Slade House

Court roman se déroulant dans le même univers que The Bone Clocks, Slade House se présente sous la forme de cinq récits, écrit à la première personne, et espacés chacun de neuf ans (le premier en 1979 et le dernier en 2015) se déroulant au tours de la propriété de Slade House.
Cette maison de Londres à la particularité d’être habité par un frère et une sœur qui pour maintenir leur immortalité doivent sacrifier une victime chaque neuf ans. Les différents récits composant le roman narre le destin de chacune des victimes au moment de leur « prise de contact » avec Slade House.
Slade House est un roman bien écrit à mi chemin entre le fantastique et l’horreur (bien que ce dernier point soit surtout pour les personnages du roman et pas vraiment pour le lecteur). Il propose une histoire intéressante qui complète agréablement, et avec des enjeux moins grands, The Bone Clocks. L’écriture à la première personne permet de plus au livre audio (le format dans lequel j’ai lu le roman) d’être vraiment très immersif. Comme tous les romans de David Mitchel de nombreux clin d’œil sont fait à ces autres livres.
Bref Slade House est à conseillé à ceux qui veulent découvrir David Mitchel en douceur (le roman n’est pas gros, les enjeux relativement simple mais la richesse des personnages est propre à Mitchel) où à ceux qui ont apprécié The Bone Clocks et en veulent encore un peu plus.

The Bone Clocks

Conseillé par Gromovar, la lecture de The Bone Clocks m’a laissé un sentiment mitigé.
Côté pile, il y a un roman dense, très bien écrit et qui m’a tenu en haleine de la première à la dernière page. Le lecteur y découvre, en toile de fond, une guerre entre deux sociétés secrètes d’immortels possédant des pouvoirs psychiques qui s’affrontent. Cette guerre n’apparait que de manière détournée dans le roman et il faut atteindre assez longtemps après le début de la lecture pour en avoir les tenants et aboutissant.
Ce que le roman raconte également c’est la vie de Holly Sykes, personnage qui est à un rôle, à son insu, très important dans la guerre, mais qui est également présent durant tous le roman. C’est aussi, à l’image de Cloud Atlas du même auteur, un roman qui présente, au fil de ses six parties, la vie de plusieurs personnages durant la fin du XXe siècle et le début du XXIe : Une jeune Holly Sykes qui fugue en 1984, un mois de vie d’Hugo Lambs riche étudiant britannique et sociopathe en 1992, le récit de d’un journaliste de guerre, maris de Holly, tous juste revenu d’Irak en 2004, plusieurs années de vie du romancier Crispin Hershey entre 2015 et 2020, la lutte entre les deux sociétés secrètes vu par un de ses membres en 2025, puis finalement quelques jours dans la vie d’Holly Sykes dans un monde quasi post-apocalyptique en 2043. Chaque fragment de vie ainsi donné au lecteur est très intéressant à lire et éclaire à la fois le conflit fantastique et la vie de Holly Sykes.
Côté face, The Bone Clocks est un roman, je trouve, qui semble hésiter entre plusieurs intrigues sans jamais vraiment se décider : une intrigue fantastique, la présentation d’instantané de vie de plusieurs personnages, le récit de la vie de Holly Sykes. C’est un choix qui n’est pas dénué d’intérêt, mais je trouve qu’il donne au roman l’impression désagréable d’être « le cul entre deux chaises ».
Finalement, il y a la fin du roman qui présente un monde sur le déclin où les errements de l’humanité ont conduit à l’effondrement de sa Civilisation. Même si cette fin n’est pas dénué d’intérêt, je dois dire que je la trouve inutilement pessimiste.
Au final donc, un roman intéressant qui m’aura marqué mais dont la construction ne m’a pas entièrement convaincue.

Cloud Atlas

Cloud Atlas est un roman de David Mitchel construit comme un sextet musical : six histoires sont ainsi proposées sous une structure A_B_C_D_E_F_E_D_C_B_A. Les différentes histoires, qui vont en progressant dans le temps et qui sont coupées lors d’un mini cliffhanger, sont liées par une marque de naissance que partagent les personnages principaux et par la présence de l’histoire précédente sous une forme ou une autre (un manuscrit, des lettres, un enregistrement, etc.) dans l’histoire suivante.
Chaque histoire émule un style littéraire et un type d’histoire. Peut-être est-ce du au fait que j’ai lu ce roman sous forme audio, mais ces styles et types ne m’ont pas frappé autant que Gromovar. La version audio anglaise a, par contre, bon goût de proposer un lecteur différent pour chaque histoire, donnant ainsi un ton distinct à chaque une.
Les six histoires proposées sont :
  • un journal de voyage dans le Pacifique au XIXe pour « Journal de la traversée du Pacifique d’Adam Ewing »,
  • une série de lettre d’un jeune compositeur tentant de vivre, dans les années 30, au crochet d’un compositeur célèbre en Belgique pour  « Lettres de Zedelghem »,
  • un thriller dans les années 70, mettant en scène une jeune journaliste cherchant à prouver des mensonges de la part d’un consortium nucléaire aux États-Unis pour « Demi-vies, la première enquête de Luisa Rey »,
  • les aventures d’un vielle éditeur à Londres qui se retrouve enfermé contre son grès dans un home pour personnes âgées dans « L’épouvantable calvaire de Timothy Cavendish »,
  • le témoignage d’un clone esclave ayant gagnés sa liberté dans une Corée futuriste et dystopiste dans « L’oraison de Somni~451 »,
  • et, finalement, le récit oral d’un hawaïen dans un futur post-apocalyptique qui ont vue les civilisations du monde s’effondrer dans « La croisée d’Sloosha pis tout s’qu’a suivi ».
J’ai passé un bon moment à écouter ces récits qui sont fort sympathique. J’ai néanmoins quelques réserves sur le roman pris dans son ensemble. J’ai en effet trouvé le lien unissant les différents récits un peu ténu et j’aurais apprécier plus d’audace ou de virtuosité de la part de l’auteur affin de tisser ces dernier entre eux. En l’état j’ai plus l’impression d’avoir lu six récits contenant des allusions sous formes de clin d’œil au précédent que d’un vrai roman structuré.
Au final donc une impression en demi-teinte : un bon moment, un roman intéressant et bien écrit mais qui manque d’un vrai liant pour devenir inoubliable.