Eutopia de Camille Leboulanger

Gros roman (600 pages) de Camille Leboulanger, Eutopia est à la fois un récit de vie et une utopie solarpunk (une vision du future plus lumineuse du devenir de l’humanité).

Le lecteur est ainsi invité à suivre la vie de Umo, de sa plume, de sa naissance dans le petit village de Pelagoya jusqu’à sa vieillesse dans le village dont il est un des fondateurs. Sa vie est marquée par l’amour qu’il porte à Gob, une femme qu’il a rencontré enfant et dont le spectre de son amour et de leur histoire planera sur toute sa vie.

Le récit touche déjà là à quelque chose qui résonne en moi : la vie d’un individu, ce qui le marque et le façonne, et les choix qu’il fait. Mais le roman est aussi une chronique d’un autre monde possible. En effet, Eutopia se déroule dans un futur moyennent lointain où la mentalité de l’humanité à pas mal évolué par rapport à aujourd’hui.

Suite à la fin de la période « des camps » et la Déclaration d’Antonia, le monde est passé dans une logique non propriétariste et de décroissance. L’humanité se concentre dans des villes et des régions précises laissant une bonne partie du monde à la Nature. Les enfants sont élevés en commun et les besoins basiques de chacun sont assurés. Une organisation politique au croisement du communisme et de l’anarchisme s’est mise en place et le rythme de vie est « tranquille » (« nous avons le temps » étant un dicton souvent utilisé).

Eutopia est un roman servi par son écriture de qualité qui déroule la vie d’un homme dans une société qui ne met pas les priorités aux mêmes endroits que la notre. Bien que des esprits chagrins pourraient trouver le récit un peu longuet et la société de la Déclaration d’Antonia parfois un peu naïve (personnellement, mais je suis un pessimiste cynique, je suis beaucoup moins optimiste sur la nature profond de l’humain que l’auteur), Eutopia est un roman très agréable à lire et j’ai passé un excellent moment de lecture.

Le Chien du Forgeron de Camille Leboulanger

Un conteur dans une auberge régale son auditoire de l’histoire de la vie, et la mort, du plus grand héros celte, qu’il a lui même connu : Cuchulainn, surnommé le Chien du Forgeron.

Débute alors un récit qui retrace sa naissance (serait-il le fils d’un dieu ?), sa jeunesse, ses premiers faits de gloire et les quêtes qu’ils mènent avec ses compagnons; mais aussi sa défiance du haut roi, sa soif de reconnaissance, sa rage….

Camille Leboulanger retrace et réécrit avec une très belle plume la légende de Cuchulainn en montrant que les hauts faits d’un héros sont interprétés dans sa légende. Car, au final, l’histoire de Cuchulainn c’est avant tous celle d’un homme enfant à qui le monde doit tous et qui ne sait avoir de limite; c’est l’histoire d’un homme qui se croit supérieur à tous, et surtout supérieur aux femmes. Bref Le Chien du Forgeron est un très bon roman que j’ai pris grand plaisir à lire.

Bertram le baladin

Première lecture de Camille Leboulanger pour moi avec ce roman de Fantasy qu’est Bertram le baladin. Dans un monde où le papier a disparu, les membres de la Guilde des musiciens parcourent le monde transformant ce qu’ils apprennent en musiques et chansons qui non seulement divertissent le peuple mais servent de mémoire au monde. Un monde où des esclaves travaillent pour rien et où les femmes ne sont pas en position de pouvoir.
C’est dans ce contexte que le lecteur suit les tribulations de Bertram le baladin à qui des malandrins ont volé son instrument, un luth. Accompagné de Sans Nom, une femme qu’il a sauvé de l’esclavage, le baladin aura faire à faire pour récupérer son bien qui se trouve dans une puissante cité marchande dont le seigneur est hostile à la Guilde.
Soutenu par une écriture légère et mélodieuse, Bertram le baladin est un court roman très agréable à lire. Un roman découvrir avec une histoire pleine de rebondissements et de poésie.