Golden Age de Fabrice Colin

Retour de Fabrice Colin au domaine de l’Imaginaire, Golden Age réunit plusieurs thèmes qui sont déjà apparus souvent dans l’œuvre de l’auteur : la féérie, la campagne anglaise, le début du XXe siècle, l’uchronie, les auteurs….

Golden Age se déroule en juillet 1914 dans un manoir du comté de Dorset dans le sud-ouest de l’Angleterre alors que des rumeurs de guerre se répandent. Une jeune femme se fait passer pour une journaliste afin d’approcher un célèbre écrivain (elle est en fait la maitresse de son fils). Au manoir elle découvre dans la tiédeur de l’été, la réunion d’un groupe d’écrivains sur le déclin qui cherchent à faire revenir leur muse et l’inspiration.

Roman uchronique (le monde de 1914 ressemble au notre mais plusieurs petits détails sont différents), Golden Age est avant tout une promenade champêtre légèrement onirique où se révèle peu à peu les secrets de familles et d’amitiés, le tout avec en arrière plein les rumeurs de guerre et le départ des féees.

Ce roman ne plaira clairement pas à tout le monde tant son intrigue semble parfois décousu, parfois se perdre dans des méandres et au final laisse plusieurs questions sans réponses. Mais l’écriture est belle et j’ai pris plaisir à me laisser bercer et mener au fil des mots.

49 jours

Dernier livre jeunesse en date du prolifique Fabrice Colin, La dernière guerre : tome 1 : 49 jours est un roman qu’il est difficile de chroniquer sans en dévoiler non seulement l’intrigue mais également les secrets. Il s’agit en effet d’un roman où le protagoniste, Floryan un jeune d’une quinzaine d’année, va de surprise en surprise emmenant le lecteur à sa suite.

Je commencerai donc par donner mon avis, puis je le détaillerai dans un billet qui  révèle beaucoup (si ce n’est tout) et que je déconseille fortement de lire pour celui qui voudrait profiter du roman. Je n’ai donc pas spécialement aimé 49 jours. Il est certes bien écrit, facile à lire (les chapitres sont nombreux mais courts) et tient en haleine (je l’ai lu quasiment d’une traite), mais hélas ses intrigues sont assez faibles. J’ai également l’impression d’avoir été trompé par la marchandise : le quatrième de couverture me proposait un roman sur l’au delà (Floryan meurt dans un attentat et se retrouve dans l’après vie où un ange lui propose la félicité éternel ou le saut dans un vortex pour une destination inconnue, lui laissant 49 jours pour ce décider). Je m’attendais donc à des intrigues entre enfert et paradis avec les hommes au milieu; je me suis malheureusement retrouvé avec un roman autre et des intrigues bien différentes….
Ni lisez pas la suite si vous ne voulez pas savoir !
Si le début du roman semblait tenir ces promesses, avec la découverte, comme il se devait, d’une communauté ayant choisi une troisième voies, la suite me laissa un peu perplexe. La communauté, qui cachait des secrets, se consacrait avant tous à l’exploration des brumes du vortex qui permette de se projeter dans le temps (avec plusieurs interdits que notre héros franchira allégrement).
Après avoir découvert que la communauté cachait de nombreuses choses, Floryan se projette dans le futur proche de la terre (plus loin ce n’est pas possible) et découvre un monde apocalyptique où l’humanité ne peut plus faire d’enfant. Il tombe amoureux. S’incarne plus ou moins dans ce monde, avant de devoir le quitter. Tous cela est entrecoupé de scène se déroulant « dans le royaume des morts » où Floryan découvre que les anges sont des extraterrestres qui cherchent à vider les hommes de leurs « âmes », extraterrestres responsables du cataclysme sur Terre pour augmenter la quantité d’humains arrivant sur la planète (il faut mourir dans un profond sentiment de révolte pour arriver là). Floryan plonge alors dans le nexus qui lui permet de se réincarner sur Terre dans un bébé en 2012 et donc, de là, tenter de rejoindre sa bien aimé en étant plus ou moins synchrone sur son âge à elle. Fin du roman (ou plutôt du premier tome).
Outre le fait que je ne comprend pas pourquoi Floryan ne tente pas de se réincarner à une époque où il pourrait déjouer les plans des « anges » (l’amour sans doute) et sauver l’humanité, je trouve tous l’intrigue un peu, comment dire, brouillonne. Je lirais surement la suite par curiosité (et parce que le roman se lit vite), mais cela me laisse quand même un peu froid.

Elric : Les buveurs d’âme

Elric : les buveurs d’âme est un roman inédit de la saga d’Elric le nécromancien. Basée sur une nouvelle de Moorcock, mais étendue par Fabrice Colin, le roman est un inédit paru, pour le moment du moins, uniquement en français. L’histoire qui y est relatée se déroule peu après qu’Elric ait vu le Livre des Dieux Morts se désagrégé dans ces mains. Il fait alors le serment de ne plus utiliser stormbringer et l’enferme dans un fourreau spécialement conçu.
Avec son compagnon de route Tristelune, Elric se rend dans une puissante et lointaine cité où l’influence de Melniboné a été quasi inexistante. De là, ils cherchent à rejoindre une cité perdue dans la jungle afin de récupérer une fleure qui ne fleurit qu’une fois par siècle et qui serait susceptible de guérir l’albinos. Évidement rien n’est simple et deux autres trames narratives viennent se greffer à celle d’Elric : celle de deux princesses ,et d’un guerrier melnibonéen cousin d’Elric, qui cherche leur père disparu dans cette même cité, et celle d’un groupe de Melnibonéens cherchant à capturer Elric pour se venger de la chute de l’Empire.
Le récit est agréable à lire et propose un Elric faible et tiraillé par ses remords. Une touche de mythologie centre-américaine vient, de plus, construire une ambiance bien sympathique. Si ce n’est pas un récit indispensable de la sage d’Elric, il n’en reste pas moins qu’Elric : les buveurs d’âme a bien sa place dans le grand cycle créé par Moorcock. Une réussite en somme. 

Bal de givre à New York

Pour son dernier roman « jeune adulte », Bal de givre à New York, Fabrice Colin s’attaque à la Bit Lit. Mais nul vampires ici, c’est à une balade au accent de rêve, dans un New York gothique, presque steampunk par moment, que nous propose ce roman.

Anna Claramond est une ado de dix-sept ans; après avoir été renversé par la limousine de Wynter, le bel héritier d’une des plus riches familles de New York, Anna vit sa vie un peu comme dans un rêve. Elle se rappelle au fur et à mesure de son histoire : ses parents son partis et son père, le célèbre architecte qui a rempli New York de passerelles et constructions qui semblent sorties d’un monde steampunk, lui a légué une fortune confortable. Anna vit dans une grande maison de style gothique avec un majordome manchot et télépathe.

Suite à son accident, Wynter la courtise et l’invite au Bal de givre donné par sa famille chaque année. Tombée amoureuse, Wynter cherche à l’entrainer dans son univers de blancheur éclatante (sa famille s’habille toujours en blanc). Mais, le Masque, un mystérieux criminel, sème des extraits de sonnets de Shakespeare sur les murs de la ville et semble porter un intérêt certain à Anna.

Roman onirique, fait de faux semblant et de symbole, Bal de givre à New York contient tout les ingrédients du genre : une jeune fille fragile, amoureuse, qui doit choisir entre deux opposés, qui n’a pas toute les cartes en main pour comprendre ce qui se passe, du mystère… Mais en même temps l’histoire n’est pas ce qu’elle semble être, et Colin lui donne un twist final qui, bien que prévisible (personnellement à un quart du roman j’ai commencé à me poser des questions, et à la fin du premier tiers j’avais deviné le twist), est assez joliment trouvé. Maintenant, la lecture du roman m’a quand même laissé mitigé, un petit arrière gout de construction intellectuel, d’onirisme savamment construit, de vide enrobé de quelques idées fortes et de maitrise de l’écriture.

La vie extraordinaire des gens ordinaires

Débuter la lecture d’un livre de Fabrice Colin est toujours pour moi une expérience risquée. En effet, tous les ouvrages de cet auteur que j’ai pu lire peuvent être classés sur une ligne allant du médiocre à l’excellent en passant par le bof. Heureusement pour moi, La vie extraordinaire des gens ordinaires se situe dans le haut du panier !

Il s’agit de vingt et un récits, liés entre eux par leur narrateur, qui raconte la vie ordinaire de gens extraordinaires. De la famille d’un plongeur dans le coma qui rêve de la cité d’Atlantis, à un cuisinier qui tient un restaurant très particulier sur le toit du monde, en passant par une femme qui a « marché » sur la Lune, ses récits sont très sympathique avec juste ce qu’il faut de fantastique pour enchanter le monde.

Une très bonne surprise que je ne peux que conseiller.