Et d’Avalon à Camelot

Second recueil de Lucie Chenu sur les mythes arthuriens (le premier était De Brocéliande en Avalon) Et d’Avalon à Camelot propose dix nouvelles mettant en scène le mythe, dans le passé ou à l’époque contemporaine. Si tous les textes ne se valent pas, l’ensemble de l’anthologie est de bonne facture.
« Excalibur Circus » de Gudule est le récit d’une mère dont le fils a disparu après une représentation de cirque. Il est entré dans une attraction destiné à deviner son destin et n’en est pas sorti, l’épée figée dans la pierre à l’intérieur de l’attraction n’était également plus là…. Récit sympathique, mais sans plus.
« Trick or Treat » de Yael Assia suit les pas d’un jeune homme se croyant la réincarnation de Taliesin et qui est accro à la féerie. Mais le prix pour s’y rendre est élevé… Certainement pas la meilleure nouvelle du recueil, mais elle bien écrit et repose sur une bonne idée.
« Ce que chuchotait l’eau » d’Anne Fakhouri se pas à l’époque du mythe. Elle suit les pas du sénéchal Keu qui doit se rendre dans un fief éloigné afin d’en vérifier les comptes. Une très bonne histoire qui jette un regard intéressant sur le personnage.
« Le chevalier noir » de Lunan est une nouvelle qui, en se mettant dans la peau du chevalier noir, propose un point de vue intéressant sur l’origine d’Excalibur et des chevaliers de la table ronde. Si l’idée est bonne j’ai moins aimé son traitement.
« Voyage sans retour » de Rémy Gallart est une histoire de voyage entre les mondes qui tourne mal. Une tentative de modifier le mythe de Merlin qui, bien qu’agréablement écrite, m’a laissé de marbre.
« Le sacre du nouvelle an » de Dean Whitlock se déroule à notre époque et met en scène Mordred, Morgane et Galaad dans la quête d’Arthur et l’accomplissement d’une vengeance. Un très jolis texte qui interroge la fonction même du mythe arthurien.
« L’histoire du Haut-Portail » d’Estelle Valls De Gomis est une histoire sympathique qui pourrait se résumer en Gauvain chasseur de vampire à l’ère victorienne.
« Décharmé, peut-être » de Léonor Lara est mon second coup de cœur du recueil, un Perceval immortel qui retrouve la réincarnation de Merlin à notre époque. Une confrontation importante où Perceval tente de comprendre pourquoi il a failli et quel est le but de Merlin.
« Fata Morgana » de Sara Doke se déroule à notre époque et rejoue le mythe dans une famille riche. Morgana qui aime beaucoup son demi-frère Arthur  mais qui est tenu à l’écart par sa famille. Elle devient une neurochirurgienne réputée et est appelé pour sauver son frère après un grave accident. Un très très bon texte.
« Une légende est née » de Nicolas Cluzeau relate la quête de Gwnewyr afin de donner un héritier à Arthur. Une nouvelle aux tons historiques et fantastiques où la reine adultérine est présenté sous un jour différent. Un autre très bon texte.
Au final,  Et d’Avalon à Camelot est un très bon recueil. Les textes de Cluzeau, Fakhouri, Lara et Whitlock étant pour clairement au dessus du reste.
Rentre dans le cadre du challenge nouvelles et novellas.

Les enfants de Svetambre

J’ai reçu Les enfants de Svetambre dans le cadre d’un partenariat avec le site Blog-O-Book. C’est donc avec une certaine curiosité que je me suis plongé dans ce recueil de nouvelles de Luci Chenu.

Et ma fois je suis un peu emprunté car j’aimerai beaucoup encensé ce recueil reçu à titre gracieux contre une critique sur mon blog. Malheureusement, je dois dire que je n’ai pas accroché au recueil. Objectivement ces différentes nouvelles fantastiques et de science-fiction tournant autour des thématiques de la femme, de l’identité, de l’enfance et de la naissance ne sont pas inintéressantes. Mais, à quelques exceptions près, souvent d’ailleurs des textes en collaboration, je n’ai pas été séduit par les différentes nouvelles.

Pourquoi ? Je me le demande. La présentation est plutôt intéressante : chaque nouvelle s’ouvre ainsi par un petit texte de présentation de l’auteure. Mais globalement le recueil me donne l’impression de ne pas avoir été réfléchi. J’ai le sentiment que l’auteure y a entassé toute sa production de nouvelle sans qu’un vrai tri éditorial aie été fait. Le très bon côtoie ainsi le moyen et le médiocre. Je n’ai pas non plus aimé la poste-face en forme d’hommages à l’auteure qui fleurent bon l’auto congratulation gratuite (même si l’auteure n’était visiblement pas au courant de l’ajout de cette poste-face).

Un recueil donc où à côté de quelques perles (Haine, Rupture et commencement; Le village-aux-chats; Ulates; Trois Sabres; entre autres) se trouve entassé le mauvais et le moins bon. Un fan de Lucie Chenu y trouvera par contre sans doute son compte.

De Brocéliande en Avalon

De Brocéliande en Avalon est une anthologie proposant des nouvelles réécrivant le mythe arthurien en le plaçant à l’époque contemporaine. La majorité des neuf nouvelles de ce recueil ont été créées spécialement pour l’occasion. Ces nouvelles sont, dans l’ensemble, excellentes et agréables à lire.
« Retour sous le hêtre », de Jean Millemann, voit un écrivain prendre des vacances à Brocéliande et rencontrer une mystérieuse femme qui va peu à peu faire revenir des souvenirs anciens à sa mémoire. Ou quand Merlin et Viviane reviennent au XXIe siècle.
« Lancelot aux enfers », de Adam Roy, est une farce absurde où Lancelot se retrouve propulsé dans notre siècle à la recherche de Guenièvre. Le tout alors que deux agents français, parodies de Mulder et Sculy, mènent l’enquête. Objectivement une bonne nouvelle, personnellement je ne l’ai pas appréciés énormément, la moins bonne du recueil.
« Près du mur », de Deirdre Laurin, propulse l’histoire d’amour de Morgane et d’Arthur dans un futur incertain où deux pays, l’un démocratique, l’autre totalitaire vivent une guerre froide. La situation des deux pays me fait penser aux deux Corées dans laquelle une histoire d’amour improbable, reflet du passé prend place.
« Locataires découpés », de Rachel Tanner, voit une vielle Morgane lutter pour ne pas être expulsé de l’immeuble parisien où elle est locataire. Une nouvelle où apparait Merlin et qui est écrite sur un ton comique.
« Owein », de Nathalie Dau, reprend des personnages moins célèbres de la toile arthurienne et les met face à leur mémoire et leur amour.
« L’île close », de Lionel Davoust, nous mène là où les mythes vivent : sur l’île d’Avalon. Là Arthur et ses chevaliers rejouent sans cesse le mythe. Et pour certains d’entre eux la révolte gronde, ils veulent que cela cessent. Une réflexion sur l’imaginaire humain et sur les variations du mythe arthurien.
« Le quadragénaire et la dame d’argent », de Megan Lindholm, met en contacte un descendant de Merlin et une vendeuse de lingerie travaillant dans un grand magasin. Et soudain la magie opère et le quotidien prend une autre saveur… à moins bien sur que tous cela ne soit que le fruit d’une imagination débordante.
« Fort 53 », de Pierre Bordage, rejoue la rencontre ratée entre Perceval et le Graal, sous fond d’une guerre de tranché entre l’Europe chrétienne et le monde musulman. La fin de la guerre est-elle possible ?
« Désaccordé (Tuned in DAGDAD) », de Léa Silhol, pose une nouvelle pièce dans la toile qui éclaire les actions des cours féériques et des anges déchus sous un autre jour tout en étant totalement compréhensible en soi. Perceval, Galhad et Bohort reviennent aujourd’hui, Galhad souhaite vivre sa vie et est devenu un musicien, alors que ses deux compagnons souhaitent reprendre la quête. Sur le coup je suis partiale, j’adore Silhol, mais c’est selon moi la meilleur nouvelle du recueil.
Une bibliographie commentée du mythe arthurien clôt l’anthologie.