Divergences 001

Divergence 001 est une anthologie de nouvelle appartenant au genre de l’uchronie parue dans une collection pour adolescent. Néanmoins, les nouvelles pourraient plaire à un public plus adulte.

C’est avec une grande curiosité que j’ai entamé la lecture de cette anthologie (des noms tels que Fabrice Colin ou Michel Pagel apparaissant au sommaire) et c’est avec un avis mitigés que je l’ai refermé.

Passons rapidement sur l’introduction de bonne facture et la postface plus préoccupée de voyages temporels que d’uchronies, pour nous attardé sur les nouvelles. Dans l’ensemble elles sont plutôt moyennes, bien écrites mais pas toujours intéressantes et fleuretant parfois avec le fantastique.

Mes préférées sont « le serpent qui changea le monde » de Fabrice Colin, une uchronie médiévale ou l’Afrique est le continent dominant suite à la mort d’Auguste et la survie de Cléopatre; « Le petit coup d’épée de Maurevert » de Michel Pagel (la meilleure nouvelle de l’anthologie selon moi) ou suite à la mort d’Henri de Bourbon la France est divisée entre catholiques au sud et protestants au nord; « De la part de Staline » de Roland C. Wagner qui suit trois adolescents dans un monde ou le rideau de fer coupe la France en deux, et « Une histoire très britannique » de Paul J. McAuley qui réécrit l’histoire de la conquête spatiale en mettant les Britanniques au centre de celle-ci, on obtient une nouvelle déjantée qui convoque de grands noms de la science-fiction pour leur donner des rôles bien différents que celui d’écrivains.

Les autres nouvelles sont de facture moyenne, à noter que les deux plus mauvaises du recueil sont les deux premières, le lecteur avisé passera outre ou se fera violence pour continuer sa lecture.

De l’inégalité parmi les sociétés

De l’inégalité parmi les sociétés est un volumineux essai du géographe/biologiste américain Jared Diamond tentant de répondre à une question simple (mais dont la réponse est d’une complexité infinie) : pourquoi est-ce les Européens qui ont conquit le monde ? ou, formulé autrement, est-ce que la prédominance occidentale au niveau historique est un hasard de l’histoire ou a-t-elle une origine plus précise ?

Pour répondre à cette question Jared Diamond fait appelle à des éléments que l’on peut qualifier sans peine de déterministes. Il retrace ainsi la prédominance occidentale (càd européenne) à la bio-géographie de l’Eurasie. Il constate en effet que ce gigantesque continent était le mieux à même de permettre l’émergence de sociétés complexes ayant pu se doter, grâce aux surplus alimentaires de l’agriculture et de l’élevage, d’une technologie avancée (écriture, armes, mode de transport, etc.), d’une organisation politique efficace et de germes puissants (et des résistances immunitaires qui vont avec) capables d’exterminer des populations entières.

L’argumentaire de Diamond, grossièrement résumé ci-dessous, est exposé en détail et en prenant soins de justifier ses arguments. Il discute, par exemple, la naissance de l’écriture, la domestication des grands mammifères, les débuts de l’agriculture, la diffusion des idées et inventions etc. et convoque de nombreuses sciences, telles que la géographie, l’anthropologie et la biologie, dans son argumentaire. Il conclut son ouvrage par une réponse nuancée qui est également un plaidoyer pour l’histoire et qui ne fait pas l’impasse sur les problèmes méthodologique soulevé par son approche.

Au final, De l’inégalité parmi les sociétés est un ouvrage exigeant et complet qui propose une réflexion profonde et argumentée sur les déterminants et les tendances lourdes de l’histoire humaine. Un ouvrage donc passionnant mais réservé à un public qui n’est pas rebuté par les longues et minutieuses démonstrations.

La saveur des savoirs

Jean-Pierre Astolfi, avec son livre La saveur des savoirs, propose une réflexion de fond sur les pratiques enseignantes afin de « professionnaliser » d’avantage la profession et redonner la véritable « saveur » des savoirs à la fois aux enseignants mais également aux élèves.

Pour ce faire, il préconise l’utilisation des réflexions les plus récentes en pédagogique et sciences de l’éducation afin afin de redonner sens à l’enseignement, le constructivisme fait partie de ce qu’il faudrait faire. Mais au delà de ce constat, Astolfi construit sa réflexion autours du vocabulaire et des pratiques courantes dans l’enseignement (français). Chaque chapitre de La saveur des savoirs est ainsi consacrée à un aspect de sa réflexion.

Le premier chapitre est ainsi consacré à rappeler l’importance des constructions conceptuelles de chaque discipline dans la formation d’une vision du réel particulière. Astolfi rappelle que la nuance entre un mot du langage courant et son utilisation en tant que concept est fondamentale dans la compréhension d’une discipline. Il milite donc pour l’enseignement des particularité disciplinaire afin de proposer un large éventail de vision du réel aux élèves. Le second chapitre est une déconstruction/reconstruction des principaux concepts de l’enseignement souvent utilisé à tord et à travers. Le but est de doter les enseignant de concepts forts et partagés qui permettent une meilleurs professionnalisation de l’enseignement.

Les deux chapitres suivant sont une discussion du constructivisme dans l’enseignement aujourd’hui et de la manière dont ce dernier permet de redonner de « la saveur aux savoirs » et de replacer le processus d’enseignement dans le temps long. Les trois concepts de « champ-conceptuels », « d’objectifs-obstacles » et de « problèmes et problématisation » sont centraux pour réaliser cet objectifs.

L’ouvrage se conclut par plusieurs chapitres traitant de divers autres aspects de l’enseignement et qui sont des reprises de textes de conférences. Astolfi aborde ainsi l’apprentissage comme spécificité de l’espèce humaine, les liens entre oral et écrit, le savoir de l’information comme discipline, les contrats pédagogiques, sociaux et didactiques, et l’enseignement aux adultes illettrés.

La lecture de La saveur des savoirs me laisse une impression mitigée. D’un côté j’ai trouvé la réflexion brillante et enrichissante, particulièrement celle sur les spécificités disciplinaires et sur la déconstruction/reconstruction des concepts de l’enseignement. A ce titre j’ai l’impression d’être maintenant mieux outillés pour penser ma pratique de l’enseignement. Mais d’un autre côté, cet ouvrage souffre de deux défauts. Le premier, plus marginale, et la faiblesse de ses derniers chapitres , repris de divers conférences, qui me semble un peu parachuté et sans grandes unités de réflexion avec le début de l’ouvrage. Le deuxième, plus important, et qui, j’ai l’impression, est souvent présent dans les réflexions sur le (socio-)constructivisme que j’ai pu côtoyer, est l’absence de propositions pratiques et concrètes pour réaliser les objectifs ambitieux proposés. En effet, il est demandé aux enseignants de redonner la véritable « saveur » de ce qu’ils enseignent, de favoriser l’apprentissage et l’intériorisation des contenus disciplinaires par les élèves, le tout en stimulant leur intérêt (indispensable au point précédant) et en évitant les leçons dites frontales car ces dernières favorisent la passivité des élèves; mais nulles conseils ne sont donnés aux enseignants sur la manière concrète d’atteindre ses objectifs.

Un réflexion enrichissante donc qui me laisse somme tout bien seul au moment de concevoir et exécuter des séquences d’enseignement en classe qui devraient sortir des anciens schémas d’enseignement par trop scolaire.

Storytelling

Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits est un essai brillant sur la manière dont la fabrication d’histoire et les techniques de narration ont envahi le champ de la communication.

Salmon montre et démonte les mécanismes qui font qu’aujourd’hui, et ce depuis les années 90, l’important est de fabriquer des histoires auxquelles le public (l’électeur, le consommateur, etc.) puissent s’identifier et croire. Les conteurs ont ainsi envahi le monde de la communication et ce qui importe ce n’est pas la vérité ou les faits mais la force de l’histoire (re)créée pour l’occasion.

L’essai s’intéresse ainsi aussi bien à l’évolution des marques commerciales, à la communication d’entreprise (le management), à la politique (surtout américaine et un peu française), au journalisme (Fox News), à la propagande politique, et à l’armée. Au travers d’analyses de cas concrets (Enron, Nike, l’élection de Bush fils, les deux guerres en Irak, etc.), Salmon illustre son analyse théorique de façon passionnante.

Un essai en fin de compte qui changera radicalement ma manière de percevoir le monde de la communication contemporain. Mon seul regret au final est que, sortit en 2007, il n’y aie d’analyse de l’élection d’Obama.

Psychologie de l’éducation

Lecture quasi obligatoire de mes études actuels, Psychologie de l’éducation est synthèse présentant les différents courants psychologiques ayant abordé les problèmes de l’éducation (dans le sens d’éducation scolaire).

L’ouvrage aborde ainsi à la fois les courants les plus anciens, tel que l’empirisme et la rationalisme, en passant par les courants humanistes, le behaviorisme, le constructivisme et le cognitivisme. Chaque courant est longuement abordé et discuté.

De manière général, cet ouvrage est complet et bien fait. Au niveau de son contenu j’ai trouvé le dernier tier du livre, celui traitant du constructivisme et du cognitivsme, beaucoup plus intéressant et stimulant que le reste. Il ne n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un ouvrage spécialisé qui n’intéressera de loins pas tous le monde.

El materialismo histérico

Ce recueil des courtes nouvelles (maximum 6 pages) de d’écrivain mexicain Xavier Velasco représente un concentré d’humour noir et de cynisme qui épingle le matérialisme effréné de nos sociétés capitalistes.

Ainsi passe dans ces cours textes une personne déprimée qui fait le bisounourse dans les supermarchés, un esprit mort qui cherche revanche, des hommes amoureux qui perdent/gagnent de l’argent suite à cela, une chaine postale vicieuse, un vendeur de rue (et il est insistant il revient cinq fois dans le recueil), des bandits, etc.

Toute les narrateurs des différentes nouvelles s’adresse directement au lecteur et font preuve d’un cynisme poussé. Alors même si ce recueil est plaisant à lire et que quelques nouvelles sont vraiment géniales, il ne me laissera pas un souvenir impérissable. Et je ne le conseillerai qu’au lecteur avide de critique mordante, et parfois confinant à l’absurde, de la logique capitaliste.

Voyage aux pays du coton

Lorsque je me suis procuré Voyage aux pays du coton : petit précis de mondialisation d’Erik Orsenna je m’attendais à un ouvrage qui fasse le tour du monde des questions posées par l’utilisation, le commerce et la culture du coton. C’est donc avec une certaine surprise, que j’ai découvert que si Orsenna propose bien un tour du monde du coton (Mali, USA, Brésil, Égypte, Ouzbékistan, Chine et France) c’est tous d’abord un tour du monde de la culture de coton et un tour du monde proche des gens.

Le livre tient en effet plus du récit de voyage et la compilation de nombreuses anecdotes glanées aux près des gens « proche » du coton (agriculteurs, transporteurs, ouvriers, etc.) que de l’enquête journalistique / scientifique truffée de chiffres et de références. La mondialisation abordée ainsi ici est une mondialisation à visage humain. Orsenna s’applique ainsi à révéler l’impacte de cette dernière sur les individus au près des quels il s’est rendu.

La lecture de Voyage aux pays du coton me laisse donc un sentiment partagé. Le livre est admirablement bien écrit et le lecteur se laisse porter par une prose parfaitement maitrisée. J’aurais quand même souhaiter trouver une réflexion plus académique. Mais au final l’ouvrage vaut quand même le temps investit dans sa lecture : la conclusion offre d’ailleurs une réflexion d’ordre éthique et philosophique sur le système actuel qui est très stimulante. Les différents points de vu montre également la vacuité d’un discours simple sur la mondialisation, tant ces effets sur les individus sont multiples et ambigüe. Une lecture humaniste donc qui invite à la réflexion.

How to survive a robot uprising

How to survive a robot uprising, sous titré tips on defending yourself against the coming rebellion, semble sonné un peu comme un gag : un livre, parsemé d’illustrations criardes, qui propose des trucs et des conseils afin de pouvoir se défendre contre une révolte de robots.

Et pourtant, l’auteur de ce guide de survie est un doctorant en robotique et les conseils et explications qu’il donne sont basées sur les connaissances actuelles en robotique. L’écriture humoristique, multipliant les clins d’œil au divers films du genre, permet ainsi découvrir de façon ludique les technologies robotiques actuelles. L’ouvrage discute ainsi des divers formes que peuvent prendre les robots, de leurs manières de percevoir et d’interagir avec le monde, mais aussi des limitations inhérentes à leurs modes de fonctionnement.

Au final la seule vraie critique je ferais à ce petit guide ludique, c’est la présence d’illustrations un peu kitsh qui, si elles plairont sans doute à beaucoup, ne sont pas à mon gout.

Chroniques du monde émergé : livre I

« Nihal est une jeune fille très étrange : oreilles pointues, cheveux bleus, yeux violets tout la distingue des autres habitants du Monde émergé. Fille d’un célèbre armurier, elle passe son temps à jouer à la guerre avec une bande de garçons. Mais la nuit, des voix plaintives et des images de mort hantent l’esprit de Nihal. Et lorsque le terrible Tyran envahit La Terre du Vent, elle comprend que ses cauchemars sont devenus réalité. L’heure du véritable combat a sonné. Nihal doit devenir une vraie guerrière et défendre la paix, à tout prix. Ses seuls alliés : Sennar, le jeune magicien, et une infaillible épée de cristal noir. »

Le livre premier des Chroniques du monde émergé est le début d’une saga de fantasy italienne récemment traduite chez Pocket Jeunesse et dont j’ai reçu un exemplaire offert afin d’en réaliser une critique. Le quatrième de couverture de ce roman, reproduit ci-dessus, donne une assez bonne idée de livre de fantasy somme toute très classique : on retrouve une carte du monde en ouverture, une héroïne jeune (le roman couvre sa vie de 13 à 18 ans), orpheline, dont les origines semble mystérieuse, qui se destine à la guerre, le tout dans un monde peuplé majoritairement d’humains et d’autres races fantastiques et qui est menacé par un tyran qui cherche à le dominer avec ces créatures horribles qui font penser à des orcs. Évidement l’héroïne va se lancer, avec un ami jeune mage plein de potentiel, dans un voyage fait d’apprentissage pour atteindre son rêve : devenir une guerrière de l’ordre masculin des chevalier-dragon et luter contre le tyran en chevauchant un puissant dragon. Son parcours est bien évidement semé d’embuches et pour atteindre son objectif elle devra apprendre à s’accepter elle-même et à aimer à nouveau la vie.

Résumé comme cela, le lecteur potentiel peut craindre un roman convenu comme il en existe beaucoup sur le marché de la fantasy. Et pourtant, malgré un style directe et une intrigue relativement simple, j’ai pris plaisir à la lecture de ce premier tome et pense sérieusement à me plonger dans la suite lors de sa sortie. Une partie du plaisir que j’en retiré, je l’avoue, est du aux souvenirs nostalgiques de mes lectures d’adolescence.

Et finalement, le livre est destiné à des adolescents qui, s’ils aiment la fantasy, ne pourront je pense qu’être conquis par un roman d’apprentissage à l’écriture simple mais à l’efficacité redoutable. Les lecteurs recherchant par contre une fantasy exigeante et originale, je ne peux que déconseillé cet ouvrage à l’histoire convenue.

Abarat, days of magic, nights of war

Second tome, sur deux aujourd’hui, d’une série de Clive Barker, Abarat, days of magic, nights of war reprend là où le premier tome, que j’ai lu il y a déjà quelques années, s’était arrêté.

On suit ainsi la seconde partie des aventures de Candy Quakenbush, une jeune fille qui est passée de la petite ville de Chikentown, Minesota, au monde merveilleux d’Abarat, un archipel où chaque île est une heure de la journée (« bloquée sur cette heure là) et dont les habitants sont tous plus extraordinaires les uns des autres. Et mal grès l’étrangeté de l’endroit, Candy s’y sent étrangement bien et déploie des aptitudes qu’elle s’ignorait posséder…

Dans ce second tome, Candy est confrontée au mystère de ses origines et au bruit de la guerre que le seigneur de minuit, Christopher Carrion, s’apprête à mener. Alors qu’elle s’approche de la vérité, le destin d’Abarat est sur le point de basculer. Semblant avoir un rôle important à jouer, Candy pourra-t-elle sauver le monde qu’elle aime temps ?

Abarat est un roman étrange, bien écrit, il ressemble à un Alice aux pays des merveilles ou au magicien d’oz tend l’univers où Candy se retrouve est étrange et fantastique. Parois même un peu trop, une des deux choses qui m’ont déranger dans ce roman, au demeurant fort plaisant, c’est le carnaval continu d’étrangetés qui se succèdent à un rythme effréné; cela participe sans doute du sentiment d’étrangeté que dégage le monde d’Abarat, mais je trouve que c’est parfois un peu « too much. » Le second reproche concerne le récit qui prend par fois des détours un peu surprenant qui l’allonge peut-être un peu trop.

Mais si vous cherchez une lecteur de fantasy décalé et étrange, ce roman est définitivement pour vous (essayer quand même de lire avant le premier tome, sinon je crains que vous ne compreniez rien du tous au récit).