Bardes et Sirènes

Anthologies des Imaginales 2014, Bardes et Sirènes propose onze nouvelles centrées sur ces deux figures liées à la voix et aux chants.
Dans son ensemble l’anthologie est de bonne qualité, si ce n’est que les histoires d’amours entre sirènes et bardes sont un thème utilisé abondamment par les auteurs, au point que le lecteur à parfois le sentiment que c’est le seul type de relation qui peuvent exister entre ces deux êtres.
Après une introduction signée des deux anthologistes, Carina Rozenfeld propose, avec « La boîte à musique » une sympathique histoire d’amour entre un barde et une sirène qui laisse sa voix être enfermée dans une boîte à musique afin de permettre à son amour de poursuivre la carrière dont il rêve.
Samantha Bailly, avec « Plaie étoilée » présente un groupe de bardes qui parcourt le monde afin de pouvoir distiller les histoires qu’ils entendent. La nouvelle se concentre sur un de ses bardes qui revient à leur « point de chute » mais qui est fatigué de l’errance et qui traine une blessure d’amour avec la barde Siréne. Une histoire triste qui, à mon goût, est la moins bonne du recueil.
Yann de Saint-Rat, avec « Tant que nous demeurons ensemble » donne à lire une histoire de point du vue d’une sirène qui, après avoir participer à un raide afin de capturer des esclaves humains, prend sous sa protection un enfant barde (les humains capables de résister au chant des sirènes et même de les charmer). Un conte tragique d’amours et de différences.
Estelle Faye, avec « La tête de singe », propose une des meilleurs nouvelles du recueil. Très bien écrite, la nouvelle raconte l’histoire d’une barde qui fuit la guerre avec une petite momie d’un singe avec queue (une sirène d’après sa défunte mentor) et qui arrive dans un inquiétant châteaux ou les châtelains, un frère et une sœur, sont un peu plus qu’humain…
« Au bar des sirènes » est une nouvelle d’urban fantasy de Frédéric Petitjean se déroulant à New York durant la tempête Cindy. Un barde immortelle (qui fait furieusement penser à Merlin) et fatigué se rend dans un bar pour créatures magiques et fait la rencontre d’une sirène prisonnière. Une histoire d’amours va naitre entre les deux êtres unis par un lien plus puissant et ancien que la barde ne soupçonne.
Maïa Mazaurette, qui se fait trop rare en littérature de l’imaginaire, donne, avec « La mise en pièces », un conte cruel sur un barde qui fait partie d’une conjuration contre une reine particulièrement cruel. Le texte est violent, aussi bien au niveau de l’écrit que de l’histoire, et fait partie des meilleures du recueil.
Régis Goddyn présente, avec « Tant qu’il y aura des sirènes », une histoire bien écrite mais assez décousue sur l’histoire d’amour entre une sirène et un barde. Écrite dans le passé et le futur, elle est plaisante.
Mélanie Fazi, avec « Le chant des autres » propose également une excellente nouvelle, se déroulant à Paris de nos jours, sur deux femmes, consumées par la haine, qui utilise leurs don de chanteuses pour faire du mal et un homme qui utilise le sien pour faire le bien. Une belle histoire qui utilise les thèmes du barde et de la sirène de manière très subtile et maline.
« Le chant du solstice » de Pierre Bordage voit un vieux barde sur le déclin profiter de la capture d’une sirène par les pécheurs du village dont il a la charge pour raviver son inspiration, mais à quel prix ? Une nouvelle fort sympathique.
Anne Fakhouri, avec « Ci-gît mon cœur », a écrit une histoire d’amour entre un barde et une sirène traquée par un chasseur. Mais l’histoire d’amour qui se dessine n’est peut-être pas ce qu’elle semble être… Une nouvelle avec un brin du cruauté, un zest d’humour et un joli twist final qui m’a beaucoup plus.
« Le guetteur de nuages » de Thomas Geha clôt le recueil avec une nouvelle dans laquelle deux mondes s’interpénètre, l’un d’eau, qui envahit l’autre avec des nuages d’eau géant, et l’autre comme le notre qui se défend comme il le peut contre cette invasion qu’il ne comprend pas. Le défenseur d’un des mondes est un barde qui défait les nuages alors qu’une sirène défend celui qui vient.
De pars ses nombreuses auteures (et notamment celles qui ont écrit les meilleurs nouvelles du recueil, Fazi, Mazaurette, Fay et Fahouri) le recueil rentre dans le cadre du challenge SFFF au féminin

http://ledragongalactique.blogspot.ch/2014/03/challenge-sfff-au-feminin.html?showComment=1394271167545#c7928591275848414423

Elfes et Assassins

Anthologie de l’édition 2013 des Imaginales, Elfes et Assassins proposent 13 nouvelles sur ce thème hautement important dans la littérature de Fantasy.
Ainsi, après une introduction des anthologistes, Pierre Bordage, avec « La Dernière affaire de Sagamor », une nouvelle bien écrite mais très classique d’un assassin engagé pour éliminé une elfe, créature rare et puissante.
Raphaël Albert propose une enquête de son elfe détective Sylvo Sylvain. Basé du point de vue du client, la nouvelle, « La Seconde Mort de Lucius Van Casper », narre la traque d’un puissant non-mort dans Paris. Bien écrite, elle se fond dans le thème sans forcer. J’aime décidément beaucoup  Sylvo Sylvain et la Paname de Fantasy qu’il parcourt.
Nathalie Le Gendre donne à lire, avec « La Légende d’à peu près Punahilkka », le voyage d’un conteur et de son apprenti. Pour faire passer le temps, le conteur narre l’histoire de Punahikka qui tombe dans un piège, une histoire qui, malheureusement pour l’apprenti, est bien plus réel qu’il ne semble…
Jean-Philippe Jaworski, dans « Le Sentiment du fer », revient sur la guerre d’indépendance de Ciudalia, dans l’univers des Vieux Royaumes. Un maitre assassin est recruté afin de voler à un patricien un, livre de poésie, qui est aussi un traité d’escrime, du plus célèbre spadassin elfe. Une mission qui dévoile les raisons probables de la victoire du Ciudalia contre son puissant voisin…
Anne Fakhouri, avec « Du rififi entre les oreilles », narre une histoire se déroulant à Chicago durant la prohibition. Elle suit un gang au service de Capone qui est spécialisé dans l’élimination de membre de la féerie. Pour sa prochaine mission, urgente, elle doit en plus se coltiner un demi-elf qui est le neveu du patron. Une nouvelle fort sympathique, peut-être un peu trop burlesque dans sa conclusion.
Rachel Tanner, dans « La Nature de l’exécuteur »,est dans une ambiance proche de la nouvelle de Fakhouri, mais dans une touche contemporaine. Une demi-elfe, ex-militaire, est chargée par les services secrets français d’éliminer un elfe qui est un des cerveaux de la protestation contre la construction de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes; problème : il s’agit de son oncle.
Jeanne-A Debats, avec « Eschatologie du vampire », met en scène Raphael, le vampire du roman Métaphysique du vampire, qui doit, à notre époque et alors qu’il ne travaille plus pour l’Église, éliminer l’anthécriste et sauver le monde de l’apocalypse programmé pour fin 2012. Le tout accompagné d’une elfe et alors que le destructeur du monde est un ado amoureux du fils caché de Titiana. Le lecteur retrouvera ici l’humour cynique et décapant de l’auteure.
« Elverwhere », de Xavier Mauméjean,est une uchronie fantastique dans laquelle l’Europe a été conquise par les cours de féerie unifiée. La nouvelle narre la préparation de la première visite officielle du souverain en Europe et sur le complot mis en place pour l’éliminer.
David Bry, dans « J’irai à la clairière », envoie un jeune homme élevé dans un monastère, au moyen âge, éliminer un elfe protecteur de la forêt. Cette traque, effectuée à contre-cœur, serre la grandeurs de l’Église…
Johan Heliot, avec « Grise Neige », propose une nouvelle très triste se déroulant durant la seconde guerre mondiale et où un enfant survivant tente d’éliminer les militaires nazis. Bien que très belle, et un peu prévisible, je regret qu’une nouvelle aussi sombre aie été choisie pour clore le recueil.
Anne Duguël (aka Gudule) donne à lire une superbe nouvelle, mais parfaitement insoutenable : « Le Sourire de Louise ». Elle narre l’histoire d’une petite fille près à sacrifier sa propre chaire pour les gentils elfes lui permettent d’avoir sa maman, ré-mariée et mère de deux autres enfants de son nouveau lit, rien que pour elle.
Finalement, si l’ensemble des nouvelles sont de très bonne facture, il y a deux nouvelles que je n’ai pas aimé du tous, pour ne pas dire que je ne les aie pas vraiment comprises : « Sans Douleur » de Fabrice Colin et « Libera me » de Fabien Clavel.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Reines et Dragons

Reines et Dragons est l’anthologie, 2012, du festival des Imaginales. Su le thème des reines et des dragons, Lionel Davoust & Sylvie Miller ont sélectionné un ensemble de textes de fantasy qui sont, dans l’ensemble, de bonne facture.
« Le Dit du Drégonjon et de son Elfrie » de Chantal Robillard est un conte (une fable ?) formellement très intéressante, sur la domination masculine. Sur le fond, j’avoue avoir été un peu déçu par une histoire qui m’est un peu passé au dessus…
« Chuchoteurs du dragon » de Thomas Geha se déroule dans un royaume où un dragon choisit, via une marque, deux monarques. La reine actuelle, par amour, va chercher à comprendre ce que cache la caste qui veille sur la volonté du dragon. Elle découvrira un dangereux secret. Une nouvelle classique que j’ai pris plaisir à lire.
« Ophëa » d’Adrien Thomas narre le défis d’une Reine, veuve à cause d’un dragon, lancé à la noblesse : elle épousera celui qui vengera son époux. Un savoureux twist final change la perspective sur la situation initiale.
« Au cœur du Dragon » d’Anne Fakhouri se déroule en des montagnes où une caste de grimpeurs va chercher dans les pics les pierres précieuses se trouvant dans les nids des dragons. Le lecteur suit l’initiation de deux jeunes gens (dont l’un à une origine mystérieuse). Une nouvelle fort sympathique qui m’a fait penser au film Dragon, bien que j’aurai aimé en savoir plus sur les « origines mystérieuses ».
« Achab était amoureux » de Justine Niogret est une nouvelle étrange que j’ai pas du tous aimé…
« Morflam » de Pierre Bordage voit une reine devoir affronter un dragon qui se trouve être le miroir de sa manière de régner. Convenu, mais bien écrit.
« Azr’Khila » de Charlotte Bousquet est un superbe texte sur une vengeance de la part d’une vielle femme dont la tribu nomade a été massacré par des pillards urbains. Le texte, d’ambiance africaine (ais-je trouvé), est violent et très fort (surtout la fin qui vient comme un coup de poing).
Autre bon texte du recueil, « Où vont les Reines » de Vincent Gessler se déroule dans un royaume dont la reine se rend chaque année dans les montagnes afin d’affronter les dragons. La princesse, tombée enceinte d’un officier de la garde, doit s’y rendre à son tour. Un texte qui commence comme une fable guerrière et qui se termine par être une histoire de femme et de maternité.
« Le Monstre de Westerham » de Erik Wietzel narre comment un jeune dragon part à la recherche des hommes afin de ramener un trophée et finit par se lié d’amitié avec une reine cherchant à reconquérir son royaume. Une nouvelle qui aurait pu être une histoire d’amitié mais qui, au final, ne l’est pas vraiment.
« Under a Lilac Tree » de Matthieu Gaborit est l’autre texte dont j’ai le sentiment d’être passé à côté. Une histoire de Urban Fantasy où une femme s’occupe d’un monde magique assez poétique et part à la recherche du dragon pour l’aider à survivre à ses rêves…
« Cet œil brillant qui la fixait » de Nathalie Dau est un très bon texte qui narre comment les cadeaux de soleil et de la lune ont été utilisé par deux peuples afin de se faire la guerre. Mais quand une jeune princesse est sélectionnée pour devenir la Créature qui défend l’un des royaumes, les choses vont changer. Une histoire avant tous romantique et tragique.
« Les Sœurs de la Tarasque » de Mélanie Fazi est une des autres bonnes nouvelles du recueil. Sur une île, à l’époque contemporaine, des jeunes filles sont marquées et préparées dans une école spéciale afin eue l’une d’entre elle serve d’épouse au dragon. la narratrice est une de ses jeunes filles qui doute et qui est plus attirée par l’une de ses camarades que par le dragon. Alors quand cette dernière est choisie par le dragon, elle devient curieuse. La fin m’a laissé sur ma faim et j’avoue espérer pouvoir lire à nouveau un texte se déroulant dans le même « univers ».
Reines et Dragons est un bon recueil de nouvelle, le seul reproche que je pourrais lui faire est d’avoir un thème assez convenue ce qui se reflète en partie sur les choix d’histoires présentées.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.