Et si le diable le permet

Et si le diable le permet, sous-titré Une étrange aventure de Sachem Blight et Oxiline, est le dernier roman de Cédric Ferrand et le premier tome de ce qui pourrait devenir une série (dont le lien sera les protagonistes pas l’histoire en elle même).
La proposition de départ est alléchante : se déroulant dans le Montréal des années trente, Et si le diable le permet suit les aventures de Sachem Blight, un détective baroudeur anglophone spécialisé dans la recherche de personnes disparues (souvent parties en quête d’exotisme et dont les riches parents veulent le retour). Le tout saupoudré d’horreur cthulienne et de pulp qui le fait bien.
Engagé pour retrouvé le fils d’un riche promoteur, dont la construction phare, un pont, est sur le point d’être inauguré, Sachem devra composé avec sa jeune demi-sœur franchement sortie d’une école religieuse (et au tempérament bien trempé) et d’une situation où les complots et intrigues règnent.
Et si le diable le permet est un roman bien écrit; le lecteur retrouve la gouaille de Cédric Ferrand qui présente une ville dont on sent qu’elle n’est pas de carton-pâte. Il souffre néanmoins d’un gros défaut, à mon goût, qui en font un roman un cran en dessous de ses deux autres romans : le rythme.
En effet, premier tome d’une éventuelle futur série, le roman passe beaucoup de temps en présentant ses personnages et en les baladant dans Montréal. Si la balade est plaisante, elle présente plusieurs longueurs et détours. Finalement quand l’intrigue fantastique prend, enfin, de l’ampleur, le traitement de cette dernière est cette fois trop rapide.
Au final Et si le diable le permet est un roman bien écrit mais qui souffre d’un problème d’équilibre, entre présentation et aventure, entre enquête et fantastique, entre exposition et résolution. Personnellement j’espère que le tome suivant sera mieux équilibré car pouvant se passer de la présentation des protagonistes principaux.

Sovok

Second roman de Cédric Ferrand, Sovok est une sorte de cyberpunk soviétique. Le roman se déroule à Moscou dans un futur non identifié et uchronique (entre système libérale, technologie cyberpunk de seconde zone, contestations, nostalgie du système communiste et services et biens qui vieillissent (mal)).
L’histoire est centrée sur trois employés de la compagnie d’ambulances volantes (oui, oui comme dans Le cinquième élément ou l’éclaire noir), modèle Jigouli d’occasion « quasiment » neuf, Blijni : un pilote expérimenté également représentant du personnel, une urgentiste cynique ancienne médecin et un juif, ancien soldat, originaire d’une province lointaine et « exotique » nouvellement employé/stagiaire.
Le roman se déroule sur une période d’une semaine cruciale pour Blijni, la Russie et le destin de ces trois anti-héros, citoyens à la vie compliquée qui naviguent entre boulot, vie privée et petits arrangements pour pouvoir finir le mois. Faisant le tour de nuits, l’équipage de la Jigouli ont fort à faire pour soigner les petits et grands bobos d’une population de la débrouille, alors que les hôpitaux manquent de tous, que les tracasseries administratives sont nombreuses et que la concurrence de la compagnie européenne Last Chance (et ses véhicules flambants neufs et sur-équipés) menace Blijni de faillite.
Ferrand montre visiblement un attachement, comme dans Wastburg, pour l’homme de la rue, pour la vision de la Grande histoire par la petite porte. Il balade ainsi, dans Sovok, ses personnages de galère en galère construisant le portrait d’une Moscou sur le point de sombré sous le poids du libéralisme, de l’administration et des magouilles des politiciens.
Le roman est agréable à lire et le lecteur s’attache aux trois pauvres urgentistes qui dégustent sévèrent. Arrivé à la fin du roman, je n’aurais qu’un souhait : une nouvelle présentant le quotidien des urgentistes européens de Last Chance !

L’avis de Gromovar

Wastburg


Cette chronique est un peu particulière car elle ne traite ni d’une nouveauté, ni d’un ouvrage sur le point de sortir (ce qui serait déjà exceptionnelle), mais d’un manuscrit à la recherche d’un éditeur. J’ai eu la chance que Cédric Ferrand , l’auteur, me le fasse parvenir pour pouvoir satisfaire ma curiosité. C’est donc un roman pour l’instant indisponible que je vais chroniquer, je le fais dans l’espoir un peu fou que cela lui ferra un peu de pub…
Wastburg est une cité médiéval située sur une île sis entre deux bras d’un grand fleuve servant de frontière entre les deux royaumes antagonistes du Waelmstat et de la Loritanie. La cité franche est habitée en majorité par une population originaire du Waelmstat et les Loritaniens sont les nouveaux arrivés mal aimés. La tour des mage qui surplombe la cité est inhabitée depuis la degluinge qui a vue, pour une raison inconnue, la magie se tarir.
Chaque chapitre de Wastburg suit les péripétie de personne différente de la cité, la plupart du temps des membres de la garde, paresseuse et corrompue, dans leurs tribulations quotidiennes. Par petites touches, et souvent par les bords, les péripéties de ce petit monde laisse apparaitre un complot d’envergure contre le bourgmestre en place depuis si longtemps que personne ne se souvient vraiment qui était son prédécesseur, ni de la manière dont il est arrivé au pouvoir.
J’ai beaucoup apprécié ce roman de low-fantasy. L’écriture est agréable et l’idée de focaliser le roman sur les petites gens (membres de la garde, mercenaires, petits artisans, bourreau, etc.) est bien trouvée et donne toute sa saveur à Wastburg. À mon sens, ce roman est à placer à côté des récits du Vieux-Royaumes de Jaworski (en montrant moins de magie et moins de jeux littéraires) et des Nouvelles de Tibbar de ThimotHée Rey (l’imagination un peu moins débridée quand même). J’espère de tout cœur que ce roman trouvera un éditeur afin que je puisse l’offrir et le conseiller à mes proches.
Cédric Ferrand a ouvert un blog pour faire la promotion de son roman, je ne peux que vous y inviter à y faire un tour.
Edit : le manuscrit sera édité par Les Moutons électrique et sort le 26 août 2011.