Chroniques des ombres – saison 1

Chroniques des ombres n’est pas un livre mais une série en podcast; un peu comme nos bonnes vielles sagas radiophoniques mais sur support digital (ici en MP3, avec une vidéo ou l’épisode est illustré par des dessins). J’avais découvert cela il y a déjà une petite année mais à l’époque des histoires de droit d’auteur chez Virgin m’empêchaient d’acheter la saga. Le problème étant aujourd’hui résolu j’ai pu avec bonheur requérir et écouter les 23 épisodes qui composent la première saison des Chroniques des ombres.

Et ma fois, c’est excellent. Tous d’abord les textes sont signés Bordage et j’adore Bordage, ensuite il ne s’agit pas d’une simple lecture mais bien d’une « radio-série », avec bruitages et différentes voix qui narrent et jouent les dialogues. L’histoire est également excellente et tourne autour des thèmes « bordagiens » habituels (fin du monde, technologie aliénante/libératrice, relations privilégiés/opprimés, sectes et sociétés secrétées, devenir de l’humanité, etc.) réinterprété une fois encore avec brio.

Nous sommes à la fin du XXIé siècle, suite à la troisième guerre mondiale le monde est divisé entre habitants des cités unifiées (reliés à un réseau grâce à des biopuces et protégés de la pollution extérieure grâce à des dômes énergétiques) et les habitants du pays horcite (hors-cité) qui survivent dans un environnement pollué et violent. L’histoire est centré sur deux groupes de personnages : un fouineur (inspecteur de police) de la ville de Paris qui enquête avec ses collègues sur de mystérieux assassinats de masse perpétrés par les ombres, des tueurs invisibles et insaisissables; et sur un guérisseur et une femme membres de deux clans du pays horcite.

Les histoires sont palpitantes et le seul reproche que je peux faire à la première saison des Chroniques des ombres c’est de ne pas avoir une fin claire. La saison s’arrête sur un épisode comme les autres et il faut pour le moment patienter pour avoir la suite et connaitre le fin mot de l’histoire. Mais que cela ne vous retiennent pas d’aller jeter une oreilles aux Chroniques des ombres; l’intégralité de la première saison (23 épisode des près de 15 minutes chacun) est en vente pour la modique somme de 20 euros sur le site de MP3minute.

Célanire cou-coupé

Lorsque j’ai débuté Célanire cou-coupé, une lecture pour un séminaire universitaire, je ne m’attendais pas à trouver un roman si intéressant et où le fantastique est si présent.

Lorsque Célanire Pinseau, une orpheline guadeloupéenne formée par des religieuses à Paris, débarque en Côte d’ivoire, alors colonie française, pour s’y occuper d’une école pour métisse, la colonie est loin de se douter des bouleversements qu’elle va vivre. En effet, Célanire cache de nombreux secrets (qui est-elle réellement, pourquoi porte-t-elle en permanence un foulard autour de son cou, …) et veut se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal enfant; cette vengeance la mènera d’Afrique en Guadeloupe, en passant par le Pérou. Célanire n’est pas normal, elle magnétise tous ceux qui la côtoient, des morts mystérieuses semblent se passer dans son sillage, et ses idées choquent et fascinent à la fois (féministe, engagée pour la reconnaissance des cultures colonisées, …); mais surtout Célanire est à mi-chemin entre Frankenstein et les mythes créoles.

Ce magnifique roman m’a tous bonnement scotché et je l’ai lu quasiment d’une traite. Je ne peux que le conseiller à tous ceux qui aiment le fantastique amené par petites touches discrètes (ou le réalisme magique) et les histoires agréablement écrites.

Fire on the mountain

L’écriture simple, claire et précise de Anita Desai donne vie à deux femmes et une enfant dans un coin reculé de l’Inde qui se cherche une raison de vivre.

Le roman, divisé en trois partie, plonge à chaque fois dans la vie de ces trois personnages : Nanda Kaul, une vielle femme qui s’est retirée du monde pour être seul et ne plus penser aux failles de son passé, Raka, son arrière petite fille qui sa famille lui envoie pour passer l’été, car sa mère est malade, et qui est farouchement indépendante, une « copie » naturelle de sa grand-mère, et Ila Das, une amie de Nanda dont la richesse familiale a été dilapidé et qui doit maintenant travailler dans la pauvreté comme assistante sociale au près des villages ruraux de l’Inde. La vie et les relations de ces trois femmes sont disséqués dans Fire on the mountain jusqu’à la tragédie finale.

Le roman bien admirablement écrit m’a laissé une impression mitigée qui au final ne m’a fait ni apprécier ni détester ce roman.

El baño del papa

El baño del papa est une comédie uruguayenne douce-amère se déroulant dans les années 80 dans une petite ville proche du Brésil qui s’apprêtent à recevoir la visite du pape Jean-Paul II.

Beto est un contrebandier à vélo qui travaille entre le Brésil et la petite ville de Mélo en Uruguay distante de 60 Km. Il trime chaque jour pour donner à sa femme et à sa vie une vie simple et misérable. Alors que la ville s’apprête à recevoir le pape et que tous ses habitants se lances dans la préparation de nourritures afin de gagner quelques sous de l’évènement, Beto à l’idée de fabriquer des toilettes afin que les pèlerins puissent, contre un peu d’argent, se soulager. Il s’imagine déjà enrichi par la venu du pape mais doit travailler dure pour construire ces toilettes.

Bien évidement rien ne se passera comme prévu et c’est là tous le charme de ce film qui, avec humour et sensibilité, nous fait partager la vie difficile d’une famille pauvre.

Drown

Il y a des facette de la réalité de nos sociétés que l’on connait intellectuellement mais qui malgré cela reste trop éloigné de notre réalité quotidienne pour qu’on en saisisse ne serait-ce qu’une fraction; la vie des immigrants latino-américains aux États-Unis est pour moi une de ces facettes. C’est sans doute pour cela que la lecture du premier, et à ce jour seul, recueille de nouvelle de Junot Díaz, Drown, m’a fait l’effet d’un uppercut dans l’estomac.

Les dix nouvelles qui forment se recueil narre différente partie de la vie de Yunior, un jeune dominicain dont le père immigré aux États-Unis a fait venir sa famille, après cinq ans sans les avoir vue, à New York, puis, après quelques années, les a abandonné à nouveau pour de bon. Les dix nouvelles du recueil partage le même narrateur, Yunior, et sont écrit tantôt au présent, tantôt au passé. Elles narrent, dans un langage cru et direct, différents moment de sa vie en République Dominicaine et à New York. Le panorama d’un jeune immigré dominicain pauvre se trouve ainsi déroulé avec brio devant nos yeux. La dernière nouvelle du recueil qui revient sur l’histoire de son père clôt celui-ci avec à propos en permettant de connaitre enfin ce père dont l’absence marque l’ensemble des neuf autres nouvelles.

Drown, de par l’histoire qu’il raconte et la manière dont elle est racontée, est un recueil prenant qui laisse un arrière gout amère dans la bouche et qui m’a ouvert de nouveaux horizons; il me fait pour tous cela le rapprocher des excellents recueils de nouvelle d’Edwige Danticat que sont The Dew breaker et Krik? Krak!.

Les rives du crépuscule

Sixième volume, en deux tomes de la saga de fantasy japonaise Les douze Royaumes (après la mer des ombres, Le rivage du labyrinthe et la majesté des mers, le vent de l’infini, les ailes du destin) propose une histoire que j’attendais depuis ma lecture du deuxième volume : ce qui est arrivé à Taiki la Kirini de Tai qui a disparu mystérieusement vers le Japon.

Dans ce volume, qui reprenant la saga des premiers volumes n’est que difficilement accessible à ceux qui ne sont pas familiers à la série des douze royaumes, Yoko, la jeune reine de Kei, entreprend avec l’aide d’autre royaume de retrouver le Kirin de Tai qui a disparu depuis maintenant 6 ans. Celui-ci est au Japon où oublieux de sa nature, il est lentement corrompu. Le récit est scindé est trois sous-récits qui s’entremêlent : des flaschbaks afin de comprendre ce qui c’est passé, l’histoire de Taiki au Japon vu du point de vu des créatures qui le servent, et le récit « principal » des efforts pour le retrouver.


Si j’attendais ce récit depuis un moment, je dois dire qu’il m’a en partie un peu déçu. J’ai trouvé qu’il manquait un peu de rythme et qu’une partie des explications que j’attendais n’ont pas été données. De plus, la fin de ce sixième volume ne résout que partiellement la crise qui secoue le royaume de Tai et je crains fortement que le septième tome qui sortira en français d’ici quelques mois ne propose pas cette résolution. Néanmoins malgré mes réserves, les rives du crépuscule est à conseiller fortement à tous ceux qui ont apprécié le reste du cycle et qui sont à la recherche d’une fantasy « exotique. »

The Shoemaker’s holiday

The Shoemaker’s holiday est une comédie urbaine écrite par l’auteur britannique Thomas Dekker et qui a été jouée pour la première fois en 1599. Elle s’attache au péripétie d’un jeune gentleman qui pour rester au près de sa belle se fait fabriquant de chaussure.

La pièce est relativement convenue pour une audience moderne. Elle contient de nombreux jeux de mots plus ou moins salaces et une galerie de personnages (principalement des artisans) haute en couleur. La fin heureuse de la pièce ne surprendra personne.

L’intérêt principal de cette pièce est avant tous culturel; il s’agit en effet d’une des premières pièces mettant en scène de manière positive la « classe » émergente des artisans. Elle appartient également à un nouveau type de pièce (au XVIe et XVIIe) qui ne prend pas comme scène le passé mais la ville de Londres de son époque.

Dioses

Dioses est un film péruvien sorti en 2008 qui m’a beaucoup impressionné. Il détail d’une manière presque médical la vie de la haute société péruvienne. Le film s’attache à décrire la vie d’une famille de la haute : le père, divorcé, macho et qui a amené à la maison sa compagne issue d’une famille modeste, la compagne qui cherche ses marques dans un monde qui n’est pas le sien, les deux enfants jeunes adultes qui passent leurs vie en fait où l’alcool et la drogue coule à flot.

Le film n’est pas tant intéressant par son rythme relativement lent mais par sa froide analyse de la haute société péruvienne qui fait froid dans le dois. Celle-ci est focalisée sur les apparences alors que le fond semble complètement pourri. Un film superbe dont la mise en image est parfaite pour traiter son sujet.

Yo soy otro

Étrange film que ce film colombien. José est informaticien à Cali qui mène une vie faite d’aventures sexuelles de courtes durées, de fêtes et de drogues; un beau jour, il se réveille avec d’étranges boutons sur tous le corps. Victime d’une maladie inconnue, il se met à croiser de nombreux doubles de lui même qui semblent conduire une guerre féroce entre eux. Les deux camps, pro-paramilitaires et pro-guérilléros, le cajolent et le menacent tours à tours afin qu’ils rejoignent leurs camps.

Derrièrecette accroche qui m’a attiré, se cache un film psychédélique où le(s) personnage(s) est(sont) au bord de la folie. La manière de filmer qui utilise abondamment les flous et les mouvements saccadés de caméras n’est pas loin d’emmener le spectateur dans cette folie. Folie qui est en fait le combat psychique entre différente partie de la personnalité de José et qui, si l’on suit le réalisateur, celui que tout Colombien mène intérieurement : le choix entre la violence révolutionnaire et la violence para-militaire.

Un film avec message qui ne plaira pas à tous le monde et qui, malgré ses qualités, m’a plutôt laissé avec une petite migraine et une légère nausée qu’avec l’envie de crier au génie.

Maré, nossa historia de amor

Maré, nossa historia de amor semble au première abord un film aux thèmes déjà utilisés à l’infini : l’histoire de Roméo et Juliette adaptée dans une favéla brésilienne (càd entre deux jeunes vivant dans des zones contrôlées par deux gangs rivaux), le tout tournant autour d’une école de danse et ponctué de chorégraphies et de musique hip-hop/rap.

Et pourtant, quel a été ma surprise de découvrir ce film. En effet au delà de la tragédie attendue (mais dont le final, tragique, a quand même réussi à me surprendre), Maré, nossa historia de amor est un film qui tombe juste. Les chorégraphies, au delà de l’aspect esthétique, sont travaillé pour souligner les différents éléments de l’histoire et font appel au hip-hop, bien sur, mais également à la danse moderne. Les chansons mettent également en relief l’histoire. Et plusieurs passages où les protagonistes discutent du Roméo et Juliette de Prokofiev (dont la musique est d’ailleurs judicieusement utilisée durant le final tragique) proposent une mise en abime tout a fait bien venue.

Un film donc que je conseille chaudement et qui montre avec bonheur qu’il est possible de faire un « film hip-hop » intelligent et bien construit.