Le travail comme finalité ou au service d’une élite dans les dystopies de Karim Berouka, « Nous vivons tous dans un monde meilleur » où monde dirigé par un ordinateur ne tourne que autour du travail, de la traque aux syndicalistes et à l’ascension sociale (par le travail et la conformité), ou de Emmanuel Delporte, « Vertigeo » où il faut monter toujours plus haut en construisant la Tour.
La toute puissance des multinationales dans « La Fabrique de cercueils » de L. L. Kloetzer où des travailleurs traitent, à la chaine, des individus en animation suspendu en vu de leur envoie dans l’espace, ou de « Le profil » de Li-Cam où les multinationales sont devenus de tribus auquel les individus s’identifient complétement.
La gamification du travail, avec une évaluation des individus, est au centre de « coÊve 2015 » de Norbert Merjagnan, et transparait également dans la nouvelle de Karim Berouka.
La créativité est au centre de « Serf-made-man ? ou la créativité discutable de Nolan Peskine » de Alain Damasio qui montre que même dans ce qui semble une Utopie (revenu universel pour tous, automatisation du travail qui libère les individus du travail lui même) la parte de sens et la compétition forcenée des élites est aliénante.
Finalement deux nouvelles qui discutent du travail de l’écrivain même : le très surprenant « Le Parapluie de Goncourt » de Léo Henry qui consiste aux allers retours entre l’écrivain et ses relecteurs et éditeurs pour arriver à la nouvelle en question, et » Parfum d’une mouffette » de David Calvo qui propose un échange entre un auteur et les différents services de son éditeur dans un futur proche (ou comment mettre en avant le statut précaire de l’auteur sous couvert de la science-fiction).
Au final donc un recueil de qualité, dont le seul défaut est peut-être la vision très sombre sur le devenir du travail et des travailleurs; réalisme, avertissement ou pessimisme l’avenir le dira….
Intéressant, je garde le titre dans un coin de ma tête pour un moment où j'ai envie de lire un truc bien déprimant sur notre avenir 😀