Five autobiographies and a fiction

Five autobiographies and a fiction est un recueil de six nouvelles de Lucius Shepard. Le titre est du au fait que cinq des textes sont des variations infusées de fantastiques de la vie qu’aurait pu avoir Shepard s’il avait fait d’autres choix. J’ai trouvé le recueil inégale. Si certaines nouvelles m’ont beaucoup plus, d’autres m’ont parue très longues et moins intéressantes.
« Ditch Witch » se centre sur un automobilisme qui prend une jeune femme en stop. Lors d’une halte dans un petit village, et après une partie de jambe en l’aire, l’automobilisme se retrouve la proie de nains de jardin allemands. La jeune fille qu’il a prit en stop n’est peut-être pas étrangère à cela…. Une nouvelle qui m’a laissé un sentiment mitigé.
« The Flock » raconte comment un jeune, membre de l’équipe de foot américain de son lycée, se retrouve, dans une petite ville, confronté à des corbeaux polymorphes et mal intentionnés. Une des bonne nouvelle du recueil.
« Vacancy » voit un ancien acteur de film fantastique être rattrapé par son passé. L’ancien acteur travaille comme vendeur d’auto et observe, depuis son travail, qu’une des chambres du motel en face semble avoir des clients mais ne jamais les laissé repartir…. Une nouvelle qui tombe très juste avec un côté fantastique oppressant. L’une des deux meilleurs du recueil.
« Dog-Eared Paperback of My Life » voit un romancier obtenir un roman sur des mondes parallèles qu’il n’a jamais écrit mais qui est de sa main. Décidé à faire la lumière sur la chose, il suit le parcours initiatique, en Asie, décrit par le roman. Une nouvelle qui propose des éléments intéressants mais qui traine beaucoup en longueur et qui a de nombreuses, et inutiles, scènes de sexe.
« Halloween Town » : suite à un accident, un travailleur sur chantier voit son intelligence augmenté lorsqu’il est au soleil. Réalisant trop facilement la vacuité des gens, il s’installe dans une petite ville, un village même, américain un peu particulier : il est construit dans une faille et donc ne reçoit que peu de soleil. Le village est plein de mystère et il va devoir y faire face. Une nouvelle au relent de pulp avec foret mystérieuse, secrets bien gardés, pollution et mutants. Mon seul regret est que la particularité du héro est très peu exploitée.
« Rose Street Attractors » est une nouvelle se déroulant à Londres à l’époque victorienne (la fiction du titre). Un jeu psychiatre ambitieux est appelé au chevet d’une patiente un peu particulière : elle est un fantôme. Le frère du fantôme a en effet, sans le vouloir, développé un appareil permettant de matérialiser les esprits. L’autre très bonne nouvelle du recueil, le travail de jeune psy se déroulant dans un quartier pauvre, dans une ancienne maison close et le client étant plein de secrets.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Le Calice du Dragon

S’insérant dans le cycle du Dragon Griaule, Le calice du dragon débute peut avant le moment où débute la fresque sur Griaule et se termine après la mort du dragon. Pour ceux peu familier avec ce cycle, le dragon Griaule est un gigantesque dragon pétrifié quelque part en Amérique latine (une Amérique largement fantasmée et fantastique) autour, et sur lequel s’est développé tout une flore et faune et une ville. Le dragon pétrifié étant toujours vivant, il étant son influence subtile sur les régions environnantes….
Le Calice du Dragon s’intéresse à la vie de Richard Rosacher, un jeune chimiste un peu paumé qui découvre que le sang de Griaule, une fois injecté en petite quantité dans le corps humain, est une puissante drogue qui permet aux gens de voir la vie de manière positive. Ainsi débute la vie de « commerçant » de Richard; une vie sans cesse renouvelée  (il sera tour à tour trafiquant, richissime homme d’affaire, prophète douteur d’une religion à Griaule, stratège militaire et exilé). Son histoire est liée à Griaule, bien sur, à la ville de Teocinte et à l’ambitieux conseiller Brèque.
Ce roman, le seul du cycle, est une vraie réussite. S’il peut être lu indépendamment du reste des nouvelles concernant Griaule, je pense qu’il prend vraiment tous son sel pour celui qui à lu le premier recueil.

Aztechs

Recueil de six nouvelles de Lucius, Shepard, Aztechs propose une plongée dans l’univers étrange de cet auteur. Les textes se déroulent aux quatre coins du monde (US, Mexique, Afrique, Russie) et propose des textes fantastiques et un texte d’anticipation.
« Aztech » se déroule dans un Mexique futuriste où la frontière avec les US est une grande barrière énergétique. C’est dans ce décor qu’une petite frappe, patron d’une petite entreprise de sécurité, et sa copine, une journaliste trash, vont être embarquer dans une mission pour tuer une IA. Cette dernière semble se prendre pour Dieu et vouloir proposer l’immortalité à l’humanité….
« La présence » est une nouvelle fantastique se déroulant près de ground zero et mettant au prise un nettoyeur du site avec une étrange femme. Un beau récit de fantômes sur les conséquences du 11 septembre 2001.
« Le dernier testament » est une nouvelle d’anticipation matinée de fantastique qui se base sur un poème de François Villon. Formellement assez fascinant, mais assez étrange à lire.
« Ariel », la nouvelle que j’ai préféré, est l’histoire de la traque d’une entité issue d’un autre univers qui, peu à peu, redevient humaine. Une histoire que se complexifie à chaque page pour terminer par former une histoire éternelle qui se déroule à l’infini.
« Le rocher au crocodile » se déroule en Afrique et suit les traces d’un spécialiste des serpents qui enquête sur un homme charismatique qui se prétend homme-crocodile. Une autre de mes favoris, cette nouvelle se situe à la frontière entre folklore, fantastique et Afrique.
« L’éternité et après » se déroule à Moscou et suit une petite frappe qui veut racheter la fille qu’il aime. Celle-ci est prostituée dans une boite, l’éternité, qui voit se bousculer tous ce que Moscou compte de criminel et dont le patron n’est peut-être plus tout à fait humain. Si le début m’a plus, le côté fantasmagorique de la fin de la nouvelle m’a frustré un pu.
Globalement, j’ai trouvé ce recueil moins bon que les deux autres ouvrages que j’ai pu lire de Shepard. C’est impression vient peut-être du côté plus « weird » des nouvelles qui y sont présentés.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Le dragon Griaule

Second recueil de Lucius Shepard que je lis, Le dragon Griaule m’apparait comme une « révélation » et, l’ouvrage terminé, une question : comment ais-je pu passer tant d’année en ignorant l’existence de cet auteur ?
Le Dragon Griaule est un recueil de six nouvelles/novelas (milieux des années 80 pour les plus anciennes aujourd’hui pour la plus récente) situées dans le même monde et tournant toute autour du puissant dragon Griaule. Celui-ci est, depuis des millénaires, paralysé, mais vivant, dans une vallée d’un monde médiévale qui pourrait être le notre. Son esprit encore puissant manipule les gens qui vivent dans les bourgs de la vallée afin d’accomplir ses mystérieux, et tortueux desseins.
Difficile de raconter les trames des six nouvelles. Présentée de manière chronologique d’écriture, elle peigne une fresque impressionnante de maitrise qui révèlent la vie, et la mort, de Griaule. Il y est question d’un artiste peignant le Griaule afin de l’empoisonner, de la découverte de l’écosystème particulier de l’intérieur du dragon, d’un procès pour meurtre « inspiré » par Griaule, de la manière dont un dragon pétrifié peut se reproduire, de la mort de Griaule, de sa résurrection dans un monde sans dragon au XXIe siècle.
L’imaginaire déployé par Shepard et le ton utilisé me font pense au recueil Des nouvelles du Tibbar de Thimotée Rey, mais avec un imaginaire plus canalisé, une écriture plus « concentrée » et une tonalité sombre plus marquée.
Un recueil dont la lecture est pour moi indispensable !

Sous des cieux étrangers

C’est la première fois que je lis Lucius Shepard. Pour découvrir cet auteur j’ai choisi ce recueil de cinq novellas qui ne m’a pas déçu. Les cinq textes sont tous différents mais j’ai néanmoins sentit une « patte » un peu crépusculaire, une volonté de s’attacher à des individus dans ces novellas.
« Bernacle Bill le Spatial » plonge le lecteur dans la vie d’une station spatiale située dans les franges du système solaire et qui envoie des vaisseaux dans l’espace profond dans le but de trouver une planète habitable. La Terre en effet est sur sa fin, les catastrophes écologiques l’ont menée au bord du gouffre. C’est dans cette station qu’un simple d’esprit (Bill le Spatial du titre) va être essentiel dans la survie de la station et, qui sait, de la race humaine.
« Dead monney » est une histoire de poker, d’expérience scientifique, de vaudou, de petites frappes de la Nouvelle Orléan. C’est une histoire très sympa qui mélange avec bonheur ses différents ingrédients.
« Radieuse Étoile verte » est la novella qui, pour moi, est la plus faible du recueil. Dans un Vietnam futuriste, un adolescent travaillant dans un cirque itinérant prépare sa vengeance contre son riche père. La novella est bien écrite, agréable à lire et bien menée, mais j’ai eu du mal à croire/rentrer dans l’histoire.
« Limbo » est une histoire fantastique qui voit un tueur de la mafia « repenti », et en fuite depuis plusieurs années, s’arrêter dans un petit village proche d’un lac dans un coin perdu des USA. Là il y rencontrera une étrange femme et s’approchera peut-être un peu trop des mystères de l’au-delà et d’une étrange maison. L’ambiance distillée et la manière de développer l’histoire sont vraiment bons.
« Des étoiles entrevues dans la pierre » narre l’histoire d’un producteur de musique dans une petite ville américaine. Il sera témoin d’étrange événement qui augmentent la créativité des habitants de la ville. Une très bonne novella fantastique; ma préférée avec « Bernacle Bill le Spatial » et « Limbo ».
Au final donc un excellent recueil qui m’a donné envie d’en lire d’avantage du même auteur.

La nouvelle »Bernacle Bill le Spatial » entre dans le cadre du challenge fin du monde