Le dragon Griaule

Second recueil de Lucius Shepard que je lis, Le dragon Griaule m’apparait comme une « révélation » et, l’ouvrage terminé, une question : comment ais-je pu passer tant d’année en ignorant l’existence de cet auteur ?
Le Dragon Griaule est un recueil de six nouvelles/novelas (milieux des années 80 pour les plus anciennes aujourd’hui pour la plus récente) situées dans le même monde et tournant toute autour du puissant dragon Griaule. Celui-ci est, depuis des millénaires, paralysé, mais vivant, dans une vallée d’un monde médiévale qui pourrait être le notre. Son esprit encore puissant manipule les gens qui vivent dans les bourgs de la vallée afin d’accomplir ses mystérieux, et tortueux desseins.
Difficile de raconter les trames des six nouvelles. Présentée de manière chronologique d’écriture, elle peigne une fresque impressionnante de maitrise qui révèlent la vie, et la mort, de Griaule. Il y est question d’un artiste peignant le Griaule afin de l’empoisonner, de la découverte de l’écosystème particulier de l’intérieur du dragon, d’un procès pour meurtre « inspiré » par Griaule, de la manière dont un dragon pétrifié peut se reproduire, de la mort de Griaule, de sa résurrection dans un monde sans dragon au XXIe siècle.
L’imaginaire déployé par Shepard et le ton utilisé me font pense au recueil Des nouvelles du Tibbar de Thimotée Rey, mais avec un imaginaire plus canalisé, une écriture plus « concentrée » et une tonalité sombre plus marquée.
Un recueil dont la lecture est pour moi indispensable !

Wild Cards 2

Parus en 1987 et second tome de la série Wild Cards, après Wild Cards 1, Aces High se présente toujours sous la forme d’un ensemble de nouvelles, écrites par plusieurs auteurs, qui forment une histoire commune de notre monde changé par la libération d’un virus à la fin de la seconde guerre mondiale ayant peuplé le monde de personnes avec pouvoirs (les Aces) et de personnes déformées (les Jokers).
Les différentes nouvelles composant ce second volume reprennent la plupart des personnages principaux déjà présent dans le premier volume. Une histoire cohérente se dessine rapidement tournant autours du culte de Tiamat (qui apparait dans le premier volume également). Sans résumés tous les tours et les détours des différentes nouvelles, les trames principales sont dirigées vers différentes menaces venues de l’espace : une créature organique gigantesque venu de l’espace voulant détruire la race humaines pour s’emparer de la Terre, la venue d’un vaisseau takesian (les créateurs du virus Wild Card) sur Terre, et des observateurs d’un conglomérat mercantile englobant de nombreux monde.
Si de manière générale, les nouvelles prises individuellement sont moins intéressantes que celle du premier volume, la trame qui émerge des différentes histoires (bien que prenant parfois de trop nombreuses circonvolutions) est intéressante. Écouté en version audio, et ayant le même narrateur que le tome 1, j’attends le tome 3 avec curiosité.

Sous des cieux étrangers

C’est la première fois que je lis Lucius Shepard. Pour découvrir cet auteur j’ai choisi ce recueil de cinq novellas qui ne m’a pas déçu. Les cinq textes sont tous différents mais j’ai néanmoins sentit une « patte » un peu crépusculaire, une volonté de s’attacher à des individus dans ces novellas.
« Bernacle Bill le Spatial » plonge le lecteur dans la vie d’une station spatiale située dans les franges du système solaire et qui envoie des vaisseaux dans l’espace profond dans le but de trouver une planète habitable. La Terre en effet est sur sa fin, les catastrophes écologiques l’ont menée au bord du gouffre. C’est dans cette station qu’un simple d’esprit (Bill le Spatial du titre) va être essentiel dans la survie de la station et, qui sait, de la race humaine.
« Dead monney » est une histoire de poker, d’expérience scientifique, de vaudou, de petites frappes de la Nouvelle Orléan. C’est une histoire très sympa qui mélange avec bonheur ses différents ingrédients.
« Radieuse Étoile verte » est la novella qui, pour moi, est la plus faible du recueil. Dans un Vietnam futuriste, un adolescent travaillant dans un cirque itinérant prépare sa vengeance contre son riche père. La novella est bien écrite, agréable à lire et bien menée, mais j’ai eu du mal à croire/rentrer dans l’histoire.
« Limbo » est une histoire fantastique qui voit un tueur de la mafia « repenti », et en fuite depuis plusieurs années, s’arrêter dans un petit village proche d’un lac dans un coin perdu des USA. Là il y rencontrera une étrange femme et s’approchera peut-être un peu trop des mystères de l’au-delà et d’une étrange maison. L’ambiance distillée et la manière de développer l’histoire sont vraiment bons.
« Des étoiles entrevues dans la pierre » narre l’histoire d’un producteur de musique dans une petite ville américaine. Il sera témoin d’étrange événement qui augmentent la créativité des habitants de la ville. Une très bonne novella fantastique; ma préférée avec « Bernacle Bill le Spatial » et « Limbo ».
Au final donc un excellent recueil qui m’a donné envie d’en lire d’avantage du même auteur.

La nouvelle »Bernacle Bill le Spatial » entre dans le cadre du challenge fin du monde

Mémoria

Se déroulant dans le futur, alors que l’humanité a essaimé dans les étoiles grâce à de mystérieuses portes (les portes de Vangk) connectant de manière instantanée des milliers de systèmes solaire, Mémoria narre la fin de carrière d’un assassin au service des multimondiales.
Il n’a pas de nom, grâce à un artefact Vangk il peut changer de corps, il a plus de mille ans et il est un des meilleurs. Le roman de Laurent Genefort est divisé en trois parties : une première narre un assassinat « de routine » qui montre un tueur efficace, aux souvenirs parcellaires (notamment ses origines) et que des réminiscences mémorielles terrassent de plus en plus souvent pendant quelques heures. La seconde partie le voit se diriger vers une planète ayant un système de caste très poussé afin d’y commettre un autre assassinat. C’est un moment de questionnement pour le tueur qui sent la fin de sa vie proche. La troisième partie est une forme de rédemption; se sachant proche de la fin, le tueur décide de mettre fin au règne d’un tyran rappelant fortement Hitler. Il espère ainsi trouver une forme de rédemption avant d’affronter sa terreur la plus grande.
Une nouvelle racontant un assassinat ainsi qu’un lexique sont proposés « en bonus » dans l’édition Folio SF. La nouvelle est très sympa et agréable à lire.
J’ai lu Mémoria dans le cadre d’une lecture commune du forum Casus No, bien m’en a pris c’est un roman agréable qui se lit bien. L’univers proposé par Genefort est intriguant et je pense que j’y reviendrai sans doute dans quelque temps. Mon seul bémol concerne les origines du personnage principal que j’ai deviné dès le premier quart du roman…

Petites Morts

Présentant plusieurs histoires, dont certaines déjà parues auparavant, du Don Juan à la mémoire défaillante nommé Jaël de Kherdan (dont les histoires ont déjà été contée dans les romans Mémoire vagabonde et La voie du cygne) officiant dans le même monde que celui du roman Le royaume blessé.
Petites morts propose cinq nouvelles, liée par des interludes. Les trois premières sont des histoires de cœurs et de sexes qui voient, dans la première, Jaël venir en aide à deux jeunes filles oppressées par les carcans familiaux, dans la seconde Jaël assiste à une mystérieuse fête pleine de débauche et de mystère, et dans la troisième il est victime d’un naufrage qui éparpillera encore un peu sa mémoire fragmentaire.
Les deux dernières nouvelles brouillent les pistes car elles nous font passer du monde de Jaël au « monde réel » dans lequel tous cela n’est que drogue virtuel et MMORPG immersif. L’histoire devient alors autre et s’attarde sur un homme, pris dans les filets d’un complot trop grand pour lui, à la recherche de sa mémoire perdue. Les vies de Jaël trouvent ainsi des échos dans le réel.
Petites morts est bien écrit et j’ai pris plaisir à sa lecture. Les thèmes de la mémoire, de la magie et du mystère planent tous le long des récits. Mais je ressort troublé de ma lecture; j’ai en effet l’impression de ne pas avoir saisi toutes les clefs pour bien le comprendre. J’ai l’impression frustrante de ne pas les avoir vues; à moins qu’elles n’existent tous simplement pas. Cleer m’avait déjà laissé cette impression là, Kloetzer auréole peut-être trop ses histoires de mystère et de sens caché (en tous cas pour moi) à mon goût…

Nuit Tatouée

Nuit tatouée, premier tome de la série la peau des rêves, est un roman pour ados/jeunes adultes de Charlotte Bousquet, auteur dont c’est le premier roman que je lis.
Situé dans un futur indistinct mais après qu’une catastrophe ait détruit notre civilisation et permis l’apparition de mutants et d’hommes-animaux (les chimères), Nuit tatouée raconte l’histoire de Cléo. Cléo est une adolescente de 17 ans vivant avec son clan dans les ruines de ce qui était autrefois Paris. Adoptée, elle gère au quotidien les dangers de Paris (chimères, cannibales, et ceux-d’en-dessous de dangereuses créatures vivants dans les sous-sols), sa relation d’amitié un peu compliquée avec sa soeur cadette (la fille naturelle de son père adoptif dont Cléo est la préférée) et son histoire de cœur quasi contrainte avec un autre ado de la tribu. Mais voila Cléo fait de plus en plus de cauchemars, remet en cause la nécessité d’éliminer à vue les chimères et, lorsqu’elle rencontre une chimère ayant exactement le même tatouage qu’elle, décide de découvrir la vérité sur son passé.
Cette histoire est en fait une « histoire dans l’histoire ». En effet, elle racontée par une conteuse gitanes tatouées (les tatouages apparaissent spontanément lorsqu’une histoire qu’on lui raconte est digne de mémoire) retenue prisonnière dans un camp de chimères.
Charlotte Bousquet utilise de nombreuses références littéraires (dont les milles et une nuits semble être la base de construction de son (ses) récit(s)) : Cléo lit ainsi de nombreuses pièces « d’avant » dont elle utilise des citations pour comprendre sa propre histoire (Cyrano, Othelo par exemple).
Nuit tatouée, bien que destiné a un public bien plus jeune que moi, est un roman qui se lit facilement mais qui a une profondeur (d’écriture et d’intertextualité) bien plus riche que ce que sa trame général laisserait penser. L’histoire n’étant pas finie, je suis curieux de lire le second tome.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde

Apocalyptic SF

The Mammoth Book of Apocalyptic SF est, comme son titre l’indique clairement, un recueil de nouvelles apocalyptiques classées en trois catégories : la nature de la catastrophe, au delà d’Armageddon et la fin de toutes choses (la plus courte).
Au menu de cette anthologies de nombreuses fin du monde, beaucoup très « classiques » d’autres plus étranges et imaginatives. Comme souvent dans ce genre d’anthologie il y a du bon et du très très moyen. Étant un peu dans une phase « peu envie de lire », je me demande si cet état n’a pas influé sur ma perception du recueil que j’ai trouvé dans l’ensemble vraiment moyen (voir par moment chiant). Ou peut-être est-ce du à mes difficultés grandissantes de lire des anthologies thématiques, ou simplement à la qualité du recueil, je ne parlerai donc que des nouvelles qui pour moi sortent du lot.
« When Sydadmins Ruled the Earth » de Cory Doctorow me au prise des administrateurs systèmes enfermés dans une ferme de serveur sécurisé alors qu’un agent aérien élimine l’humanité. S’en suit un huit clos assez intéressant et drôle où le reste de l’humanité tente de se reconstruire en suivant des règles… disons d’administrateurs systèmes….
« The rain at the end of the world » de Dale Bailey est une histoire classique de fin du monde au travers d’une pluie torrentiel. L’histoire en soit n’a rien d’extraordinaire mais j’ai trouvé son traitement juste et efficace.
« Sleepover » de Alastair Reynolds propose une apocalypse assez étrange à base d’IA, de niveau supérieur d’énergie et de réalité et de guerre cachée. Le tout sous forme d’une humanité majoritairement en sommeil artificiel afin de sauvegarder les capacités de calcule de notre bout de réalité…
« The Books » de Kage Baker lance des enfants, vivant au sein d’une troupe de cirque itinérante après la fin de notre civilisation, dans une bibliothèque abandonnée; sympathique.
« Pallbearer » de Robert Reed raconte la vie d’un paria dans une communauté ultra-religieuse après que la majeur partie de l’humanité ait été victime d’un vaccin mal conçu. Une histoire bien menée sur le thème de l’intégrisme religieux, du communautarisme et du terrorisme biologique.
« The Man who walked home » de James Tiptree Jr. présente l’histoire du monde après qu’une expérience de voyage dans le temps ait mal fonctionné. Elle montre notamment le devenir du voyageur temporel et de l’épicentre de la catastrophe au cours des siècles.
« And the deep blue sea » d’Elizabeth Bear s’attache aux roues d’une coursière en moto dans un monde ravagé. Si l’histoire se déroule dans un désert du Névada ravagé, il s’agit surtout d’une variation sur la rencontre du diable à un carrefour.
« World without end » de F. Gwynplaine MacIntyre est le journal de la seule humaine immortel (suite à une expérience de nanotechnologie) qui traverse le temps sur une terre vite dépeuplée.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde version 2012.

WWZ

World War Z an oral history of the zombie war est une collection d’entretiens avec des survivants, anonyme ou connus, ayant survécu à la guerre contre les zombies que se déclarera dans quelques années. L’ouvrage est une sorte d’appendice à un rapport officiel réalisé par l’auteur sur le sujet.
Organisé de manière chronologique, les témoignages permettent de connaitre, en creux, le déroulement de cette guerre qui a bien faillit mettre l’humanité et la civilisation à genoux. Les différents témoignages sont intéressants car ils mettent en évidence les stratégies des gouvernements pour lutter/résister contre l’épidémie, mais également la manière dont les citoyens ordinaires ont réagis à la menace. C’est donc un panorama des réactions humaines qui est ainsi dévoilé.
J’ai « lu » ce livre au travers d’un roman audio. Le côté passionnant c’est que plusieurs acteurs font les différents voix des témoins. Cela procure une sensation d’immersion très bonne. Le défaut, réalisé qu’une fois l’écoute commencée, c’est que l’unique version audio disponible est une version abrégée…. Je n’ai donc pas pris connaissance de l’intégralité du livre écrit. Même si cela ne se sentait pas à l’écoute, je suis quand même déçu de ne pas avoir eu « l’expérience » dans son intégralité.
Lu dans le cadre du challenge fin du monde version 2012.

59 seconds: think a little, change a lot

Dans la lignée du Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, 59 seconds: think a little, change a lot est un ouvrage proposant plusieurs petits trucs pour améliorer sa vie quotidienne en se basant sur de nombreuses études universitaires de sociologues, psychologues et autres chercheurs.
L’ouvrage propose également de tordre le coup à de nombreuses propositions courantes des gourous de « l’amélioration de la vie quotidienne ». 59 seconds aborde ainsi des questions touchant le bonheur, la vie de couple, l’éducation des enfants, le succès, l’alimentation et le sport, etc.
Chaque partie propose une discussion de plusieurs études et quelques petits trucs facilement réalisable dont des études ont prouvé, ou en tous cas montré, les effets.
La lecture de ce livre est très sympathique, la question, comme souvent pour moi lorsque je lis ce genre d’ouvrage, de savoir si je vais changer mes habitudes afin de mettre en pratique les conseils proposés est par contre ouverte….

Une autre chronique par Cédric Ferrand.

Wild Card 1

Paru dans les années 80, et re-publié dans une version augmentée en 2010, Wild Card 1 est un recueil de nouvelles, dirigé par George R.R. Martin, qui a posé les bases d’un univers de super-héros ayant connu des suites sous-formes de romans/nouvelles, de comics et de jeux de rôle.
L’univers de Wild Card est le notre, sauf qu’en 1945, alors que la seconde guerre mondiale vient de se terminer, un virus d’origine extraterrestre est libéré, par ce que nous appellerions aujourd’hui des terroristes, au dessus de New York. Ce virus, rapidement baptisé « Wild Card » est très résistent et ses effets sont multiples : bénins chez la plupart des gens, une petite fraction de la population se retrouve horriblement déformée des suites du virus (les Jokers) et une partie encore plus faible se trouve doté de super-pouvoirs (les As). Le monde se retrouve ainsi modifié, mas pas trop, par l’apparition de « super-humains ».
Le premier volume de la série propose des nouvelles retraçant l’arrivée du virus sur Terre, les premiers sur-humains et l’histoire des États-Unis jusqu’au début des années 80. L’histoire du monde est peu modifié par l’arrivée du virus, seul change les enjeux de nombreux événements historiques : guerre froide, chasse au sorcières aux États-Unis (qui touche les communistes mais également les As), les années 60-70 avec les mouvements citoyens pour les droits des Jokers, puis la starification des As. La présence sur Terre d’un extraterrestre (à apparence humaine) télépathe, le Dr. Tachyon, est certes un événement également important mais qui ne modifie pas plus la donne.
L’ensemble des nouvelles s’intéressent à des individus touchés par le virus (dans la majorité des cas des As) et les personnages principaux de plusieurs nouvelles ré-apparaissent comme personnages secondaires dans les nouvelles suivantes. Le recueil m’a bien plus et l’univers créé évite, ce que je craignais, la surenchère héroïque en proposant des histoires où les protagonistes ne sont pas « en collants » en permanence et occupés à lutter contre des menaces globales. Le narrateur (car j’ai « lu » Wild Card 1 en livra audio) est très agréable à écouté et donne un relief agréable aux histoires.
Bref ! J’ai beaucoup aimé et je vais sans aucun doute lire/écouter prochainement le tome 2.