Les griffes du Grogneur & Gros-Œuf et Petit-Œuf

Pour ceux qui hésiteraient à se lancer dans le roman policier-pré-historique de Timothée Rey Les Souffles ne laissent pas de traces, les éditions des moutons électriques proposent en téléchargement libre deux nouvelles qui, ensemble, rendent bien l’ambiance des romans.
La première, « Gros-Œuf et Petit-Œuf », est un conte mythologique, du type de ceux du roman, qui narre l’histoire de deux Œufs, au début du monde, qui deviendront la lune et le soleil. Le conte est bien écrit avec une bonne dose d’humour.
Le second, « Les griffes du Grogneur », est une enquête de N’a-Qu’un-Œil se déroulant lors d’un rassemblement entre son clan et un autre pour une cérémonie religieuse. Les deux protagonistes de la cérémonie sont retrouvés mort à l’issue de celle-ci alors qu’ils se trouvaient dans une grotte sacrée. N’a-Qu’un-Œil doit enquêter et décider s’il s’agit d’une intervention des esprits où d’un meurtres.
J’ai bien apprécié ces deux textes, comme j’avais apprécié le roman, je pense qu’ils font une bonne lecture pour qui veut se faire une idée du roman ou pour celui qui veut retourner dans cet univers prés-historico-humoristique.
Les deux nouvelles peuvent être téléchargées sur le site des Moutons électriques.

Les Souffles ne laissent pas de traces

Les Souffles ne laissent pas de traces est un polar se déroulant à l’ère aurignacienne, il y a de cela 32’500 ans. Il s’agit d’une enquête du chamane par les plantes Collembole N’a-Qu’un-Œil qui se déroule lors d’un grand rassemblement des tribus, un jamboree, au cours duquel des hommes et des femmes disparaissent sans laisser de traces, emportés par les Souffles, les divinités des vents.
Ne croyant guère à l’explication mystique, Collembole N’a-Qu’un-Œil va mener l’enquête et, grâce à sa ténacité et son sens de la déduction, mettre un jour une conspiration impliquant des sociétés secrètes et des événements s’étant dérouler loin du lieu du jamboree il y a une grosse dizaine d’années.
Entre chaque chapitre de l’enquête,  Timothée Rey a intercalé un chapitre présentant des légendes « de l’époque » et/ou d’expressions et blagues typiques. Ces chapitres non centraux pour l’intrigue, sont néanmoins un vrai régal à lire.
Difficile d’en dire plus sans déflorer complétement l’histoire. Mais Les Souffles ne laissent pas de traces est un roman à l’écriture truculente et aux rebondissement fort sympathique. Basé sur une reconstruction libre et relativement crédible de l’époque, le roman est truffé de jeux de mots et de clin d’œil qui ne parleront qu’aux lecteurs contemporains. Pour ma part, une très bonne lecture; le roman étant sous titré « tome 1 », j’espère pouvoir lire un autre enquête de Collembole N’a-Qu’un-Œil prochainement.

La Providence du reclus

Timothée Rey propose dans ce recueil trois nouvelles d’horreur et de fantastique se déroulant en Savoie. Le recueil est de très bonne qualité et les nouvelles m’ont beaucoup plus.

La première, « la providence du reclus » est un hommage à Lovecraft. Elle raconte l’enquête d’un homme, aujourd’hui, pour comprendre si, comme le soutenait son grand-père, Lovecraft était vraiment venu quelques jours à Annecy au début du siècle passé. Sa quête le mènera dans un petit appartement de la ville où un gastéropode attend son heure. Une réussite.

« Naseaux fumants » propose une histoire se déroulant dans la montagne et mettant au prise un jeune garçon avec une mystérieuse bête. La nouvelle est compacte et simple, mais fonctionne très bien.
Finalement, « Trente-six, dix-neuf » propulse un jeune anthropologue directement dans le sujet de sa thèse, les mythes savoyards. Ses recherches dans un village, lui montreront que si les superstitions n’ont pas disparus au XXIe siècle, le fantastique non plus.

Je ne peux que conseiller ce recueil publié par ActuSF, qui a de plus le bon goût de le proposer en format électronique sans DRM et a un prix plus qu’abordable !

Dans la forêt des astres

Second recueil de nouvelles de Timothée Rey, après Des nouvelles du Tibbar, Dans la forêt des astres est orienté SF là où le précédent était de la Fantasy. L’écriture truculente de l’auteur ainsi que son imagination débordante et foisonnante sont par contre toujours au rendez-vous.
Difficile d’ailleurs de donner un résumé des nouvelles de ce recueil tant elles sont différentes les unes des autres, le quatrième de couverture résume, en donnant un aperçu des sujets de certaines nouvelles, d’ailleurs assez bien le recueil :

« Et si…
… une épidémie de flemme aiguë frappait l’équipage d’un astronef ?
… on conduisait un train à vapeur d’univers en univers ?
… une civilisation néo-aztèque cherchait à sauver son soleil ?
… l’Académie Française n’existait que pour nourrir un extraterrestre ?
… un clan de marmottes hébergeait un super-héros ?
… chacun de vos péchés (véniels ou non) était taxé ?
… un colon martien poursuivait l’oiseau de feu ? » (source)

La liste pourrait d’ailleurs continuer pour égrener les sujets des vingt-et-une nouvelles proposées. Certaines sont d’ailleurs clairement inspiré de légendes / mythes de notre bonne vielle terre.
Ceci étant dit, Dans la forêt des astres m’aura moins marqué que Des nouvelles du Tibbar. Pourquoi ? Si je tente de réfléchir à cela je vois principalement trois raisons :
La première est liée à mes goûts personnels : j’ai toujours eu une nette préférence pour la Fantasy, ce recueil étant plus de la science fiction (mais attention pas de la « hard ») qu’autre chose, c’est donc normal qu’il me plaise moins sur ce point.
Mais de manière plus argumentée, il manque je trouve à ce recueil une unité. En effet, là ou « Tibbar » voyaient ses nouvelles se déroulé dans un même lieu imaginaire, le Tibbar oriental, les nouvelles de Dans la forêt des astres se déroule dans des lieux et des univers différents. De plus, les nouvelles de « Tibbar » avait également une unité thématique : elle était inspirée de films. Cette unité thématique est moins présente dans le présent recueil.
Au final, il reste donc un ensemble de nouvelle sans liens directement apparents entre elles. Elles sont de bonnes qualités pour la plupart (à titre personnelle j’ai préféré la seconde moitié du recueil) mais ne touche pas au sublime par rapport au premier recueil. Une semi-déception, donc, pour moi.

Des nouvelles du Tibbar

Des nouvelles du Tibbar est un recueil de nouvelles fraichement paru chez les Moutons électriques. Les douze nouvelles du recueil ont comme point commun de se dérouler, à divers époque, au Tibbar (occidental pour être précis). Un monde étrange, sorte de mélange entre un royaume de féerie, un royaume de Fantasytm et un monde à l’histoire aussi riche et variée que le notre. Les différentes nouvelles se passe à différentes époques du Tibbar et il arrive souvent que la bassemagie ou la hautemagie fassent office de technologie. Les différentes histoires s’attachent d’avantage à narrer des anecdotes, des bouts de vie que l’histoire avec un grand H.
Ce recueil m’a beaucoup surpris. En effet, l’écriture poétique de Rey dépeint un univers dépaysant en abusant du nom farfelu que le lecteur ne peut comprendre. Si ce genre de chose a tendance à m’agacer chez la plupart des écrivains qui en usent et abusent, ici étrangement la sauce a bien pris pour moi. Rapidement j’ai pu me laisser porter par ces noms exotiques et par un trajet mouvementé de bus, les déboires d’esprits sylvains, le malheurs de gastronomes voulant manger du dragon, d’un sort de haute magie auto-répliquant (une maladie quoi !), etc.
Vous l’aurez compris, malgré ses bizarreries des nouvelles du Tibbar m’a conquis et arrivé à la fin de ma lecture, je n’ai qu’un mot : encore !