Wizard of the crow

Difficile de résumer Wizard of the crow tant ce roman est dense (plus de 700 pages quand même). Il narre l’histoire d’un pays d’Afrique imaginaire (The free Republic of Aburiria) dont le dirigeant est un dictateur, anciennement soutenu par l’occident (guerre froide oblige) et qui doit gérer à la fois les troubles dans son pays (des rebelles), les relations avec l’étranger (et notamment la banque globale) et les luttes intestines de ses ministres. Le tout alors que le dirigeant recherche des fonds pour lancer « marche vers le paradis », la construction d’une nouvelle tour de Babel.

On suit principalement l’histoire de Kamiti, un africain féru de spiritualité, diplômé d’une université indienne, et sans emploi, qui pour échapper à la police un soir ou il faisait la manche invente un personnage fictif (le Wizard of the Crow du titre) . Ce dernier prendra de l’ampleur et le fera rencontrer tous le gratin du pays, ainsi que jouer un rôle important dans les événement politique de la nation. Il est accompagné par Nyawira, une jeune femme membre d’un mouvement de rébellion.

Le roman se rattache sans peine au courant du réalisme magique, et de nombreux éléments fantastiques viennent ponctuer le récit (un ministre s’est fait agrandir les yeux pour devenir les « yeux du dirigeant » et mieux voir ses ennemis, le dirigeant gonfle et perd l’usage de la parole, etc.). Tout ces éléments servant à mettre en avant les différents éléments de l’Afrique contemporaine. Wizard of the crow est vraiment un roman excellent, très riche et agréable à lire. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire et de contenir certaines longueurs; longueurs qui ne m’ont personnellement pas gênées mais qui pourrait en rebuter certains.

Hullabaloo in the Guava Orchard

Hullabaloo in the Guava Orchard me fait furieusement penser à Como agua para chocolate (Les épices de la passion en français) de Laura Esquivel. De ce roman indien se dégage en effet une ambiance proche du réalisme magique.

Hullabaloo in the Guava Orchard narre l’histoire de Sampath Chawla, jeune Indiens un peu mou de 20 ans, qui un beau jour décide de quitter l’appartement familiale pour aller s’installer sur les branches d’un « arbre à Guava ». Sa famille le rejoint bientôt et monte un petit business autour de sa prétendu sainteté qui attire rapidement des pèlerins venus de l’Inde toute entière. Si l’on ajoute à cela sa mère, obnubilée par la cuisine, son père, obnubilé par l’argent, et sa soeur, obnubilée par l’amour, des singes ivres et des fonctionnaires peu efficaces, on obtient un mélange des plus drôles.

Hullabaloo in the Guava Orchard forme, à un autre niveau de lecture, égallement une satyre de la société indienne; que cela soit au niveau des coutumes des ses habitants, de la stupidité de ses élites, ou encore de l’inefficacité de son administration. Au final une lecture courte (le livre fait à peine 200 pages), drôle et agréable.

Babyji

Babyji est un roman de « coming of age1 » se déroulant de le Delhi de la fin des années 80. Anamika est une adolescente de 16 ans appartenant à la caste des brahmanes. Anamika est une des meilleurs élèves de Delhi, elle est « prefect » dans son lycée, elle adore la physique, mais surtout Anamika se cherche. Elle découvre peu à peu sa lesbianité au travers de plusieurs aventures interdites. Avec une femme d’âge mur, avec l’employée de maison de caste inférieur, avec une camarade d’école, Anamika papillonne et s’interroge sur le sens de sa vie et de la Vie. Elle s’inspire pour cela de ces cours de physiques.

Alors qu’Anamika se découvre, l’Inde vit une petite révolution : la prise de mesures de discrimination positive envers les basses castes met le pays en ébullition. Des adolescents appartenant aux hautes castes s’immolent par le feu pour protester. La tentation d’étudier à l’étranger, les USA, est également grande.

Babyji met en parallèle l’arrivée à maturité d’une adolescente dont les préférences sexuelles sont fortement réprimé par la morale, et un pays dont le système de caste est peu à peu remis en question.

Le roman est très bien écrit et très bien maitrisé. Anamika a des aires de Lolita indienne. Franchement, au début le roman ne me plaisait pas plus que cela, c’est dans sa seconde partie que j’y ai découvert toute sa dimension politique pour finalement ressortir de ma lecture avec un sentiment d’avoir lu une très bon livre. Si vous aimez le genre « coming of age », vous ne pourrez qu’aimer ce roman, sinon vous y trouverez de bonne chose également, bien que le côté très sensuelle de l’histoire puisse en déranger certain.

1. Si vous savez comment dire « coming of age » en français et/ou espagnol, laissez un commentaire je suis intéressé !

Le rivage du labyrinthe I & II

Le rivage du labyrinthe est la deuxième histoire écrite dans le monde des XII Royaumes, mais chronologiquement elle se déroule avant le récit narré dans la mer des ombres.

L’histoire est celle de Taiki, le kirin (l’animal sacré) du royaume de Tai, celui qui désigne le roi. Alors qu’il n’était pas encore né, il fut emporté par une tempête magique au Japon. Il ne fut retrouvé que dix ans plus tard. L’histoire nous narre donc son enfance sur la montagne sacrée. De nombreuses informations sont ainsi donné sur les animaux mythiques que sont les Kirin. Mais c’est égallement l’arrivée à la maturité d’une kirin hors-norme qui est contée : une Kirin qui doute de son rôle et de sa puissance.

Tout aussi agréable à lire que la mer des ombres et porteur de nombreuses précisions sur le fonctionnement de l’univers des XII Royaumes, Le rivage du labyrinthe est néanmoins, à mon gout, inférieur au premier récit de ce cycle.

La mer de l’ombre I & II

La première histoire du cycle des XII Royaumes a, enfin, été traduite du japonais en français. J’avais adoré l’anime librement adapté de ce cycle; c’est donc avec plaisir et voracité que je me suis jeté sur La mer de l’ombre.

Je n’ai pas été déçu, même si je connaissais déjà les grandes lignes de l’histoire de Yoko : cette étudiante japonaise de 17 ans qui se retrouve entrainé par un mystérieux inconnus dans l’univers asiatico-médiéval-fantastique des XII royaumes et qui va devoir apprendre à survivre et parcourir seul le monde pour trouver quel est la raison de sa venu dans les royaumes, et découvrir en même temps qui elle est et comment l’être. Une histoire somme toute assez commune dans les romans de Fantasy, mais qui est ici présentée dans un univers que je trouve envoutant et exotique. Les XII royaumes ont en effet la particularité que chacun des souverains est choisi par un être d’origine divine qui représente le mandat céléste qui permet à chaque souverain de gouverner. L’absence, ou la déviance d’un souverain, se traduisant par des catastrophes d’ordre magiques sur le royaume. L’écriture (du moins dans la traduction, pour la VO je ne sais pas) du roman est de plus fort agréable à lire, et les quelques illustrations qui parsèmes le récit sont fort jolies.

Au final un roman destiné aux adolescents mais qui sera sans mal conquérir un public plus adulte amateur de Fantasy agréable à lire et original.

El pintor de batallas

Étrange roman que el pintor de batallas, écrit par un ancien reporter de guerre, Pérez-Reverte, il narre l’histoire de Faulques un ancien photographe de guerre. Ce dernier a abandonné son métier, et c’est réfugié dans une vielle tour où il peint une fresque représentant la guerre sous toutes ces formes.

Un beau jour un ancien soldat qu’il a photographié durant la guerre de Yougoslavie se présente à lui, et lui annonce qu’il vient pour le connaitre d’avantage et le tuer pour se venger des conséquences de la photo. Début ainsi une discussion entre les deux hommes, entrecoupée de la montée des souvenirs de Faulques. Elle permet au lecteur de découvrir les nombreuses fêlures de la vie de Faulques, dont nottement la mort de son grand amour : Olvido (dont le nom est chargé d’un symbolisme évident).

El pintor de batallas touche à un des grand mystère de l’être humain : sa cruauté. Le roman entrecroise les réflexions sur la guerre, la nature humaine, la culpabilité, la photographie, la peinture et la perception du réel. C’est un roman fort, profond qui est peut-être bien, d’une certaine manière, le plus aboutit de Pérez-Reverte. Pourtant l’ai-je aimé ? Difficile à dire, ce n’est pas mon préféré de cette auteur; il se dégage de ce roman une pesanteur, une profondeur et une violence retenue peut-être trop importante pour que je puisse vraiment dire que je l’ai aimé. Il reste néanmoins une lecture forte qui marque son lecteur.

Porteurs d’âmes

J’aime beaucoup les livres de Pierre Bordage, ils oscillent en général entre de grandes fresques colorées et des histoires crasses encrées dans un présent légèrement avancé dans le temps. Mais ses livres sont emprunt d’un humanisme fort et, en général, contienne toujours une lueurs d’espoir, même faible, pour le genre humain.

Porteurs d’âmes fait partie de la deuxième catégorie, celle des histoires crasses. A Paris, dans un futur qui pourrait être demain, nous suivons l’histoire de trois personnages : Edmé un inspecteur de la crim’ désillusionné et à bout de souffle, Léonie une jeune libérienne, clandestine et esclave sexuelle récemment auto-libérée, et Cyrian un jeun étudiant de bonne famille qui est sur le point de rejoindre la confrérie des Titans, un groupuscule composé de « l’élite de la France ».

Ces trois personnages vont évoluer et se croiser autour de trois intrigues, bien entendu entremêlées : un charnier découvert dans la Marne, une machine qui permet de faire embarquer son âme comme « passager clandestin » dans une autres personne, et la quête de liberté et d’émancipation de Léonie. Le tout sur fond d’extrême droite toute puissante et de corruption moral et financière de l’administration rampante.

Porteurs d’âmes montre ce que pourrait devenir l’Europe si elle laisse cours aux parties les plus sombres de son âme; mais le roman porte égallement en lui le germe de l’espoir, l’humain possède égallement en lui les capacités d’aimer et de comprendre son prochain, capacités qui seront peut-être notre salvation. Un roman dur, donc, mais qui ouvre des pistes de réflexion intéressantes, même si, à mon sens, ce n’est pas le meilleur qu’aie écrit Bordage.

Janua Vera

Janua Vera est en fait le titre de la première nouvelle de ce recueil qui en compte sept. Toutes les nouvelles sont situées dans un univers médiéval-fantastique et sont centrées sur un personnage. Le recueil est vraiment excellant et bien écrit. Les nouvelles dépeignent un univers réaliste où la magie est puissante et peu présente. J’ai un peu de mal à mettre en mots les sentiments que me laissent se recueil, j’ai la sensation d’un univers riche et violent, d’une beauté née de la force des émotions suscitées par la richesse des mots et la force des histoires. Bref un excellent recueil qui voit l’Histoire se dessiner à travers les histoires des différents protagonistes des nouvelles.

Janua Vera conte les angoisses et la fin de l’homme qui se proclama Dieu et uni le monde sous son joug, il y a de cela fort longtemps.

Mauvaise donne s’attache au pas de Benvenuto Gesufal, assassin de son état, qui se retrouve pris dans les tourmentes de la politique de la cité état de Ciudadela (une Venise avec les institutions de la république romaine).

Le service des dames se rapproche de la chanson de gestes en narrant les aventures d’un chevalier particulièrement galant et qui ne peut refuser son assistance à une duchesse en détresse, la cause dut-elle être douteuse.

Une offrande très précieuse montre la dure vie d’un barbare qui, pour survivre à une sanglante embuscade, devra faire face à la Déesse et à son passé.

Conte de Suzelle, à mon avis la meilleur nouvelle du recueil, voit une jeune paysanne maladroite et rêveuse vivre la dure vie d’une paysanne (grandir, se marier, survivre aux guerres et aux disettes, etc.), tout en chérissant dans son coeur sa rencontre avec un elfe. Elfes qui montrent ici un visage à la fois cruelle et insouciant, visage comme seul peuvent l’avoir les êtres quasi immortels.

Jour de guigne suit, avec un ton comique, les mésaventures d’un lettré atteint d’un terrible syndrome magique alors qu’un assassin rode en ville.

Le confident conclue le recueil dans les ténèbres et la mort par la confession d’un prêtre du Décharné (le dieu des morts) ayant fait voeu d’obscurité.

J’ai découvert qu’une nouvelle inédite de Jaworski, se déroulant dans le même univers que celles de Janua Vera, était disponible au téléchargement gratuit sur la cour d’Obéron. Ni une ni deux je me suis donc rué dessus pour la lire entre deux révisions :

Un amour dévorant conte l’histoire du gyrovague Phasma, prête itinérant Décharné (le dieu des morts) qui cherche a apaisé le tourment de deux fantômes qui se courent après dans les bois au alentour du village de Noant-Le-Vieux. Pour ce faire il interrogera les différents villageois qui ont eu à faire à eux.

Comme les autres nouvelles de Janua Vera, un amour dévorant est très agréable à lire et bien écrite; personnellement j’en redemande.

Pour trouver la nouvelle : suivez le lien

Pour en savoir plus :
Une interview de l’auteur sur le site de ForgeSonges
Le site de l’éditeur : les moutons électriques

Homo Disparitus

Étrange question que celle que se pose Alan Weisman : « que deviendrait la terre si l’humanité s’éteignait ? » Étrange question qui appelle de nombreuse réponse. Son essai, Homo Disparitus, examine ainsi le devenir des espèces animales et végétales, mais égallement le devenir de nos bâtiments, de nos centrales nucléaires, bref de nos infrastructure, mais aussi de nos oeuvres d’art, de notre musique, etc sont ainsi tours à tours examinés.

Et les réponses qui se dégagent font parfois un peu froid dans le dos : notre impacte sur notre environnement sera à la fois extrêmement durable (les plastiques et le nucléaire par exemple) et si éphémère (nos villes, nos « arts »).

Mais en même temps que Weisman explore le futur de la terre, il s’interroge égallement sur son passé, se basant en cela sur les théorie des chercheurs et sur les rares zones encore/redevenues sauvages de la planètes (ironiquement les no-mans land laissé par les guerres, frontière entre les deux Corées, résidus du rideau de fer, etc… , mais égallement les sites des grandes catastrophes, comme Tchernobyle). Et au final, il dresse avant tous un vibrant portrait de notre empreinte écologique sur notre environnement. Vraiment passionnant !

Inca 1 : Princesse du soleil

Amoureux des romans historiques à la « Christian Jack » bienvenue !

En effet le premier tome de la sèrie Inca (qui en compte 3) retrace la chute de l’Empire Inca. La trame historique correspond bien au souvenir que j’en ai. On suit ainsi deux personnages : Annamaya, l’indienne des basses terres aux yeux bleus qui capturée par les Incas devient la dépositaire du savoir de feu l’Inca, et Gabriel, batard espagnole qui rescapé des gèoles de l’Inquisition se joint à Pizzaro dans son entreprise de conquête du Pérou.
Princesse du soleil suit ainsi la guerre fratricide en Athualpa et Huacar pour le contrôle de l’Empire, puis l’arrivée des Espagnols et la capture de l’Inca Athualpa au main de ceux-ci. Le tout matiné d’une histoire d’amour qui semble impossible en devenir et d’une touche de fantastique qui semble bien suivre les sources historiques sur la période qui mentionnent de nombreux présages ayant précédé la fin de l’Empire des quatres directions : l’Empire Inca.
La lecture est mal fois fort agréable et l’histoire m’a bien accroché. Le tout maintenant va être de trouver le temps de lire la suite….