Une heure-lumière

Nouvelle collection du Bélial, une heure-lumière propose des novellas (romans courts), en traduction ou original. La première « fournée » est composé de quatre novellas, trois traductions et une production original, des très bonne qualité.

 
Le Choix de Paul J. McAuley se déroule dans un futur post-apocalyptique où les dérèglements climatiques ont poussés une partie importante de la population dans la précarité. Damian et Lucas sont deux ados vivants au cœur du Norfolk. Lorsqu’un « dragon », un gigantesque nettoyeur des mers de conception extraterrestre, s’échoue sur une île, les deux ados décident d’aller le voir, lorsque l’un d’entre eux revient avec un morceaux de technologie alien débute pour eux des évènements dangereux qui vont modifier leur futurs.
 
Très bien écrit, la novella est presque trop court et laisse une envie d’en savoir plus sur ce futur.
 
Cookie Monster de Vernor Vinge suit l’entrée de Dixie Mae au service client de LotsaTech, la grande entreprise de technologie. Mais un étrange message sur son passé la lance sur la piste d’une vérité sur la compagnie très dérangeante. Réalité virtuel et monde de l’entreprise donne une novella d’une rare puissance.
 
Le Nexus du Docteur Erdmann de Nancy Kress narre l’émergence d’une super conscience humaine depuis le point de vu d’un home pour personnages âgées, et principalement celui du Dr. Erdmann un physicien à la retraite. Une novella objectivement très bien construite mais dont l’écriture m’a laissé un peu froid (comme les autres textes de Kress que j’ai eu l’occasion de lire).
 
Au moment de commencer la lecture de Dragon de Thomas Day je craignais un peu le traitement du thème : un tueur en série qui élimine des pédophiles et des proxénètes en Thaïlande. Le court roman, dont les chapitres numérotés en ordre chronologique sont présentés dans le désordre, est superbement bien maitrisé et oscille entre le point de vu du lieutenant Tannhäuser Ruedpokanon enquêtant sur un tueur en série et Dragon le tueur. Plongeant dans l’enfer de la prostitution pédophile,  Dragon est un mélange de thriller et de fantastique, une vraie réussite qui évite l’écueil du glauque.

7 secondes pour devenir un aigle

Recueil de six nouvelles de Thomas Day, dont trois inédits et une version longue, 7 secondes pour devenir un aigle est un recueil écologique qui donne une version assez sombre de l’humanité.
« Mariposa » se présente sous la forme d’un suite de témoignages, des extraits de journal de bord, des lettres et une copie d’entretiens, concernant une petite île du Pacifique. Faisant la navette entre l’épopée de Magellan, la seconde guerre mondial et la décennie qui s’en suivit, « Mariposa » décrit une île où un arbre à l’écologie particulière pousse. Une belle nouvelle qui manque peut-être d’un peu d’enjeu politique.
« Sept secondes pour devenir un aigle » raconte le périple d’un jeune amérindien à travers les États-Unis avec son père. Ce dernier, un pur, est en guerre contre les entreprises pétrolières et minières qui détruisent les terres indiennes. Son combat le mènera à un acte de terrorisme violent qui se termine dans un éclaire fantastique. Une nouvelle violente très réussie.
« Éthologie du tigre » suit l’histoire d’un éthologue fasciné par les tigres, et défiguré par l’un d’entre eux, qui se rend en Birmanie afin d’enquêter sur la mort étrange de trois bébés tigres sur un chantier d’hôtel de luxe. La nouvelle suinte la corruption et la malaise alors que l’éthologue est poursuivi par la légende d’une tigresse fantôme…. Très jolis texte qui m’avait déjà beaucoup plus lors de sa première parution.
« Shikata ga nai » et « Tjukurpa » sont deux textes plus courts, et un cran en dessous je trouve. Le premier se déroule dans la zone contaminé du Japon suite à l’incident de Fukushima et suit des jeunes qui y récupère du matériel, la second se déroule en Australie et suit des jeunes décidés à libérer leur pays de l’infestation blanche.
« Lumière Noire » est presque une novella. Elle se déroule dans notre futur alors qu’un programme informatique a muté pour devenir une IA puissante, Lumière Noire, qui a décimé presque entièrement l’humanité et oblige les survivants à vivre en petit groupe (si plus de trois personnes sont présents sur une zone de 150 mètre ils prennent le risque d’être attaqués). Un jeune homme vivant dans le grand nord canadien cherche a ramener deux ordinateurs « non-infectés » à une informaticienne survivent se trouvant en Californie, sans savoir que cette dernière est une des créatrices, involontaires, de l’IA. Un texte post-apocalyptique sur les penchants destructeurs de l’humanité et la naissance d’une nouvelle divinité.
Le recueil dans son ensemble est de très bonne facture et j’ai pris plaisir à lire ces différentes nouvelles.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Women in Chains

Women in Chains est un recueil de cinq nouvelles de Thomas Day (dont, si je ne m’abuse, trois inédits) tournant autours de la question des violences faites aux femmes. Ces nouvelles, bonnes, sont destinés à « un public averti » tant la violence y est présente à divers degrés.
 « La ville féminine » se déroule à Ciudad Juarez et met en scène un membre d’un gang américain venu « en villégiature » dans la ville. Il y rencontrera un mal puissant et ancien (entendez d’origine aztèque) qui tient les gangs de la ville d’une main de fer et est responsable de la mort des femmes. Ce texte est bien écrit et fait vraiment froid dans le dos. Je regrette, peut-être, le fait de donner une cause surnaturelle à une réalité atroce.
« Eros-Center » est la nouvelle que j’ai trouvé la plus intéressante du recueil. Se lisant comme un puzzle (deux manière de la lire sont d’ailleurs possible), elle suit les pas d’un jeune turc qui, pour délivrer une prostituée africaine, ira jusqu’en Afrique tué un puissant proxénète. Le tout saupoudré d’une bonne dose de magie noir…
« Tu ne laisseras point vivre » se déroule au Groenland et suit les pas d’une jeune femme qui a décidé de se couper de tout pour fuir une malédiction familiale…. Bien écrite, je l’ai quand même trouvée un bon ton en dessous du reste du recueil.

« Nous sommes les violeurs » est une nouvelle d’anticipation, présentée comme un recueil de témoignages, qui présente sur un jour très sombre les horreurs de la lutte contre l’Opium en Afghanistan. Le viol comme arme de guerre…. Glaçant !

« Poings de suture » clôture le recueil sur une note plus positive. L’histoire d’une femme abandonnée par un homme qui trouvera la force et le courage dans des combats de boxe entre robots télécommandés.
Une introduction de Catherine Dufour et une postface de l’auteur, qui revient sur la gènèse des différentes nouvelles, complètent agréablement le recueil. Au final une réussite, même si certaines nouvelles sont plus fortes que d’autres.

Le trône d’ébène

Cela fait déjà pas mal de temps que je voulais lire un roman de Thomas Day, les nouvelles de cet auteur que j’avais pu lire étaient toutes plutôt bien écrites j’étais curieux. Bien m’en a pris ! Le trône d’ébène, prix Imaginales 2008, est un roman historique teinté de fantastique, ou plutôt un roman fantastique teinté d’historique.

Il narre la vie et les exploits de Chaka, roi des Zoulous qui se tailla, dans la première moitié du dix-neuvième siècle, un Empire avant d’être trahi par les siens et de rentrer dans la légende. Le trône d’ébène débute ainsi par le récit de sa naissance, pour se poursuivre par son entrée dans l’âge adulte, le sommet de sa gloire et sa déchéance. Des touches de fantastiques (une sorcière, une prophétie, des dieux africains) émaillent le récit sans jamais le surcharger. Des Européens (Portugais et Anglais) sont également présents à divers moments.

Au final, Le trône d’ébène est une belle histoire africaine, bien écrite, bien menée et sans longueurs. Sans aucuns doutes, je lirai d’autre récit de l’auteur.