L’O10ssée

La collection Folio SF, qui a pris la suite de la défunte collection Présence du Futur, fête en octobre prochain ces dix ans. Pour marquer le coup, les éditions Gallimard offre, depuis la mi-septembre et pour deux Folio SF acheté, un recueil de nouvelle intitulé L’o10sée Folios SF en 10 nouvelles. Il aurait pu ajouter et 6 regards car six écrivains de littérature général parlent en quelques pages d’une œuvre de SF qui les ont marqués.

Folio SF a bien fait les choses, les dix nouvelles, dont six inédites en France (et pour les auteurs français inédites tous cours) sont de très bonne facture. Mary Gentle propose une uchronie futuriste où les chevaliers du Temple existent encore et dominent l’échiquier militaire mondiale; Jaworski une histoire norse à la poursuite du barde Taliesin; Dick donne une réécriture du mythe de Noë; Maïa Mazaurette une nouvelle sur le starsystem, la jeunesse éternelle et les vampires; Christopher Priest une nouvelle sur la mort et l’amour; Thomas Day présente la vie d’un homme hanté par les tigres; Robert Silveberg décrit un présent où des extraterrestres s’emparent sans crier gare des corps humains; Ray Bradbury parle de littérature et de voyage dans le temps; Stéphane Beauverger de politique, de manipulation et du futur; enfin Robert Charles Wilson propose un futur au delà de la fin de l’univers.

A part peut-être pour la nouvelle de Bradbury que j’ai trouvé quelconque, les autres nouvelles du recueil sont au minimum bonnes. A titre personnelle j’ai adoré celle de Jaworski, de Dick, de Day (pour moi la meilleure du recueil) et de Wilson. Je ne peux donc que vous conseiller de faire un tour chez votre libraire (amis Suisses et Belges il faut visiblement prendre son mal en patience), l’achat de deux Folio SF (le catalogue est vaste cela ne devrait pas être bien dur de trouver votre bonheur) et à vous ce petit bijou.

Pour le sommaire complet, il y a Noosfere !

Le Serpent d’angoisse

Le Serpent d’angoisse est ce que les Anglo-Saxons appelle une novella (c’est-à-dire un court roman). Écrite en 1987 elle narre la fin des USA et se déroule dans le passé de la série des Futurs Mystères de Paris. La fin des USA se double d’un combat de la psychosphère, le « plan » de l’esprit récemment découvert et utilisé par des télépathes à des fins commerciales et où l’inconscient collectif prend forme.

Le Serpent d’angoisse est fortement marquée par l’époque qui a vu son écriture : les années quatre-vingt. On y retrouve la peur d’un conflit nucléaire, la fin des mouvements hippie, les drogues psychotiques, la discrimination raciale, les ghettos, etc. Agréable à lire et bien écrit, elle intéressera avant tous les curieux et les fans des Futurs Mystères de Paris qui auront plaisir à voir la psychosphère dans son état « d’avant ». Les autres pourront sans doute passé leur chemin.

May le Monde

Second ouvrage que j’ai reçu en partenariat avec Blog-O-Book, May le Monde est le plus récent roman d’une figure importante de la SF française : Michel Jeury. De son propre aveux, dans la préface, c’est aussi sa dernière incursion dans la SF. Il se trouve que, incidemment, c’est le premier ouvrage que je lis de lui.

Ce roman, se déroulant dans un univers parallèle proche du notre mais où les gens changent régulièrement, conte l’histoire de May. Cette jeune fille d’une dizaine d’année atteint d’une étrange maladie semble détenir des pouvoirs sur les différents mondes parallèles. Le roman se déroule d’ailleurs dans plusieurs d’entre eux avec des noms, des lieux et des personnages qui les traversent. Mondes parallèles ou créations de May, la question restent d’ailleurs ouvertes.

Je vais le dire franchement ce roman me laisse une sensation bizarre. Parfois vous lisez un livre, voyez un filme écoutez une musique et vous avez le sentiment de tomber sur quelque chose de hors norme mais après l’avoir lu/vu/écouté vous êtes bien en peine de savoir si cela vous a plus ou pas. La dernière fois que cela m’était arrivé c’était avec le film Valhalla Rising. Et bien cela m’est arrivé à nouveau avec May le Monde.

Jeury y développe un ensemble de mondes parallèles qui se répondent. Il créé même un langage proche du notre mais différent. Le lecteur le comprend, les mots lui semblent familiers mais pourtant c’est un langage qui n’existe pas. C’est brillant, mais franchement c’est aussi déroutant. Je n’aime pas l’admettre mais je crois que je n’ai pas très bien compris le roman. J’ai été entrainé par le texte, par les mots mais je n’ai pas toujours tout compris. C’est déroutant et arrivé à la fin de ma lecture je ne sais pas si ce roman est génial, si c’est moi qui suis trop stupide pour le comprendre ou si en fait il n’y rien à comprendre et si ce roman n’est au final que de la poudre jetée aux yeux du lecteur.

Si ceux qui me lisent ici l’ont lu et compris je veux bien un résumé en commentaire, moi pendant ce temps là je reste pensif.

Chien du Heaume

Chien du Heaume est un premier roman de Fantasy né de la plume de Justine Niogret. Il a été couronné de quelques prix ce qui a attiré mon attention.

Le roman conte l’histoire de Chien du Heaume, une mercenaire dans un moyen âge fantasmé qui recherche son nom. Elle a en effet quitté jeune son village d’origine avec son père maintenant mort et ne connait pas sa véritable identité. Sa quête la mène au castel de Broe et au près du chevalier Sanglier. C’est autours de ce lieu et de ce personnage qui sa quête et sa vie vont tourner.

Le roman à le bon goût d’être court. Violent, direct, à l’écriture néanmoins travaillée, Chien du Heaume se lit d’une traite et c’est un peu sonné qu’on réalise que le roman a touché à sa fin. Pourvu de quelques petits défauts (une histoire qui tourne parfois un peu au tours du pot, par exemple), il n’en reste pas moins un excellent roman que j’ai pris grand plaisir à lire.

Les enfants de Svetambre

J’ai reçu Les enfants de Svetambre dans le cadre d’un partenariat avec le site Blog-O-Book. C’est donc avec une certaine curiosité que je me suis plongé dans ce recueil de nouvelles de Luci Chenu.

Et ma fois je suis un peu emprunté car j’aimerai beaucoup encensé ce recueil reçu à titre gracieux contre une critique sur mon blog. Malheureusement, je dois dire que je n’ai pas accroché au recueil. Objectivement ces différentes nouvelles fantastiques et de science-fiction tournant autour des thématiques de la femme, de l’identité, de l’enfance et de la naissance ne sont pas inintéressantes. Mais, à quelques exceptions près, souvent d’ailleurs des textes en collaboration, je n’ai pas été séduit par les différentes nouvelles.

Pourquoi ? Je me le demande. La présentation est plutôt intéressante : chaque nouvelle s’ouvre ainsi par un petit texte de présentation de l’auteure. Mais globalement le recueil me donne l’impression de ne pas avoir été réfléchi. J’ai le sentiment que l’auteure y a entassé toute sa production de nouvelle sans qu’un vrai tri éditorial aie été fait. Le très bon côtoie ainsi le moyen et le médiocre. Je n’ai pas non plus aimé la poste-face en forme d’hommages à l’auteure qui fleurent bon l’auto congratulation gratuite (même si l’auteure n’était visiblement pas au courant de l’ajout de cette poste-face).

Un recueil donc où à côté de quelques perles (Haine, Rupture et commencement; Le village-aux-chats; Ulates; Trois Sabres; entre autres) se trouve entassé le mauvais et le moins bon. Un fan de Lucie Chenu y trouvera par contre sans doute son compte.

Ceux qui sauront

Ceux qui sauront est un roman « young adult » de Perre Bordage. Il propose une uchronie dans laquelle la révolution française a été un échec qui c’est soldé par la restauration de la monarchie. Depuis le savoir, et donc l’instruction, et la technologie sont réservées uniquement à l’élite du royaume.

Le roman se déroule en 2008 et suit, alternativement d’un chapitre à l’autre, deux adolescents. L’un est un coup noir, un membre du peuple qui suit des cours clandestins et tente du survivre dans une France où le travail se fait rare (on délocalise dans les colonies) et la vie dur; l’autre est la fille du ministre des finances, instruite et protégée des durs réalités, elle doit, à son grand désarrois, prochainement faire un bon mariage pour augmenter le statut familial.

Ces deux ados vont vivre un événement traumatique qui va les réunir, puis les séparer, mais qui va surtout changer leur manière de voir le monde. Ils n’auront alors de cesse de vouloir le changer tout en survivant.

Si la trame général est ultra classique : deux ados, deux mondes : une histoire d’amour (voir mon précédent billet), l’histoire reste fort agréable à lire et propose une vision humaniste, comme souvent avec Bordage, d’un monde totalitaire où le savoir et la technologie sont confisquées par une élite. A ma grande surprise le roman est très sombre et la fin n’a rien d’un « happy end. » Les talents de Bordage font, de plus, merveille pour proposer un roman très intéressant et agréable à lire.

Ship Breaker

Troisième ouvrage de Paolo Bagigalupi, dont j’ai déjà critiqué le recueil de nouvelles Pump Six, Ship Breaker est un roman destiné avant tous à des ados et jeunes adultes.

Il conte donc une histoire relativement classique d’un ado travaillant dans le démantèlement de vieux navires. Un travail dangereux et très mal payé. Peu après avoir échappé à la mort, il découvre un bateau dernier cris échoué sur les rochers. Alors qu’il croit à son jour de chance, il doit y avoir des richesses à récupérer sur un si joli navire, il découvrir une survivante de son âge. Pour cette fille venu quasiment d’un autre monde, il va lutter pour qu’elle survive et sortir de sa condition.

Se déroulant en Floride/Louisiane, Ship Breaker n’est pas intéressant pour son histoire somme tout assez classique ni son écriture maitrisée, mais pour le monde qu’il dépeint : un futur où l’humanité a ravagé écologiquement la Terre, où notre époque est appelé « l’age de l’accélération », où les matières premières sont rares, où la grande majorité de l’humanité survit pendant que quelques uns ont de quoi vivre dans le grand luxe et la technologie, où des ouragans « tueurs de cité » sont choses courantes, où la génétique à créer de nouveaux esclave. Une anticipation intéressante basée sur notre mode de vie actuel. Elle a de plus le bon goût de ne pas être jetée au visage du lecteur, mais plutôt d’être présente en arrière fond, toujours mais subtilement.

Cygnis

La claque ! Presque rien à ajouter; je l’avoue j’ai surtout lu Cyngis car j’ai rencontré il y a peu son auteur (ami d’amis) et me suis dit qu’un premier roman de SF, recevant de bonnes critiques méritait bien que je m’y penche. Bien m’en a pris car Cyngis est un excellant roman.

Difficile d’en parler sans déflorer ses mystères qui se dévoilent à la fin du roman en l’éclairant d’une lumière nouvelle. Le monde : un monde post-apocalyptique où les survivants d’une humanité qui c’est autodétruite survit dans les étendus sauvages parmi les ruines de l’ancien monde sources de peurs, de richesses (les artefacts encore fonctionnels du temps d’avant) et de dangers (les robots encore fonctionnels du temps d’avant. Le pitch : Syn un trappeur qui « chasse » les robots pour récupérer du matériel à revendre va être pris bien malgré lui dans les filets d’une guerre entre la communauté de la ville de Méandre et les populations troglodytes. Tous cela pendant que son histoire familiale le rattrape et que l’amour le trouve.

Le tout est écrit dans un style très agréable à lire et au fort pouvoir d’évocation. Les thématiques abordées sont classiques mais fort bien mis en scène. Une lecture plus que conseillée donc qui me fait attendre avec impatience le prochain roman de Vincent Gessler.

The short second life of Bree Tanner

The short second life of Bree Tanner est un court récit (une novela en anglais) se déroulant dans l’univers de Twilight, durant le troisième roman pour être exacte. Et oui, j’ai poussé le masochisme jusqu’au point de lire l’intégralité de la saga et ses « produits dérivés. »

Et si l’histoire de Bree Tanner, jeune fille de quinze ans transformée en vampire par Victoria (la méchante vampire pas gentille et revancharde) pour servir de chaire à canon dans sa vendetta contre les Cullens est toute aussi mièvre, gentille et chaste que le reste de la saga, cette novela est somme toute bien sympathique. Sans fioritures et écrit d’une manière claire et directe, elle se lit vite et propose une sympathique plongée dans l’univers des jeunes vampires qui découvrent leur condition dans des circonstances presque normales.

Au final, ce n’est pas le texte qu’il faut avoir lu, mais un texte rapide et sympa qui eus aussi digeste que le premier tome de la saga (qui n’est pas si mal quoiqu’en dise les mauvaises langues).

Des nouvelles du Tibbar

Des nouvelles du Tibbar est un recueil de nouvelles fraichement paru chez les Moutons électriques. Les douze nouvelles du recueil ont comme point commun de se dérouler, à divers époque, au Tibbar (occidental pour être précis). Un monde étrange, sorte de mélange entre un royaume de féerie, un royaume de Fantasytm et un monde à l’histoire aussi riche et variée que le notre. Les différentes nouvelles se passe à différentes époques du Tibbar et il arrive souvent que la bassemagie ou la hautemagie fassent office de technologie. Les différentes histoires s’attachent d’avantage à narrer des anecdotes, des bouts de vie que l’histoire avec un grand H.
Ce recueil m’a beaucoup surpris. En effet, l’écriture poétique de Rey dépeint un univers dépaysant en abusant du nom farfelu que le lecteur ne peut comprendre. Si ce genre de chose a tendance à m’agacer chez la plupart des écrivains qui en usent et abusent, ici étrangement la sauce a bien pris pour moi. Rapidement j’ai pu me laisser porter par ces noms exotiques et par un trajet mouvementé de bus, les déboires d’esprits sylvains, le malheurs de gastronomes voulant manger du dragon, d’un sort de haute magie auto-répliquant (une maladie quoi !), etc.
Vous l’aurez compris, malgré ses bizarreries des nouvelles du Tibbar m’a conquis et arrivé à la fin de ma lecture, je n’ai qu’un mot : encore !