Jeu est un autre

Jeu est un autre est un numéro de la revue français Yellow Submarin, le premier que je lis, consacré aux jeux. Il propose plusieurs articles, une bibliographie commentée et quelques interviews sur ce thème.

Les articles proposés sont des articles d’analyse et de fond parfois un peu aride à lire (comprendre de type « universitaire » dans le fond et la forme). Ils sont, dans l’ensemble, de bonne facture et intéressants. On y trouve des articles historiques (histoire du jeu, histoire du jeu informatique), des articles d’analyse ce ce que veut dire jouer, sur les liens entre le jeu et les autres médias, sur les jeux à réalité alternée (très intéressant celui-ci, même si je me demande encore si c’est du lard ou du cochon), etc. Les quelques interviews vont de l’intéressant au très moyen (l’interview croisé Colin-Calvo par exemple) et la la bibliographie est alléchante.

Au final, un ouvrage que j’ai apprécié malgré une certaine aridité des articles. Je trouve par contre regrettable qu’aucune présentation des auteurs ne soient proposées; cela nuit un peu à la crédibilité de l’ensemble car on ne sait pas à quel titre et de quelle autorité il s’exprime ici.

Glissements

Glissements, sous titré une anthologie de troubles topographiques est un recueil de nouvelle, tiré à 70 exemplaire, paru à l’occasion des cinq ans des éditions les moutons électrique (pour les curieux, au moment où j’écris ses lignes, ils en restent à la vente) . Elle propose neuf nouvelles, dont quelques OVNIS et quatre inédits, toutes liées à des espaces (géographiques, topographiques, temporels, mathématiques, etc.) étranges et déformés. Le géographe qui sommeille profondément en moi ne pouvait qu’être attiré par une telle anthologie. Je dois dire qu’après lecture, je garde un excellent sentiment de ce recueil, même si certaines nouvelles sont vraiment étranges… elles auront par contre eu le mérite de m’avoir marquées.

« Notre-Dame d’Heisenberg », de Xavier Mauméjean, est une nouvelle très poétique se déroulant en Espagne durant la guerre civile. Des dibujantes ont le pouvoir de projeter la topographie dans les nuages et s’en serve pour tenter de concrétiser le rêve de Lorca d’une Espagne unie.

« La racine éphémère des nouveaux tenseurs », de Daylon, est un véritable OVNI qui projette le lecteur dans un futur où les flux mathématiques sous-tendant l’univers sont devenus accessibles aux hommes qui peuvent ainsi tordre les lois de la physique. Mais dans ce monde en guerre, une jeune soldat et un informaticien sont sur le point de modifier profondément le rapport des hommes à l’univers.

« La vielle maison sous la neige où personne ne va sauf toi et moi ce soir », de Rhys Hughes, débute comme une histoire classique qui voit deux aventurier partir à la recherche d’une maison abandonnée. La nouvelle tombe dans le fantastique lorsque cette maison commence à s’enfoncer dans un lac sans fond et rencontre inlassablement de nouvelles maisons de plus en plus grandes.

« Nomlieu », de Jacques Mucchielli, nous propulse dans une tour gigantesque où un employé d’une compagnie privée devenue une caméra vivant sera pris dans un combat entre habitants de la tour et ouvriers qui la construisent.

« Disparus », de John Crowley, met en scène un futur proche où un étrange vaisseau extraterrestre envoie des humanoïdes faire une étrange proposition à l’humanité.

« Ce que regarde l’Oeil », de Timothée Rey, nous envoie sur une planète étrange ou des milliers d’yeux dans le sol sont la seul source de subsistance de ses habitants; mais se rendre sur l’œil est dangereux.

« Le premier transversal », d’Harry Morgan, est une nouvelle sur le voyage dans le temps. Un professeur d’université acariâtre découvre dans sa maison une porte le menant 24 heures dans le passé. Il commence alors, de manière scientifique, à en explorer les possibilités.

« Soulever encore le poids de nos montagnes », de Léo Henry, est une nouvelle triste et fantastique, se déroulant à New York, sur l’esclavage et le déracinement.

« Nulle part à Liverion », de Serge Lehman, est une nouvelle d’anticipation dans un monde sur le point d’être dominé par les multinationales. Un jeune chercheur découvre pourtant un coin de terre qui n’apparait sur aucune carte et qui excite la convoitise des puissants.

Les 100 mots de la géographie

Les 100 mots de la géographie est un petit ouvrage de la collection Que sais-je ? qui présente de manière thématique et en cent définitions les concepts et notions fortes de géographie telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui.

Les différentes définitions proposées sont intéressantes et présente de manière synthétique les bases de la géographie universitaires. Le découpage des chapitres de manière thématique (ville et néoruralité, environnement, économie et société, culture, politique et géopolitique) associé à des chapitres plus généraux (structure et dynamique spatiale, par exemple) permet également de naviguer facilement dans l’ouvrage.

Au final, un petit livre bien conçu proposant un aperçu certes rapide et concis mais fort instructif

La tabla de Flandes

Troisième roman écrit par Arturo Pérez-Reverte, en 1990, La Tabla de Flandes était l’un des derniers romans de cet excellent auteur espagnol que je n’avais pas encore lu. Il s’agit d’une histoire d’enquête. Julia une jeune restauratrice de tableau espagnole s’occupe de restaurer « La partie d’échec » du célèbre peintre flamand du XVe siècle Peter Van Huys. En travaillant sur le tableau elle découvre une inscription en latin demandant « Qui a tué le chevalier ? » Afin de répondre à cette question, Julia se lance dans des recherches historiques et s’intéresse à la partie d’échec représentée sur le tableau. Alors qu’elle pense détenir la solution, un meurtre violent et un mystérieux message complique la situation. Julia se retrouve en danger et doit continuer la partie débutée il y a près de 500 ans.

De bonne facture, La Tabla de Flandes est un roman policier et historique bien ficelé. Il ne s’agit par contre, et de loin, du roman le plus abouti d’Arturo Pérez-Reverte. J’ai trouvé qu’il contenait de nombreuses longueurs qui nuisent un peu au plaisir de la lecture. A conseiller au aficionado, du genre ou de l’auteur, les curieux qui veulent découvrir Pérez-Reverte devrait plutôt se tourner vers ses romans plus récent, donc l’excellent Reine du Sud.

Le temps d’un éclair

Je ne fais généralement pas dans la critique de livre de cuisine, mais j’ai obtenu le temps d’un éclair grâce au programme masse critique et me suis donc engagé à en faire une critique.

Il s’agit donc, comme le titre et la couverture le laissent deviner, d’un livre de recette d’éclairs. On trouve de tout dans ce charmant petit bouquin : des éclairs sucrés, des éclairs salés, du classique et de l’original. Je n’ai bien entendu pas réaliser l’ensemble des recettes mais quelques unes qui, avec une lecture attentive des autres, m’ont permis de me forger une idée de la qualité de ce petit livre de cuisine.

Et ma fois je dois dire que dans l’ensemble, ce livre est un vrai bonheur pour les gourmands. Les recettes sont appétissantes et celles que j’ai réalisées sont délicieuses. Les photos sont belles et donnent faims et les explications proposées permettent de réaliser les éclairs.

J’ai néanmoins quand même quelques petites critiques. La méthode proposée pour remplir les éclairs ne fonctionne pas (où en tous cas je n’ai pas sur la faire fonctionner et j’ai du « bricoler », simple à réaliser mais différent de la recette); l’utilisation des douilles n’est pas présentée et entre ce qui dit l’introduction et les recettes de petites différences sur le matériel « indispensable » nécessaire apparaissent. Rien de grave enfin de compte et je m’estime fortuné d’avoir ce livre de cuisine dans ma collection (mon tour de taille par contre fait un peu la gueule…).

Qin Coeur de Jade

Cœur de Jade est l’édition en un tome d’une trilogie dont seul le premier livre était sortit il y a déjà trois ans. L’histoire narrée se déroule dans l’antiquité chinoise (la fin de l’époque des royaumes combattants) et est fortement teintée de fantastique et de combat à la « Tigre et Dragon. » La trilogie est en fait une novelisation se déroulant dans l’univers du jeu de rôle Qin, mais elle peut se lire avec plaisir sans aucune connaissance du jeu de rôle en question.

Cœur de jade est une redoutable hors-la-loi habitée par l’esprit d’un dragon qui, avec ses compagnons le Wuxia Xia et le fangshui Trois-Vérité, parcourt les Royaumes combattants d’aventure en aventure. Un beau jour, rattrapée par son destin, elle se met au service d’un puissant clan et se lance dans l’aventure de sa vie. Mystère, combat, magie, puissants démons et son déstin seront le lot du trio.

Cœur de Jade est un roman qui se lit avec plaisir et facilité. L’auteur ne développe pas un style particulier, mais son écriture se lit agréablement. Ainsi, malgré quelques longueurs, ce roman m’a captivé du début à la fin. Mon seul souhait serait maintenant d’avoir l’adaptation en campagne de jeu de rôle de l’histoire narrée; je suis persuadé que cela ferait une campagne mémorable (que je n’aurais bien évidement jamais le temps de faire jouer !).

The Thrawn Trilogy

Ces derniers temps je suis parti dans un trip Star Wars, je suis en train de regarder à nouveau les films, de jeter un coup d’œil à certains des comics qui composent « l’univers étendu », j’ai donc également décider de relire ce qui constitue, si je ne m’abuse, la première trilogie écrite dans cette univers. The Thrawn Trilogy (ou la croisade du jedi fou comme elle a été, imparfaitement, traduite en français), de Thimothy Zahn, se déroule 5 ans après la fin des films. Alors que la Nouvelle République née sur les cendres de l’Empire est en proie à des luttes politiques intestines et rencontre de nombreuses difficultés pour unir à nouveau la Galaxie, les restes de l’Empire reprennent du poil de la bête sous le commandement du grand amiral Thrawn. Un non-humain qui servait l’Empire dans les régions inexplorées de la Galaxie et qui est de retour. Débute alors une nouvelle grande aventure pour Luke, Leia, Han Solo et leurs compagnons.

The Thrawn Trilogy n’est évidement pas l’oeuvre literaire qui révolutionna le XXe siècle, mais elle possède néanmoins de nombreuses qualités qui en rendent sa lecture fort intéressante et fort agréable pour tout fan de Star Wars.

Rois et Capitaines

Rois et Capitaines est une anthologie de nouvelles de fantasy, contrairement à l’anthologie Dragons, paru également au mois de mai, que j’avais trouvé plaisante mais sans plus, Rois et Capitaines est un vrai petit bijou.

Sans rentrer dans le détail, les différentes nouvelles qui composent se recueil, sur les rois et les capitaines (donc beaucoup de récits de bataille) sont d’excellentes factures. Mes préférées sont les nouvelles de Jean-Philippe Jaworski, de Rachel Tanner, de Lionel Davoust et et de Thomas Day; mais les autres nouvelles du recueils sont tout aussi intéressantes à lire.

Le sommaire de cette incontournable de l’imaginaire français actuel est :

  • Claire & Robert Belmas, « Dans la main de l’orage »
  • Pierre Bordage, « Dans le coeur de l’Aaran »
  • Armand Cabasson, « Serpent-Bélier »
  • Lionel Davoust, « L’impassible armada »
  • Thomas Day, « La Reine sans nom »
  • Johan Heliot, « Au plus élevé trône du monde »
  • Julien d’Hem, « Le Crépuscule de l’Ours »
  • Catherine Dufour, « Le Prince des pucelles »
  • Jean-Philippe Jaworski, « Montefellòne »
  • Laurent Kloetzer, « L’Orage »
  • Maïa Mazaurette, « Sacre »
  • Rachel Tanner, « La Demoiselle »

Gromovar en dit également le plus grand bien sur son blog !

Tancrède

Tancrède, sous titré une uchronie, est un roman, se présentant sous la forme d’un journal intime, qui narre les aventures du prince normand Tancrède de Hauteville qui part, en 1096, en croisade avec son oncle Bohémond de Tarente. Au fil de l’avancée de la croisade, Tancrède, homme de fois, va peu à peu prendre conscience de la violence des croisés et de la diversité des infidèles. Manipulé dans l’ombre par une mystérieuse société secrète, il finira par se convertir à l’Islam et mené, dans un mouvement uchronique, la reconquête de Jérusalem et l’union des royaumes musulmans, alors que l’ombre des assassins planent sur toute la seconde partie du roman.

Uchronie intéressante, Tancrède est un roman passionnant qui se lit vite, malgré, à mon goût, quelques petites faiblesses dans l’écriture qui transparaissent ça et là. Si les croisades, l’histoire et les uchronies vous attires, ce roman devrait vous combler.

Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée

Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée, écrit par une économiste américaine, suit la trajectoire d’un tee-shirt acheté aux États-Unis depuis le champ de coton jusqu’à sa destruction en passant pas sa fabrication et sa distribution.

Au delà de l’aspect anecdotique de l’histoire d’un tee-shirt, cet ouvrage propose une réflexion sur le fonctionnement de l’économie globalisée. Organisé en quatre parties (correspondant auxquatre grandes étapes de la vie d’un tee-shirt : croissance du coton, fabrication du tee-shirt, distribution du tee-shirt, « recyclage » du tee-shirt), Pietra Rivoli, l’auteure, montre que l’économie globalisée n’est pas tant un lieu où le marché libre règne en maitre, mais plutôt un endroit où les lobies et les politiques créent de la distorsion sans arrêt. Ainsi les acteurs de l’histoire d’un tee-shirt passent plus de temps à tenter de contourner les écueils du marché (l’esclavage pour les besoins de main-d’œuvre, par exemple) qu’à fonctionner selon les théories économiques.

Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée est au final un livre très intéressant qui permet de mieux comprendre le fonctionnement de la globalisation. Les deux seuls reproches qu’on peut peut-être lui porter est d’être très centré sur les USA (le livre y est d’abord paru en anglais) et un certain biais libérale de son auteure.