est centrale dans le conflit car elle est à la fois une des motivations, intime et cachée, au conflit et une des solutions de celui-ci. Le conflit lui même semble être prisonier d’une logique égoiste et dépeint plus grands homme de l’histoire sous un jour peu flateur.

Au final, ce roman ne plaira sans doute pas à tous le monde; pour ma part j’ai eu beaucoup de mal a me détacher de ma lecture une fois celle-ci entamée.

Les nombreux mondes de Jane Austen

Second livre de la collection des bibliothèques rouges, après celui sur Harry Potter, que je lis, Les nombreux mondes de Jane Austen confirme mon impression mitigée sur cette collection.

En effet, le principe de cette dernière est de proposer une biographie de personnages frictionnels comme si ceux-ci avaient réellement existé. Les ouvrages étant souvent agrémenter de quelques textes d’analyses, de bibliographies et/ou de nouvelles hommages et fort joliment illustrés. Si l’idée me semble excellente, elle souffre, dans Harry Potter du moins, d’un traitement brouillon qui mélange divers œuvres littéraires proches, et dans celui sur Austen d’un mélange réalité/fiction déroutant.

La plus grande partie des nombreux mondes de Jane Austen est consacrée à une biographie de la vie d’Austen et des ses personnages. Le tout partant de l’idée que la réalité et la fiction appartiennent au même monde. La biographie, du reste bien écrite, en devient ainsi illisble pour celui qui ne connait pas bien, ce qui est mon cas, l’œuvre de la célèbre écrivaine.

Je trouve cela dommage car la chronologie détaillée qui suit prend soin de distinguer la réalité des différentes œuvres de fiction et se révèle, elle, fort intéressante. Une bibliographie complète d’ailleurs la partie original de ce livre.

Une nouvelle traduite de John Kessel, Orgueil et Prométhée, se déroulant après le célèbre roman dont son nom est dérivé, fort sympathique permet de voir la rencontre haute en couleur des Bennet et du Dr Frankenstein.

Au final une déception bien grande pour un ouvrage, et une collection, qui semblaient si alléchants,

Janua Vera


Les lecteurs de ce blog vont sans doute se dire que je radotte à écrire une chronique d’un ouvrage que j’ai déjà lu. Mais voila, depuis sa première édition, maintenant épuisée, Janua Vera a connu deux éditions différentes.

Une première, parue en poche chez Folio, reprend le contenu de la première édition en y ajoutant l’excellente nouvelle Un amour dévorant au recueil. L’histoire pourrait s’arreter là, mais voila que les Moutons Électriques publie, dans un format un peu plus grand, une nouvelle mouture du recueil.

Ce dernier reprend l’intégralité des nouvelles parues en poche et y ajoute la nouvelle Montefellòne parue dans le recueil Rois et Capitaines, ainsi qu’une préface indéit, des appendices sur le monde (dont une chronologie, une charte, un rapport sur la guilde des chuchoteurs et deux contes, dont un est disponible sous un autre nom sur le site des moutons élécrtiques) et surtout une nouvelle inédite forte agréable à lire.

Ceci étant dit je suis un fan inconditionelle de Jaworski et il a suffit que je note la présence d’une nouvelle inédite pour que je me jéte sur cette nouvelle édition. Un primo-lecteur préferera sans doute cette édition à l’édition de poche, un lecteur ayant déjà une des autres éditions et qui n’est pas fortement attiré par la prose de Jaworski peut sans doute faire l’économie de cette édition.

The Magician’s Apprentice

Quelque part dans un bureau d’éditeur à succès le téléphone sonne ….

– Allo Bob à l’appareil !
– Salut Bob c’est Trudi !
– Trudi quel bon vent, comment ça va chez les kangourous ?
– Bien, je t’appelle au sujet de mon prochain roman, je pensais faire une petite prequelle à ma trilogie des magiciens. Un truc sympa sur la naissance de la guilde de magie et la guerre qui a eu lieu juste avant.
– Bonne idée, bonne idée. Je vois déjà l’objet. Un beau roman de près de 800 pages. Un peu comme pour le premier on suivrait une jeune apprentie magicienne issue du peuple, avec un maitre tolérant et un co-apprenti qui ne l’aime pas mais dont elle tombe finalement amoureuse, pour la romance !
– Euh…. tu sais c’est pas vraiment ce que je pens..
– tu tu tu, crois moi mon expérience je sais ce qui plait au foule, et puis avec ton écriture claire et limpide cela se lira très bien. En y pensant je pense qu’on peut même ajouter une multiplication des points de vue. Comme cela, on aura un truc un peu différent du premier. On pourrait ainsi passer de l’apprentie à son maitre, du co-apprenti à un esclave servant l’ennemi et puis au milieux du roman : pouf ! on ajoute une  jeune demoiselle métissée qui doit faire face à la culture un peu rude, machiste et esclavagiste de son père. Je vois cela très bien.
– Bon si tu es sur de toi…. je vais m’y mettre
– Parfait, et puis on pourrait aussi penser à une nouvelle trilogie faisant suite à la première au passage, histoire que le gogo, je veux dire le lecteur il passe à la caisse encore une fois…

Vous l’aurez compris, cette préquelle est très classique dans sa structure et dans son histoire. Elle reprend même une bonne partie du schéma de la première trilogie. Alors amoureux de la nouveauté et du surprenant passez votre chemin.

Par contre, c’est bien écrit et fort agréable. Donc malgré son côté très classique j’ai passé un excellent moment et je me taperais sans aucun doute la prochaine trilogie annoncée.

Un Lun Dun

Roman pour ados et jeunes adultes, Un Lun Dun est une plaisante lecture écrite par China Miéville. Dans la tradition d’Alice au pays des merveilles, du Magicien d’Oz, et comme Neil Gaiman ou Clive Barker, Miéville construit un monde fantastique où le merveilleux et l’insolite sont choses courantes.

Lorsque Zanna et son amie Deeba pas de Londres à Lombres (comme Un Lun Dun a été traduit en français), elle découvre une ville proche et différente. C’est dans cette dernière que viennent s’échouer les choses oubliées chez nous. Mais leur passage dans cette autre ville les change : les parapluies cassés sont vivants et obéissent à leur seigneurs, les bus volent, les fantômes hantes certain quartiers, les girafes sont dangereuses, etc.

Rapidement Zanna et son amie découvre que la ville de Lombres est menacée par le Smog, la polution qui ici est consciente et menace la ville. Mais une prophétie annone depuis toujours que Zanna sauvera la ville. Mais lorsque la prophétie est prise en défaut tout est chamboulé et c’est Deeba qui va devoir se lancer dans une course folle pour sauver la ville.

Ce roman, absurde par de nombreux côté et qui me fait fortement penser à Abarat, est bien mené et agréable à lire; il se permet même de jouer sur les clichés de la quête prophétique. Maintenant, ce n’est pas le meilleur livre de Miéville qu’il m’a été donné de lire et les points commun avec d’autres œuvre du genre sont plus importantes que les différences. Un bon roman bien écrit et agréable, mais qui, pour moi, a un petit air de déjà lu.

Pump Six

Je dois à Gromovar du blog d’en face de m’avoir fait découvrir ce recueil de nouvelles d’anticipation. Je ne parcourais pas ici l’intégralité des différentes nouvelles, car c’est déjà fait dans le blog d’en face (notez néanmoins que moins chanceux que Gromovar, je n’ai pas eu l’édition limitée où se trouve la nouvelle Small offerings).

Ce recueil est une excellente surprise. Paolo Bacgalupi décrit plusieurs futurs possibles de notre planète et de l’humanité. Ce ne sont pas des futurs roses bonbons décrits ici, mais des futurs où l’humanité fait face à ses démons d’aujourd’hui : changements écologiques radicales, confiscation de l’agriculture par les multinationales, évolution drastique de l’espèce humaine grâce à la génétique, dérives des médias et du star système, développement de l’informatique et de la technologie. J’ajouterai que Bagigalupi fait se dérouler la plupart de ces nouvelles en Asie, mettant bien en évidence le déplacement du centre de gravité du monde qui se dessine aujourd’hui.

Je ne peux que conseiller la lecture de sa magnifique recueil qui, je l’admet, est parfois bien sombre.