Man in the dark

Man in the dark est le dernier roman paru, à ce jour, de Paul Auster. Il est centré sur le personnage de Brill, un octogénaire, cloué par un accident de voiture dans une chaise roulante, et vivant avec sa fille divorcée et sa petite fille qui a perdu il y a peu son petit-amis. Le roman se déroule durant une nuit où Brill est étendu dans sa chambre en pleine obscurité. Afin de conjurer le sommeille et d’éviter de penser à sa femme morte d’un cancer et aux images de la décapitation du petit ami de sa petite fille, il imagine un monde où les attentats du 11 septembre n’ont pas eu lieu et où l’Amérique est en guerre avec elle-même. Le personnage centrale de ses rêveries vient de notre monde et doit y retourner pour éliminer Brill afin de mettre fin à la guerre…

Cette histoire un peu tordue est le prétexte pour plonger dans les interrogations et les doutes d’un homme au crépuscule de sa vie et des doutes et tragédies qui l’ont touchés lui et sa famille. L’écriture de Auster démontre une maitrise de la narration impressionnante et se lit avec facilité et fascination. On retrouve également dans ce roman certaine des obsessions de l’écrivain sur le sens de la vie et sur les interaction entre les personnages de fiction et leur créateur. Si j’ai aimé la lecture de Man in the dark, force est d’admettre qu’une seconde lecture me serait peut-être nécessaire pour en percer une plus grande partie des ses arcanes, une caractéristique « austerinienne » peut-être ?

Dragons

Dragons anthologie est un recueil de nouvelles tournant toutes autour de la figure du dragon. Les différentes nouvelles du recueils vont de moyen à bon et se déroulent à des époques variées et mettant en scène une infinité de variation sur le thème imposé.

A titre personnelle j’ai particulièrement apprécié Chansons pour Ouroboros de Daylon la nouvelle qui ouvre le recueil, une nouvelle exigeante, un jeu littéraire qui n’atteint toute sa saveur qu’une fois la nouvelle finie; Les années d’orichalque d’Ugo Bellagamba, une nouvelle sur des chevaliers-dragons, la mythologie scandinave et la fin d’un monde et le début d’un autre;, Au seuil de Loïkermaa de Francis Berthelot, une histoire de fraternité impossible entre un enfant et un dragon; Draco Luna de David Camus, la fin de Baudoin, le roi lépreux, et un mystérieux dragon lunaire; La suriedad d’Estelle Faye, une histoire de pirate, de mythe premier et bien sur de dragon; D’un dragon à l’autre de Jérôme Noirez, une histoire d’éveil se déroulant durant la seconde guerre mondiale; L’huile et le feu de Joahn Heliot, une histoire de dragon dans le sud des États-Unis qui a un très fort gout de polar et de pétrole, sans doute ma nouvelle favorite du recueil, et Dragon caché de Mélanie Fazi, l’histoire d’un enfant différent possédant des pouvoirs sur les plantes et où la présence du dragon est avant tout métaphorique.

Les autres nouvelles du recueils sont plus moyenne, la nouvelle de Thomas Day, la contrée du dragon, est-elle très bien écrite, mais j’ai l’étrange impression qu’elle n’est vraiment compréhensible que pour le lecteur qui a parcouru d’autres ouvrages de l’auteur, dommage !

Un regret, et de taille, l’absence de pré-face ou de postface proposant une introduction au recueil et/ou une mise en perspective. Mais si vous aimez les dragons, ce recueil est fait pour vous !

Le royaume de l’idéal

Septième volume de la série des douze Royaume (après la mer des ombres, Le rivage du labyrinthe, la majesté des mers, le vent de l’infini, les ailes du destin, et les rives du crépuscules ) le royaume de l’idéal est un recueil de cinq nouvelles (dont une un peu plus longue que les autres) et mettant en scène différents personnages déjà aperçu dans la série. Toutes les nouvelles se déroule avant les évènements narré dans les deux derniers volumes de la série. De manière général, il s’agit avant tous de grandes discussions sur les valeurs morales et politiques des souverains des douze royaumes.

– « Fleur d’hiver » présente un voyage de Taiki, peu de temps après qu’il aie choisi un souverain au royaume de Tai, dans un royaume plus au sud.

– « A la faveur de la Lune » est consacré au dilemme de Gekkei qui a assassiné le souverain du royaume de Kyô, libérant ainsi le royaume de l’égarement de son souverain, mais qui en même temps s’est rendu coupable de régicide. Il ne veut donc pas exercer le pouvoir mais semble l’homme le plus à même d’assurer l’interrègne.

– « Correspondance » est… une correspondance entre Rakushun et Yôko, quelque temps avant le couronnement de cette dernière, qui permet une plongée dans leur quotidien.

– « Utopie », la plus longue nouvelle et probablement la plus intéressante, narre les derniers temps du roi de Sai qui voulait tellement créer le royaume idéale qu’il perdit la voie.

– « Retours au pays » conte la rencontre, et la discussion, entre le roi de En et le prince de Sô en voyage incognito dans le royaume de Ryû.

Un recueil de facture moyenne, qui intéressera surtout les aficionados des douze royaumes et laissera de marbre les autres.

Jouer avec l’histoire

Jouer avec l’histoire est la première publication d’un petit éditeur associatif qui veut proposer des ouvrages d’analyses et de réflexions sur le jeu de rôle comme loisir. Le première opus, sortit il y a peu, est consacré, comme son nom l’indique, aux liens entre l’histoire (la petite et la grande) et le jeu de rôle. Il propose plusieurs articles de réflexion sur le sujet.

La première partie, sur trois, de l’ouvrage donne la parole à des auteurs de jeux de rôle historique afin qu’ils puissent parler de la genèse et du traitement de l’histoire dans leur jeu. Te Deum pour un massacre, Pavillon Noir et Maléfices ont ainsi le droit à un article.

La seconde partie est consacré à des réflexions sur le jeu en contexte historique. Un article propose des conseils et une analyse de l’écriture d’une campagne historie, un autre discute l’utilisation de la notion de genre afin de type une partie historique et le dernier, plus universitaire, analyse les représentations des rolistes sur le Moyen-Âge.

La troisième, et dernière partie, est consacrée à l’épineuse question des périodes douloureuses de l’histoire en jeu de rôle. Dans les faits, les trois articles se concentrent sur la période de la seconde guerre mondiale. Un article s’interroge sur la manière de traiter, en supplément et en jeu, cette période si chargée, un autre propose une discussion sur les liens entre le Nazisme et le jeu de rôle (avec de gros morceau de pulp à l’intérieur, et le dernier est une réflexion sur la création d’une campagne utilisant le mythe de Cthulhu et se déroulant en 1942.

Au final ce première opus est très intéressant à lire et propose de nombreuses réflexions passionnantes sur ce qui est pour moi plus qu’un hobby, presque une passion. Si je devais faire juste deux reproches à Jouer avec l’histoire, se serait son côté « auberge espagnole » et, sur la dernière partie, une emphase presque exclusive sur la second guerre mondiale. Si mon second reproche se passe, je pense de commentaires, le premier mérite un petit développement. Si les différents articles proposés sont intéressants ils souffrent, à mon sens, d’un dispersement important. Se côtoient un article de type scientifique (dans le ton et sur son sujet), des conseils de maitrise, des réflexions générales sur l’histoire et le jeu de rôle, des réflexions sur la création d’un jeu, ou d’une campagne, spécifique… Mais au final, cela fait également la richesse de l’ouvrage que je ne peux que conseiller aux rolistes qu’un peu de réflexion sur leur loisir interesse. De plus si le premier tome marche bien, un deuxième sur l’horreur sera mis en chantier.

Pour se le procurer vous pouvez tanner votre boutique préférer ou vous rendre sur le site de Pinkerton Press (où un article est en téléchargement gratuit).

Blogosphère de la fantasy

Bon chez les corbeaux d’à côté, il y a un article proposant de développer la blogosphère des littératures de l’imaginaire.

A priori je suis plutôt pour, sauf que moi et la technologie même si cela ne fait pas tout à fait 2 (après tout je blogue) on est pas non plus copain comme cochon…. donc j’essaye de suivre les conseils du billet avec backlinks et autres termes techniques, mais si cela ne marche pas c’est parce que je ne suis pas doué….

Vous pouvez reprendre des activités normales.

Gagner la guerre

Gagner la guerre est le second ouvrage de Jean-Philippe Jaworski, comme son premier, Janua Vera, il se déroule dans l’univers médiéval-renaissance du Vieux Royaume et suive les aventures de Benvenuto Gesufal, assassin dans la bonne ville de Ciudadela (et déjà présent dans le recueil cité ci-dessus) au service de son éminance le Podestat Ducatore.

Difficile de résumer cet épais volume, écrit de la main même de Benvenuto, et qui narre sa vie durant la guerre entre Ciudadela et le royaume de Ressine, mais également son implication dans les plus sordides complots de la ville durant les mois qui suivirent la victoire. L’histoire qui nous aie compté est tortueuse, riche en action et en coup bas et n’épargne pas son héros (enfin si l’on peut qualifier de héros, un assassin à la morale douteuse et qui tente avant tous de sauver sa peau). Si la grande partie de l’histoire se déroule à Ciudadela, elle se déplace également en mer et dans les campagnes environnantes. La magie est même présente, bien qu’en touche relativement subtile, et est amenée avec doigté dans la narration.

Je ne peux ainsi que vous conseillez ce livre qui émane de la plume d’un des deux ou trois meilleurs écrivains francophone du genre merveilleux en activité. Il ne me reste donc au final qu’ à formuler quatre vœux qui resteront, pour certain, sans doute pieux :

  1. De lire rapidement à nouveau la prose du sieur Jaworski.
  2. De lire un jour d’avantage sur Bourg-Preux, cité qui n’a sans doute pas livré ici tous ses secrets.
  3. De voir un jour le Vieux Royaume s’incarner en jeu de rôle (le giron d’où il est né).
  4. D’être accueilli à la table de jeu de l’auteur, qui doit être un sacré bon MJ.

PS : si vous n’êtes toujours pas convaincu vous pouvez toujours aller lire la critique du même ouvrage chez Effele.

Little Brother

Little Brother, sorti en 2008, est un 1984 adapté à l’aire du temps : Marcus est un adolescent de 17 ans qui vit à San-Francisco et qui est un petit génie de l’informatique (du genre à monter lui même son PC portable ou a bidouiller les ordinateurs de l’école afin de pouvoir contourner leurs pare-feux). Il mène une vie normale avec sa bande de pote et s’adonne régulièrement à un jeu en ligne qui implique des enquêtes IRL. Lors d’une de ces enquête, Marcus et ses amis se retrouvent au mauvais moment au mauvais endroit. Alors que San-Francisco subit une attaque terroriste digne du 11 septembre 2001, il se fait arrêter par le département de sécurité d’état et après une courte détention et un interrogatoire musclé il est relâché. Il découvre alors que sa ville est devenu un bastion sécuritaire et qu’un de ses amis n’est pas revenu du centre de détention. Il décide alors de lutter contre la privation des libertés en mettant en place un réseau (internet) clandestin de lutte.

Ce roman est bien écrit et tout à fait dans l’aire du temps. La combinaison attentat/terrorisme, « Big Brother », jeunesse et internet/informatique est très bien rendue et l’histoire s’enchaine de manière logique et agréable. Little Brother est narré à la première personne, par Marcus, qui donne régulièrement des explications sur les technologies qu’il met en œuvre; si cela ralentit par moment la lecture, cela en fait également un roman particulièrement abordable puisque les éléments les plus cryptiques sont décriptés pour le lecteur. De plus deux poste-faces, dont une de l’auteur, reviennent sur la génèse du roman et sur la sécurité informatique de manière fort intéressante.

Je ne sais pas comment Little Brother vieillira, mais aujourd’hui c’est sans conteste un roman passionnant à lire dont les thématiques sont de première importance dans nos sociétés contemporaines.

PS : une autre, bonne, critique du roman peut être trouvé chez Gromovar.
PPS : une autre, bonne, critique peut également être lue chez Efelle.
PPPS : et si vous n’êtes toujours pas convaincu : Cory Doctorow, l’auteur, est un fervent défenseur de la liberté de diffusion des œuvres culturelles sur le net. On peut donc télécharge ce roman, et ses autres écrits, gratuitement et en toute légalité depuis son site.

Ojos azules

Ojos azules est une nouvelle de Pérez-Reverte qui vient de faire l’objet d’une publication sous la forme d’un petit livre illustré (fort joliment d’ailleurs). La nouvelle narre la « noche triste » du 30 juin 1520 lorsque Cortés et ses hommes doivent fuir, de nuit, sous la pluie et poursuivi, la ville de Tenochtitlán. Prenant comme focale un conquistador aux yeux bleus, Pérez-Reverte livre une nouvelle admirablement maitrisée qui, en grand aficionado de l’auteur et des Amériques, m’a conquis.

Le seul bémol que je puisse faire à ma critique est de nature pratique. Le prix de l’ouvrage est bien élevé pour une seule nouvelle. Sa qualité, de mon point de vue, vaut la dépense mais certain trouveront sans doute le rapport qualité/prix comme n’en valant pas la chandelle. Tant pis pour eux !

Le royaume blessé

Le royaume blessé est un gros roman (près de 800 pages) de low-fantasy. Il se déroule dans le même univers que les deux autres romans de fantasy de Kloetzer, mais là où ces dernier étaient centrés sur la ville de Dvern, le royaume blessé ambrase presque l’intégralité du monde.

On y suit deux histoires en parallèle qui finiront par se rencontrer. L’histoire d’un petit secrétaire impériale qui, par intérêt propre et pour sa maitresse, nonne impériale, va mener des recherches sur Eylir Ap’Callaghan le jeune frère de la version locale, et celte, d’Alexandre le Grand (Allander Ap’Callaghan). Ses recherches produisent la seconde histoire, celle d’Eylir tour à tour fils de noble, chef de guerre, mendiant, mercenaire, bandit et grand roi. le tout dans un univers où le fantastique se fait discret mais est bien là.

Difficile de résumer ce roman tant il est riche et varié. Si le début est un roman de guerre et de conquête, le second tiers est plus intimiste et la fin du roman très fantastique. J’ai beaucoup aimé, même si à certains, rares, moments l’histoire devient un peu confuse et que la richesse du récit donne parfois un peu le tournis. Si vous aimez la fantasy par petite touche, les destins épiques et les histoires envoutantes, bien écrites et construites : ce roman est pour vous.

Géopolitique de l’alimentation

Ce petit essai (une centaine de page) fait le tours des différents enjeux liés à la géopolitique de l’alimentation. L’auteur, au nom semble-t-il prédestiné (G. Fumey), débute ainsi son ouvrage en abordant l’exemple de la pomme de terre qui en quelques siècle c’est imposée comme un des aliments de base d’une grande partie de la population mondiale. Il poursuit son ouvrage par une discussion sur l’industrialisation de l’alimentation et le formatage des gouts qui en découle. Il conclut par des chapitres sur les politiques agricoles et les marchés de l’alimentation. S’attardant passablement sur les relations dissymétriques Nord/Sud et sur les risques de la monoculture et de la destruction de tissu agricole.

Au final, cet ouvrage me laisse sur un avis très mittigé : le sujet est intéressant et et l’auteur laisse entrevoir des pistes de réflexions passionnantes, mais dans le même temps le format court du livre l’oblige à faire des choix dans les exemples qu’il traite. Et là je ne suis pas sur qu’il aie choisit les exemples les plus à même de me marquer. Finalement, j’ai trouvé le ton de l’ouvrage agaçant, l’auteur oscille sans cesse entre la volonté scientifique d’un chercheur en sciences humaines et le ton pamphlétaire d’un militant engagé qui lutte contre l’industrialisation de l’alimentation et les politiques agricoles des pays du Nord. J’ai donc plus l’impression d’avoir lu un pamphlet éclairé que l’ouvrage scientifique que je recherchais.